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Interconnexion des réseaux d'eau potable : un chantier perpétuel

01 mars 2022 Paru dans le N°449 à la page 29 ( mots)
Rédigé par : Patrick PHILIPON

Après la vague initiale des années 1970-1980, l’interconnexion des réseaux d’eau potable se poursuit partout en France, à différentes échelles. Croissance urbaine, loi NOTRe et changement climatique se conjuguent pour maintenir ce marché très actif.

La sécheresse de 1976 a démontré la fragilité des systèmes isolés d’alimentation en eau potable. Une grande vague d’interconnexion des réseaux de distribution s’en est ensuivie durant les années 1970 et 1980. Le mouvement était lancé et, même si on en parle moins aujourd’hui, sinon pour les très grosses opérations, ce type de travaux se perpétue. Le principe reste le même : interconnecter des unités différentes de production/distribution pour assurer, de manière réciproque, la sécurité de l’alimentation en cas de problème sur une ressource. 

Les tuyaux et raccords en fonte ductile de la gamme NATURAL de Saint-Gobain PAM Canalisation sont disponibles du DN 60 au DN 2000. Ils conviennent aussi bien pour le transport que pour la distribution d’eau en zones urbaines, péri-urbaines et rurales.

A ces opérations destinées au secours ponctuel s’ajoutent des interconnexions permanentes pour la vente d’eau de collectivités bien dotées en ressources à d’autres plus démunies. Dans le même esprit, on peut y ajouter les opérations de liaison entre les canaux d’irrigation et certains centres de consommation d’eau potable. Acteurs de ce marché : les donneurs d’ordres (soit essentiellement les collectivités territoriales), les bureaux d’études (Antea Group, Cereg…) et les canalisateurs (Axeo TP, Sade, Rampa Travaux Publics, Sogea…) qui réalisent les travaux. Ces derniers sont d’ailleurs regroupés dans l’association professionnelle Les Canalisateurs, membre de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). A ceux-là s’ajoutent bien entendu les fournisseurs de matériel (tuyaux, raccords, vannes…) comme AVK, Amiblu, Bayard, Dyka, Huot, Electrosteel, Molecor, Pipelife, Saint-Gobain PAM Canalisation, Soval, VonRoll ou Wavin, par exemple. Sans oublier les autorités de contrôle (services préfectoraux) et les agences de l’eau qui peuvent aider au financement.

En Seine-Saint-Denis, des études hydrauliques ont montré que le réseau actuel devait être renforcé à la frontière de l’Île-Saint-Denis et de Saint-Denis, dans le cadre de la construction du futur village olympique de Paris 2024.

« C’est à l’évidence un marché très actif, même si nous ne disposons pas de statistiques nationales. Dans le Sud, que je connais mieux, beaucoup de grosses collectivités s’attèlent à ce problème… même si d’autres territoires l’ont déjà fait depuis longtemps » explique Pierre Rampa, vice-Président des Canalisateurs. « On a aujourd’hui pris conscience du problème mais pour se mettre à niveau, il faudrait dépenser un milliard d’euros par an. Nous en sommes loin et nous n’avons pas fini d’entendre parler de la sécurisation des ressources, compte tenu du changement climatique » complète-t-il. Une nuance, apportée par Nicolas Charras, directeur associé de Cereg : « Dans certains cas, les communes sont tellement isolées, qu’il est illusoire de vouloir les interconnecter à un prix raisonnable, malgré les injonctions des services de l’état ».

Interconnecter pourquoi ?

Plusieurs “ moteurs” motivent ce type de travaux aujourd’hui. L’extension urbaine, tout d’abord, qui n’est certes pas un phénomène nouveau mais se perpétue. « Il ne faut pas oublier que la croissance urbaine continue, que des zones résidentielles se créent en permanence. Or qui dit extension dit raccordement des habitations et entreprises éventuelles » souligne ainsi François Dumez, président du syndicat des Industriels du transport de l’eau et assainissement (ITEA) et directeur général délégué de Huot. C’est le cas, par exemple, en Ile-de-France. « Nous avons un réseau interne très maillé depuis les années 1980. Les grandes autorités organisatrices d'Ile-de-France : Ville de Paris, SEDIF, SENEO et AQUAVESC sont interconnectées et travaillent dans un même esprit notamment à travers un groupement de commandes dont le but est de réfléchir ensemble aux moyens de sécurisation pertinents à l'échelle régionale. Au Sedif, nous continuons ce type de travaux pour accompagner les projets d’urbanisme sur notre territoire » explique Sébastien Fayon, responsable du service Gestion du Patrimoine - Schémas Directeurs du Sedif.
Les tuyaux TOM® en PVC-BO Classe 500 Integrale du fabricant espagnol de tuyaux et accessoires en PVC Bi-Orienté, Molecor, sont une solution durable disponible du diamètre 90 au 1200 dans une large gamme de pressions. Ils sont installés sur les 5 continents et adaptés au transport d'eau sous pression et titulaires d’une attestation de conformité sanitaire (ACS).

