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Relève à distance des compteurs : quel dispositif choisir?

30 janvier 2019 Paru dans le N°418 à la page 71 ( mots)
Rédigé par : Christophe BOUCHET de EDITIONS JOHANET

Walk-by, drive-by ou réseau fixe?? Plusieurs modes de relève à distance des compteurs d’eau associés à différentes technologies existent qui répondent à des catégories de besoins diversifiés. Quoique très différentes, elles ont en commun d’apporter une plus grande qualité de service au consommateur et une plus grande efficience au service en charge de l’eau et de l’assainissement. A la collectivité d’opter pour la technologie qui correspond le mieux à ses besoins.

C’est un fait. L’objet connecté industriel le plus répandu en France est.... le compteur d’eau, cet équipement dont la fonction était, jusqu’à il y a peu, limitée au comptage et qui est devenu, grâce au développement des nouvelles technologies et de l’IoT, l’organe central du réseau, et surtout, le point d’entrée de ces fameux réseaux intelligents. Il y aurait actuellement, en France, entre 25 et 30 millions de compteurs de première prise dont plus d’une douzaine de millions seraient connectés, soit largement plus que le célèbre Linky avec ses 7,3 millions d’unités déployées ou le compteur Gazpar avec ses 2,2 millions d’unités installées.
IZAR@NET 2 est la solution logicielle Diehl Metering de collecte, de gestion et d’analyse des données compteurs collectées par radio relevé, télé relevé ou de relevé filaire MBUS. Elle permet un accès simplifié aux données de comptage multi énergie : eau, énergie thermique, gaz, électricité, en mode standalone en SaaS..

Ce résultat n’est pas le fruit du hasard. Voila déjà plus d’une vingtaine d’années que les distributeurs remplacent quasi systématiquement les anciens compteurs par de nouveaux modèles, plus fiables, plus précis au plan métrologique, et surtout pourvus d’un module émetteur intégré ou ajouté, capable de communiquer aussi bien à courte distance avec, notamment, la technologie WM-Bus, qu’à longue distance avec les technologies LPWAN (LoRa, SigFox, NB-IoT, LTE-m, Wize... ) pour transmettre différentes informations, dont la plus importante : l’index.

Il est difficile de disposer de chiffres précis, car les données disponibles permettant de dresser un état des lieux sont rares. Ce qui est sûr, c’est que le marché du “smart meter” n’en est qu’à ses débuts : sur les 16 millions de compteurs gérés par les entreprises de l’eau en 2013 (hors régies donc), 10 % étaient télé-relevés et 9 % étaient radio-relevés. C’est encore peu, mais ces chiffres progressent désormais à un rythme rapide. « Aujourd’hui, en termes de ventes, nous estimons que un compteur sur deux est destiné à être relevé à distance » indique Michel Jacquet, Directeur Commercial chez Sensus pour l’Europe du Sud & l’Afrique de l’Ouest. C’est que les bénéfices liés à la relève à distance du compteur d’eau sont plutôt assez bien partagés. Le distributeur y gagne la possibilité de relever plus rapidement, plus fréquemment et sans risque d’erreur, la totalité ou presque de ses compteurs en automatisant la gestion de ses factures avec, dans certains cas, la possibilité de détecter les fuites, les retours d’eau ou les tentatives de fraude. Le consommateur y trouve quant à lui l’avantage d’une relève sans que sa présence ne soit requise, tout en bénéficiant d’une facture basée sur sa consommation réelle plutôt que sur une simple estimation et, en fonction de la nature de la solution choisie par la collectivité dont il dépend, des services supplémentaires.
A ce jour, une vingtaine de communes reposant sur environ 30.000 compteurs exploitent l’application H2Olmes, développée par Sensus.

D’un point de vue technique, la collecte de l’index à distance repose, pour l’essentiel, sur deux modes possibles de relève. La première repose sur la technologie dite du radio-relevé qui consiste à relever à distance l’index d’un compteur équipé d’un émetteur radio à courte portée en passant à proximité, à pieds ou en voiture (Walk-by, Drive-by) à l’aide d’un terminal ad’hoc.

