Your browser does not support JavaScript!

Boues : la destination finale conditionne la filière de traitement

30 mai 2013 Paru dans le N°362 à la page 43 ( mots)
Rédigé par : Christian GUYARD

Déshydrater au plus juste, sécher s'il le faut, et surtout, économiser l'énergie primaire investie en récupérant de l'énergie à différentes étapes. La destination finale de la boue guide la fourchette de siccité souhaitée et par suite, la chaîne d'élimination de l'eau la plus adaptée à cet objectif. Le séchage solaire confirme son intérêt. Un éventail de procédés pour construire une filière adaptée à chaque site.

La production des boues dans les filières d’épuration des eaux est inéluctable. Le traitement et l’évacuation de ces boues représente un coût même si elles ont également une valeur intrinsèque d'un point de vue agronomique (épandage, compostage) ou thermique (incinération) ; la pire des options étant la mise en décharge, à l'heure où la notion d'économie circulaire apparaît. Réduire ce coût commence par la réduction des quantités produites, ce qui est possible dans une certaine mesure au sein même des procédés à boues biologiques ou a posteriori par leur méthanisation ce qui permet de diminuer les quantités de 30 à 50 % tout en pro-

[Photo : La table d’égouttage Omega THC d’EMO est conçue pour la déshydratation mécanique en continu des boues municipales et industrielles. Ses fonctions mécaniques et ses composants ont été adaptés à des fonctionnements supérieurs à 200 m³/h de boues brutes.]

Produisant de l’énergie renouvelable avec la cogénération.

Première étape, la déshydratation (départ de l'eau libre) suivie d’un éventuel séchage (départ de l’eau liée). Selon le caractère plus ou moins hydrophile de la matière solide considérée, l'eau sera plus ou moins retenue, d’où des siccités finales variées pour un même procédé. Les essais d’aptitude à la déshydratation des boues sont essentiels. Ils sont réalisés par des sociétés spécialisées telles que l’IFTS sur quelques litres pour les paramètres de base et jusqu’à plusieurs mètres-cube sur des unités mobiles (sur skid ou camion) pour estimer les paramètres industriels comme l’encrassement (toiles filtrantes), la siccité effective atteignable, etc.

Le temps et l’investissement consacrés à ces essais éviteront de coûteux déboires si le choix de la filière s’avère inapproprié, même si les fabricants d'équipements offrent de solides garanties. « Toute vente d’équipement s’accompagne d’engagements contractuels sur la siccité réalisée, la consommation de polymères, le taux de capture (pourcentage de solide effectivement retenu par l’équipement). Notre expertise est reconnue dans les essais sur les boues et leur traitabilité », souligne par exemple Jean-Jacques Pillet, directeur Marché environnement Europe chez Andritz.

De son côté, Adequatec a conçu son propre matériel d’essais utilisé au départ pour démontrer les performances des Adequapress mais essentiellement utilisé aujourd’hui pour les cas spécifiques, notamment en industrie. « Elle dispose d’une Adequapress miniature pesant moins de cinq kilos destinée aux essais en laboratoire ainsi qu’un pilote de taille industrielle issu de sa gamme Adequapress hybride H1100 monté sur skid avec tous ses périphériques prêts à fonctionner, permettant des essais chez le client aussi bien en déshydratation qu’en épaississement », explique Abel Smati, directeur du Développement chez Adequatec.

La destination finale conditionne le choix du traitement. Les boues liquides (de 0,5 à 5 % MS) font l’objet d’une déshydratation mécanique via des équipements fournis par Adequatec, Andritz, ATR Créations, EMO, Serinol ou Huber Technology. Elle commence souvent par un épaississement préalable (table d’épaississement, tambour épaississeur) suivi d’une filtration ou d’une centrifugation pour obtenir une matière pâteuse pompable ou solide avec une siccité de 10 à 35 %, voire plus si la nature de la boue s’y prête. « Les presses à vis avec tambour à disques, installées en France depuis 2005, produisant de l’énergie renouvelable avec la cogénération. »

