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Risque légionelles : un programme de traitement sans biocide

01 février 2018 Paru dans le N°408 à la page 12 ( mots)

Sur les circuits de tours aéroréfrigérantes, l’entartrage, la corrosion, la contamination microbiologique et le bio-fouling sont susceptibles d’impacter lourdement les processus de production comme les coûts d’exploitation des installations de refroidissement. Dispersants, antitartres, inhibiteurs de corrosion et autres biocides permettent généralement de limiter les problèmes en évitant les proliférations bactériennes dans l’eau, tout en maintenant les circuits propres. Problème : les biocides sont par définition des produits actifs susceptibles d’avoir des effets nuisibles sur l’homme et son environnement.

Pour permettre une meilleure prise en compte de l’environnement tout en maintenant les circuits d’eau dans un état optimal, Aquatreat France commercialise un programme de traitement préventif sans biocide, capable de protéger les installations des problèmes d’entartrage, de corrosion, en empêchant le développement du biofilm, facteurs aggravants du développement de la légionelle.

À base de stabilisants de sels de dureté, de polymères et d’agents mouillants, Aquatreat 202 ne fait pas partie des produits habituellement considérés comme dangereux. «Sa formulation repose sur une approche novatrice de la gestion de la problématique légionelle dans les tours aéroréfrigérantes, explique Arnaud Toussaint, Directeur d’Aquatreat France. L’objectif de ce traitement sans biocide est de garder la population bactérienne sous contrôle, en maîtrisant l’entartrage, la corrosion, la formation de biofilm et une certaine biodiversité ». 

L’approche bio-dispersante du produit permet de maintenir les bactéries en suspension, tout en conservant une population bactérienne suffisamment importante pour entrer en compétition avec Legionella Pneumophila et ensuite empêcher son développement. « Legionella Pneumophila est une bactérie faible, explique Arnaud Toussaint. Lorsqu’elle est maintenue libre au sein de l’installation, elle ne peut lutter avec les autres bactéries en présence. Aquatreat 202 n’importe donc pas de micro-organismes complémentaires, mais s‘attache à maintenir une certaine activité bactérienne non fixée dans l’eau pour éviter le développement des légionelles et d’autres bactéries qui, en créant un biofilm, créent des conditions favorables à leur développement ». 

Ce produit à effet probiotique repose donc sur une approche différente qui consiste à éviter la formation d’un biofilm grâce au maintien en suspension d’une flore bactérienne suffisamment importante pour entrer en compétition avec Legionella. « L’objectif n’est plus d’éliminer toutes les bactéries des tours aéroréfrigérantes à coup de biocides ou de traitement désinfectants mais de favoriser un équilibre microbiologique défavorable aux bactéries pathogènes, souligne Arnaud Toussaint. En utilisant Aquatreat 202, nous cherchons à maintenir une certaine flore bactérienne dans l’eau, à éliminer toute trace de fer, à éviter l’entartrage à travers l’apport d’antitartre et la création de biofilms grâce à un bio-dispersant et un surfactant ».

Testé chez un important constructeur automobile du Nord de la France par L’Eau Reine, une société du Groupe Orizon, le programme de traitement a permis de s’affranchir de l’injection régulière de produits biocides dans les installations. « Le test a porté sur une tranche de cinq tours aéroréfrigérantes durant près d’une année », explique Laurent Boumati, Directeur Qualité d’Orizon. Le traitement antérieur, qui reposait sur un antitartre, un anticorrosion, un dispersant et plusieurs biocides différents, n’avait pas pu empêcher l’apparition de plusieurs pics de légionelles, malgré un nettoyage régulier des installations. 

Des pics favorisés notamment par la présence d’un film hydrophobe au niveau des circuits, due à l’utilisation d’huiles au sein des process de production. Pour éviter ces pics, l’exploitant a souhaité modifier l’approche en testant en conditions réelles l’Aquatreat 202. « Nous avons démarré le test directement avec ce seul produit, explique Laurent Boumati. A l’issue du premier mois, nous avons pu observer une nette augmentation des bactéries en circulation suggérant une remise en suspension progressive du biofilm. Après trois mois de traitement, nous avons constaté une augmentation du taux de concentration (TC 3 à 5) et une baisse de l’indice de Ryznar, avec pour effet des économies substantielles en eaux d’appoints. L’absence de Legionella est confirmée par des analyses bimensuelles ». Concluant sur cette première tranche, le produit est maintenant utilisé sur une autre batterie de tours aéroréfrigérantes au sein de ce le même constructeur automobile. Il devrait également entrer en phase de test sur le site d’un important industriel de l’agroalimentaire mais aussi sur chez un constructeur européen d’aéronautique.

Produit en Belgique par la société Aquatreat International depuis une dizaine d’années, le produit est utilisé par de nombreux industriels dans plusieurs pays européens, asiatiques et africains. « En France, nous n’avions pas encore souhaité communiquer sur ce produit révolutionnaire, avant que les tests, en accord avec des partenaires sérieux ainsi que l’avis de la DREAL, soient concluants, souligne Laurent Boumati. Mais les récentes évolutions réglementaires relatives à l’impact des biocides au niveau des rejets ont changé la donne. Une porte s’est ouverte sur le marché qui permet désormais au produit d’être testé et de faire ses preuves ». 

Le ministère de la transition écologique mais aussi les autorités de contrôle au premier rang desquelles l’ANSES et les DREAL, conscients de l’importance du sujet, souhaitent désormais conjuguer les aspects sanitaires et environnementaux de la prévention du risque légionelle en leur accordant le même niveau d’importance. 

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