Une variante, appelée “passive drive-by”, consiste à semi automatiser la collecte en équipant de boîtiers récepteurs tout véhicule parcourant régulièrement les rues de la ville pour lire automatiquement les compteurs en mode passif. Une solution de ce type a par exemple été développée depuis 2014 par Diehl Metering sur la Communauté d’Agglomération du Grand Belfort : 30.000 compteurs Altair V4 équipés de modules radio IZAR sont relevés 2 fois par mois par 12 véhicules dédiés à la collecte des ordures ménagères spécialement équipés, passant à proximité des habitations à des vitesses pouvant atteindre 50 km/h. Ces données sont exploitées par le logiciel IZAR@NET afin de fournir des analyses et alertes de consommation et d'optimiser le réseau de distribution. Une solution analogue a été implémentée sur la commune de Gignac par Sensus.

La seconde technologie consiste à déployer un réseau de télécommunications fixe pour, entre autres, télé-relever les index d’un parc de compteurs, en utilisant également les émetteurs radios installés sur les compteurs d'eau, mais en s’appuyant également sur un réseau de répéteurs et de concentrateurs dont la vocation est de rassembler les données émises par chaque compteur avant d’acheminer l’ensemble des données collectées via le réseau GSM ou Internet.

Nogema a lancé l’an dernier une solution permettant la radio-relève de compteurs par smartphone Android. Il est désormais possible de radio-relever un réseau d'eau hétérogène composé de compteurs utilisant des protocoles radio différents.


Ces nouveaux moyens de relève à distance hautement innovants laissent toutefois transparaître une problématique propre à ces nouvelles technologies : celle de la confidentialité des données et de leur protection. La protection de ces informations personnelles se fait par le biais de clés échangées entre le système et le compteur, comme par exemple les solutions fournies par Integra Metering.
A travers Veolia ou en direct auprès des régies, Birdz opère via ce type de technologie sur de grandes collectivités comme Lille, Lyon, Marseille, ou encore Toulouse.
Si les deux technologies permettent, l’une comme l’autre, de relever à distance les compteurs d’eau, elles répondent cependant à des objectifs différents qui ne doivent pas être confondus.

Radio-relève et télé-relève : des objectifs différents

Smarteo Water est intégrateur de solutions de télé-relève pour les compteurs d’eau. L’entreprise propose une gamme de capteurs mais aussi de solutions de télérelève ainsi que des outils d'analyse pour accompagner les exploitants dans la gestion quotidienne du réseau. City Flow, lancé au tout début de l’année 2018 aide à la réduction des fuites, au renouvellement des canalisations, à la maîtrise du prix de l'eau et, de façon plus générale, à l’augmentation de la satisfaction des abonnés. Pour Loïc Charron, son Président, « Les collectivités ont, sur le thème de la relève à distance des compteurs d’eau, un choix à faire. Si leur problème est uniquement de substituer une relève à distance à une relève manuelle, alors la radio-relève est une solution simple, efficace et parfaitement adaptée, qui permet de relever plus de compteurs, plus vite et plus fréquemment. Mais on est dans une logique de comptage, purement limitée à la relève. On reste vraiment centré sur le relevé du compteur, pas sur la gestion du réseau. En revanche, si l’ambition est d’utiliser les possibilités offertes par les technologies numériques pour optimiser la gestion du réseau, savoir ce qui s’y passe en temps réel et orienter les interventions et les investissements en fonction des données recueillies, alors c’est clairement vers une solution de télé-relève qu’il faut s’orienter ».
Sogedo, 4ème plus grand distributeur d’eau en France, est en train de déployer  13.500 compteurs d’eau à ultrasons Multical®21 de Kamstrup intégrant  la technologie IoT SigFox.