[Encart : Séchage : des besoins multipliés « Jusqu’à maintenant, en France, en dessous de 100 000 Eh on ne mettait pas de digesteur. Or, cela réduit la quantité de boue de 30 à 50 % et celles-ci sont mieux stabilisées, de meilleure qualité et moins odorantes. Cela réduit fortement le coût de toutes les consommations aval de la filière boue », explique Marc Cantegril de Veolia. Globalement, le volume de boues issu des stations d’épuration devrait diminuer. Mais une nouvelle source de production de boues biologiques émerge en France : la méthanisation des déchets. L’obligation de traiter les déchets fermentescibles (biodéchets), le réel potentiel des résidus agricoles et l'aide au rachat d’électricité poussent au développement des méthaniseurs qui, lorsqu’ils fonctionnent en phase liquide, produisent des boues. Le développement de la méthanisation attendu dans les années à venir devrait multiplier les besoins de séchage. Une tendance confirmée par Erik Gonay d’Aquacorp. Les appels d’offres sont déjà nombreux.]
[Publicité : Editions JOHANET]
[Publicité : EMO]
[Encart : ANC : que faire des boues produites ? L'assainissement non collectif, important en France, génère aussi des boues. Les stations d’épuration urbaines disposent d’installations dédiées pour recevoir les matières de vidange. Mais elles font payer ce service. Au quotidien, le vidangeur est confronté à divers problèmes vis-à-vis de la station d'épuration : horaires contraignants, file d’attente, saturation momentanée des installations, limitation des quantités livrées. Or, le vidangeur doit faire tourner ses camions. D'où l'intérêt du système breveté de Trecofim, qui supprime ces inconvénients. Les matières homogénéisées sont épandues sur de la paille placée en fosse étanche, régulièrement arrosée et retournée. Il n'y a pas de problème d’odeur et, au bout d’une petite année, on obtient un fumier épandable. La société dispose de son propre site (1 700 m³/an) à Moréac dans le Morbihan ainsi que de quatre licenciés. Elle peine cependant à commercialiser ce procédé qui pourrait intéresser bon nombre de collectivités locales.]

« acceptent des boues même très diluées (0,3 à 1 %) et assurent simultanément les fonctions d’épaississement et de déshydratation avec une très faible consommation énergétique et des taux de captures supérieurs à 95 % », précise Abel Smati, le fondateur d’Adequatec. Aller au-delà, pour les boues organiques, nécessite de recourir à l’évaporation, réalisée à différents niveaux de température, de la température ambiante à quelques centaines de degrés, avec des temps et des coûts très différents pour des produits finaux également différents (texture, intérêt agronomique…). Le bilan économique dépendra beaucoup de l'énergie utilisée : gaz, fioul, combustion des boues déshydratées, chaleur récupérée, soleil.

Les schémas de traitement susceptibles d’être mis en œuvre sont très divers et correspondent à des investissements, des techniques, des modes d’exploitation variables qui sont souvent fonction des quantités à traiter et des débouchés. « Centrifugeuses, filtres à plateaux et filtres à bandes sont les trois techniques les plus utilisées depuis 50 ans ; on voit apparaître les presses à vis, prometteuses sans être la panacée. La destination finale de la boue détermine le choix du traitement. Ensuite l’installation doit être un mix intelligent entre les coûts d’investissement en machines et les bâtiments qui les abritent et leurs coûts opératoires. C’est pour cela que nous vendons des filières de traitement et pas des machines », explique Marc Cantegril, chef de marché Boues & énergie au marketing municipal de Veolia Eau Solutions & Technologies. La question se complique si l'on prend en considération le type d’exploitation : contrat d’affermage ou régie municipale ? Les deux n’ont pas les mêmes temporalités.

