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Réseaux d’assainissement : la réhabilitation fait son trou...

15 juillet 2019 Paru dans le N°423 à la page 39 ( mots)
Rédigé par : Patrick PHILIPON

Moins onéreuse que le renouvellement, la réhabilitation des réseaux d’assainissement vieillissants gagne les faveurs de collectivités. Un large éventail de solutions techniques permet de répondre, durablement, à de nombreuses situations. Diagnostic préalable et préparation du chantier restent essentiels à sa réussite. Malgré les incitations récentes, le marché reste poussé essentiellement par les programmes de réfection de voirie plutôt que par l’obligation de gestion patrimoniale.

Racines, tassement du sol, abrasion interne, corrosion, vieillissement des matériaux, etc. : les agressions sur les réseaux d’assainissement ne manquent pas. Faut-il les renouveler systématiquement lorsque des fuites ou dysfonctionnements surgissent ? De plus en plus contraintes par leur budget et par les nuisances occasionnées par les travaux traditionnels, les collectivités préfèrent souvent réhabiliter l’existant.
« Actuellement en France, la moyenne d'âge des réseaux est d’environ 45 ans, explique-t-on chez Ortec Environnement. Sachant que la durée de vie moyenne d'un réseau est estimée à 40 ans, on comprend aisément que le marché de la réhabilitation et pose de réseaux d’assainissement se trouve au cœur des enjeux, d’autant plus qu’ils portent sur 200.000 km de conduites et 4 millions de regards de visite. A l’heure où la tendance en termes de capacités financières dont disposent les collectivités publiques est à la baisse et dans un contexte de prise en compte croissant des enjeux environnementaux, la réhabilitation sans tranchée revêt un intérêt majeur. Le fait que les techniques de réhabilitation sans tranchée fassent l'objet de normes et de recommandations visant à normaliser les résultats obtenus et encadrer le métier, laisse à penser qu’une prise de conscience autour de l’efficacité de cette solution est en cours ».
En réseau visitable ou non, les équipes sont formées à l’utilisation de technologies allant bien au-delà de la maçonnerie ou du terrassement traditionnels, et mettent en œuvre des équipements souvent très techniques.

La perspective de travaux sans tranchée, désormais possible sur beaucoup de technologies de réhabilitation, constitue de fait un argument de poids. Deux possibilités se présentent, selon l’état du réseau et l’occasion des travaux : d’une part la réparation de défauts ponctuels, qui relève de l’entretien courant en exploitation, d’autre part la rénovation/remise à niveau de tronçons entiers, qui dépend plus d’une logique de programmation à long terme, voire de gestion patrimoniale, et peut être cofinancée par l’Agence de l’eau.


Dans tous les cas, c’est l’affaire d’entreprises de travaux spécialisées comme Agrippa, Aquarex, AXEO TP, DPSM, Kumpen, M3R, Reline, SADE, Soc, Subterra, Telerep, etc., faisant “tourner” des équipes formées à l’utilisation de technologies allant bien au-delà de la maçonnerie ou du terrassement traditionnels. D’autant qu’elles mettent en œuvre des équipements souvent techniques tels que des équipements de détection de réseaux développés par Leica ou Radiodétection, des systèmes d’inspection télévisée et des robots multifonctions commercialisés par Hydrovidéo, Eca Robotics, Rov Développement, Robocana, TCR International ou Pipetronics, des bétons et mortiers d’aluminates de calcium, pour projection développés par Hermes Technologie ou Kerneos, ou encore des gaines de chemisage proposées par Insituform, Reline ou Saertex… etc.
Qu’il s’agisse de rénovation programmée ou de réparation ponctuelle, un diagnostic préalable est indispensable. La gestion patrimoniale suppose évidemment une connaissance complète du réseau, basée sur un SIG.

