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Eaux de refroidissement : mettre en oeuvre un suivi méthodique des traitements engagés

29 janvier 2016 Paru dans le N°388 à la page 55 ( mots)
Rédigé par : Christophe BOUCHET

Sur de nombreux sites industriels, le traitement des eaux de refroidissement fait partie des enjeux importants, leur impact économique positif ou négatif sur le compte d'exploitation étant bien souvent plusieurs fois supérieur aux budgets engagés. Une approche globale intégrée, un suivi analytique pointu, et la recherche d'un compromis équilibré entre la performance technique, la performance environnementale et l'économie permettent de faire face à la plupart des problématiques rencontrées, en matière d'entartrage, de corrosion et de risques biologiques.

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Sur de nombreux sites industriels, le traitement des eaux de refroidissement fait partie des enjeux importants, leur impact économique positif ou négatif sur le compte d’exploitation étant bien souvent plusieurs fois supérieur aux budgets engagés. Une approche globale intégrée, un suivi analytique pointu, et la recherche d’un compromis équilibré entre la performance technique, la performance environnementale et l’économie permettent de faire face à la plupart des problématiques rencontrées, en matière d’entartrage, de corrosion et de risques biologiques.

Les systèmes d’eau de refroidissement font partie intégrante de très nombreux process industriels générant des émissions de chaleur : centrales thermiques, nucléaires, industries chimiques, agroalimentaires… toutes les industries sont peu ou prou concernées.

Leur objet – le refroidissement – représente même une large part des quantités d’eaux consommées au sein de ces industries. Quelle que soit leur taille ou la façon dont ils sont conçus, les systèmes de refroidissement imposent de nombreux défis en termes de gestion et d’exploitation.

[Photo : Arione exploite un procédé breveté qui repose sur la technologie dite de « polarisation magnétique » : l’eau passe à travers un champ magnétique contrôlé qui augmente son niveau d’énergie sans modifier ses caractéristiques physico-chimiques. Ecotech, une panoplie de traitement et de contrôle des paramètres de fonctionnement, permet de traiter en permanence le tartre, les bactéries et le biofilm.]

trage, la corrosion, la contamination microbiologique et la croissance biologique ou biofouling sont autant de menaces susceptibles d’influer lourdement sur les processus de production, sur la qualité des produits, comme sur les coûts d’exploitation. Car ces problèmes, anodins en apparence, peuvent s’avérer très coûteux dès lors qu’ils entraînent des pertes de transfert de chaleur, des pannes d’équipements, voire des arrêts de production, sans parler des risques qu’ils génèrent en termes de santé et de sécurité.

Le traitement des eaux de refroidissement est donc une problématique essentielle qui repose sur plusieurs objectifs, en apparence contradictoires : fiabiliser la production en maîtrisant l’entartrage, l’encrassage et les développements bactériens tout en maîtrisant les consommations d’eau, de produits chimiques et d’énergie. « Elle met en jeu trois acteurs essentiels, comme l’explique Julien Taconet, Directeur Développement des Ventes France chez GE Water & Process Technologies : l’eau, dont la qualité est éminemment variable en fonction de son origine et des prétraitements qu’elle a éventuellement subis, le circuit de refroidissement qui peut être selon les cas, ouvert, semi-ouvert ou fermé et son mode d’exploitation, les contraintes n’étant pas les mêmes pour un circuit exploité 24/24 h pendant plusieurs années et une installation s’arrêtant à intervalles réguliers ».

Mais même s’ils sont sujets à des problèmes différents, l’objectif est toujours le même : atteindre un niveau de qualité déterminé en consommant le moins d’eau possible.

Atteindre un niveau de qualité déterminé en consommant le moins d’eau possible

La stratégie en matière de traitement des eaux de refroidissement s’inscrit bien souvent dans le cadre d’une démarche globale. Pour atteindre l’optimal économique, les traiteurs d’eau mettent en effet en place des filières de traitement permettant de produire différentes qualités d’eau : une eau brute et une eau décarbonatée pour les applications courantes, une eau adoucie, osmosée ou déminéralisée pour des usages plus spécifiques. Les industriels exploitant des unités de traitement utiliseront une eau de qualité industrielle, voire décarbonatée pour leurs circuits de refroidissement. Les autres auront recours à un conditionnement pour inhiber les dépôts minéraux ou organiques associés à des problèmes de corrosion, de tartre ou de développements bactériens.