Décanteurs centrifuges : une consommation optimisée

La préoccupation liée à la consommation d’énergie d’un équipement joue un rôle de plus en plus important. Andritz et Alfa Laval, leaders sur le marché des décanteurs centrifuges, mettent en avant la récupération d’énergie cinétique sur leurs équipements : Turbojet chez Andritz, Power Plates chez Alfa Laval. Dans les deux cas, une partie de l’énergie cinétique du fluide séparé est transférée à l’arbre de la vis ou directement au bol du décanteur pour les équipements Alfa Laval. « On baisse jusqu’à 15 % la consommation électrique de l’appareil. Cette récupération n’est optimale que sur des machines de grosse capacité fonctionnant à charge nominale. Le Turbojet peut être installé sur des machines existantes ; nous lançons une campagne… »

[Photo : Le décanteur centrifuge Aldec G3 d’Alfa Laval permet de réduire les coûts liés à la consommation d’énergie pour les opérations de séparation ou de déshydratation des boues : jusqu’à 0,50 kWh/m³ de réduction d’énergie, ce qui permet d’économiser jusqu’à 40 % sur les coûts liés à l’énergie.]
[Photo : La presse à vis RoS3Q de Huber Technology permet de déshydrater des boues biologiques à partir d’une concentration en entrée de 6 g/l avec des performances identiques à la centrifugation (sélection en sortie, consommation de polymères, taux de capture…) avec une consommation énergétique moins importante.]
[Publicité : SIL]
[Publicité : ifb environnement]
[Photo : Filtres-presse automatiques montés en conteneurs standards Faure Equipements pour une STEP de 6000 à 10000 EH. Pré-montés et testés en atelier, deux semaines suffisent pour l'installation.]

« De rééquipement, explique Jean-Jacques Pillet, directeur Marché environnement Europe chez Andritz. De son côté, Pierre-Yves Melchior, en charge du marché Environnement chez Alfa Laval, explique qu’en ajoutant à cette technologie d’autres améliorations, comme le Slimline qui est une vis de moindre diamètre, ainsi que l’utilisation sur le décanteur de deux types de moteurs à vitesse variable, on contribue à réduire la consommation électrique jusqu’à 40 % sur les gammes d’équipements standards.

Alfa Laval, Andritz, Flottweg, Pieralisi ou encore Westfalia Separator se retrouvent sur un argument : la consommation électrique pèse deux à trois fois moins lourd dans le traitement des boues que la consommation de polymères (jusqu’à 1 % sur la matière sèche pour des boues difficiles), le troisième poste étant la main-d’œuvre. Il y a donc lieu de bien hiérarchiser les postes de dépenses opérationnelles. Autre point d’accord, les centrifugeuses ne sont pas réservées aux grosses capacités mais se conçoivent aussi pour de petites installations de 10 000 EH, voire moins. Tendance confirmée par Marc Cantegril. Jean-Jacques Pillet souligne le fait que pour bien comparer deux équipements, il faut les juger sur des temps de fonctionnement identiques : on ne peut pas raisonnablement comparer une centrifugeuse qui tournera 8 heures par jour avec une presse à vis qui fonctionne en continu.

Presses à vis : un regain d’intérêt

La presse à vis bénéficie d’une notoriété croissante depuis quelques années. Plusieurs fournisseurs sont présents sur ce marché : Adequatec avec l’Adequapress et son tambour autonettoyant, Huber avec les Rotamat™, FKC, Neyrtec avec le Tasster® etc. Arguments principaux : la faible consommation électrique, des coûts moindres de maintenance, un fonctionnement sans astreinte de personnel et un taux de disponibilité proche de 100 %. Adequatec, qui depuis 2005 a mis en service près de 40 installations, annonce la mise sur le marché en 2014 d’une nouvelle gamme, la Swingpress, lui permettant la couverture complète de la gamme en termes de capacité afin d’accompagner ses principaux clients sur leurs marchés ainsi qu’une baisse de 50 % de la consommation électrique. L’intérêt du marché pour ces appareils pousse tout de même Andritz à reconsidérer cette technologie : une gamme de trois modèles sera lancée fin 2013 pour couvrir l’intervalle 2 à 8 m³/h en travaillant particulièrement le taux de capture. Cette technologie est très répandue en Asie où les principaux constructeurs sont japonais. Ils ont éprouvé depuis de nombreuses années ces presses à vis au détriment des systèmes traditionnels tels que les filtres à bandes, filtres à plateaux ou centrifugeuses. Des solutions ont été trouvées pour pallier le mauvais taux de capture que présentait cette technologie. Après une campagne d’essais sur des petites et moyennes stations d’épuration, Emo vient de valider cette technologie comme une alternative très avantageuse sur le plan énergétique et en consommation de polymères par rapport aux centrifugeuses et permettant d’obtenir une siccité supérieure aux filtres à bandes. De ce fait, Emo s’est associé avec un des plus grands fabricants japonais, Ishigaki, qui produit ces machines sous licence dans l’Union européenne.

