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Détecter l’anomalie, du terrain à L'IA

27 janvier 2021 Paru dans le N°438 à la page 57 Dans le dossier : Les drones mettent la tête dans l'eau ( mots)

Spécialisée dans le traitement de données du secteur de l’eau, Water Robotics a lancé récemment la gamme Ro-boat, catamaran robotisé d’acquisition de données pour sites non instrumentés. Avec ses partenaires, la start-up montpellieraine vise encore plus loin, et encore plus haut. Entretien avec Julien Doutre, ingénieur Sciences et Technologies de l'Eau et co-fondateur de la société.

L’eau, l’industrie, les nuisances : Quand et comment les drones aquatiques sont-ils entrés dans vos pratiques et dans votre activité de fouille de données ?
Julien Doutre : Water Robotics développe et commercialise un système d›aide à la décision basé sur une chaîne d›acquisition et de traitement des données essentiellement pour des exploitants de stations d›épurations d›eaux résiduaires urbaines et industrielles et pour des entreprises développant des procédés innovants. Le drone aquatique s’est imposé en 2016 dans le cadre du consortium de projet MatriCS porté par Veolia et IBM dont nous étions prestataire (via le partenaire Université de Montpellier/Laboratoire Hydrosciences Montpellier) et dont la finalité était de mettre au point un modèle de la consommation de la matière organique en milieu anaérobie avec ajout ou non de nitrate de calcium pour contrôler la réduction des sulfates en HS-/H2S. Pour caler ce modèle d’analyses multivariée, nous devions compléter les données hydrauliques fournies par Veolia par des données de process. Nous avons donc mis en place notre première plateforme radeau robotisée, instrumentée avec des sondes multi-paramètres qui comprenait aussi un dispositif d’injection de nitrate de calcium (flux continu) et un dispositif de traçage aux terres rares (Gd) avec injecteur/préleveur.
C’est à ce moment-là, que nous avons a pris conscience de l’intérêt de la détection de l’anomalie pour des sites non instrumentés (lacs, rivières, lagunes, lagunages…) et que le drone aquatique a pu prolonger notre offre de traitement de données.
EIN : Qu’est-ce qui fait la singularité du catamaran Ro-Boat ?
J.D : Définitivement les données spatiales !
En tant qu’hydrologue et biologiste, nous avons cherché à proposer aux professionnels du grand cycle de l’eau (hydrologues, géomètres/hydrographes, océanographes, géophysiciens du trait de côte, énergéticiens…) un modèle prenant en compte la très forte complémentarité des données aériennes et satellitaires. Il s’agit d’affiner la connaissance des hydrosystèmes grâce à une nouvelle façon de mesurer, en générant beaucoup plus de données en étant capable de traiter des données massives. Nous nous basons notamment sur la fouille de données spatiale et l’intelligence artificielle. Nous nous sommes rendu compte en 2018 que le marché était mûr et que la mesure bathymétrique était à notre portée.
A partir de là, nous avons mis en production avec notre premier client géomètre-expert, Acti-Geo, devenu depuis partenaire, le catamaran Water Scan Ro-boat, en janvier 2019. Le robot dispose d’un mode télécommande et d’un mode autonome et permet aux opérationnels, grâce à ses interfaces, d’embarquer le propre matériel de mesure (GNSS, Sondeur, ADCP…). En 2020, un second appareil a été livré à l’Institut Gladys (Laboratoire Géosciences Montpellier) pour le suivi du trait de côte. Cette étape a représenté un double défi : évoluer en milieu marin et en mode autonome.
L’intégration progressive de l’IA dans les technologies de type smart-water nous permet maintenant de reprendre contact avec nos interlocuteurs historiques qui sont les petits constructeurs, petits exploitants, notre marché cible étant la remunicipalisation.
EIN : Quels autres projets développez-vous autour des drones ?
J.D : Nous venons d’obtenir l’agrément de l’agence spatiale européenne (European Space Agency - ESA) pour la valorisation de données environnementales et notre partenariat avec le CNES se concrétise avec l’incubateur Esa-Bic qui soutient le développement de startups en lien avec le spatial.
En novembre 2020 nous avons validé avec nos partenaires du spatial le bon fonctionnement du module « Roadmap box » qui permet d’optimiser la feuille de route des drones aquatiques en s’appuyant sur la donnée satellitaire. Dès début 2021, grâce à l’appui du CNES, nous allons regrouper ce module logiciel avec une extension de notre système de navigation autonome qui permettra à un seul opérateur de piloter plusieurs Ro-boats en essaim (Swarm robotics). Nous prévoyons d’en déployer 5 ou 6 vers mi-2021. Cette solution complète sera commercialisée sous le nom de « Water scan ». En effet il s’agit bien de proposer un scan complet des milieux aquatiques et littoraux.
Nous travaillons aussi en géoacoustique. Nous allons nous équiper en 2021 d’un drone sous-marin qui devra nous permettre d’améliorer l’appréhension de la vélocité du son dans l’eau. Nous sommes convaincus qu’une meilleure précision de la mesure bathymétrique des plans d’eau passera par le fait d’avoir accès à toutes sortes de paramètres (température, conductivité) dans la colonne d’eau, qui intègrent notamment les corrections inhérentes aux stratifications thermiques. Cet objectif ne peut être atteint qu’à travers un processus qui combine des données, qui ne le sont pas actuellement.
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