Your browser does not support JavaScript!

Encart

Deux normes pour caractériser les boues de stations d’épuration

24 decembre 2018 ( mots)
Les boues d’épuration constituent des matières valorisables, pour peu qu’elles soient correctement déshydratées, compactées et dépolluées. Les exploitants doivent alors les caractériser selon leur origine et selon leurs propriétés chimiques, physiques et microbiologiques. Ils doivent aussi qualifier leur aptitude à être concentrées. Parmi ces paramètres-clés, il y en a un qui fait autorité : la siccité, c’est-à-dire le pourcentage massique de matière sèche.

La siccité d’une boue est connue à l’issue des étapes de séchage et déshydratation. Les boues sont généralement déshydratées dans des presses à bandes ou à vis, des filtres-presses à plateaux ou des décanteuses centrifuges. Plus la boue est riche en solides, mieux elle se prêtera à l’une des formes de valorisation possibles : épandage agricole, compostage, incinération en solo ou avec d’autres déchets. En effet, une boue bien déshydratée dispose d’un meilleur PCI, d’une valeur agronomique supérieure, génère moins de nuisances et réduit les coûts de transport et de stockage.

Pour faciliter les échanges entre équipementiers et exploitants de stations, les professionnels ont éprouvé le besoin d’édicter les meilleures pratiques dans une norme volontaire. Publiée en septembre 2018, la norme NF T97-001, découpée en parties 1 et 3, précise ainsi le mode opératoire nécessaire au calcul d’une valeur de siccité limite (partie 1) et d’une valeur de référence (partie 3). Comme l’indique Pascal Ginisty, directeur scientifique à l’IFTS (Institut de la filtration et des techniques séparatives) et animateur du groupe de travail AFNOR ayant élaboré les deux textes, « ces travaux avaient pour objectif de définir une méthodologie et une terminologie communes, ainsi qu’un ensemble de bonnes pratiques fiabilisant les modes opératoires propres aux acteurs du secteur ».

Problème : les boues sont difficiles à caractériser, y compris en termes de siccité, car d’une station d’épuration à l’autre, ou d’une journée à l’autre au sein d’une même station, le produit est très variable. Certes, l’origine des effluents explique cette variabilité, mais les modes opératoires utilisés en station aussi, car les exploitants n’appliquent pas tous les mêmes procédés. Des grandeurs-étalons s’imposaient. La norme volontaire NF T97-001 fait ce travail. Pour Pascal Ginisty, « l’enjeu était de définir des valeurs absolues. Pour les collectivités locales et les acteurs du secteur, ces grandeurs sont plus commodes, plus sécurisantes. Grâce à elles, il y a consensus sur la définition des protocoles associés et leur validation en essais inter-laboratoires sur des boues de différentes origines ».

Au sens de la norme NF T97-001-1, la siccité limite représente le potentiel de déshydratation d’une boue que l’on peut obtenir théoriquement par des moyens mécaniques. Cette grandeur est utile pour comparer l’aptitude à la déshydratation de boues de diverses origines, ou conditionnées de manière différente, et permet de préjuger des limites techniques d'un procédé. De la même manière, au sens de la norme NF T97001-3, la siccité de référence fait office d’indicateur-clé pour juger de l’aptitude d’une boue à la déshydratation mécanique, indicateur grâce auquel il devient facile de comparer les boues entre elles.
Les boues d’épuration constituent un sujet riche pour la normalisation volontaire. Les prochains travaux viseront à donner des lignes directrices pour valoriser ces matières sous forme d’énergie. « Un meilleur conditionnement chimique facilite le traitement et le recyclage », conclut Pascal Ginisty.
A noter qu’un guide sur l’épaississement et la déshydratation des boues est en cours de rédaction à l’ISO TC 275 (ISO PWI/TR 19995).