Le marché est porteur, même si les acteurs font parfois état de perceptions différentes. Pour Philippe Lagubeau, Directeur Adjoint de SADE Travaux Spéciaux, « les techniques sans tranchée répondent aux besoins de gestion patrimoniale des réseaux. Elles ont d’ailleurs été mises en avant à l’occasion des Assises de l’eau ». Guillaume Valade, responsable des ventes Ile-de-France pour Amiblu, estime pour sa part que « la gestion patrimoniale est stable pour la région parisienne. Un autre volet nous fait travailler beaucoup plus : le détournement de tronçons pour la construction du réseau de transports (métro et tram) du Grand Paris ». Arnaud Stienne, directeur général délégué de Telerep, confirme : « la gestion à long terme existe dans certaines agglomérations mais elle n’est pas généralisée. Nous intervenons plutôt dans le cadre de travaux de voirie ou de réaménagement (voies de métro ou de bus par exemple). Globalement, le marché est en hausse… même si les prix baissent ». Daniel Walther, responsable de l’agence AXEO TP Alsace dresse le même constat : « les communes programment des travaux de voirie et en profitent pour inspecter l’état des réseaux en dessous. Elles peuvent alors, si nécessaire, lancer des travaux de réhabilitation ».

Le diagnostic, un passage obligé

Qu’il s’agisse de rénovation programmée ou de réparation ponctuelle, un diagnostic préalable est indispensable. La gestion patrimoniale suppose évidemment une connaissance complète du réseau, basée sur un SIG. Ce domaine dépasse largement le cadre de la seule réhabilitation de l’assainissement. Des éditeurs de SIG comme 1Spatial, GiSmartware, ou des prestataires spécialisés en détection comme Ingrid, Geowest, Ax’eau, DDR ou JFM Conseils interviennent alors.
Réhabilitation d’un collecteur de transfert des eaux usées sur 650 ml Ø 1.000 – U 1500 et T1800 par chemisage continu en fibre de verre Alphaliner® 1800 de Reline.

Les reports d’ITV, l’âge et les matériaux des conduites sont autant d’éléments que le SIG peut ingérer pour proposer des notes de renouvellement à un opérateur. « Certains de nos utilisateurs de SIG peuvent utiliser plusieurs dizaines de critères pour les aider à noter leurs réseaux », note Thierry de Tombeur chez 1Spatial.

Au-delà des SIG, les solutions de gestion patrimoniale sont également primordiales pour améliorer et aider à mettre en place des plans de réhabilitations des réseaux. Geomod, éditeur et distributeur de logiciels dans les domaines de la géomatique terrestre et marine et en modélisation hydro, distribue par exemple la gamme InfoAsset d’Innovyze qui permet de définir des plans de réhabilitations incluant une vision pluriannuelle des investissements. InfoAsset Planner est un outil analytique complet de planification des immobilisations pour les réseaux d’eau. Il estime avec précision pour chaque structure (conduite, vanne, pompe, etc…) la probabilité de défaillance et les conséquences de défaillance. Ensuite, en combinant ces deux résultats, il calcule le risque de défaillance de chaque élément. Ceci afin d’aider les exploitants à mettre en place une gestion opérationnelle au jour le jour et une planification du réseau à long terme. InfoAsset Manager permet ensuite au gestionnaire de gérer, intégrer, valider, analyser leurs données de réseau afin de fournir des informations consolidées, précises et à jour.
Un bon SIG permet de préparer des interventions (ici une demande d’ITV associée à des conduites) et d’éditer des reports dans la carte, le tout en respectant les normes en vigueur. Doc 1spatial.

Car chaque intervention pour réparation ou rénovation d’un tronçon d’assainissement doit s’appuyer sur un diagnostic souvent réalisé par une société spécialisée à la demande du maître d’ouvrage ou du bureau d’études qui conçoit l’appel d’offres. Les entrepreneurs de travaux, qui utilisent des robots, peuvent certes procéder à des inspections vidéo, mais plutôt à “usage interne” pour préparer leur propre intervention. Les sociétés spécialisées vont nettement plus loin. Un diagnostic complet comprend en effet toute une batterie de tests exigeant des équipes spécialement formées : inspection visuelle (ou vidéo) mais aussi radar (pour repérer d’éventuels vides à l’extérieur de la canalisation), prélèvements de sol autour de l’ouvrage (argile, gonflement, compression, etc.), essais de vérinage (résistance mécanique résiduelle de la canalisation), relevé de niveau de la nappe phréatique, etc. Il s’agit non seulement d’établir l’état du réseau mais aussi de préciser les contraintes qui orienteront les choix des techniques d’intervention.

