, Tembec Saint-Gaudens S.A.
L’usine de Tembec Saint-Gaudens S.A. fabrique de la pâte à papier kraft blanchie, à partir de bois de feuillus mélangés et d’eucalyptus. Anciennement Pyrénécell, elle fait partie depuis novembre 2000 du groupe canadien Tembec. Elle est située à Saint-Gaudens, au sud de Midi-Pyrénées.
La fabrication de pâte à papier génère des effluents qui sont traités depuis 1994 dans une station d’épuration biologique. Ce traitement génère 20 000 à 24 000 t/an de boues brutes mixtes (primaires et secondaires).
Caractéristiques des boues
Paramètres | Unité | Moyenne 2002 |
Matière sèche | % MS | 34,2 |
Matière organique | % MS | 27,9 |
pH eau | – | 7,1 |
C/N | – | 14,8 |
Azote total | % MS | 3,5 |
Phosphore P₂O₅ | % MS | 0,56 |
Potasse K₂O | % MS | 0,31 |
Magnésium MgO | % MS | 1,42 |
CaO | % MS | 30,94 |
Valeur agronomique des boues
Paramètres | Apport en kg/ha (dose 40 t/ha) | Disponible la première année kg/ha |
Matière sèche (t) | 13,6 | — |
Matière organique | 3 817 | — |
N (kg) | 140 | 50 |
P₂O₅ (kg) | 80 | 60 |
K₂O (kg) | 40 | 40 |
MgO (kg) | 190 | — |
CaO (kg) | 4 260 | — |
Compte tenu de leur valeur agronomique, la filière retenue pour traiter ces boues est la valorisation agricole. Pour mettre en place cette valorisation, instruire le dossier de demande d’autorisation et assurer la prestation d’épandage, l’usine a fait appel à Agro-Développement.
Historique du plan d’épandage
La mise en place du plan d’épandage a été faite en suivant la procédure administrative : études préalables, présentation en Comité départemental d’hygiène, arrêté préfectoral d’autorisation d’entreposer les boues dans l’usine, arrêté préfectoral d’autorisation provisoire d’épandage de six mois renouvelable une fois, étude du plan d’épandage, enquête publique sur vingt communes, CDH, arrêté préfectoral d’autorisation permanente d’épandage assorti de prescriptions techniques.
L’autorisation concerne 2 795 ha mis à disposition par 117 exploitants agricoles. Au cours de l’enquête publique, peu d’avis défavorables ont été prononcés ; seulement deux communes se sont déclarées défavorables à l’épandage des boues. Il a été décidé d’un commun accord par Agro-Développement et Tembec, malgré l’autorisation préfectorale, de ne pas amener de boues sur le territoire de ces communes.
Les particularités de Saint-Gaudens
Pour répondre aux demandes exprimées en CDH, des dispositions particulières ont été mises en place :
- mise en place de piézomètres de contrôle pour effectuer des analyses annuelles ;
- désignation d’un hydrogéologue pour valider l’implantation de ces puits ;
- mise en place de parcelles témoins où des analyses annuelles sont effectuées ;
- pour formaliser l’épandage des boues et répondre à une demande du monde agricole, un protocole d’épandage des boues a été signé entre la Chambre d’agriculture de la Haute-Garonne et l’usine. Ce protocole est remis à chaque agriculteur utilisateur. Un accord d’utilisation des boues est signé par l’agriculteur et Tembec.
Modalités et suivi de l’épandage
Les boues déshydratées sont stockées sur site avant d’être épandues.
Le transport et l’épandage sont assurés par le SIVOM de Saint-Gaudens, Montréjeau, Aspet. L’ensemble de la filière, hors enfouissement, est à la charge de Tembec. Le suivi est effectué par Agro-Développement. Ce suivi permet d’établir un bilan annuel comprenant : un bilan quantitatif, un bilan analytique, le plan d’épandage, le suivi piézométrique et les analyses de la parcelle témoin, les informations communiquées aux maires et aux agriculteurs. Ce bilan est adressé à la DRIRE, à la Mission de valorisation agricole des boues et à l’Agence de l’eau Adour-Garonne.
Problèmes rencontrés
Ont été rencontrés des problèmes techniques liés :
- à l’augmentation de la teneur en carbonate de calcium dans les boues, entraînant une élévation du pH des sols ; les rotations sur parcelles, prévues initialement tous les trois ans, sont passées à six ans ;
- au désistement de certains agriculteurs à la suite des cahiers des charges imposés par leurs clients.
