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Salons congrès conférences

Des innovations tous azimuts lors de Pollutec 2025

25 novembre 2025 Paru dans le N°486 ( mots)
© Benoît Michaely

Pour les acteurs des domaines de l’eau potable, des eaux usées, du traitement, de la mesure et de l’analyse, ainsi que des odeurs, des sols, etc., l’édition lyonnaise du salon Pollutec est l’événement incontournable pour prendre le pouls du marché, échanger avec leurs clients (potentiels) et fournisseurs, s’informer sur les dernières innovations et les tendances à venir. Premier tour d’horizon des nouveautés vues à Lyon, en attendant la suite dans le prochain numéro.

Intelligence artificielle (IA) et donnée, traitement et élimination des PFAS et autres micropolluants, matériaux biosourcés, gestion patrimoniale, réutilisation des eaux usées traitées (REUT), version 2 de la directive Eaux résiduaires urbaines (DERU), conformité à la directive européenne NIS (Network and Information Security) 2, effluents industriels, métiers et besoins de la filière sites et sols pollués… Ce ne sont là que quelques-unes des thématiques abordées lors du cycle de conférences et d’ateliers techniques de l’édition 2025 de Pollutec (voir deuxième encadré), salon international des solutions pour l’environnement, l’industrie, la ville et les territoires, organisée par RX France du 7 au 10 octobre dernier à Eurexpo Lyon (Rhône).

« L’événement réaffirme plus que jamais sa mission : être le catalyseur de solutions concrètes pour la transformation écologique de notre industrie et de nos territoires. Une transformation écologique devenue indispensable, à l’aune du coût de l’inaction, qui s’alourdit », affirme Anne-Manuèle Hébert, directrice du salon. Quelle meilleure occasion que les Innovation Awards pour découvrir des innovations pour « leur capacité à conjuguer performance, innovation et impact environnemental ». C’est ainsi que RX France et le PEXE ont récompensé, le 9 octobre, les solutions de trois entreprises.

Il s’agit d’abord d’Inddigo et de Plastic Vortex pour le barrage flottant automatisé Vortex 150. Son principe de fonctionnement – canaliser le flux des déchets flottants grâce à la dynamique naturelle du cours d’eau – est constitué de trois étapes. Une structure flottante en V inversé, installée en oblique par rapport au courant, guide les déchets vers un point unique. Sous la surface, des jupes immergées descendent jusqu’à 40 cm de profondeur, captant également les microplastiques et petits débris. Un convoyeur automatisé transfère ensuite les déchets collectés vers une benne en berge, prête à être vidée, triée et valorisée. Jusqu’à 90 % des macrodéchets sont ainsi interceptés dès 1 mm de diamètre, qu’il s’agisse de bouteilles et sacs plastiques, de mégots ou de pneus.

Des canalisations en PEHD 100 % recyclé

Les deux autres Innovation Awards ont été remis à Entent, pour la conversion de la chaleur fatale industrielle basse température en électricité (Pulse), et à Tallano Technologies, pour son système de captation, de filtration et de recyclage des microparticules de frein (Tamic). À noter que, pour la première fois, les organisateurs ont également décerné un prix « coup de cœur » du public. Le premier lauréat est à Arkeale pour son unité de micro-méthanisation locale à faible emprise au sol, autonome et sécurisée BioCapsule. Parmi les autres innovations retenues, on peut citer Aerōtape d’Oberon Sciences (détection en temps réel des particules dans l’air avec lien à leur source d’émissions), la solution de recyclage des eaux grises et eaux traitées de stations d’épuration (STEP) Aquafiber de Nereus, le mix de bactériophages anti-Escherischia coli Waterphage anti-E.coli de Greenphage pour le traitement des eaux…

Au-delà de ces innovations, les visiteurs pouvaient (re)découvrir bien d’autres nouveautés au fil des stands des exposants. À commencer par la gamme Industrie Circular d’elydan. « Ce qui frappe sur les chantiers, c’est la présence de nombreux déchets en PEHD (polyéthylène haute densité) à la suite de la pose de canalisations, par exemple. Et tous ces déchets vont être envoyés en décharge ou en centre de tri ; seuls 20 % d’entre eux seront transformés. Le PEHD étant 100 % recyclable, nous amenons, avec Industrie Circular, une filière vertueuse : nous récupérons les chutes qui sont ensuite triées, broyées et lavées pour devenir une matière première 100 % recyclée et tracée, mais sans certificat NF », explique Arnaud Bardin, directeur commercial TP chez elydan.