Techniques de rénovation : l’embarras du choix

Avant même le diagnostic, un critère essentiel détermine la gamme des techniques d’intervention utilisables : le diamètre de l’ouvrage. Peut-on ou non y envoyer du personnel ? On estime en général qu’un réseau est “visitable” au-delà d’un diamètre de 1.600 mm, taille à partir de laquelle un opérateur peut travailler dans des conditions décentes. Il n’existe cependant pas de règle fixe. « L’essentiel est de respecter des conditions de sécurité. Il peut nous arriver d’envoyer du personnel dans des canalisations de moins de 1.600 mm mais cela implique une analyse de risque préalable et la mise en place de moyens d’alerte et d’extraction », insiste Arnaud Stienne. Ensuite, on choisira en fonction de critères hydrauliques (peut-on réduire la section ? faut-il l’augmenter ?), mécaniques (résistance de la canalisation existante), physicochimiques (présence d’H2S, abrasion) mais aussi environnementaux (milieu urbain ou non) et sociaux (gène pour les riverains, perturbation de la circulation). Sans oublier l’inévitable dimension économique. On optera alors pour le chemisage, le tubage, la projection de mortier, la pose de coques, etc. La complexité des situations implique bien souvent de combiner plusieurs techniques sur le même chantier.
Partie intégrante de la gamme iPlus®, iPlus® Glass d’Insituform est renforcé avec de la fibre de verre et est polymérisée aux ultraviolets.

Quelle que soit la technique choisie, chaque intervention commence par une phase de préparation, à la main ou avec des robots multifonction selon le diamètre. « Les travaux préparatoires consistent à supprimer les racines, enlever les branchements pénétrants, adoucir les déboîtements, repérer les embranchements pour pouvoir les ouvrir et les raccorder ultérieurement…. Cette phase est déterminante pour la qualité du résultat final », insiste David Veltz, directeur commercial France et Belgique pour Reline Europe. Par l’intermédiaire de sa filiale Pipetronics, Reline fournit des robots de réparation multifonctions. L’éventuelle injection de coulis dans le sol, via des tubes traversant la paroi de la canalisation, se fait également à ce stade.

Tronçons non visitables : la rénovation en continu

Spécialiste en technique sans tranchée, en réhabilitation, en pose et en détection depuis 1976, Aquarex Equipement plaide pour une technique connue et reconnue en pose continue ou non, idéale pour le non visitable, et qui est aussi la seule à pouvoir installer une canalisation neuve structurante et de diamètre inférieur, égal et supérieur (jusqu’à 2 tailles de tuyau de manière standard) : l’éclatement. « C’est la plus simple, la plus économique et elle peut être mise en œuvre quel que soit l’état de l’ancienne canalisation (déboîtée, écrasée, flashée,…) dès que l’on peut y passer un jonc, souligne Florian Raynaud, Gérant d’Aquarex Equipement. L’éclatement permet aussi nativement de lisser les défauts du fil d’eau du tracé ». Avec la réhabilitation par éclatement, l'ancien tuyau est découpé, le « tunnel » existant est agrandi avec le cône élargisseur, et la nouvelle canalisation est introduite simultanément. On met en place immédiatement des fourreaux, des tuyaux sans fin ou encore des tuyaux courts.
A Mennecy, dans le cadre d’un marché subséquent pour le SIARCE, la SADE réhabilite par chemisage les collecteurs et branchements du réseau d'assainissement du quartier des Levitt, essentiellement situés en domaine privé et difficile d’accès. Ici, le chemisage des branchements est réalisé par inversion et polymérisation à l'aide de lampes Led : une nouvelle technique qui permet d’assurer un contrôle caméra permanent lors de la phase de polymérisation, avec une garantie de résultat.