GE Water & Process Technologies a développé un équipement industriel sans utilisation de produits chimiques permettant d’éliminer plus de 99,99 % des bactéries et virus présents dans l’eau de réfrigération. « Le principe est basé sur l’utilisation de membranes d’ultrafiltration brevetées Zeeweed, explique Julien Taconet. Ce type de membrane présente l’avantage de se nettoyer facilement et efficacement par simple lavage à l’eau. Matières en suspension, bactéries et virus sont naturellement retenus sur ce filtre et évacués lors de ces lavages. Ce matériel s’installe comme une simple filtration dérivée. Nos références nous ont permis de valider une réduction sensible de la quantité de biocide mise en œuvre dans les circuits de refroidissement tout en assurant une conformité réglementaire ».

Dispersants, antitartres et inhibiteurs de corrosion permettent également de limiter les problèmes. Les installations de dosage de produits constitués d’orthophosphates et de polyphosphates, parfois accompagnés de sel de zinc, permettent de lutter contre le tartre et la corrosion. Les biocides formulés et distribués par Nalco, Aquaprox, Veolia Water Technologies, Buck-

[Photo : Le procédé développé par ISB Water repose sur trois principes : une déviation cyclonique, un dimensionnement conçu pour créer des hyper-turbulences capables d’extraire les gaz dissous, ce qui permet de freiner la corrosion et de favoriser la précipitation du calcaire sur une anode de zinc ainsi que des phénomènes d’encapsulation du calcaire autour de ces molécules de calcaire en suspension.]
[Photo : Microbial Toolbox™ ATP 2G proposée par Aqua-Tools : Luminomètre PhotonMaster et kit d’analyse microbiologique rapide (kit QGA) par ATP de seconde génération.]

Buckman, GE Water & Process Technologies ou BWT Permo permettent quant à eux de limiter les proliférations bactériennes dans l’eau tout en maintenant une bonne hygiène dans les circuits. Les biocides oxydants, en particulier halogénés, oxydent les composants cellulaires et provoquent la destruction des cellules. Les ammoniums quaternaires à effet tensio-actif et certains dérivés aminés ou aldéhydiques agissent sur la membrane de la paroi cellulaire tandis que les dérivés soufrés et certains dérivés aminés agissent sur le métabolisme de la cellule. Mais quelle que soit la façon dont ils agissent, leur efficacité repose toujours sur un suivi analytique et un monitoring précis.

Les fabricants ont donc développé des solutions associant chimie, services à distance et appareils de surveillance et de contrôle sophistiqués pour faciliter leur mise en œuvre et approcher l’optimal économique. Les systèmes TrueSense™ de GE, 3D Trasar® de Nalco, Fluogest® d’Aquaprox, OnSite® de Buckman ou Aquavista V-Trace de Veolia Water Technologies peuvent ainsi détecter les signes précurseurs d’entartrage, de corrosion et de biofouling, puis fournir la réponse appropriée en déterminant à chaque instant le bon dosage en produit de traitement, indépendamment des appoints et des purges d’eau parasites. Ils permettent également de garder une traçabilité sur les circuits de refroidissement, répondant ainsi aux exigences réglementaires. En France, GE Water & Process Technologies revendique plus de 500 circuits de refroidissement connectés à la plate-forme de diagnostic et de communication Insight™ et ses automates TrueSense™.

Nalco annonce de son côté plus de 600 circuits de refroidissement connectés sur le Web en France, plus de 2 500 en Europe et plus de 133 000 Trasar® connectés dans le monde, tous circuits confondus (refroidissement, vapeur, station). « En plus de la plateforme web En Vision™, nous assurons une surveillance 24 h/24 et 7 j/7 des paramètres de fonctionnement des circuits », indique Patrice Hervé, Sr Industry Development Manager chez Nalco.