Les solutions de radio-relève, développées sous forme de package par les fabricants de compteurs comme Diehl Metering, Sensus, Itron, Elster ou encore Kamstrup ou par des sociétés spécialisées dans l’ingénierie informatique embarquée comme Nogema sont donc d’abord conçues pour faciliter la collecte des index. Elles sont le plus souvent déployées pour optimiser le processus de relève et répondre à la difficulté de relever les compteurs difficiles d’accès. L’objectif recherché par la collectivité est d’améliorer et de fiabiliser la facturation des usagers.

Pour Nogema, qui développe, en radio-relève, l’une des offres les plus riches du marché avec une vingtaine de protocoles radio gérés dans sa solution Android, il n'y a pas de parti pris pour l'une ou l'autre. « Quand il y a un besoin de contrôle pour des gros consommateurs ou des points sensibles, la télé-relève est conseillée. Quand il y a un besoin de relève avec une fréquence pluriannuelle ou des accès difficiles, la radio-relève classique sera plus adaptée », explique Pierre Clément chez Nogema.

Grâce aux technologies radio disponibles, les index sont capturés à distance puis récupérés sur un terminal mobile pour être ensuite interfacés avec un logiciel de facturation. Parmi les avantages de la radio-relève, on peut citer l'augmentation de la fréquence des relevés qui permet une facturation sur index réel et non plus estimé, la gestion automatisée de la facturation, la détection des fuites, des blocages de compteur, des casses, et des fraudes en fonction de la fréquence de la relève et un allègement des coûts associés au process de relève.

Sensus a ainsi développé une solution associant son compteur statique iPerl, avec le système de relève mobile Sensus RF et le portail web H2Olmes, une application en mode SaaS, qui permet aux collectivités de collecter et exploiter les données de relève de manière fiable et sécurisée, depuis n’importe quel navigateur. « L’application, spécialement développée pour le marché français, s’adresse principalement aux régies exploitant un parc de 10 à 10.000 compteurs, explique Michel Jacquet. Elle permet de recenser l’ensemble des données issues des relèves effectuées sur son parc de compteurs, quel que soit le mode de relève choisi (radio-relève ou télé-relève), et quelle que soit le type du compteur (volumétrique ou statique), si ce dernier est équipé de module de communication Sensus RF ». Les données ainsi agrégées sur le portail peuvent être exploitées graphiquement ou exportées pour être analysées et ensuite archivées, pour permettre de construire des historiques. H2Olmes s’interface par ailleurs avec les logiciels de facturation des collectivités, afin d’automatiser l’émission des factures sur la base des derniers indices de relèves. A ce jour, une vingtaine de communes reposant sur environ 30.000 compteurs exploitent cette application, compte non tenu des contrats actuellement en cours de déploiement ou des tests de validation. « Beaucoup de collectivités optent pour un mode en relève en mode “drive-by” qui constitue un moyen simple et didactique pour aborder la relève à distance et en percevoir tout l’intérêt sans investissement excessif, précise Michel Jacquet. Elles peuvent ainsi optimiser la gestion de leur parc de compteurs et suivre plus finement la consommation de leurs usagers, tout en s’installant dans une véritable démarche de réseau d’eau intelligent ». H2Olmes est proposé sous la forme d’un abonnement annuel forfaitaire dont le montant est fonction du nombre de points de comptage connectés.

D’autres intervenants comme Adeunis RF, HMS (avec sa marque eWON), Ixel, Mios et bien d’autres développent des systèmes multi-protocoles permettant de diversifier les solutions de radio relève proposées aux exploitants. C’est par exemple le cas de Nogema qui a lancé l’an dernier une solution permettant la radio-relève de compteurs par smartphone Androïd. Elle repose sur un récepteur radio multi-protocole capable de gérer les principales radios WM-bus ou OMS du marché comme Diehl Metering, Elster, Kamstrup, Sontex, BMeters, Integra Metering ou Itron. Avantages : il est désormais possible de radio-relever un réseau d'eau hétérogène composé de compteurs utilisant des protocoles radio différents. Par l'intermédiaire d’un smartphone couplé à une interface de radio-relève Bluetooth, l'application Android va, en temps réel, capter toutes les trames radio des compteurs qui se trouvent dans la zone de déplacement. La relève se réalise sans préparation particulière de tournée et en tâche de fond au niveau du smartphone. L’application développée par Nogema permet par ailleurs de réaliser un géoréférencement du parc de compteurs.