Mais pour les réseaux gravitaires, soit une bonne partie de l’assainissement, le chemisage est en passe de s’imposer comme le choix premier en matière de rénovation. Il s’agit d'introduire dans la canalisation existante, via un regard, une gaine souple imprégnée d’une résine époxy ou polyester. Elle est ensuite plaquée contre la paroi et polymérisée, donc durcie, une fois en place. Deux grandes familles coexistent. Première venue : l’application par réversion de gaines en feutre de polyester, suivie d’une polymérisation thermique à l’eau chaude ou la vapeur. Dans ce cas, le fluide de polymérisation plaque lui-même la chemise contre la paroi. Nouvelle venue : l’utilisation de gaines armées de fibre de verre, introduites par traction puis gonflées à l’air comprimé et durcies par UV. Un “train” de lampes UV assure la polymérisation, et souvent l’inspection finale grâce à une caméra placée en tête.

Selon David Veltz, « certains pays ont mis l’UV en avant depuis quelques années. La technologie est en plein essor et prend des parts de marché en France comme en Allemagne ». Reline Europe s’est spécialisé dans l’UV avec sa gamme de chemises Alphaliner®, disponibles en diamètres de 150 à 1.800 mm pour des “tirs” pouvant atteindre 350 mètres linéaires. Avec une particularité : elles sont fabriquées par enroulement hélicoïdal de bandes de fibres de verre, imprégnées de résine de polyester. « Cet enroulement hélicoïdal, et non longitudinal, évite toute couture ou point faible » souligne David Veltz. De plus, Alphaliner® peut s’appliquer dans des conduites de section non circulaire (ovoïdes). Pour les chantiers d’assainissement communal sans contrainte particulière, Reline préconise AlphalinerUP. Il existe une version AlphalinerEco, imprégnée d’une résine sans styrène, pour certains chantiers devant obéir à des normes strictes d’émission. Pour l’assainissement industriel, Reline propose l’Alphaliner VE, imprégné de résine de vinylester. Les gaines “traditionnelles” n’étant pas étanches sous pression, Reline se prépare à lancer sur le marché, via sa filiale Reline Aptec, la version AlphaLinerPN. Toujours basée sur des bandes hélicoïdales de fibre de verre, sa construction en sandwich lui permet de résister à une pression de service de 16 bars. Elle sera disponible du 150 ou 1.200 mm. Des chantiers pilotes ont déjà été réalisés ainsi, dont un de 600 mètres linéaires au Havre.

La SADE a réhabilité les 6,4 km de la galerie d'amené à la station d'épuration de Cap Sicié, ouvrage de Toulon Provence Méditerranée. 4 ans de travaux ont été nécessaires aux équipes de la SADE pour réaliser ces travaux à grande profondeur (>100 m) par pose de coques PRV en voûte et projection en cunette d'un mortier anti-H2S. Le projet inclut également l’exploitation et la maintenance de la galerie pendant 20 ans.  

Même son de cloche chez les applicateurs. « Aujourd’hui, 70 % des réhabilitations se font en UV et 30 % en réversion, alors que c’était l’inverse il y a 5 ans », remarque par exemple Daniel Walther, responsable de l’agence AXEO TP Alsace. AXEO TP met en œuvre les produits Reline. « Nous savons faire de la réversion, bien sûr, mais privilégions l’UV car il permet un contrôle visuel avant la polymérisation (alors que la réversion se fait à l’aveugle). En plus, cela dure moins longtemps, est plus économique, et plus respectueux pour l'environnement », ajoute Daniel Walther. Son agence vient par exemple de réaliser deux chantiers en Alphaliner®, l’un à Haguenau (650 mètres linéaires de canalisation ovoïde), l’autre à Strasbourg (690 mètres avec des diamètres allant de 300 à 1.600 mm). Certains applicateurs considérés comme des “partenaires Reline Europe” - par exemple AXEO TP ou Subterra - utilisent les machines UV de durcissement de la marque. « D’autres applicateurs, eux-mêmes bénéficiant de certification qualité, peuvent utiliser des systèmes conventionnels de polymérisation. La différence ne réside pas dans le produit fini mais dans la durée de mise en œuvre : avec nos équipements, vous durcissez 2 à 3 fois plus vite », souligne David Veltz.

