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Plan France Relance, et tant pis pour l’eau !

07 septembre 2020 Paru dans le N°434 à la page 8 ( mots)

Des Assises, des ambitions, mais toujours peu de moyens… Avec 270 millions d’euros accordés sur deux ans, dont 50 millions aux DROM, quel rôle le plan France Relance, dévoilé le 3 septembre, peut-il jouer pour les infrastructures de l’eau ? Les réactions de Tristan Mathieu, délégué général de la FP2E et de Régis Taine, responsable du pôle Eau de la FNCCR.

Un an après les Assises de l’eau, le plan France Relance, qualifié d’historique par le gouvernement, ne marque pas le tournant espéré pour le secteur de l’eau. Si la FP2E salue l’angle principal pris par les plans français et européen lié à l’évolution de la politique environnementale qui marque une réelle volonté politique à relancer l'économie, les volumes financiers destinés aux infrastructures de l’eau cependant interrogent.

« En tant qu’entreprises, on a envie de dire bravo au plan du gouvernement, notamment pour tout ce qu’il comporte. 30 milliards d’euros seront accordés à la transition écologique par le biais d’aides aux entreprises industrielles pour leur permettre d’investir dans des équipements décarbonés. L’attention portée à la formation professionnelle via l’apprentissage doit favoriser la cohésion sociale sur l’ensemble du territoire. Le plan parle de renouvellement de canalisations, il cite le sujet des boues des stations d’épuration. Il donne, selon nous, une impulsion et dresse les conditions pour faire face aux conséquences économiques de la crise du Covid-19. Bien sûr, le compte n’y est pas. Il peut même donner un sentiment de saupoudrage, car 270 millions pour les infrastructures de l’eau, c’est très faible. Mais on pense qu’il y a un effet de levier à trouver avec les agences de l’eau qui assurerait cette relance », commente Tristan Mathieu, Délégué Général de la FP2E.

« C’est extrêmement décevant pour le secteur de l’eau, regrette Régis Taisne, responsable du département cycle de l’Eau de la FNCCR. D’autant qu’on ne sait pas si le financement des 220 millions des dépenses pour la modernisation des réseaux en métropole se limite à de la réallocation du 11ème programme des agences de l’eau ou s’il s’agit d’argent neuf. Pour rappel, au début de l’été, les agences ont reflêché 500 millions d’euros pour aider la filière à traverser la crise sanitaire et à trouver des solutions temporaires d’hygiénisation des boues et de renouvellement des réseaux. Des dizaines de collectivités ont déjà sollicité les financements et les mesures d’aides ont été adoptées ».

Question d’impacts

A ce stade, de nombreuses précisions sont donc attendues pour comprendre les montants des investissements que contient le plan ; le document n’indiquant pas la manière et la méthode de calcul utilisée pour les enveloppes de 220 millions d’euros destinés aux réseaux d’eau en métropole, et de 30 millions d’euros à la mise aux normes des stations de traitement des eaux usées.

Les mesures d’impacts, estimées en termes de réhabilitation de réseaux ou de mises aux normes des stations sont, en outre, bien en deçà des enjeux qui préoccupent élus et professionnels depuis plus de 20 ans, et elles ne corrigent certaines situations qu’à la marge. « Sur les 140 stations d’épuration qui sont encore en contentieux européen, le plan, en se focalisant sur les stations de 60 000 EHB, ne cible que 5 ou 10% % du parc critique. On est donc très loin du compte. De même, sur la réhabilitation du linéaire, le plan indique permettre de réhabiliter 280 km de réseaux, alors qu’il faut en renouveler 1% par an, soit 12 500 km chaque année. Force est de constater que l’effort n’est pas conséquent et ne va pas « booster » la reprise des investissements dans le secteur de l’eau. Cela traduit un rapport de force interministériel, qui en pratique n’est pas favorable à l’eau », déplore Régis Taisne. « On ne fera pas tout avec le plan, confirme Tristan Mathieu. Mais l’urgence de la crise du Covid-19 dicte d’accélérer la reprise des travaux. Nous avons des attentes fortes par rapport à la mise en œuvre du plan de relance et des agences de l’eau, car si les entreprises de l’eau sont à 100 % de leur activité sur la gestion des réseaux, les projets, eux, n’ont pas encore redémarré. » 

Pascale Meeschaert

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