Les canalisations en PE80 ou PE100, issues de cette matière première sont destinées aux professionnels du BTP (création ou renouvellement de réseaux, dragage dans les carrières, dévoiement temporaire de réseaux, pompage provisoire, alimentation de tunnelier, rabattement de nappes, mise en place de flotteurs pour panneaux photovoltaïques...) et leur permet de réduire significativement l’empreinte carbone des chantiers liés au transport d’eau non potable, tout en garantissant performance et fiabilité. « La matière première utilisée pour la gamme Industrie Circular vient de notre filiale de recyclage des conduites en PE et PP (polypropylène) Elyrev, qui est située à Signes (Var) et qui opère à échelle nationale grâce à un réseau de partenaires. La maîtrise de la chaîne de valeur, du recyclage à la fabrication, constitue d’ailleurs une première en France sur les conduites en PEHD avec un tel niveau d’exigence en matière de durabilité et de transparence », affirme Arnaud Bardin.

Les premiers produits biosourcés au monde

BWT France, de son côté, complète sa gamme de produits biodégradables pour le traitement de l’eau avec sept nouveaux produits biosourcés, à destination des tours aéroréfrigérantes (TAR) et des circuits fermés. Il s’agit principalement d’inhibiteurs de tartre et de corrosion acier, d’inhibiteurs de corrosion cuivre et de produits de nettoyage. « Si les produits issus de la chimie des phosphates utilisés jusqu’à présent sont très stables, les industriels sont de plus en plus demandeurs de produits éco-responsables et d’une réduction des déchets. C’est ainsi que nous allons vers une chimie alternative », rappelle Alexandra Sauvêtre, cheffe de projets R&D chez BWT France.

Le fabricant avait déjà franchi une première étape avec le développement des produits biodégradables – mais pas biosourcés – , dont deux inhibiteurs de tartre sans phosphore, un inhibiteur de corrosion de cuivre sans azole, un biodispersant sans phosphore et un nettoyant désembouant pour les circuits climatiques. Ces produits biodégradables se caractérisent par l’absence d’impact sur le milieu lors du rejet (non-toxicité et faible impact carbone) et une efficacité prouvée au moins équivalente à celles des solutions de chimie traditionnelle. « Notre gamme ainsi renforcée – la commercialisation de nos produits 100 % biosourcés (une matière renouvelable venant d’Europe) est une première mondiale – couvrira toutes les qualités de l’eau, une première au niveau européen, voire au niveau mondial », affirme Alexandra Sauvêtre.

Dans le domaine de dépollution des sols, les acteurs sont également à la recherche de solutions écologiques et économiques. Face au défi représenté par un gaspillage massif de ressources et un impact environnemental inutile, en raison d’un traitement en lot des terres excavées avec peu de distinction entre les zones fortement polluées et les sols faiblement ou non contaminés, la jeune pousse Tellux a développé l’HyperScan EcoProbe avec son partenaire allemand Nukem Technologies grâce au soutien financier de la Région Normandie et de l’Ademe. La solution de tri « intelligent » des terres polluées permet de réduire jusqu’à 30 % le volume de terres à traiter, soit une économie potentielle de 100 millions d’euros sur ce seul segment.

Grâce à une technologie de détection haute résolution embarquée, la machine de Tellux analyse en temps réel la teneur en polluants des sols excavés et déclenche un tri automatique. Seules les terres polluées sont dirigées vers les filières de traitement spécialisées, tandis que les sols sains sont réutilisés sur place. En optimisant le tri à la source, l’HyperScan EcoProbe permet non seulement de réduire les coûts de dépollution, mais aussi de limiter les transports inutiles et la consommation de matériaux de remblai. La collaboration avec Lhotellier 3D Solutions a aussi permis de tester cette technologie sur de nombreux lots pollués et d’éprouver la solution à l’échelle industrielle.

Un marché du traitement riches de nouveautés

Revenons dans le secteur de l’eau et, plus particulièrement, dans celui du traitement. Les visiteurs ont pu découvrir le nouveau groupe Aquasphère, en tout cas la première fois sur le salon Pollutec… même si ce groupe n’est pas un inconnu dans le domaine. « La vocation du groupe, créé en 2024, est de regrouper des PME françaises dans le traitement de l’eau et des biodéchets, à destination des industriels et des acteurs tertiaires, pour qu’elles fassent ensemble ce qu’elles n’arrivent pas à faire toute seule, parce que les PME ont des fragilités de par leur taille, leur dispositif géographique », explique Régis Desroches, président d’Aquasphère.

Derrière ce projet se trouvent le fonds d’investissements lyonnais Albarest Partners et le fonds à impact parisien Swen Capital Partners, spécialiste de l’eau et de l’environnement. Aquasphère possédait déjà les sociétés Atlantique Industrie, Tresch et Aspie (fournisseur lyonnais d’automatisme acquis en mai 2025, qui travaillait avec Tresch). « L’une des faiblesses d’Atlantique Industrie et de Tresch réside toutefois dans le manque de couverture national. Nous allons donc réaliser deux acquisitions, qui seront annoncées à la fin du mois d’octobre, afin de pallier cet inconvénient », annonçait en avant-première Régis Desroches. C’est finalement le 12 novembre 2025 que l’annonce a été faite avec l’acquisition d’Aqua-Technologie, pour un montant non dévoilé, et la conclusion d’un partenariat « stratégique et capitalistique » avec Analysys (voir notre article page 31).