Les biocides évoluent sans cesse et tendent à se concentrer sur le biofilm. C’est le cas du Spectrus TD1100E de GE Water & Process Technologies qui repose sur une technologie permettant de cibler directement le biofilm et favoriser la pénétration des dépôts bactériens. Ce ciblage est basé sur l’utilisation de microcapsules contenant les matières actives. Cet agent d’encapsulation a une affinité pour les biofilms et les membranes microbiennes et ainsi permet

[Photo : LOSG Hydrex de Veolia Water Technologies permet de produire in situ une solution oxydante par électrolyse de sel. Le biocide oxydant ainsi obtenu s’avère être non seulement efficace sur les biofilms, efficace à haut pH mais il permet également de réduire considérablement, voire d’éliminer la consommation en biocides de synthèse.]
[Photo : La technologie brevetée Trasar 3D de Nalco repose sur la mesure en continu et la comparaison entre un traceur inerte et un polymère fluorescent qui permet de connaître en temps réel le risque d’entartrage du système et ainsi d’adapter le dosage du produit.]
[Photo : MIC Sensor®, de CFG Services est un outil de mesure directe de la vitesse de biocorrosion sur des circuits industriels en acier au carbone.]

La libération du biocide directement dans le biofilm. C’est aussi le cas du premier biocide non chimique Biomeba d'Amoeba, commercialisé en exclusivité en France par Aquaprox, qui s’attaque aux bactéries pathogènes sessiles présentes dans le biofilm tout en diminuant le nombre de bactéries formant la flore bactérienne dans un biofilm mature.

Pour combattre plus spécifiquement l’entartrage, on peut aussi avoir recours à l’échange d’ions, à la décarbonatation électrolytique, ou aux adoucisseurs à sel qui ont fait leurs preuves dès lors qu’ils sont bien installés et bien exploités. Ces traitements imposent cependant des précautions importantes pour ne pas affecter la qualité microbiologique de l'eau.

[Encart : Prévenir les risques sanitaires et industriels Aqua-Tools propose un cycle d'e-formations gratuites sur la prévention des risques sanitaires et industriels. Ce cycle de formations se compose de Web Modules de 40 à 50 minutes. Ces sessions pédagogiques et conviviales sont dispensées par des spécialistes de la thématique (intervenants internes Aqua-Tools ou experts externes) et ouvertes à l'ensemble des professionnels préinscrits (des compétences scientifiques ou techniques minimales sont toutefois exigées pour certains web-modules). Les formations sont limitées à 25 participants par web-module afin de favoriser les échanges. Renseignements et inscriptions : http://www.aqua-tools.com/fr/formations/]

Les équipements électromagnétiques et procédés électrolytiques semblent progresser. C’est par exemple le cas des procédés physiques proposés par Arionic, EFI Bio Concept, Efinode France, Exeau ou ISB Water présentant des effets détartrants et/ou antitartres.

Arionic exploite par exemple un procédé breveté qui repose sur la technologie dite de « polarisation magnétique » : l'eau passe à travers un champ magnétique contrôlé qui augmente sa capacité à accumuler de l’énergie sans modifier ses caractéristiques physico-chimiques essentielles. Le traitement permet, en préventif, de neutraliser le tartre en transformant le carbonate de calcium (CaCO₃) en aragonite, tout en présentant un effet curatif détartrant. En complément de ces effets obtenus sur le tartre, l'abattement des bactéries dû à la puissance du champ de polarisation génère un effet antibactérien et dislocateur sur le biofilm.

« Sur plusieurs centaines d’applications, notre procédé a remplacé les

[Photo : TMR fournit des équipements pour la gestion des eaux des TAR pour de nombreux grands comptes. L'entreprise réalise des panoplies de mesures physico-chimiques pour le suivi de la qualité des eaux (conductivité à contact par électrodes en graphite ou Inox, sans contact de type toroidal, de pH, du potentiel Redox, d’oxydant résiduel, chlore ou brome, par cellule ouverte et fermée, dans des gammes de 4 à 12 pH, de la turbidité, du suivi de traceur (fluorescéine ou PTSA) (mesure de corrosion…) et ce avec des électroniques TMR/Hachiem dans les versions d'électroniques des plus simples (1 entrée capteur), aux versions les plus évoluées (Webmasters à 4 entrées capteurs en passant par les appareils Série 600 à écran tactile également communicants).]
[Photo : Les kits ATP-métrie DendriDiag® développés par GL Biocontrol permettent de quantifier la flore totale présente dans un échantillon d'eau en moins de deux minutes selon un protocole simple et adapté au terrain.]
[Publicité : FSTT]
[Photo : Sonde ALVIM – La technologie Alvim, développée par Proanatec, repose sur la mesure d'un signal électrochimique spécifique au biofilm. Elle permet de détecter le début d'apparition d'un biofilm avec un signal proportionnel au recouvrement de la sonde, en temps réel.]