Mais aussi des problèmes sociaux liés :
- à l’aspect visuel des boues.
[Photo : La fabrication de pâte à papier génère des effluents qui sont traités depuis 1994 dans une station d’épuration biologique. Ce traitement génère 20 000 à 24 000 tonnes par an de boues brutes mixtes.]
- aux odeurs,
- à la méconnaissance de l’impact de l’épandage des déchets sur les sols agricoles,
- à l'approche des élections municipales de 2001, certains maires se sont opposés à l’épandage des boues dans leur commune,
- à la difficulté de faire signer les conventions aux agriculteurs.
Évolutions de l’épandage
De 1994 à 1999, l’épandage des boues s'est déroulé sans réels problèmes. À partir de 2000, la forte teneur en carbonate dans les boues et l’approche des élections ont fait qu'il devenait difficile de trouver des parcelles épandables. Compte tenu de ces éléments, une mise à jour du plan d’épandage a été réalisée en 2001. Ce dossier a fait l'objet d'une demande d’autorisation qui sera instruite prochainement. Ce plan d’épandage concerne 2 160 ha supplémentaires exploités par 41 agriculteurs sur 50 communes. Lorsque l’agriculteur n’a pas la disponibilité nécessaire pour le faire, l’enfouissement des boues est maintenant effectué à la charge de Tembec, aussitôt après épandage.
De plus, Agro Développement, adhérent du SYPREA, met en place la certification de l’épandage des boues. La certification de services de la filière d’épandage des boues de Tembec ST-Gaudens SA entre dans une logique de qualité que défend le SYPREA. Ce dernier et l’organisme certificateur, QUALICERT, ont défini les caractéristiques certifiées et mis en place un référentiel. Il a été validé en juillet 2001 et dix sites pilotes, dont la filière d’épandage des boues de Tembec, ont été retenus.
Les filières d’épandage retenues sont réglementairement autorisées ou déclarées au titre de la réglementation en vigueur. Les enjeux de la certification sont multiples : sécuriser les conditions de mise en œuvre des épandages, améliorer la communication sur une filière bien souvent mal perçue, prendre des engagements en termes de transparence et de traçabilité, intégrer les épandages dans une pratique de l'agriculture raisonnée.
Les caractéristiques certifiées tournent autour des points suivants :
- le respect de la réglementation en vigueur,
- la définition d’objectifs de qualité et suivi de la filière à travers des enquêtes de satisfaction réalisées annuellement, la prise en compte des réclamations, l’existence d'un comité de suivi,
- la sécurisation de la mise en œuvre des épandages,
- le respect des doses à l’épandage,
- la traçabilité de la filière avec une gestion par lot des boues, suivi des flux en éléments traces apportés sur les parcelles,
- le respect de l'environnement et l'intégration des épandages dans les pratiques de l'agriculture, en réalisant des analyses de sol, en apportant des informations précises sur la qualité des boues et un conseil de fertilisation à l'agriculteur,
- la communication et la transparence de la filière à travers la diffusion de notes d'information, une réunion annuelle avec l’ensemble des intervenants de la filière,
- la formation et la qualification des intervenants de la filière.
Autant de points qui sont traités et mis en place sur la filière de Tembec en collaboration avec tous les intervenants de la filière : Tembec ST-Gaudens SA, producteur de boues ; le SIVOM, chargé du transport et des épandages ; Agro Développement, chargée du suivi des épandages ; la MVAB et les administrations en charge du dossier.
Position de l’INAO sur l’épandage des boues sur les parcelles d’appellation d’origine
A. Ogny, Institut National des Appellations d’Origine
Le débat sur les boues a été concrètement lancé au sein de l’Institut national des appellations d’origine en mai 1998 lorsque le syndicat général des vignerons de la Champagne a demandé l'interdiction d’épandage des boues et gadoues sur les parcelles de vignes.
Les appellations d’origine viticoles
Il s'agissait de répondre à des problèmes en termes d'image (accumulation de résidus non dégradables dans les parcelles) et d'impacts sur la culture (maladies, excès d’azote attribués à ces apports organiques). Cette demande a été suivie de l'interdiction des épandages de boues et gadoues dans le décret des AOC de la région Champagne,