Your browser does not support JavaScript!

Histoire d'eau : le charbon cessera d'être indispensables aux navires

28 septembre 1990 Paru dans le N°139 à la page 81 ( mots)

Voici comment en 1921 dans la revue « Science et Voyages » on avait une vue prophétique des progrès à venir dans la navigation maritime et des convoitises internationales qu’allait engendrer l’exploitation du pétrole...

LE DERNIER voyage de l’Aquitania, un des plus grands navires en existence, est destiné, vraisemblablement, à rester comme une date mémorable dans les annales de la navigation.

C’était la première fois qu’un vapeur d’un pareil tonnage affrontait la traversée de l’océan Atlantique en remplaçant, dans ses chaufferies, la houille par les huiles lourdes de pétrole.

Les résultats ont été concluants. Le voyage de Southampton à New York s’est effectué en six jours, à une vitesse moyenne de 24 nœuds.

La transformation, constatent les journaux anglais, a été particulièrement appréciée par le personnel des chaufferies. La chaleur rayonnante des foyers est presque nulle, comparée à celle des foyers ordinaires.

Dans bien des cas, même lorsque les chambres de chauffe sont pourvues de bons systèmes de ventilation, les hommes sont frappés d’apoplexie. Ce danger paraît être presque supprimé avec le chauffage au pétrole.

Un autre résultat, précieux par ces temps de rareté de main-d’œuvre, est que le nouveau système supprime de nombreux soutiers, qu’exige la manutention du charbon.

La diminution énorme dans la production de la fumée est un avantage que goûteront les passagers. Notre instantané fut pris alors que l’Aquitania filait 26 nœuds, et l’on peut constater que les panaches de ses quatre cheminées sont tout juste visibles.

Dans une marche de 26 nœuds avec chauffage au charbon, elles émettraient de véritables nuages de fumée noire.

Nous n’apprendrons rien aux lecteurs de Science et Voyages en rappelant que, depuis une dizaine d’années, le chauffage au pétrole a fait d’énormes progrès dans les marines de guerre, surtout dans celle de la Grande-Bretagne.

Dans celle des États-Unis, à la fin de janvier 1920, on comptait 357 unités, employant exclusivement du combustible liquide.

D’après un très intéressant article publié récemment par M. George Otis Smith, directeur du Service Géologique des États-Unis, ce pays possédera, avant la fin de l’année, une grosse flotte commerciale chauffée au pétrole.

Le nombre des vapeurs marchands américains de cette catégorie s’élève déjà à 1 731.

On comprend pourquoi les grandes puissances cherchent à mettre la main sur tous les gisements pétrolifères du monde entier !

Des guerres éclatèrent jadis pour la possession de mines d’or. En verrons-nous s’allumer autour des puits à pétrole ?...

[Photo : Ce navire qui file vers l’Amérique est un des plus grands paquebots du monde. L’huile lourde a remplacé le charbon dans ses chaufferies. Peu de fumée, une bonne vitesse. Cette expérience est de nature à déterminer les flottes de commerce à abandonner définitivement le charbon.]
Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article Voir les abonnements