adoucisseurs et supprimé le recours aux biocides, filmogènes et anticorrosion classiques nécessaires au traitement de l'eau », souligne Jocelyne Frayssines, Présidente CEO d'Arionic. Arionic a développé un logiciel de suivi des tours – Ecoptimum – en liaison avec la panoplie Ecotech, qui permet de contrôler, même à distance, le fonctionnement des équipements de la tour (débit, conductivité, etc.). Les paramètres biologiques de l'eau sont suivis en ATPMétrie en s'appuyant sur l'expertise des opérateurs du site ; un contrôle hebdomadaire est effectué par Arionic pour corriger les dérives éventuelles.

Les références, nombreuses, attestent de l'efficacité du procédé. Arionic avance une économie en eau de 10 à 15 % par rapport aux adoucisseurs et aux produits chimiques pour une gamme de débits allant jusqu’à 2 000 m³/h par appareil.

Le procédé développé par ISB Water, quoique physique lui aussi, se distingue des procédés magnétiques ou catalytiques et repose sur trois principes : une électrolyse galvanique, un dimensionnement conçu pour créer des hyper-turbulences capables d'extraire les gaz dissous, ce qui permet de freiner la corrosion et de favoriser la précipitation du calcaire sur une anode de zinc ainsi que des phénomènes d'encapsulation du calcaire autour de ces molécules de calcaire en suspension. Avantages : sa mise en œuvre ne nécessite ni énergie, ni additifs chimiques.

[Encart : Comap WT a développé sur sa gamme de générateurs UVc C-PW, une nouvelle technologie de brassage de l'eau qui permet d'optimiser le traitement à un débit donné. L'entretien est également facilité puisque l'exploitant est informé automatiquement de la nécessité de remplacer la lampe UVc.]

Maintenance particulière. Le procédé compte là encore de très nombreuses références dans de nombreuses branches industrielles en France comme à l'étranger. « Nous disposons aujourd'hui de plusieurs centaines de références dans le secteur industriel qui répondent parfaitement à des problématiques d'entartrage, d'embouage ou de corrosion en préventif comme en curatif, souligne Grégoire Profit, directeur technique chez ISB Water. Le procédé a fait ses preuves sur des échangeurs de chaleur, des tours aéro-réfrigérantes, des chaudières, des circuits EFG/ECS, etc. ». ISB Water revendique une économie d'énergie de 7 % à 25 % par l'optimisation des rendements des échanges thermiques et de 10 % à 30 % des consommations d'eau avec un retour sur investissement entre 18 et 24 mois.

Seuls ou plus fréquemment couplés à un antitartre ou à un anticorrosion, les UVc constituent également une réponse, notamment en préventif, pour traiter les eaux d'apports comme les eaux en circulation. Le dimensionnement de l'équipement est fonction de la transmittance de l'eau et du débit à traiter. Afigeo, Bio-UV, RER, Comap WT, Evoqua Water et UVGermi proposent des générateurs ultraviolets adaptés à la contamination des réseaux par Legionella pneumophila. Ces équipements sont généralement équipés d'un nettoyage automatique des lampes pour éliminer à intervalles réguliers les dépôts qui se forment sur les lampes et préserver l'efficience du traitement.

Comap WT a développé sur sa gamme de générateurs UVc C-PW, une nouvelle technologie de brassage de l'eau qui permet d’optimiser le traitement à un débit donné. L'entretien est également facilité puisque l'exploitant est informé automatiquement de la nécessité de remplacer la lampe UVc. Sur certains générateurs de ce fabricant, la durée de vie des lampes peut atteindre jusque 2 ans.

L'ozone est également utilisé en circuits de refroidissement du fait de son coût réduit : à part de l'électricité et de l'oxygène, aucun autre produit n'est nécessaire. Il se dégrade en oxygène.

Afin de contrôler les phénomènes d’encrassement minéral sur une tour de refroidissement, Veolia Water Technologies a développé IDRHOSUR FCP - Fouling Control Programme. Ce dispositif, breveté, permet de mesurer en continu le caractère incrustant d’une eau en recirculation, et ainsi de vérifier et optimiser l’efficacité des traitements dispersants appliqués.