Sur le terrain, ces solutions, techniquement matures et financièrement accessibles, font quotidiennement leurs preuves. Elles permettent aux collectivités d’engager un premier niveau dans la rationalisation de l’exploitation du réseau et d’en apprécier les avantages. Mais pour aller plus loin dans l’optimisation de l’exploitation et surtout utiliser les possibilités offertes par les technologies numériques pour hausser le niveau du service offert à ses utilisateurs, il faut s’orienter vers la télé-relève.

La télé-relève : utiliser les technologies numériques pour gérer le réseau

La télérelève s’inscrit dans un processus de numérisation des réseaux qui permet de converger vers les réseaux dits “intelligents”. A l’abonné, elle apporte de nouveaux services, tandis qu’elle ouvre à l’exploitant la possibilité d’exploiter le réseau quasiment en temps réel. Par rapport à la radio-relève qui permet de remonter ponctuellement des informations, la télé-relève par réseau fixe permet de disposer de données tous les jours, en temps réel, transmises par les compteurs mais également par une grande diversité d’autres capteurs. « On est plus dans une optique de relève de compteurs mais dans l’exploitation et le croisement d’une multitude de données pour optimiser la gestion du réseau, explique Loïc Charron chez Smarteo Water. La question de fond n’est pas de savoir s’il est préférable de radio-relever ou de télé-relever un compteur à distance mais de savoir si l’exploitant souhaite ou non utiliser les technologies numériques pour gérer son réseau d’eau ».
Il faut donc se garder de quelques idées reçues dont celle qui consiste à considérer que la radio-relève serait dédiée aux zones rurales tandis que la télérelève serait adaptée aux zones urbaines. « C’est une idée assez répandue mais complètement fausse, souligne Loïc Charron. C’est d’ailleurs l’inverse. La typologie assez simple d’un réseau en milieu rural permet de profiter pleinement des apports de la télé-relève, par exemple en matière de recherche de fuites, alors qu’on en bénéficiera bien moins sur un réseau urbain maillé et sectorisé ».

Pour inciter les collectivités à franchir le pas de la télé-relève, Smarteo Water a opté pour les solutions les plus ouvertes possible. « Notre marque de fabrique consiste à laisser le choix aux collectivités, en leur évitant de s’enfermer avec des solutions propriétaires. Nous travaillons donc avec les technologies LoRa et Sigfox pour la partie connectivité et différentes marques de compteurs dès lors qu’elles sont compatibles avec ses technologies. Au delà des compteurs, nous sommes capables d’intégrer tout type de capteurs communicant, de gérer les données collectées, plus intéressant encore, de croiser des informations. Typiquement, des informations de débit et de pression pour cibler précisément la recherche de fuites ». Les collectivités peuvent aller encore plus loin si elles le souhaitent, en s’équipant de leurs propres antennes pour constituer leur propre réseau.

C'est dans cette même optique qu'Integra Metering se différencie en donnant la possibilité à ses clients de s'intégrer à des réseaux existants grâce aux différents protocoles disponibles sur sa gamme de produits.
L’arrivée de nouveaux protocoles longue distance et bas débit comme LoRa ou Sigfox a contribué à élargir l’offre disponible en matière de télé-relève. Cette offre se déploie d’abord via les fabricants de compteurs tels Itron, Diehl Metering, Sensus, Elster ou Kamstrup qui proposent des solutions clés en main en matière de réseau fixe.
« Il existe une tendance lourde, en matière de télérelève, d'utiliser les réseaux radio type Sigfox, Lora ou NB-Iot afin d'éviter d'ajouter des coûts d'infrastructures », souligne Pierre Clément chez Nogema.