Même Insituform, pionnier de la technique de chemisage, qui a introduit la réversion il y a plusieurs décennies avec ses solutions désormais classiques Insituform Polyester (150-2.500 mm) et Insitufom Epoxy (150-600 mm), vient de lancer un produit en UV. « Le IPlus Glass a vocation à devenir le fer de lance d’Insituform », explique ainsi Christophe Goasdoué, responsable d’exploitation chez Video Injection. Cette société de travaux met en œuvre les techniques Insituform, dont elle a également l’exclusivité de distribution pour la France. Autre nouveauté : le I-Flex, une chemise de faible diamètre (de 50 à 250 mm) particulièrement souple. Installée par réversion et polymérisée à la chaleur, elle est destinée à la rénovation des embranchements. Pour ces même embranchements, Telerep propose In-Tec® (80-300 mm), un chemisage en résine époxy posé par réversion ou traction selon le nombre d’accès et de coudes, et polymérisé par UV.

Hermes Technologie développe des matériaux et des techniques adaptés aux spécificités de réseaux d’assainissement permettant de répondre aux phénomènes de corrosion et à la nécessité d’imperméabiliser ces ouvrages tout en améliorant les performances mécaniques.

La SADE met également en œuvre les deux familles de chemisage. « Nous utilisons l’une ou l’autre selon la configuration du chantier. Dans les deux cas, nous avons fait le choix d’être certifiées NF 390 », assure Philippe Lagubeau. En réversion, SADE propose Rétroflex®, une marque maison. Pour l’UV, SADE travaille avec les gaines armées de fibre de verre Saertex, BKP et Reline Europe. Telerep propose aussi les deux techniques. « Le résultat final est comparable. Le premier choix est l’inversé mais, si la canalisation initiale est trop abîmée, on ne peut utiliser que le tracté et l’UV », précise Arnaud Stienne. En réversion, que la polymérisation se fasse à l’air chaud (Eryx®) ou à l’eau chaude (Eaunyx®), Telerep fabrique lui-même son matériau en composant le mélange de résine sur place. Pour la traction, qu’il s’agisse du procédé Anjou® (feutre polyester et résine époxy, polymérisé à l’air chaud) ou Uvyx® (chemise fibre de verre, résine polyester polymérisée à l’UV), la société applique des composites achetés chez un fournisseur.

En alternative au chemisage pour la réhabilitation linéaire des canalisations d’assainissement, Hermes Technologie propose son procédé de projection centrifugée horizontale de mortier Ergelit KS1 ou KT10 grâce à un chariot équipé d’une tête rotative qui projette le mortier pompé depuis la surface et transporté par flexible. Ce procédé convient aussi bien aux réseaux circulaires qu’ovoïdes, de diamètre 700 à 2.500 mm.

Soigner les branchements

Après chemisage de la conduite principale, il faut rétablir les branchements. Trois solutions, toutes trois mises en œuvre par des robots multifonctions, s’offrent : soit l’injection de résine pour créer une étanchéité, soit la pose de “top hats”, des pièces rapportées. Chez Hermes Technologie, le robot Streicher EL permet l’injection de mortier Ergelit Kanaltec autour du raccordement à réparer. Capable d’évoluer dans des canalisations de DN 200 à 600 et de réhabiliter des branchements de DN 70 à 200, le Streicher EL gère l’injection du mortier grâce à une sonde de pression intégrée. 40 à 60 minutes suffisent à réparer définitivement le raccordement le jour même et sans devoir y revenir le lendemain, ce qui en fait une solution rapide et durable. « Les Top hats tiennent un peu moins longtemps que l’injection mais coûtent moins cher. Le client choisit », explique David Veltz, de Reline. Quant aux regards, ils sont en général traités par projection de mortier, résine ou peinture spéciale, comme par exemple avec le procédé KS-ASS développé par Hermes Technologie qui couvre l’ensemble de la réhabilitation des regards de visite : du décapage à la projection centrifugée de mortier Ergelit KS apportant une étanchéité et une protection anticorrosion optimales selon le type d’effluent : KS1 en milieu urbain, KS2 en milieu industriel et KS2b-L en présence d’H2S. L’équipement est contenu dans un seul véhicule ou une remorque ne nécessitant ainsi qu’un faible encombrement sur la voirie.
AXEO TP propose une technique de traitement structurante des regards de visite existants par chemisage UV. Ceci permet d’obtenir un ensemble « canalisation-regard » en fibre de verre donc homogène, continu, résistant aux attaques d’H2S et structurant.