[Photo : Presse à vis Andritz]
[Photo : Les presses à vis avec tambour à disques autonettoyants Adequapress d’Adequatec vont monter en gamme avec une nouvelle presse à vis sans frottement, la “Swingpress”, capable de traiter jusqu’à 800 kg/MS/h.]
[Encart : Consommations en énergie: une comparaison difficile qui nécessite des études préalables Séparer l’eau des matières solides nécessite de l’énergie. L’élimination de l’eau libre demande peu d’énergie : quasiment pas en épaississement gravitaire, très peu pour les tables d’égouttage, de l’ordre de 1,5 à 2 kWh/m³ de boue épaissie pour une centrifugeuse. Adequatec indique 10 Wh/kg de matière sèche en presse à vis, légèrement plus pour les filtres presse ou à bande. Les comparaisons ne sont pas faciles, d’autant moins que certains constructeurs ne donnent pas les bonnes unités. En effet, pour comparer les consommations d’énergie, il est nécessaire de rapporter cette consommation à la quantité de matière sèche déshydratée qui reste constante, contrairement au volume de boues qui varie en fonction de la concentration ou de la siccité des boues. Exprimée ainsi, la consommation permettra de comparer deux technologies même si la siccité finale diffère de quelques points. La consommation d’énergie pour le séchage est nettement plus élevée (600 à 1000 kWh/t eau évaporée) puisque l’eau passe sous forme vapeur. D’où l’intérêt de la récupération poussée de l’énergie selon deux modes : le mode interne par condensation des buées d’un premier sécheur pour optimiser la consommation primaire d’énergie du second sécheur comme l’applique l’Innodry 2E de Degrémont et le mode externe pour améliorer le bilan thermique des installations de digestion et de chauffage des bâtiments d’exploitation comme l’indique Jean-Paul Chabrier du cabinet d’étude Enviro-Consult.]
[Publicité : Simon Moos]
[Photo : Boues en sortie du sécheur Evaporis LT de Degrémont. Cet atelier de séchage repose sur l’utilisation d’un sécheur basse température dont le principe de fonctionnement est le séchage en continu par convection d’air chaud dans un tunnel fermé (air à 65/80 °C).]

Les installations mobiles ont le vent en poupe

Faciles à transporter, à installer et rapides à mettre en œuvre, les unités mobiles proposées par ATR Créations, Degrémont, Emo, Simon Moos ou Faure Équipements progressent dans le domaine du traitement des boues pour des utilisations allant d'une journée à une semaine, un mois, un an, voire davantage sur certains sites. Sur skids, en containers ou sur semi-remorques, elles intègrent tout type d’équipement de la centrifugeuse au filtre-presse en passant par la presse à vis ou le filtre à bandes. Elles permettent, selon les cas, de faire face à une situation d'urgence, à un usage occasionnel, plus régulier en mutualisant les coûts, ou encore partagé en desservant plusieurs sites différents. Disponibles à la vente ou à la location, elles sont complètement autonomes et adaptées aux sites d'accès difficile.

Les volumes peuvent être très importants. ABB Andreu Equipements Boet, spécialisée dans les services de location de décanteuses centrifuges, propose ainsi des unités mobiles de déshydratation de toutes tailles dont les deux plus grandes en exploitation aujourd'hui dans le sud de l'Europe ont été déployées pour assécher les boues provenant des digesteurs anaérobies, boues de lagune, boues de dragage, boues de forage, décontamination des sols, etc. (débit de 5 t MS/heure).