Sogedo, 4ème plus grand distributeur d’eau en France, est ainsi en train de déployer 13.500 compteurs d’eau à ultrasons de Kamstrup intégrant la technologie IoT Sigfox. « Cette technologie offre une excellente couverture réseau avec seulement un petit nombre d’antennes sur le terrain, ce qui la rend idéale pour le réseau que nous fournissons comprenant de nombreuses zones rurales et vastes », explique Sébastien Vermorel, commercial chez Kamstrup. Fin 2018, 4.000 compteurs étaient déjà déployés. « Ils nous permettent d’offrir de nouvelles fonctionnalités et des services précieux aux utilisateurs finaux, tels que des alarmes de fuite et le suivi de la consommation », souligne Nicolas Clouet, Ingénieur chez Sogedo. L’enregistreur des données des compteurs permet un traitement professionnel des litiges avec les utilisateurs finaux. « Les données et événements historiques étant automatiquement stockés dans le compteur et facilement accessibles, nous pouvons répondre à l’utilisateur final avec les informations détaillées dont il a besoin en cas de consommation anormale, de litige. Les compteurs Sigfox de Kamstrup nous permettront de mieux comprendre notre réseau. Cela nous permettra d’améliorer l’efficacité de notre détection des fuites et de déterminer en permanence les pertes de réseau en comparant le volume entrant dans chaque secteur avec le volume consommé. De plus, davantage de connaissances basées sur les données nous permettront de mieux conseiller nos clients sur la façon d’augmenter la valeur de leurs investissements ». Kamstrup a également remporté un contrat reposant sur la même solution d’environ 193.000 compteurs d’eau dans la ville d’Anvers.

Des solutions ouvertes sont également proposées par les filiales des délégataires telles Birdz, Suez Smart Solutions ou Saur, et celles élaborées par des intégrateurs comme Adeunis RF, ATIM, Connit, Dioptase, HMS (avec sa marque eWON), FluxiTech, Ixel, Mios, Webdyn ou Kerlink qui tirent leur force de leur capacité à développer des systèmes de relève multi-protocoles adaptés à chaque type de besoin.
Blue Pulse de Connit (version Indoor et Outdoor), est une solution de télé-relève et d’optimisation des réseaux d’eau compatible avec la plupart des compteurs disposant d’un émetteur d’impulsions (intégré ou couplé au compteur). Etanche et robuste, Blue Pulse dispose d’une autonomie de plus de 7 ans en fonctionnement normal, quel que soit l’opérateur LoRa ou Sigfox.

Une des solutions présente sur le marché est le Flexy 205 HMS (eWON) proposé par HMS Industrial Networks. Ce routeur intelligent offre une grande flexibilité et une compatibilité avec de nombreux protocoles de communication industriels ainsi qu’avec les automates des principaux fabricants. Pierre-Yves Morel, responsable grands comptes auprès d’HMS Industrial Networks à Mulhouse pour la marque eWON, insiste sur la sûreté des données en ajoutant: « La passerelle permet un accès pour la maintenance d’installations (comme celles de la gestion de l’eau) et le réglage d’équipements distants. Pour cela, elle établit un canal sécurisé dédié de type VPN via Ethernet, WIFI ou encore réseau cellulaire ». Enfin, on retiendra que pour l’acquisition de données sur le terrain et le transfert de données vers les services informatiques, il est possible d’avoir recours aux protocoles Modbus, MQTT, OPC UA ou encore BACNet.