Le suivi continu.

Raison pour laquelle Pro­minent, par exemple, associe ses installations Ozonfilt® et Bono Zon® avec des dispositifs de mesure et de régulation Dul­cometer® et Dulcotest® pour réaliser une désinfection optimale.

Ces procédés ont tous fait leurs preuves même s'il est souvent nécessaire d’associer plusieurs traitements pour prévenir la corrosion, la formation de tartre, l’encrassement et le développement bactériologique. Une approche globale s’impose donc naturellement, même si le problème réside moins dans le choix d’un traitement que dans la validation de son efficacité au cas par cas sur chaque installation en fonction de paramètres variables et propres à chaque installation. Autre point crucial : tous ces traitements sont inopérants sans la mise en place d’un suivi analytique pointu et d'un monitoring adapté.

Associer un suivi analytique pointu à un monitoring adapté

Pour maintenir l’efficacité et la sécurité d'un circuit de refroidissement, il est indispensable de mettre en œuvre un suivi méthodique des traitements engagés ainsi que des actions de maintenance recommandées par le concepteur ou la société de services présente sur le site. Objectif : valider les combinaisons de traitements, évaluer leur efficacité, articuler les actions préventives avec les actions curatives, contrôler et piloter les injections, gérer les appoints et les purges d’eau parasites et conserver une traçabilité des actions réalisées sur le circuit de refroidissement et engager les actions correctives. La démarche repose essentiellement sur l’analyse, notamment sur les nouveaux outils de monitoring permettant de diagnostiquer la biomasse active au sein de l'installation : PCR et ATP.

La biosurveillance par ATPmétrie de seconde génération (ATP 2G) proposée par Aqua-Tools est une technologie d’analyse microbiologique facile à utiliser et dont les résultats sont donnés en quelques minutes seulement. La charge biologique totale mesurée par ATP 2G constitue un indicateur de qualité globale. Le dépassement d'une valeur critique prédéfinie peut suggérer une implantation de biofilms due à des bactéries hétérotrophes (Pseudomonas sp., Aeromonas sp., Flavobacterium sp.) dans les canalisations ou le bac de récupération des eaux de ruissellement, ou un risque biologique lié à la présence de Legionella Pneumophila ou de conditions biologiques favorables à l'implantation de cette bactérie et à l'acquisition d’une résistance à la désinfection (biofilms, protozoaires, algues).

« L'intérêt principal de cette technique pour les industriels est la réactivité qu'elle apporte pour anticiper les dérives du process, explique Marc Raymond chez Aqua-Tools, mais aussi la possibilité de vérifier l’efficacité des biocides ou les nouvelles stratégies de traitements non chimiques, sur l’ensemble des micro-organismes, les bactéries viables cultivables et les bactéries viables non cultivables ».

Les kits de terrain Dendridiag® développés par GL Biocontrol permettent également de réaliser un suivi microbiologique pertinent des eaux de tours aéroréfrigérantes selon un protocole simple et rapide. « L’intérêt de ces kits réside dans la possibilité de suivre en temps réel et à un coût avantageux l’évolution de la charge microbiologique contenue dans les eaux et anticiper une éventuelle dérive de l’écosystème, explique Nicolas Fabre chez GL Biocontrol. Ils complètent ainsi les analyses méthodiques des risques et les contrôles périodiques des installations de refroidissement et permettent de maîtriser les risques bactériens tout en optimisant l'injection des produits biocides et bio-dispersants ».

Actuellement, GL Biocontrol finalise le développement d'un automate online basé sur le principe de l’ATPmétrie qui permet de quantifier la flore totale d'une eau sans intervention humaine et piloter l'injection du produit biocide en fonction de la charge microbiologique mesurée.

