Afin d’investir dans les infrastructures et d’adopter une gouvernance patrimoniale des réseaux, l’organisation professionnelle propose notamment aux collectivités locales huit points d’attention et leviers d’action et deux outils d’aide à la décision.
Le changement climatique bouleverse le cycle de l’eau, rendant cette ressource de plus en plus rare et précieuse. Les collectivités locales, qui se trouvent en première ligne, doivent anticiper et agir pour garantir un accès équitable à l’eau potable tout en préservant les écosystèmes. « Le rythme de renouvellement des réseaux est deux fois inférieur à ce qu’il faudrait faire, constate Stéphane Graupner (voir photographie), délégué régional Rhône-Alpes des Canalisateurs du Sud-Est. Au taux de renouvellement annuel de 0,81 %, 126 années sont nécessaires pour renouveler l’intégralité du réseau d’eau potable en Provence-Alpes-Côte d'Azur, et 124 années en Rhône-Alpes ».
Les Canalisateurs du Sud-Est rappellent donc l’urgence d’investir dans les infrastructures et d’adopter une gouvernance patrimoniale des réseaux pour répondre à ces défis. Afin d’agir auprès des collectivités locales (communes, communautés de communes, agglomérations et métropoles), l’organisation professionnelle leur propose huit points d’attention et leviers d’action (voir encadré ci-dessous) et les outils d’aide à la décision, la plateforme de datavisualisation gratuite MonSuiviEau.fr et l’éco-comparateur SEVE TP.
« En 2026, la gouvernance de l’eau (à 100 % dans les collectivités locales) sera renouvelée, avec des règles de la commande publique qui vont changer. La réforme du code de la commande publique en lien avec la loi Climat et Résilience imposera, dès l’été 2026, l’intégration de critères environnementaux dans les marchés publics », rappelle Michel Réguillon (voir photographie), président des Canalisateurs du Sud-Est.
Un éco-comparateur des projets de travaux publics
Développé par la Cellule économique régionale de la construction Auvergne-Rhône-Alpes (CERC ARA), la plateforme numérique gratuite MonSuiviEau.fr compile les données des bases Sispea (Système d’information sur les services publics d’eau et d’assainissement), Sandre (Service d’administration nationale des données et référentiels sur l’eau) et Eaux résiduaires urbaines, pour les régions Rhône-Alpes et PACA. Cet outil permet aux collectivités d’identifier les enjeux liés à l’entretien des réseaux et de planifier les travaux de renouvellement grâce à des indicateurs tels que le taux de rendement des réseaux, l’indice de pertes d’eau, l’ancienneté des stations d’épuration, le taux de renouvellement des réseaux.
Quant au SEVE TP (Système d’évaluation des variantes environnementales dans les travaux publics), cet outil gratuit et accessible en ligne, développé par la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) avec les Canalisateurs du Sud-Est, mesure et compare l’impact environnemental des projets de travaux publics. Il repose sur une approche d’analyse du cycle de vie (ACV) simplifiée et rigoureuse, couvrant l’ensemble du cycle de vie des infrastructures, de l’extraction des matières premières à la fin de vie, en passant pas la maintenance et le recyclage. Les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, les entreprises, etc. sont ainsi aidés dans le choix des solutions techniques les plus vertueuses, en anticipant les exigences réglementaires comme la loi Climat et Résilience.
Les huit points d’attention et leviers d’action en question
· La réduction des fuites dans les réseaux d’eau potable – un levier clé de gestion quantitative de l’eau – permet notamment de réduire des prélèvements et de limiter le stress hydrique sur les territoires en tension ;
· Entretenir régulièrement et renouveler les réseaux permettent d’éviter les casses et les coupures, et de sécuriser l’approvisionnement en eau pour tous les usages, en limitant les interruptions de service et en améliorant la performance des infrastructures ;
· En faisant de la gestion patrimoniale un pilier de la gouvernance, connaître, surveiller et renouveler les réseaux est une condition de base pour anticiper les crises, planifier les investissements et améliorer le service ;
· Le recul sur le transfert des compétences eau présente des risques pour les petites communes. Si l’intercommunalité reste l’échelle la plus pertinente, face aux récentes évolutions législatives, il est essentiel de garantir un accompagnement aux communes isolées pour qu’elles ne soient pas laissées sans solution technique ou financière ;
· Assurer un financement de la politique de l’eau cohérent, stable et efficient. La tarification du service de l’eau et les mécanismes de différenciation qui peuvent y être associés doivent être expliqués pour être comprise et acceptée ;
· L’accompagnement financier reste le besoin numéro un. De nombreuses collectivités, notamment rurales ou de petite taille, peinent à faire face à l’ampleur des investissements nécessaires ;
· Les collectivités ont besoin de soutien en ingénierie, en animation territoriale, en maîtrise d’ouvrage, en passation de marchés, etc. Il faut renforcer les moyens humains mobilisables et la montée en compétence des élus ;
· Il est nécessaire de développer la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) et l’utilisation des eaux non conventionnelles (eaux de pluie récupérées en aval des toitures ou ruisselant sur les voiries, eaux grises ou issues de procédés industriels…).