Toujours en ce qui concerne le traitement de l’eau (voir premier encadré), citons également, entre autres, la solution de réutilisation des eaux résiduaires traitées (REUT) par UV Cubiq de Bio-UV, la solution WaaS (Water-as-a-Service) d’Ekopak, le système compact de filtration dynamique immergée pour les eaux usées Akelion de Dynafilter, ou encore Orège Green Gas d’Orège. Cette solution de prétraitement répond aux problèmes posés par des boues trop diluées, peu digestibles, qui brident le potentiel des digesteurs équipant les STEP municipales. Orège aide ainsi les municipalités à transformer des digesteurs pas assez performants en actifs énergétiques rentables, et ce sans investissement initial, en quelques jours seulement.

Basée sur la technologie propriétaire SLG (Solide-Liquide-Gaz), Orège Green Gas se présente sous la forme d’une unité compacte, mobile et installée en amont du procédé – la marque désigne à la fois la vente d’équipements et une offre de services mobiles (location). La solution conditionne les boues en améliorant la structure des flocs et la biodégradabilité et assure un épaississement passant de 2-3 % à 6-8 % de siccité. Elle réalise cette double opération sans produits chimiques pour le conditionnement ni chaleur ni travaux lourds. Orège affirme que les gains obtenus peuvent atteindre jusqu’à +40 % de production de biogaz et jusqu’à 20 à 40 % d’économies en polymères.

Doseurs, jumeau numérique…

Parmi les autres exposants présentant des nouveautés lors de Pollutec Lyon (voir premier encadré), Dosatron a dévoilé sa nouvelle gamme de doseurs connectables Clack n’Track dédiée au traitement de l’eau, à la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) et aux eaux de process. Trois modèles sont d’ores et déjà disponibles : il s'agit du D3WLCT, du D9WLCT et du D30WLCT. Grâce à un émetteur d’impulsions, ces pompes reliées à un enregistreur de données (non fourni) permettent une surveillance à distance du statut de fonctionnement (On/Off) et une estimation du débit d’eau traitée, ce qui en fait une alternative aux compteurs à impulsions. Ces doseurs représentent une solution fiable et économique, notamment pour les zones rurales ou isolées, les situations d’urgence et les installations nécessitant un suivi régulier. Le Clack n’Track contribue donc à la réduction des déplacements nécessaires pour maintenir et entretenir les pompes doseuses, les personnes n’intervenant seulement lorsque cela est nécessaire.

Une autre innovation dévoilée à l’occasion du salon est la refonte du jumeau numérique Twin de Leakmited, bénéficiant de fonctionnalités enrichies. Rappelons que cet outil de diagnostic stratégique, basé sur l’IA et dédié à l’optimisation des investissements dans les réseaux d’eau, permet de bâtir des plans pluriannuels d’investissement, de mutualiser les interventions et de hiérarchiser les chantiers selon leur criticité. En intégrant Twin, les collectivités peuvent agir de façon proactive, sans dépendre exclusivement de diagnostics ponctuels ou de missions d’ingénierie externalisées, et elles renforcent leur autonomie dans la gestion de leur patrimoine eau.

Sur le stand de Hach France, les visiteurs pouvaient s’informer sur l’analyseur d’ammonium NH6000sc, le capteur de sulfure d’hydrogène (H2S) GS2440Ex, le transmetteur SC4500 qui intègre désormais le logiciel de contrôle en temps réel (RTC)… « Successeur du modèle Amtax sc, l’analyseur en ligne en continu NH6000sc est destiné aux applications de désinfection de l’eau potable, de surveillance de la charge azotée dans les STEP. Au lieu de la colorimétrie – dont le problème est un réactif peu stable – , la méthode d’analyse utilisée est la technologie d’électrode détectrice de gaz (GSE), qui met en œuvre une injection de soude (produit simple, économique et stable) et une mesure du pH afin de remonter à la concentration de l’ammonium », explique Frédéric Soumet, directeur des ventes de Hach France.

Des innovations en analyse et en mesure

Les étendues de mesure vont de 0,02-5 mg/l à 10-1 000 mg/l, avec des répétabilités de (3 % de la mesure + 0,02 mg/l) ou de (2 % de la mesure + limite de détection), un temps de réponse inférieure à 5 ou 15 min, etc. Le nouvel analyseur se distingue également par un échantillon ponctuel de vérification améliorant la cohérence entre les données en ligne et les données de laboratoire, grâce à un process d’échantillonnage automatique, ainsi que par une réduction de la fréquence des opérations d’entretien de routine à seulement deux fois par an.