GE Water & Process Technologies assure depuis de nombreuses années un suivi de la flore bactérienne par une mesure rapide d’ATP cellulaire. Chaque agent de

[Encart : Drag’Eau développe de nouvelles technologies La société Drag’Eau a développé différentes technologies associant efficacité et résultats rapides. Le désemboueur Drag’Eau, un appareil physique, préventif, curatif et écologique permet ainsi de se débarrasser des boues de circuits de chauffage et de refroidissement en quelques semaines. Il se pose après un circulateur sur tous types de circuits : chauffage individuel, collectif, plancher chauffant, centrale de traitement d'air, circuit de refroidissement. Lors du passage de l'eau dans l'appareil, le fluide caloporteur est soumis à un effet vortex. Cette répartition du flux au sein du système permet d’optimiser l'efficacité du transfert énergétique. Ce procédé inverse le phénomène d’oxydation vers la réduction, ce qui explique la disparition des matières en suspension. L’eau retrouve sa capacité d’auto-régénération permettant la suppression des boues en quelques semaines, les installations sont protégées et les effets récurrents liés à la présence de boues disparaissent. Eficalk est un anticalcaire basé sur une technologie similaire de dynamisation grâce à un effet vortex associé à un champ de basses fréquences. L’eau ayant traversé l'appareil va voir modifier la structure cristalline du calcaire. Le carbonate de calcium et de magnésium est transformé en aragonite inerte et non incrustante. L'antitartre Eficalk participe également à la lutte contre les phénomènes d’oxydation. Le champ de basses fréquences permet d’apporter l'énergie indispensable à la lutte contre la corrosion. La protection est homogène, autonome et définitive.]
[Photo : Les tests-kits Labège de type BSR ou BTR développés par CFG Services sont des milieux de culture permettant la mise en évidence et la numération sélective des bactéries BSR et BTR. Ils permettent de diagnostiquer la corrosion d’origine bactérienne et ainsi d’ajuster le traitement par les bactéricides.]

Le terrain dispose d’un kit de mesure rapide du nom de Bioscan, permettant de vérifier et d’adapter le traitement biocide à titre préventif. « L'expérience acquise a permis de développer une méthodologie basée sur le Bioscan permettant d’estimer non seulement l'activité des bactéries présentes dans l’eau de refroidissement mais également dans les dépôts d'origine bactérienne », souligne Julien Taconet.

Mais comment effectuer un contrôle et un suivi efficace en matière d’entartage et de corrosion ? La mise en place de manchettes témoin permet d’évaluer l’efficacité du conditionnement par un examen visuel d'un dépôt organique ou minéral. Le suivi du coefficient de transfert calorifique de l’échangeur renseignera aussi sur le niveau de son encrassement. Enfin, le suivi analytique, notamment physico-chimique, des eaux de circulation permet de comparer l’évolution de certains paramètres tels que TH, Ca, SO₄ ou Cl et ainsi d’en déduire la probabilité d’un encrassement.

[Encart : La magnétodhydrodynamique : une réponse aux problèmes de calcaire, tartre et corrosion Le traitement magnétique des fluides est une science entrant dans le cadre de la magnétohydrodynamique (MHD). Son action sur le champ des fluides est exclusivement d'ordre physique. Rien n'est ajouté ni soustrait au fluide traité. En revanche, il permet d’orienter spatialement les molécules d'eau. Et c'est à partir de cette nouvelle réorganisation moléculaire que certaines propriétés du fluide comme sa solubilité, le pouvoir tampon du pH ou sa tension superficielle peuvent changer. Le procédé de traitement d'eau proposé par EFI-Bio Concept en France repose sur un système d’aimants dit « monopolaire » breveté depuis plus de 30 ans. Cette technologie diffère des autres dispositifs magnétiques, essentiellement dans sa conception, son fonctionnement et son efficacité. Elle repose sur un nombre d'aimants permanents disposés radialement à l’axe de la conduite en présentant les mêmes pôles, ceux à l'opposé étant dirigés vers l'extérieur. Ainsi, plus de 90 % de l’énergie est concentrée sur l'un des pôles des aimants, tout en filtrant, à travers le conducteur de flux, la force de l’autre pôle qui se trouve dispersée. L’eau à traiter passe ainsi à travers un champ magnétique contrôlé permanent, ce qui constitue une réponse préventive et curative aux problématiques de calcaire, tartre et de corrosion. Le procédé commercialisé par EFI-Bio Concept revendique des milliers de références en industries dans plus de 60 pays du monde. En France, plusieurs centaines d'installations tournent depuis plus de 7 ans avec un coût d'installation deux fois moins important que sur des installations classiques, sans entretien, et en bénéficiant d'une garantie de 30 ans sur le matériel.]