La loi NOTRe, ensuite, qui a redéfini le périmètre des institutions, transférant les compétences en matière d’eau potable et d’assainissement aux communautés d’agglomération, depuis le 1er janvier 2020, et aux communautés de communes au plus tard au 1er janvier 2026. « La loi NOTRe a un rôle très important car elle fait grossir les collectivités qui gèrent l’eau, et doivent créer des structures et réfléchir à la durabilité des réseaux » souligne Pierre Rampa. « Elle devrait ainsi pousser à l’interconnexion. Auparavant, chaque commune réfléchissait à son captage, son réseau. Cette loi introduit par conséquent du bon sens : mieux vaut disposer d’un gros captage plutôt que de plusieurs petits dispersés qu’il faut régulariser, traiter séparément. Certaines communes ont freiné toutefois le mouvement pour garder leur indépendance. D’où le report du transfert de compétences AEP pour les Communautés de Communes jusqu’en 2026 » estime Nicolas Charras. « La communauté de communes permet d’avoir une vision d’ensemble et de raisonner à une échelle intéressante pour le maillage des réseaux et les interconnexions éventuelles à créer ou à renforcer. Elle peut aussi adopter une vision de gestionnaire sur ce patrimoine » confirme François Dumez. Les conséquences de la loi peuvent d’ailleurs être complexes, comme l’illustre le cas du Sedif. « La loi NOTRe a renvoyé la compétence “eau potable” des communes vers les EPT (Etablissements Publics Territoriaux, en Ile de France). Une grande majorité d’entre eux a réadhéré au Sedif, sauf deux EPT qui ont fait le choix d’une régie publique pour une partie de leur territoire mais le maintien du niveau de sécurisation reste un impératif partagé. Cela impliquera des travaux soit de déconnexion, soit de remaillage, soit de création de nouvelles connexions pour assurer la sécurité de la zone interconnectée en Ile-de-France » prévoit Sébastien Fayon.

Les menaces sur la ressource, enfin, et en particulier les conséquences du changement climatique, motivent également des opérations d’interconnexion. « Il existe beaucoup d’endroits où les nappes sont fragilisées par la sécheresse, les pompages sauvages, l’absence de neige… Je suis convaincu que cela va entraîner la réalisation de grosses interconnexions » affirme Pierre Rampa. « Un grand nombre de forages en nappe alluviale a été réalisé par le passé. Les travaux de mobilisation d’une ressource de substitution pour éviter d’assécher ces cours d’eau, particulièrement ceux classés en Zone de Répartition des Eaux (ZRE), sont bien financés par les agences de l’eau. Avec le changement climatique, ces projets vont se multiplier » confirme Nicolas Charras.
Dans tous les cas, les chantiers d’interconnexion des réseaux sont précédés d’une étude poussée, réalisée dans ce cas précis par le bureau d’ingénierie Cereg.

A ces trois “moteurs” principaux, Xavier Humbel, directeur technique Eau et responsable Ethique chez Antea Group, ajoute les conséquences de la nouvelle directive eau potable, parue en janvier 2021 et qui ne saurait tarder à être transcrite en droit français. « Les plans de gestion de la sécurité sanitaire de l’eau potable (PGSSE) vont nécessairement porter des mesures de sécurisation par l’interconnexion » estime-t-il.

Le choix de la fonte ductile s’est imposé pour le chantier d’extension du réseau d’irrigation et d’eau potable sur le plateau de Valensole, compte tenu des très bonnes performances du matériau depuis les années 1980.

A quelle échelle ?