Chaque unité mobile est logée dans un conteneur abritant une décanteuse centrifuge, des pompes à boues, pompes à polymères, unité de préparation de polymères, convoyeur de décharge, panneau de commande avec automates, tuyaux et câbles pour la connexion. Les unités sont livrées sur site au moyen d'un camion et exigent simplement d'être connectées. La fiabilité et la haute capacité permettent à ces unités de travailler sans interruption en traitant de gros volumes à des siccités élevées. Louer une unité de centrifugation mobile est également une bonne option dans le cas de besoin de maintenance, dépannage ou changement des équipes en service. Il n'y a pas de dépenses en capital, pas de perte de production, un risque réduit pour tester un nouveau process, une surface au sol requise réduite, des contrats de coûts fixes, un temps de réponse court et pas d'arrêts coûteux. Pour fournir des solutions court ou long terme, ABB propose d’ailleurs une grande variété de forfaits. Pour les longues périodes de location, l'entreprise fournit également des systèmes complets avec des centrifugeuses sur des structures construites sur mesure.

Filtre-presse : un centenaire en pleine forme

La filtration s’effectue sur des filtres à bandes ou des filtres-presse commercialisés par EMO, Faure Équipements, Andritz, PHR Industrie ou Choquenet. Avec une siccité de 30 à 80 %, les filtres-presse se sont considérablement améliorés ces dernières années comme l’indique Jean-Pierre Deltreil de Faure Équipements. « Aujourd’hui, 90 % de nos filtres sont automatiques. Les clients veulent du fonctionnement 24 h/24, ce qui réduit la taille des équipements d’un facteur 2,5. Autre progrès, la fourniture d’équipements clés en main, prêts à fonctionner ». Deux exemples en 2012 : la réhabilitation sur la STEU de Moulins, 55 000 Eh soit 1 400 t/an de matières sèches (siccité 35 %) où un filtre-presse remplace deux filtres à bandes et l’installation à Objat d’un filtre-presse conditionné en conteneurs pour une capacité de 6 000 Eh (105 t MS/an). « L’utilisation de conteneurs recyclés passe très bien auprès des clients ; le filtre est entièrement monté en atelier et testé, leurre semaines ont suffi pour l’installation. L’idée d’un bâtiment en dur est passée » affirme Jean-Pierre Deltreil.

Séchage thermique : avantage aux sécheurs basse température

Une boue n’est stabilisée sans reprise de fermentation que si la siccité dépasse les 90 %. Les grosses installations utilisent des équipements industriels de séchage thermique qui ont l’avantage de la compacité et de la rapidité. Les capacités s’évaluent en tonne par heure.

[Publicité : guide-eau.com]
[Publicité : FAURE Equipements]
[Photo : Vomm, spécialisé dans le domaine du séchage des boues d'épuration, conçoit et réalise depuis plus de 40 ans des équipements basés sur la Turbo Technologie. Celle-ci, opérant en couche mince à haute turbulence, est flexible et s'adapte bien aux matériaux solides, liquides et pâteux.]

fonctionnant à l'huile thermique et notamment de la distribution d'huile dans les disques.

Sur la base du système de l'espagnol STC, Degrémont propose de son côté Evaporis™ LT, un atelier de séchage qui repose sur l'utilisation d'un sécheur basse température dont le principe de fonctionnement est le séchage en continu par convection d'air chaud dans un tunnel fermé (air à 65/80 °C).

Un module d'alimentation reçoit et transforme les boues déshydratées en spaghettis, de consistance solide, qui sont alors convoyés via un tapis dans des modules de séchage où l'air chaud circule permettant ainsi de charger l'air en humidité puis d'en extraire l'eau par des échangeurs. Un module de retour situé à l'extrémité permet la décharge sur la bande inférieure du tapis.

d'eau évaporée. Les sécheurs à haute température (200 à 250 °C) ont eu leur heure. De nombreux AMO comme Enviro-Consult leur préfèrent aujourd'hui les sécheurs à des températures de séchage plus basses et mieux contrôlées qui présentent beaucoup moins de risque industriel (explosion notamment). « Nous privilégions maintenant le sécheur à bande BioCo™, à séchage indirect à 180 °C et sans production de poussières », explique par exemple Marc Cantegril.