De son côté, ATIM propose des solutions industrielles de relève de compteurs caractérisées par une forte autonomie, la nouvelle gamme HP (High Power) étant équipée en standard de 2 packs de 2 piles Lithium 3600 mAh soit 14,4Ah au total, ce qui assure des autonomie supérieure à 10 ans. « C'est un point primordial car le TCO d'un déploiement IoT est très dépendant du nombre d'interventions nécessaires durant la vie du produit », explique Francis Raimbert, CEO d’ATIM. Les produits développés par ATIM sont destinés aux environnements sévères (boîtier IP65, cartes tropicalisées, antenne performante) et se carcatérisent par une installation simple. « Les capteurs ATIM présentent l'avantage d'être particulièrement simples à configurer et à installer, estime Claire Hugonet, Expert Conseil SmartCity. Très fiables, ils sont tout à fait adaptés à la télérelève de compteurs, qui est indispensable à la conduite d'une gestion durable pour les collectivités ». ATIM propose également la plateforme IoT d'administration et d'exploitation des données ainsi qu'un API pour la connexion à d'autres systèmes d'information. L'un des points forts des produits développés par l’entreprise est de pouvoir facilement rajouter un répéteur dans l'installation si jamais la couverture réseau est trop juste. « Dans ce genre de situation délicate, comme au fin fond d'un parking par exemple, il suffira d'installer le relais radio au rez de chaussée du parking pour que celui ci fasse transiter les paquets radio vers le réseau LPWAN » souligne Francis Raimbert.

La nature des solutions proposées évolue également. Toujours plus ouvertes, elles tendent à évoluer vers un comptage multi énergie (eau, gaz, électricité) pour mutualiser le coût des infrastructures. De même, les solutions hybrides associant au sein d’un même territoire radio-relève et télé-relève pour mieux prendre en compte les caractéristiques des zones à couvrir (densité) réseau se banalisent. L’offre, aujourd’hui déployée par Birdz qui opère 3 millions de compteurs en télé-relève et 1,5 millions en radio-relève principalement en Europe, illustre bien cette évolution. L’entreprise a implémenté dans ses solutions de télé-relève un portefeuille de protocoles ouverts et standards qui permet de choisir selon la qualité de la couverture radio offerte par le réseau LoRaWAN d’Orange ou de Bouygues, le réseau Sigfox ou encore la solution propriétaire de Birdz. « Il est bien entendu possible de déployer une solution intégralement en radio-relevé ou intégralement en télé-relevé, explique Xavier Mathieu, directeur général. Mais il est aussi parfaitement possible de mettre en place une solution hybride en fonction de la couverture radio disponible que l’on va avoir pour le télé-relevé ou en fonction des besoins métiers de l’exploitant. Par exemple certaines collectivités décident de déployer une solution en télé-relevé pour les gros consommateurs et en radio relevé pour les autres. De même, on peut très bien imaginer une collectivité fonctionner en radio relevé pour les compteurs mais en télé-relevé pour d’autres capteurs. Cela permet de mettre en place une stratégie adaptée à chaque collectivité en fonction de ses problématiques et de son budget ».

Ludovic de Nicolay, chez ercogener, souligne de son côté l’arrivée des réseaux NB-IoT et LTE-M1. « Nous assistons aujourd’hui à une explosion de ces technologies à l’international qui prennent clairement le pas sur le LoRa et Sigfox et qui sont en train d’arriver en France. En effet, les technologies LoRa et Sigfox qui ont ouvert en France ces dernières années de nouvelles opportunités à la télé-relève, sont en train d’être fortement concurrencées par les solutions NB-IoT et LTE-Cat M1 qui, contrairement aux deux précédentes, sont normées par la 3GPP, organisme international de normalisation des technologies de radiocommunication ». NB-IoT et LTE-Cat M1 présentent de nombreux avantages parmi lesquels une meilleure pénétration radio dans les bâtiments, une facilité de déploiement pour le LTE-catM1 qui repose sur les antennes 4G, la bidirectionnalité des communications, une normalisation internationale avec un soutien des opérateurs télécom majeurs et la continuité du service, plus assurée avec l’intégration dans la normalisation de la 5G. Elles ont néanmoins encore l’inconvénient de consommer un peu plus que LoRa ou Sigfox, mais des optimisations sont en cours qui permettent déjà de répondre à la majeure partie des cas d’usage. « Ces nouvelles technologies sont les prémices de la 5G qui sera déployée de façon massive au niveau mondial, estime Ludovic de Nicolay. Ces réseaux sont déjà fonctionnels : LTE-Cat M1 aux USA, NB-IoT en Chine, mais aussi Orange en Belgique qui a déjà déployé des fonctionnalités de télérelève notamment via le réseau NB-IoT. En France, Orange a finalisé le déploiement de son réseau LTE-M1 à 98% de la population fin 2018 et des premiers clients sont en train de tester cette technologie pour la télérelève car ils sont convaincus par le meilleur taux de pénétration de ces réseaux dans les bâtiments et rassurés par la couverture international et donc par l’intérêt des constructeurs de compteurs à intégrer ces technologies ». ercogener est un partenaire clé de ce déploiement et ses devices ont permis de valider le fonctionnement du réseau. L’entreprise a développé des devices fonctionnels permettant la télérelève de compteurs d’eau sur un réseau LTE-Cat M1 ou NB-IoT et va lancer des premiers POC en ce début d’année avec des clients français et internationaux.