La logique de l’interconnexion s’étend de l’aide entre voisins aux liaisons régionales de gros diamètre, véritables “autoroutes de l’eau”. « Cela se passe partout. Des petites collectivités créent des maillages de faible diamètre, qui ne passent même pas par la commande publique car il s’agit juste de raccorder un syndicat à l’autre sur 500 mètres. A l’inverse, il s’est réalisé des schémas énormes dans certains départements. En Ardèche, par exemple, il pourrait à terme se vendre de l’eau d’un bout à l’autre du département. En Bretagne également, il s’est posé des “barreaux” de plusieurs dizaines de kilomètres. En ce moment, c’est la Seine et Marne qui fait ça » explique Pierre Rampa. Le même rappelle d’ailleurs que la démarche n’est pas nouvelle puisque ce genre de grosses opérations s’est pratiqué lors de la première vague d’interconnexion, durant les années 1980. « Dans le Rhône, il s’est alors créé des super syndicats : Saône Turdine, Rhône sud, etc. Actuellement se crée une connexion entre le SIEPEL (Est Lyonnais) et la 3CM (Montluel) donc de l’eau qui circule entre Rhône et Ain » se souvient-il. Ce que confirme Nicolas Charras : « dans le Sud, de gros syndicats comme Rhône Ventoux, Durance Ventoux, ou d’autres dans le Vaucluse, ont réalisé de gros forages dans les principaux cours d’eau puis ils ont « remonté » les vallées pour alimenter les autres collectivités. Durance Lubéron prend de l’eau au niveau de Cavaillon pour l’amener jusqu’à Apt, situé à 40 km par exemple ».

Interconnecter comment ?

Pas d’innovation technologique ici. Les techniques de pose des canalisations, avec ou sans tranchées, sont désormais bien rôdées. « L’interconnexion ne présente pas de caractère spécifique : c’est une pose de canalisation classique, avec de la fonte ou de l’acier pour les grosses sections » affirme Pierre Rampa. C’est en amont des travaux qu’a lieu la phase la plus délicate, sous l’égide des bureaux d’études. « Le schéma directeur exige au préalable une cartographie. Lors de la mise en place d’une interconnexion, il est nécessaire de mettre à jour les plans, le SIG, puis de modéliser pour définir les diamètres, optimiser les tracés et en profiter pour renouveler les conduites les plus vétustes en lien avec la gestion patrimoniale, définir l’emplacement des réservoirs de tête… Cela nécessite de tout recalculer. 
L’interconnexion peut parfois s’établir entre structures d’irrigation et lieux de consommation d’eau potable. La société Rampa a participé à la liaison Verdon-Saint Cassien, un émissaire du Canal de Provence vers le Var et les Alpes Maritimes, et alimentant également en eau brute l’usine de potabilisation de Saint Tropez.

A titre d’exemple, Cereg est intervenu sur un Syndicat dans le Gard. Les forages étaient à l’Est du Syndicat, avec la nécessité de les transférer à l’Ouest et de revoir ainsi l’ensemble du schéma de distribution. Ainsi dans le cadre de ce projet, il est prévu de réaliser un feeder sur plus de 10 km afin d’alimenter les différents réservoirs de tête, de renforcer et de renouveler certains réseaux de distribution. Tous ces calculs ne peuvent se faire sans une connaissance parfaite de l’existant et une modélisation fine des réseaux » explique Nicolas Charras. « Toute interconnexion implique une phase d’étude approfondie en amont car les conditions hydrauliques (la pression) ne sont généralement pas les mêmes de part et d’autre. Donc on passe par une modélisation avec les modèles hydrauliques des deux parties pour positionner l'interconnexion et en comprendre l'impact avec l'aide de bureaux d'étude spécialisés. La réalisation de l’interconnexion en elle-même, ensuite, n’est pas compliquée. On installe une chambre avec deux conduites arrivant de part et d’autre, un organe de régulation, un organe de comptage. Si les niveaux de pression sont très différents, il faut envisager du pompage, une surpression ou une détente » renchérit Sébastien Fayon (Sedif).