Mais d’autres procédés existent. Afin de contrôler les phénomènes d’encrassement minéral sur une tour de refroidissement, Veolia Water Technologies a développé IDRHOSUR FCP – Fouling Control Programme. Ce dispositif, breveté, permet de mesurer en continu le caractère incrustant d’une eau en recirculation, et ainsi de vérifier et optimiser l'efficacité des traitements dispersants appliqués. Ce type de monitoring, de concert avec les technologies OSG Hydrex et Aquavista V-Trace, permet aux exploitants de sécuriser leurs installations et de réduire les consommations de produits chimiques. Chaque client équipé en solutions technologiques Veolia est connecté au nouveau portail VISION, duquel il a accès en un clic à l'ensemble des documents réglementaires à stocker concernant son process de refroidissement (AMR, FDS, cahier sanitaire...). La passerelle VISION AIR lui donne accès à l’enregistrement de l'ensemble des données (graphiques, mesures physico-chimiques, niveaux dans les cuves, consommations...) et lui permet d’avoir une traçabilité et une réception d’alarme en temps réel.

Autre indicateur, les bactéries sulfato-réductrices et thiosulfato-réductrices (BSR et BTR), connues pour générer de la corrosion biologique (biocorrosion). Ce phénomène est dû à l’activité métabolique des bactéries : elles absorbent le sulfate ou le thiosulfate dans le milieu et produisent du sulfure d’hydrogène (H₂S) par une réaction d'oxydo-réduction, et précipitent les ions ferreux (Fe²⁺), issus de l'oxydation des parois en acier des puits de forage, en sulfure de fer (FeS). Le sulfure d'hydrogène, à odeur nauséabonde d'œuf pourri, est un gaz extrêmement corrosif et toxique.

Les tests-kits Labège de type BSR ou BTR sont des milieux de culture développés par CFG Services permettant la mise en évidence et la numération sélective des bactéries BSR et BTR. Ils permettent de diagnostiquer la corrosion d'origine bactérienne et ainsi d’ajuster le traitement par les bactéricides. Ils se présentent sous la forme de petits flacons contenant 9 ml de milieu de culture. L’utilisation est simple : il suffit d’ensemencer le flacon avec 1 ml d’échantillon à analyser. Le noircissement du milieu, après incubation, indique la présence de BSR ou de BTR. Ces tests permettent d’effectuer deux

[Photo : Le capteur Skidens™ conçu et fabriqué par Aquabio Analyse permet de suivre en ligne et en continu l’évolution de l’encrassement des conduites sur les tours aéroréfrigérantes dont la nature peut être minérale ou bactérienne. Le principe de mesure est basé sur la mesure de la chaleur diffusée par la sonde ; en cas de dépôts de type calcaire ou bactérien sur la tête de sonde, la diffusion de la chaleur générée par la sonde est modifiée.]
[Photo : Aquavista V-Trace de Veolia Water Technologies permet aux exploitants de sécuriser leurs installations et de réduire les consommations de produits chimiques.]

types d’analyses : la détermination de la présence ou de l’absence de bactéries dans un échantillon de dépôt de corrosion ou dans une eau par ensemencement d’un seul flacon, et la numération de BSR ou BTR dans les mêmes types d’échantillons, par ensemencement de plusieurs flacons.

CFG Services a également développé MIC Sensor®, un outil de mesure directe de la vitesse de biocorrosion sur des circuits industriels en acier au carbone. Issu d’un programme de recherche mené dans l’industrie pétrolière fortement consommatrice en biocides, l’outil permet de suivre en temps réel la corrosion associée à la présence d’un biofilm et ainsi d’optimiser les traitements chimiques. Il repose sur une sonde électrochimique capable de mesurer en temps réel la vitesse de corrosion, associée à un boîtier de commande déporté et un logiciel de pilotage spécifique.

Plusieurs développements de capteurs en ligne ont également abouti à des développements commerciaux dont les sondes de la gamme Neosens FS-1000 d’Aqualabo qui peuvent mesurer en ligne, ou sur by-pass, l’encrassement d’un circuit : biofilm, entartrage, slime, biofouling, etc. L’analyse de l’encrassement est basée sur un principe thermique, breveté, consistant en une mesure de la micro-diffusion d’impulsions de chaleur permettant d’évaluer les effets de résistance thermique liés à la présence d’un dépôt à la surface de la sonde.