DH Metering Europe a décidé de se limiter à deux protocoles de communication Radio RF 433Mhz en version walk-by ou drive-by et le Nb-IoT. « Ce dernier offre les avantages d’un large choix d’opérateurs sans être lié à un seul tel que pour LoRaWan et SigFox (en Belgique du moins) et la possibilité de changer d’opérateur en cours de trajet de façon assez simple, explique Bruno Ronsyn, Directeur des ventes EMEA. Ceci évite que le client soit lié à un seul opérateur sur la durée de vie du compteur qui peut s’élever à plus de 16 ans ».

Ces possibilités posent toutefois le problème de l’interopérabilité de systèmes déployés.

Passer de la radio-relève à la télérelève ?

Bien que les deux systèmes de relève à distance répondent à des besoins différents, une collectivité qui se serait équipée en radio-relève peut légitimement souhaiter franchir une étape nouvelle en évoluant vers la télérelève. Problème : comment procéder si l’opération n’est pas encore totalement amortie pour faire cohabiter la radio-relève avec la télé-relève tant que les compteurs radio relevés soient progressivement remplacés par des compteurs télé-relevés ? Loïc Charron, Smarteo Water, préconise une démarche progressive basée sur la mise en place de compteurs mixtes technologie radio-relève/télé-relève, et une poursuite de la radio-relève de l’ensemble des compteurs jusqu’à ce que l’ensemble du parc, devenu homogène, permette une bascule en télérelève. « Mais je ne crois pas qu’il soit possible de faire évoluer un système de radio-relève propriétaire et le faire marcher en télérelève. D’un point de vue théorique, ca marche, d’un point de vue pratique, cela ne s’est jamais fait ».

« L’émergence de réseaux ouverts tels que LoRaWAN, par exemple, permet de bénéficier au maximum de cette faculté d’être utilisable dans les deux modes à un coût intéressant, et ainsi basculer sur la télérelève tout ou partie du parc de manière relativement simple opérationnellement » tempère de son côté Xavier Mathieu chez Birdz.

Reste que le nombre de collectivités, notamment au niveau des régies, ayant franchi le pas du télé-relevé reste modeste. « Tous les exploitants s’y intéressent, et nombreux sont ceux qui sont désireux de s’engager dans des essais mais quand il faut se lancer, des freins apparaissent, notamment autour de la question de la structuration du service de l’eau », souligne Michel Jacquet chez Sensus. « Le manque de standardisation reste un frein, même si les convergences que nous observons autour de LoRa devraient contribuer à libérer les choix techniques, analyse de son côté Loïc Charron chez Smarteo Water. Enfin, plus fondamentalement et bien au delà des aspects comptage et relève à distance, il subsiste une vraie interrogation sur la place du numérique dans les réseaux d’eau ».

« Lors de nos études, nous avons constaté que beaucoup de personnes focalisaient leur attention à déterminer la technologie la plus performante en termes de portée radio. De notre point de vue, ce critère n’est pas le plus important car le réseau de télé-relève est seulement un “tuyau de transport”, indique de son côté Adrien Le Dreau, co-gérant chez Id Eau. Il y a une attention particulière à apporter sur l’exploitation finale de la donnée et les interactions possibles avec les outils informatiques de la collectivité tels que les logiciels de facturation et outils de supervision ».
Les coûts, dont l’approche est parfois biaisée, font partie des freins qui subsistent.