AXEO TP propose de son côté une technique de traitement structurante des regards de visite existants par chemisage UV. Ceci permet d’obtenir un ensemble « canalisation-regard » en fibre de verre donc homogène, continu, résistant aux attaques d’H2S et structurant.

Pour les canalisations sous pression, qu’il s’agisse des conduites de pompage et de refoulement ou, comme dans certaines collectivités, de réseaux plus vastes, mieux vaut adopter le tubage. Cela consiste à introduire par “fonçage” un tube plastique à l’intérieur de la conduite existante. Classiquement, le diamètre extérieur du tube introduit est inférieur à la lumière de la canalisation, laissant un vide annulaire que l’on remplit en injectant un coulis de ciment comme le Dammer ou le Blitzdammer proposés par Hermes Technologie. Ces coulis sont déclinés en plusieurs variantes selon les besoins des chantiers : résistance en compression et/ou aux eaux saumâtres, ouvrabilité, fluidité, etc. Quelle que soit la version, les coulis Dammer et Blitzdammer ont pour particularité une très faible exsudation et une faible consommation pour une logistique de chantier allégée.
SADE met en œuvre ces techniques de tubage “classiques” mais propose également sa solution Tubocontact®. Comme son nom le suggère, il s’agit d’introduire un tube en PEhd de diamètre extérieur légèrement supérieur à la canalisation à réhabiliter. Sur place, juste avant l’enfilage, le diamètre est réduit par passage dans une filière conique et le tube introduit par traction. L’effort de traction maintient cette réduction du diamètre durant l’opération. Une fois installé, le tube reprend son diamètre initial en quelques heures. Disponible en diamètres de 80 à 800 mm, Tubocontact® autorise des tirs de 400 mètres linéaires. AXEO TP propose également, outre les techniques “classiques”, son Viscolining®. Ici, le tube de PEhd est légèrement sous-dimensionné pour faciliter l’introduction, puis plaqué à la paroi par mise en pression.
Primus Line propose une solution innovante disposant de 20 années de retours d'expérience dans les réseaux pression assainissement avec sa gaine souple armée Kevlar. Elle permet de réhabiliter des réseaux de plusieurs km, avec des longueurs supérieures au km en un seul tenant sur touret, du DN 150 au DN 500 (jusque 1 km de DN 500 sur 1 touret).

Primus Line propose une solution innovante disposant de 20 années de retours d'expérience dans les réseaux pression assainissement avec sa gaine souple armée Kevlar. Elle permet de réhabiliter des réseaux de plusieurs km, avec des longueurs supérieures au km en un seul tenant sur touret, du DN 150 au DN 500 (jusque 1 km de DN 500 sur 1 touret). Il s’agit d’une solution de retubage qui permet de passer plusieurs angles jusque 45°. « Ce n'est pas une réparation ponctuelle, mais une solution de gaine armée Kevlar qui a une durée de vie minimale de 50 ans, avec une perte hydraulique minime par rapport aux solutions concurrentes, explique Philippe Ferrer, directeur France chez Primus Line. Sa vitesse de pose sans concurrence de près de 600 m/h lui a permis de se développer à travers le monde. Elle est par ailleurs capable d’encaisser des niveaux de pression sans commune mesure (jusque PN82 en PN150) avec une épaisseur de seulement 8 mm ». Autres avantages : une emprise moindre sur les chantiers et une grande rapidité de mise en œuvre par rapport aux tubages traditionnels.