La technologie Alvim, développée par Pronteau, repose quant à elle sur la mesure d’un signal électrochimique spécifique au biofilm. Elle permet également une détection efficace et fiable du début d’apparition du biofilm avec un signal proportionnel au recouvrement de la sonde, en temps réel.

Diogrem travaille également sur un capteur de biofilm, le Biox, capable de déclencher une alarme quand les conditions sont réunies pour permettre la croissance d’un biofilm. Le capteur est conçu de façon à ce que les microorganismes, stimulés électriquement, se déposent d’abord sur sa surface et ses côtés, ce qui permet de recevoir une alerte très en amont sur l’activité biologique et ses effets en termes de biofilm. Le capteur est prolongé par un analyseur permettant d’ajuster le dosage du biocide en conséquence, ou de mettre en place les mesures correctives qui s’imposent.

[Encart : Réutiliser les eaux usées dans les tours de refroidissement Dow Water & Process Solutions participe à l’un des dix projets financés par la Commission européenne qui visent à stimuler l’innovation dans le domaine de la réutilisation de l’eau. L’entreprise joue un rôle important dans le projet DEMOWARE, situé dans le complexe pétrochimique du Camp de Tarragone, qui tend à démontrer comment, dans certaines régions, le stress hydrique peut être atténué grâce à la réutilisation des eaux industrielles en tours de refroidissement. Le projet, d’une durée de 3 ans et qui devrait se terminer en décembre 2016, a récemment été présenté lors du 5ᵉ Symposium international REWater à Brunswick, en Allemagne. Axé sur les nouvelles technologies pour la réutilisation des eaux usées, il concerne, entre autres, le traitement des eaux usées des villes espagnoles de Salou, Tarragone et Vilaseca dans l’usine de recyclage des eaux usées du Camp de Tarragone (CTAWRP, de l’anglais Camp de Tarragona Advanced Water Reclamation Plant), exploitée par Veolia et AITASA (société de distribution d’eau appartenant au gouvernement pour le complexe pétrochimique). Les éléments d’osmose inverse FILMTEC™ de Dow Water & Process Solutions ont été installés dans l’usine de recyclage au sein du procédé Actiflo™ de Veolia. L’eau traitée est ensuite redirigée vers différentes usines du complexe afin d’être utilisée dans leurs processus industriels, au lieu d’être rejetée en mer comme c’était le cas auparavant. « Ce projet constitue une étape importante pour améliorer l’efficacité du secteur industriel européen et les processus municipaux, » souligne Alexander Lane, directeur commercial Dow Water & Process Solutions pour la zone EMEA. Le principal objectif de Dow Water & Process Solutions sur ce projet était de développer un système de traitement des eaux usées de qualité suffisante pour être utilisé dans les tours de refroidissement. Ces sociétés utilisaient auparavant 100 % d’eau douce provenant de l’Ebre pour alimenter leurs dispositifs de refroidissement, ce qui exerçait une forte pression sur le fleuve et les communes environnantes. Le projet permet de libérer des ressources et contribue à augmenter la disponibilité de l’eau pour d’autres usages. Grâce au projet, l’eau d’appoint utilisée dans les tours de refroidissement du complexe de production pétrochimique de Dow Chemical (craqueur d’éthylène) est désormais composée de 40 % d’eau recyclée, ce qui correspond à un débit de 160 m³/h d’eaux usées réutilisées depuis l’usine de recyclage. D’ici la fin de l’année 2016, ce chiffre devrait atteindre les 90 %. Seulement 10 % de l’eau proviendra de l’Ebre. Avant d’utiliser les eaux usées traitées, la tour de refroidissement fonctionnait uniquement avec l’eau provenant de l’Ebre, et ce pendant 4 cycles. Du fait de la qualité de l’eau recyclée, elle peut désormais être exploitée pendant 7 cycles de concentration en été, lorsque les températures ambiantes permettent des taux d’évaporation élevés. L’augmentation de la qualité de l’eau d’appoint et du volume d’eaux recyclées utilisé pour alimenter la tour de refroidissement va permettre au système de travailler à un nombre de cycles de concentration plus élevé et par conséquent de réduire de manière drastique les vidanges du système, mais aussi de fonctionner dans un mode boucle quasi fermée.]
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