Une fois réalisée, une interconnexion s’entretient, surtout lorsqu’il s’agit de structures de secours, donc ne fonctionnant pas en permanence. « Le Sedif a plus de 70 interconnexions actives avec des distributeurs voisins. Certaines sont stratégiques, en termes de volume ou de disponibilité, d’autres moins. Il faut toutes les maintenir en état, ce qui suppose des plans d’investissement réguliers sur le génie civil et les organes hydrauliques, ainsi que des tests car les réseaux évoluent de part et d’autre. Depuis quelques années, nous réalisons des tests à chaque interconnexion pour déterminer les capacités théoriques au point de livraison afin d’affiner nos modèles. Le jour où nous en aurons besoin, il faudra en effet savoir ce dont nous pourrons disposer. On fait donc vivre ces interconnexions. Nous avons signé au total une vingtaine de conventions d’échanges d’eau, qui prévoient des phases d’entretien, de renouvellement et de tests » explique par exemple Sébastien Fayon.

Des réalisations emblématiques

Les opérations qui suivent ne représentent pas un tableau exhaustif de l’activité d’interconnexion en France, en particulier à petite échelle, mais donnent une idée de la diversité des situations.

Dans le cadre de l’extension urbaine et de la création de nouveaux centres d’activité, le Sedif a par exemple été amené à lancer un gros chantier vers le plateau de Saclay. L’opération d’intérêt national Paris-Saclay a en effet redistribué les cartes dans cette zone. « La commune de Palaiseau, qui adhère au SEDIF, est située à la limite du territoire syndical, donc avec des canalisations de faible diamètre. Or le plateau voisin de Saclay évolue très vite en termes de population, d’urbanisation, de création de pôles de compétitivité. Nous avions donc besoin de sécuriser et de renforcer l’alimentation du secteur desservi par le SEDIF. De son côté, la communauté Paris-Saclay a fait le même constat. Ils ont lancé un schéma directeur d’alimentation en eau potable et de diversification de la ressource, et nous ont contactés en tant que voisins. Il s’agissait d'étudier les possibilités de secours et/ou d'alimentation. Ce double enjeu nous a conduit à lancer d’importants travaux sur le plateau » explique Sébastien Fayon. Opération la plus médiatisée : une liaison de 10 kilomètres, en fonte de diamètre 600, entre les réservoirs de Palaiseau et de Saclay. Un chantier de 30 millions d’euros, réalisé par tiers, et qui devrait s’achever en 2023. Le premier tiers est fini, le deuxième en consultation pour travaux et le dernier en cours d’étude de maîtrise d’œuvre. « En 2021, nous avons posé à Saclay un tronçon de canalisation parallèle à la ligne 18 du Grand Paris » confirme ainsi Bruno Faraoni, responsable commercial d’Axeo TP.

Relai de pompage pour l’interconnexion des réseaux Rive Droite et Rive Gauche de la Seine à Draveil.

La loi NOTRe a aussi déclenché des opérations notables. « L’agglomération de Nîmes a acquis la compétence eau potable il y a peu. Elle intègre de nombreuses petites communes alentour, pas toujours bien gérées en termes d’infrastructures de distribution d’eau. Il faut donc revoir localement les réseaux et les mailler, créer de grandes voies transversales… » explique par exemple Pierre Rampa. Il en va de même en région parisienne. « Le nouvel EPT Est Ensemble, qui regroupe Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin et Romainville, va devoir réaliser des interconnexions. Il lui faudra sécuriser ses achats d’eau envers différents fournisseurs, donc des chantiers sont à prévoir » affirme de son côté Bruno Faraoni (Axeo). « L’agglomération Terre de Provence ( Châteaurenard etc), en dessous d’Avignon, regroupe treize communes. Il y a d’une part un syndicat doté de trois forages interconnectés, d’autre part huit communes indépendantes portant chacune un projet de nouveau forage. Elles disposent de réseaux de gros diamètres situés parfois à 500 mètres les uns des autres, qu’il faut interconnecter. L’agglomération a forcément intérêt à mutualiser les nouvelles ressources et à interconnecter les services plutôt que de créer 8 nouveaux forages » plaide pour sa part Nicolas Charras.

Cereg vient également de remporter le schéma directeur de la Communauté d’Agglomération du Gard Rhodanien créée en 2013 et qui vient de récupérer la compétence AEP en 2020. « Elle regroupe une quarantaine de communes. D’une part Bagnols sur Cèze ou Pont Saint Esprit, donc des grosses collectivités en bord de Rhône mais aussi toute une vallée avec de petites communes en difficulté, comme Saint Marcel de Careiret, qui a délivré de l’eau en bouteille cet été et à Noël, Cavillargues qui manque d’eau, Verfeuil qui veut faire un nouveau forage, etc. La solution rationnelle serait de partir des forages aval » affirme Nicolas Charras. De manière générale, la loi NOTRe implique l’élaboration de nouveaux schémas directeurs. « J’incite les communes qui viennent de se regrouper à élaborer un schéma directeur commun, comme par exemple la communauté de communes du Grand Pic Saint Loup, où il existe des possibilités d’interconnexion » insiste Nicolas Charras.