Cette technologie trouve d’autres domaines d'application : cette gaine armée peut être aussi utilisée en bypass provisoire, puisque c'est elle seule qui supporte la pression. Cette technique dispose déjà d’une référence en France avec 2.450 m en DN 450 posés en bypass par la SADE pour le compte du SIAAP dans une galerie entre Maurecourt et Chanteloup les Vignes.

Tronçons visitables : un autre monde

Ouvrages visitables, pas forcément circulaires, certains collecteurs peuvent atteindre plusieurs mètres de diamètre. Une nouvelle palette de techniques entre en scène. Tout d’abord la projection de mortier (ou autres), éventuellement sur armature avec des mortiers de projection comme le P4HS ou P5HS d’Hermes Technologie. La plupart des sociétés de travaux le proposent. Elle est souvent complétée par la pose de cunettes sur le fil d’eau. Il est également possible d’introduire des éléments préformés en PRV, que l’on assemble sur place. Le vide annulaire est ensuite comblé par injection de coulis. Là encore, une armature métallique peut être posée au préalable.

Amiblu propose deux types de tubes (du 200 au 3.600 mm) pour ce genre d’application. « S’il n’est pas nécessaire d’optimiser la section hydraulique, nous proposons un tuyau standard avec manchons débordants, qui dépassent de 1-2 cm. Plus, bien évidemment, l’épaisseur du coulis. Si l’on veut rester plus près de la section d’origine, on utilise des tuyaux usinés dans l’épaisseur pour pouvoir intégrer une manchette de raccordement, donc sans débordement », explique Guillaume Valade. Les deux peuvent être fabriqués selon deux technologies différentes. L’armature du Flowtite est constituée d’une fibre de verre continue qui vient s’enrouler sur l’extérieur d’un moule alors que le Hobas est centrifugé à l’intérieur d’un moule en rotation. « En principe, nous réservons le Hobas aux applications gravitaires et le Flowtite aux conduites sous pression », précise Guillaume Valade. Avec des exceptions puisqu’Amiblu peut adapter l’épaisseur des parois du Hobas (de 20 mm à 150 mm si le diamètre le permet) en cas de demande particulière. Ainsi pour le chantier du collecteur Lajaunie, à Bordeaux, un groupement d’entreprises (SADE, GTM et Sogea) a assemblé des tronçons de Hobas aux parois épaisses capables de résister à 3 bar de pression externe. Explication : « le maître d’ouvrage souhaitait injecter le coulis de remplissage en surpression pour accélérer le chantier ». Des tubes Amiblu ont été récemment utilisés dans différentes configurations. Par exemple à Louvigné, pour un passage d’eau pluviale sous l’A 81, une buse Armco corrodée et risquant l’effondrement a été tubée avec une section de Hobas de 3.600 mm de diamètre, un record pour la France.

Weber a conçu un mortier de réparation renforcé de fibres métalliques amorphes qui dispense de la pose laborieuse de treillis. La suppression de cette phase induit une réduction du temps sur chantier estimée jusqu’à 40 %.

Telerep préfère utiliser une solution originale : le tubage par pose hélicoïdale d’éléments se présentant en bandes déployées et clipsées sur place. Le Damby® est un profilé en PVC posé avec un vide annulaire empli de coulis. « Le Damby peut être structurant ou non. Si on a juste besoin d’étanchéité, on positionne le profilé et on injecte un coulis sur 2 cm. Si on doit être structurant, l’épaisseur de coulis atteint 5-6 cm, donc il faut caler le profilé. Dans les parties très abîmées, on peut également ferrailler au préalable », précise Arnaud Stienne. Damby® a par exemple été récemment utilisé à Saint Germain en Laye. A partir du 800 mm et jusqu’au 1.400 (on parle alors de “semi visitable”), Telerep propose également ses solutions Rotaoc® et Ribline® : des profilés PVC posés de manière hélicoïdale par un robot – plus précisément une “cage d’assemblage” pilotée de l’extérieur. Le profilé, nervuré, possède une résistance mécanique suffisante pour être structurant sans injection de coulis. « Nous pouvons aussi poser de la même manière un produit non structurant, le SPR® » précise Arnaud Stienne. Comment choisir ? « Si nous devons faire 800 mètres linéaires en ligne droite dans une canalisation circulaire, nous pouvons utiliser le Rotaloc®. Pour une section ovoïde avec peu d’accès, ou en centre ville, nous préfèrerons le Damby®. Pour de grands profils avec des distances importantes, ce sera du SPR® ».