Les coûts : une approche parfois biaisée

« L’approche qui consiste à comparer le coût d’une relève manuelle, avec celui d’une radio-relève ou d’une télérelève dessert clairement cette dernière qui ne peut pas être rentable dans la seule optique d’une relève du compteur, explique Loïc Charron. En revanche, si l’on prends en compte l’exploitation des données recueillies par la télé-relève et leur croissement avec d’autres informations numériques pour optimiser la gestion du réseau, là elle devient intéressante et rentable ».
Comment évaluer le coût d’un dispositif de télé-relève ? Xavier Mathieu, chez Birdz, souligne une grande diversité de situations selon la qualité de service demandée par le client et la couverture fournie par l’opérateur, mais estime « qu’il sera compliqué de faire de la télé-relève à moins de 5 ou 6 € compteur/an, prix observé sur le terrain dans les situations les plus favorables ». Ces prix grimpent rapidement lorsqu’il faut procéder au changement du compteur. Smartéo Water qui s'apprête à fournir et poser 10.000 compteurs à la Communauté de communes du pays d’Apt Lubéron évoque un marché 2 millions d’euros TTC sur une période de 12 ans, soit 200 € par compteur sur 12 ans. « Ce sont des chiffres publics, qui reflètent les coûts observés sur le marché, même s’il y a toujours des écarts liés a des situations particulières », souligne Loïc Charron.
Plusieurs pistes permettent cependant de raccourcir les ROI. Birdz travaille à enrichir le dataset, c’est à dire le nombre d’informations transmises par les compteurs pour fournir toujours plus de valeur ajoutée. « L’ajout du paramètre température, permet par exemple de fournir des informations pour prévenir un éventuel risque de gel des compteurs, explique Xavier Mathieu. Mais surtout, nous développons d‘autres capteurs, par exemple des capteurs de détection de fuites, des capteurs compatibles avec les poteaux d’incendie ou encore des capteurs de qualité pour mesurer des paramètres physico chimiques ». Le développement des applications permet d’amortir plus rapidement le déploiements d’infrastructures autrefois centrées autour du seul compteur.

L’émergence de la ville connectée permet également de dépasser les frontières du seul service de l’eau. Les solutions qui permettent de mutualiser les coûts en exploitant les mêmes infrastructures se développent aussi rapidement qu’elles se diversifient. « Beaucoup de collectivités mènent ce genre de réflexion, indique Loïc Charron. A Angers métropole, par exemple, nous avons réussi à mutualiser l’infrastructure informatique pour télé-relever les compteurs d’eau et géolocaliser les bus de transport public. C’est un peu atypique, mais cela montre qu’à partir de deux services qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre, il est possible de proposer une structure commune d’outils pour répondre à des applications différentes ».

« L’investissement pour la radio-relève et la télé-relève est relativement similaire. La base financière du dispositif est identique car il s’agit de la fourniture et pose des compteurs équipés d’un module radio. La différence de prix se situe sur le fonctionnement, indique Thomas Brélivet, co-gérant chez Id Eau. Pour le coût de fonctionnement de la radio-relève, cela va dépendre du nombre de relèves effectuées par an et du temps qui y sera consacré. Pour la télé-relève, nous constatons un coût de redevance qui se situe entre 4 et 5 € par an et par compteur (coût identique pour des territoires ruraux ou urbains). Ce coût comprend le service de transmission quotidien des index et alertes mais aussi la mise à disposition du portail d’exploitation de la télé-relève et la garantie des modules radio défaillants sur une durée de 12 ans. Le coût de la redevance télé-relève a été divisé par 3 en quelques années (près 12 € par an en 2010). Auparavant, il y avait un écart financier important entre les deux dispositifs et assez peu de collectivités optaient pour la télé-relève par manque de budget mais avec l’arrivée des technologies de type Lora et Sigfox, les coûts ont nettement diminué et la télé-relève devient très compétitive et séduit de plus en plus de collectivités ». 





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