Le capteur GS2440Ex, intégrant un micro-capteur électrochimique caractérisé par une consommation cathode et anode négligeable, d’où l’absence de flux et une durée de fonctionnement de 5 ans, mesure la concentration en H2S dans l’eau et dans l’air. Ce capteur apporte aux responsables des STEP une visibilité totale sur le lieu et le moment d’origine d’une odeur de sulfure d’hydrogène et, donc, une aide au traitement de ce problème à la source – des odeurs mais aussi la corrosion – , réduisant ainsi les dépenses inutiles liées au dosage de produits chimiques.

Du côté du groupe Claire, le nouveau capteur Hydreka Node LM pour la mesure en continu de la qualité des effluents (charge organique et toxicité) – une estimation continue de la DBO5eq est également possible – a été conçu pour répondre aux enjeux de la nouvelle DERU 2 et aux défis du terrain. La technologie du capteur repose sur l’utilisation de bactéries naturellement présentes dans le milieu comme bioindicateurs, permettant de détecter en temps réel les variations de charge organique et la présence de substances toxiques. Le design breveté, flexible et auto-nettoyant limite l’encrassement et l’accroche des macrodéchets, divisant ainsi par dix, a minima, les interventions de maintenance par rapport aux solutions standards du marché.

À cela s’ajoute la possibilité d’une maintenance sans descente dans le réseau. Le Node LM ne nécessite ni réactifs chimiques ni alimentation externe, et il est compatible avec la majorité des automates et enregistreurs du marché. En plus de s’inscrire dans une logique de résilience environnementale et de réduction des coûts liés à l’exploitation, le capteur Node LM ouvre de nouvelles perspectives pour la sectorisation des rejets, le diagnostic permanent, ou encore le suivi des charges déversées en milieu naturel, affirme la société.

Enfin, Endress+Hauser mettait notamment en avant, sur son stand, le Liquiline Edge Module CYY7, qui envoie les mesures des transmetteurs et systèmes d’analyse Liquiline vers son cloud Netilion, l’unité de commande FlexView FMA90, avec afficheur couleur et commande tactile – elle peut accueillir jusqu’à deux capteurs de niveau radar, hydrostatiques, à ultrasons, ou des capteurs 4-20 mA Hart – ou encore une platine d’analyse du chlore pour le suivi de la désinfection de l’eau. Suite de la visite des innovations et autres nouveautés en analyse, en traitement, en détection, etc. dans notre prochain numéro.


D’autres nouveautés vues au détour des stands
· Système compact de filtration dynamique immergée Dynafilter pour les eaux usées d’Akelio ;
· Système de mesure optique Metris addIQ Argos d’Andritz ;
· Solution Hydrogenie (pilote tout-en-un pour vanne de régulation Hydrobloc), bouche d’incendie Restreeto et borne-fontaine Neo Smart de Bayard ;
· Solution de REUT par technologie UV Cubiq de Bio-UV Group ;
· Vanne de mesure hydrodynamique autonome et filet de capture en acier inoxydable 316L de F-Reg ;
· Solution Control+ (gamme en fonte ductile Natural), dotée d’un nouveau joint en élastomère bi-dureté et d’une valve intégrée, de PAM ;
· Station d’acquisition de données modulaire Aqua-CJ de Paratronic.

Une fréquentation stable entre 2023 et 2025
L’édition 2025 du salon Pollutec, organisée par RX France du 7 au 10 octobre dernier à Eurexpo Lyon (Rhône), a rassemblé « officiellement » 51 000 participants professionnels – une fréquentation stable par rapport à 2023 – , 2 000 exposants dont 500 nouvelles entreprises, plus de 130 jeunes pousses et 15 pavillons régionaux et nationaux, sans oublier la tenue de plus de 350 conférences en parallèle de l’exposition. Même si l’impression générale de cette édition lyonnaise était positive, il n’empêche que plusieurs signes viennent modérer la satisfaction officielle de l’organisateur, comme une zone d’exposition n’occupant pas forcément tout l’espace disponible ou des allées, et même quelques stands, désertées le vendredi. En attendant l’édition 2027 de Pollutec à Lyon, RX France donne d’ores et déjà rendez-vous les 1er et 2 décembre 2026, à Paris Expo – Porte de Versailles pour le Salon de la transformation écologique by Pollutec (STEP) – à ne pas confondre avec « station d’épuration des eaux usées » ou « station de transfert d’énergie par pompage ». Après une édition de Pollutec Paris relancée en 2024 après l’arrêt de World Efficiency en 2019, l’organisateur tente en effet une nouvelle formule parisienne avec STEP.


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