Pour les grands diamètres, et les sections non circulaires, il est également possible d’utiliser des coques ou demi-coques préformées en PRV. C’est ce que propose par exemple Amiblu avec sa gamme NC Line, fabriquée sur mesure pour chaque chantier. La réalisation la plus emblématique reste l’émissaire du Cap Sicié, près de Toulon (voir EIN N° 407) avec ses 6,4 kilomètres posés par la SADE. Des chantiers très intéressants ont également été réalisés à Noisy-le-Sec, Fresnes, Longjumeau ou Ville-d’Avray.

Réparer : à la main ou par robot

Là encore, la visitabilité du tronçon détermine le mode d’intervention.
Réhabilitation d’un réseau d’eaux usées réalisé en tubes en polypropylène DN200 SN16. Le Tech3 de System Group France s'est naturellement imposé pour sa flèche inférieure à 3 mm par mètre, permettant une pose en faible pente. La réalisation de raccords injectés en PP S10.5 (coudes et culottes) confère au réseau une homogénéité parfaite en termes de rigidité annulaire.

Si un opérateur peut pénétrer, il appliquera les techniques et outils traditionnels (marteau piqueur, application de mortier, etc.). La réhabilitation ou des réparations ponctuelles reposeront sur les techniques traditionnelles de maçonnerie (enduits, bouchage fissures) ou par la projection d’enduits à base de ciments, de bétons structurants ou de formulations chimiques. Hermes Technologie développe ainsi depuis 25 ans des matériaux et des techniques adaptés aux spécificités de réseaux d’assainissement permettant de répondre aux phénomènes de corrosion et à la nécessité d’imperméabiliser ces ouvrages tout en améliorant les performances mécaniques. Il s’agit de produits spécifiques, conformes à la norme EN 1504-3 relative aux mortiers de réparation, capables de répondre à des niveaux d’exigences élevés.

De son côté, Weber a conçu un mortier de réparation, weberep VM 265 et 266, renforcé de fibres métalliques amorphes qui dispense de la pose laborieuse de treillis. La suppression de cette phase induit une réduction du temps sur chantier estimée jusqu’à 40 %, appréciable pour les entreprises de mise en œuvre (optimisation de la rentabilité) comme pour les riverains (diminution des nuisances visuelles et sonores).

Si le tronçon n’est pas visitable, il faut envoyer un robot qui pourra fraiser, colmater par projection de mortier ou de résine, appliquer une manchette d’étanchéité, reprendre des piquages, etc. Telerep déploie ce genre de robots. SADE utilise également des manchettes inox, ou propose sa technique Flexojoint®, qui consiste en un chemisage partiel, applicable du 150 au 2.500 mm de diamètre. AXEO TP pratique également le chemisage court. Reline Europe bénéficie pour sa part de l’exclusivité (France et Belgique) pour l’utilisation des manchettes inox de Pipeseal. « C’est une manchette inox maintenue à un diamètre inférieur à la canalisation par de petits tétons. Le robot la met en place puis injecte de l’air comprimé dans un ballon qui gonfle, fait sauter les tétons et plaque la manchette contre la paroi », explique David Veltz. Il en existe deux versions : Pipeseal Fix pour les sections droites et Pipeseal Flex, qui accepte les déboîtements ou les changements de direction modérés. 


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