Cet accord-cadre traduit la volonté conjointe du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et du groupe français de faire de la recherche une « force de transformation concrète ».
Depuis plusieurs années, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le groupe français Veolia multiplient les projets communs, notamment dans le domaine de l’eau. Mais jusqu’ici, les collaborations restaient « disparates, parfois même méconnues en interne. Il fallait structurer ce partenariat pour le rendre lisible et mobilisable partout dans le monde », analyse Ismahane Remonnay (voir photographie), directrice Prospective & Alliances stratégiques de Veolia.
C’est ainsi que les deux partenaires ont signé, en juin 2025, un accord-cadre fournissant un socle clair avec des laboratoires communs, le partage de données, des réponses conjointes aux appels à projets, une mobilisation croisée des expertises. « Ce n’est pas qu’un outil juridique ou institutionnel, insiste Marie Côte (voir photographie), responsable de la coopération industrielle et des partenariats stratégiques pour la filière Eau au CNRS. C’est un signal fort pour nos équipes de recherche, nos laboratoires, nos partenaires. »
L’accord repose sur cinq axes structurants. Il s’agit d’abord de transformer l’essai en montrant qu’une autre manière de travailler public/privé est possible, puis de valoriser les projets issus de recherches existantes mais encore peu exploitées. On trouve ensuite le lancement de chantiers de long terme sur des sujets émergents comme la traçabilité environnementale ou les modèles industriels sobres, l’animation d’une gouvernance agile, capable d’intégrer de nouveaux partenaires, la valorisation des équipes en mettant les forces vives (chercheurs, techniciens, opérationnels, commerciaux) au cœur de la dynamique.
Un véritable atout concurrentiel
Ce partenariat, qui constitue l’un des piliers du plan GreenUp de Veolia – il prévoit 200 millions d’euros d’investissement en R&D d’ici 2028 pour décarboner, dépolluer et régénérer les ressources naturelles – , n’est pas seulement une alliance stratégique, mais aussi un véritable terrain de jeu scientifique et industriel. « L’accord-cadre constitue un véritable atout concurrentiel pour les deux parties. Nous travaillons sur les questions d’aujourd’hui (traçabilité, pollution, ressources, adaptation) et sur celles de demain. Et, quand un scientifique dit que notre technologie n’aura plus de sens dans deux ans, nous pouvons alors adapter notre stratégie », résume Ismahane Remonnay (Veolia).
Du côté du CNRS, l’accord permet de tester les modèles scientifiques sur le réel, à partir d’échantillons, d’infrastructures et de données industrielles. « Accéder aux sites de Veolia, c’est extrêmement précieux pour nos équipes. Cela nous permet de confronter nos hypothèses aux contraintes concrètes du terrain », précise Marie Côte (CNRS). Le pari de cet accord-cadre est à la fois d’accélérer la transformation écologique et la sécurité environnementale et de réconcilier les temporalités du monde scientifique et celles de l’industrie, avec, à la clé, une collaboration opérationnelle et pluridisciplinaire.
Au cœur de ce partenariat se trouve également une volonté partagée d’utilité sociale. « Les chercheurs et chercheuses du CNRS veulent que leurs travaux servent la société. Ils ont à cœur que leur science soit concrète, utile, incarnée », constate Marie Côte. Pour Veolia, il s’agit de donner du sens aux métiers techniques : les électromécaniciens, les ingénieurs, etc. voient ainsi leur action reconnue, valorisée, connectée à la recherche de pointe et mettent au cœur du système l’expertise humaine.