Andritz et Huber Technology proposent également des sécheurs à bandes (110-130 °C).

Outre ses applications en séchage total, le sécheur à disque SIL est bien adapté au pré-séchage des boues urbaines ou industrielles. En amont d'une unité de combustion, le pré-séchage permet de diminuer la consommation d'énergie, voire de la supprimer. La qualité des boues d'origine, notamment leur siccité initiale et leur capacité calorifique, impacte l'auto-thermicité globale. L'effet est double : d'une part on récupère une énergie supplémentaire disponible dans les fumées, et d'autre part, l'eau qui est éliminée dans le sécheur est chauffée à 100 °C seulement alors que dans le four, elle serait chauffée à 850-870 °C. Les conséquences sur le process total se traduisent par l'ajout d'un sécheur avec ses annexes et d'un circuit de chauffe, soit à la vapeur, soit à l'huile thermique,

[Publicité : Guide de l'eau]
[Publicité : Adequatec]
[Encart : Séchage : une technique alternative La technique des Lits de Séchage Plantés de Roseaux (LSPR) retient de plus en plus l'intérêt des professionnels du secteur soucieux d’échapper à la gestion traditionnelle de leurs boues. Cette technique est simple de gestion, très peu consommatrice d’énergie et très rentable sur le plan des volumes à transporter. L’approche de l’exploitant est généralement la création d’une filière boues alternative qui permet de pallier les contraintes climatiques et saisonnières des plans d’épandage sans multiplier les installations de stockage des boues pâteuses. Acteur important de ce secteur, la société IFB Environnement met en œuvre des installations qui produisent un complexe organo-minéral de qualité constante, de composition connue et surtout indemne d'éléments traces métalliques (ETM), paramètre souvent reproché aux boues urbaines. Leur valeur en filière compostage ou amendement organique est de plus en plus reconnue.]
[Photo : Installation de Bettombourg : 180 000 EH au Luxembourg (Référence Thermo-System).]
[Photo : Les lits de séchage plantés de roseaux ne sont pas réservés aux seules boues de stations biologiques. L’évolution logique de la technique amène les constructeurs comme IFB Environnement à travailler dans le domaine des matières de vidange, des boues primaires de lagunes, ou encore sur les entraînements de sédiments par les eaux pluviales.]

Les sécheurs proposés par Emo fonctionnent sur le même principe mais à une température encore plus basse, 40 °C. Emo a mené des campagnes d’essais sur plusieurs types de boues avec un pilote pendant plusieurs mois et a fait analyser la qualité de l'air par un laboratoire externe accrédité. Grâce au design très hermétique de ce sécheur, et malgré la faible température, aucune odeur et germes pathogènes n’ont été relevés dans l’air. Installé par exemple à Saint-Marcellin (50 000 EH – France – 38), l’atelier de séchage Evaporis LT permet de réaliser des économies d’énergie tout en limitant les gaz à effet de serre grâce à la récupération des basses calories générées par d'autres procédés fonctionnant sur le site : cogénération, réseaux de chauffage… Facile à installer et à exploiter, il s'adresse aux stations d’épuration allant d'une capacité de 30 000 à 250 000 EH par sécheur. Les boues séchées ne représentent alors qu'une masse comprise entre 20 et 30 % de la masse des boues humides avant séchage.

Séchage sous serre : des installations de plus en plus importantes

L'attrait pour les énergies renouvelables incite au séchage solaire ou plus exactement au séchage sous serre (évaporation due au déséquilibre entre la phase solide hydratée et la phase gazeuse qui se charge en eau). Si, dans les pays désertiques, le séchage solaire direct à l'air libre est possible avec un simple retournement des boues (grosse référence à Dubaï pour Thermo-System avec 140 000 t/an représentant plus de 2 millions d’EH et pour Veolia à Wathba aux Émirats arabes unis, 14 000 t de MS par an), sous nos latitudes, la serre est indispensable pour contrôler au mieux l’évaporation et confiner les éventuelles odeurs avant leur traitement. Une phase essentielle est le retournement périodique des boues qui renouvelle la surface de boue à évaporer. Plusieurs fournisseurs sont sur les rangs : Thermo-System, Aqualter Construction (avec son système de plancher chauffant), Degrémont (système Heliantis™), Veolia (système Solia™ combinant fermentation-séchage), Solairgies, etc.