Dans d’autres cas, c’est surtout la menace sur la ressource qui a déclenché le lancement de travaux. « La Grande Combe, située sur un affluent du Gardon, pompe dans une nappe alluviale fragilisée. Il a donc été décidé de réaliser un important forage en nappe profonde, ce qui permet de s’interconnecter avec d’autres réseaux qui avaient leur propre forage. L’interconnexion est ici destinée à soutenir la nappe alluviale » affirme Nicolas Charras. Même problématique au Syndicat de Corconne, qui regroupe trois communes du Gard : Corconne, Liouc et Brouzet-lès-Quissac. Pompant dans la nappe alluviale, le syndicat manque d’eau et envisage un forage plus profond en nappe karstique. La commune voisine de Quissac, qui prévoit de manquer d’eau en raison de sa croissance, souhaite s’y raccorder. « Il est finalement question de réaliser un forage qui permette de passer par Quissac pour aller jusqu’à Sauve et ainsi d’interconnecter les cinq communes » explique Nicolas Charras.

De l’irrigation à l’eau potable

Le programme Aqua Domitia est porté par la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée, qui en a confié la réalisation à BRL, concessionnaire du Réseau Hydraulique Régional. 5 000 km de conduites enterrées Saint Gobain PAM Canalisation, pour la distribution d’eau brute ou d’eau potable sous pression, permettront notamment de développer, dans l'Aude, le Gard et l'Hérault, de vastes zones de cultures maraîchères, de vergers, de semences et de cultures industrielles.

Autre type d’interconnexion, pas à proprement parler entre réseaux d’eau potable : le raccordement d’usines de potabilisation à des canaux initialement prévus pour l’irrigation. « Lorsque la Société du Canal de Provence a construit un réseau de 100 km en diamètre 800 de Tourves à la baie de Saint Tropez, c’était à la fois pour irriguer les cultures et amener l’eau à Saint Tropez durant l’été, via une usine de traitement » rappelle Pierre Rampa. Sa société de travaux a participé à ce chantier, ainsi que d’autres de ce type. Il en va de même sur le canal Bas Rhône Languedoc (BRL), dit aussi Philippe Lamour, où puisent déjà de grandes usines d’eau potable, ainsi que sur son émissaire Aqua Domitia, un adducteur enterré de 130 kilomètres en cours d’achèvement. « Cela va évoluer comme le Canal de Provence : on y construit des usines d’eau potable pour sécuriser ou interconnecter les réseaux.Il existe des craintes légitimes vis-à-vis de la qualité des eaux du Rhône, mais il existe déjà des usines de potabilisation alimentées par le canal de BRL qui fonctionnent parfaitement depuis des décennies. Le projet Aqua Domitia est principalement destiné à l’irrigation, mais un mail­lon déjà réalisé constitue une ressource en eau potabilisable pour des zones litto­rales au sud de Montpellier. Ces projets vont se multiplier » avance Nicolas Charras.

Sur le plateau de Valensole, il s’agit d’un projet global de 60 millions d’euros pour doubler la surface irriguée à horizon 2028. Le réseau d’adduction d’eau (irrigation et eau potable) démarre depuis une station de pompage dans le Lac de Sainte-Croix qui remplit 2 châteaux d’eau à partir desquels l’eau part en gravitaire pour irriguer champs de lavandes et de blé. Des travaux effectués à la fin des années 80 - début 90 le long du lac de Sainte-Croix avaient permis de créer un réseau d’irrigation sur plus de 3 200 hectares. Ce réseau étant actuellement saturé, il ne permet plus de répondre aux demandes de la trentaine d’agriculteurs du plateau. Pour le transport de l’eau potable, le canalisateur aixois ENIT a fait le choix de la fonte ductile et des tuyaux et raccords Electrosteel DN 600. Les travaux de renforcement du réseau d’adduction ont débuté fin octobre 2021 et une mise en service est prévue au début de l’année 2022. 


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