Si à l'origine cette solution portait sur des capacités moyennes, inférieures à 50 000

[Publicité : THERMO-SYSTEM]
[Publicité : Hemera]
[Publicité : HOBAS France]
[Encart : Boues issues de forages : des besoins importants On observe des besoins importants dans les métiers du forage dirigé pour les matériels de déshydratation. « Au vu des derniers cahiers des charges pour ce type de prestations, les clients finaux demandent très fréquemment un traitement in situ des boues issues des forages, indique Michel Galard, gérant de la SARL Simon Moos. Notre gamme de matériels mobiles appelée KSA répond bien à ces problématiques ». Simon Moos a récemment assuré une prestation de déshydratation de boues de forages appelées plus communément « bentonites » dans le secteur de Castetpugon (64) sur un site de forage de gaz et pour la réalisation d’un pipe de 4 km. L’entreprise parisienne BIR (94) et la foreuse dirigée Vermeer ont réalisé un tir de 400 m sous une rivière. Le volume de bentonite à traiter était de 30 m³ par semaine. À l'issue de la prestation qui incluait une phase de pompage, de dessablage et de déshydratation, le volume des boues a été diminué par 4. « D'autres applications chez plusieurs industriels ont trouvé un franc succès : sardineries, lagunes, graisses, STEP, etc. » indique Michel Galard.]
[Publicité : Rivard]
[Photo : Lors de son appel d’offres récemment remporté à Chartres (160 000 EH), Aqualter a proposé de substituer au traitement par filtres-presses un séchage solaire des boues sur site, assuré par six serres solaires couplées à trois centrifugeuses. Cette station sera la plus importante à utiliser, en France, un tel procédé.]

En compte tenu des surfaces à mobiliser pour les serres, des installations plus grosses apparaissent comme Nantes (référence Thermo-System) depuis mi-2012 sur 7 000 m² de serres pour un séchage à 50 % (10 000 t boues sèches soit 100 000 EH) puis épandage. Mais il est vrai que la méthode convient bien à des petites communes de moins de 20 000 EH où la serre peut faire office de stockage comme à Lorgues 83 (Thermo-System) voire de 2 850 EH comme à Neuville-sur-Sarthe qui a choisi le séchage solaire (NTE). « Ces petites capacités doivent aussi penser aux filtres plantés de roseaux, surtout si les flux sont variables : c'est ce que nous avons installé à Ceignes (01) pour une station de deux fois 400 EH qui reçoit les effluents d’une station d’autoroute » explique Erik Gonay d’Aquacorp.

Les réalisations importantes se multiplient cependant. Lors de son appel d’offres récemment remporté à Chartres (160 000 EH, voir EIN n° 361), Aqualter a proposé de substituer au traitement par filtres-presses un séchage solaire des boues sur site, assuré par six serres solaires couplées à trois centrifugeuses.

Les sécheurs ont été dimensionnés pour amener les boues à une siccité de 60 % à la mise en service, progressivement ramenée à 35 % au fur et à mesure de la montée en puissance de la station vers le nominal. Le système proposé offre de nombreux avantages par rapport à la solution de base : il apporte une économie substantielle dans le coût d’exploitation des boues (-130 k€ à ‑386 k€ dès la mise en route), il offre la possibilité d’un traitement multi-filières, permettant un épandage « propre » très prisé par les agriculteurs, il limite les nuisances pour les riverains et facilite l'exploitation, plus simple que pour les filtres-presses.

Aqualter maîtrise depuis de nombreuses années cette technique (30 références), grâce à un système original basé sur un retournement complet des boues par un pont en inox, renforcé en hiver par un plancher chauffant alimenté par les calories de l'eau traitée.

[Publicité : HB Drilling SA]
Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article Voir les abonnements
Entreprises liées
Contenus liés