Your browser does not support JavaScript!

Viticulture : de l'eau pour le vin

30 novembre 2004 Paru dans le N°276 à la page 123 ( mots)
Rédigé par : Bruno LEFEUVRE

Nettoyage des cuves, des bouteilles ou des machines : l'eau occupe une place importante dans la chaîne de production du vin. Les effluents qui en découlent se trouvent chargés en matière organique. Une pollution à traiter? sans modération !

[Photo]

L'industrie vinicole génère des eaux résiduaires caractérisées par une pollution essentiellement organique facilement biodégradable. À l'exception des activités d'embouteillage, qui produisent un flux polluant quasi continu, l'aspect saisonnier et la discontinuité des principales opérations tout au long du cycle de l'élaboration du vin se traduisent par des séquences de fortes émissions polluantes suivies de périodes marquées par la faible intensité ou l'absence de rejets. Les autres critères concernent la tendance acide des eaux résiduaires et la déficience en nutriments azote.

Chacun de ces aspects exerce une influence défavorable sur le fonctionnement des procédés épuratoires et, par voie de conséquences, sur la maîtrise de la qualité de l'épuration ; il est donc nécessaire que les installations de traitement prennent en compte ces différents paramètres dès la conception de la filière.

Le vin préfère le "bio"

Outre l'étape du prétraitement, qui se veut le plus souvent classique et généralement limitée au tamisage (en aval d'une fosse de décantation si présence de terres de filtration), l’élimination de la pollution soluble met en œuvre le plus souvent des procédés simples de type aérobie ou de type anaéro-

[Photo : L’utilisation des procédés de type biologique, éprouvés sur les eaux usées domestiques et de certaines industries agroalimentaires, s’appliquent parfaitement aux effluents issus des activités viti-vinicoles.]

Globalement, le retour d’expérience des dernières années sur le traitement des effluents vinicoles montre que l'utilisation des procédés de type biologique, éprouvés par ailleurs sur les eaux usées à dominante domestique et de certaines industries agroalimentaires, s'appliquent parfaitement aux effluents issus des activités viti-vinicoles. En contrepartie, la maîtrise du procédé demande des conditions optimales de régulation de la charge entrante sur l’étage biologique.

Prodis, au Carrefour du vin

Prodis, centrale d’achat de vin du groupe Carrefour, centralise une partie de ses activités d’embouteillage dans la zone de Grézan à Nîmes (Gard), rapprochant ainsi le conditionnement des zones de production viticoles. Effective fin 2004, l’activité pourra produire, en valeur nominale, 80 millions de cols par an et générer un flux polluant journalier de l’ordre de 9 000 équivalents-habitants. Pour ces besoins de dépollution et du respect de l’autorisation de raccordement au réseau d’assainissement de la collectivité, Prodis a confié à Saur France la conception, la construction de la station d’épuration et son exploitation pendant neuf ans. L’essentiel des rejets d’eaux usées issues de l'activité d'embouteillage résulte des opérations de lavage de la cuverie, du lavage des installations de filtration, du lavage des conduites de transfert… Ainsi, la pollution soluble constituée de résidus de vin présente un caractère de biodégradabilité compatible avec une épuration par voie biologique. Par ailleurs, la quasi-régularité de l’émission du flux polluant, tant sur la semaine que sur l’ensemble de l’année, permet l’alimentation de la station de manière régulée, condition favorable aux procédés biologiques. Ces critères ainsi que le niveau des objectifs de qualité à satisfaire (rejet en réseau d'assainissement collectif) ont permis d’orienter le choix de la filière de traitement vers le procédé aérobie par boues activées « faible charge ».

Les filières à la loupe

L’installation comporte les étapes suivantes :

  • tamisage ;
  • bassin tampon brassé aéré de 600 m³. L’ajustement du pH par ajout de soude ou d’acide de même que l’ajout d’azote facilement assimilable seront assurés au niveau du bassin tampon de manière automatique ;
  • traitement biologique : il s'agit d’un bassin d’aération de 1 000 m³ fonctionnant à faible charge massique : Cm 0,15 kg DBO₅/kg MVS·j, aéré par insufflation d’air « fines bulles » ;
  • clarification : le dimensionnement du décanteur raclé prend en compte une faible vitesse ascensionnelle, de l’ordre de 0,15 m/h.

La filière boue se compose d’un silo concentrateur de 80 m³, et d’un atelier de déshydratation des boues sur filtre à bandes presseuses, siccité : 15 %. Évacuation des boues : les boues seront évacuées sur le site de compostage de Bellegarde (Gard), géré par Saur France.

L’expérience des années précédentes a mis en évidence de très bons résultats sur le plan technico-économique en traitement des effluents vinicoles par les procédés biologiques à boues activées pour autant que la gestion des flux soit optimisée. C’est tout naturellement le procédé qui a été retenu et proposé par Saur France à son client Prodis pour assurer le prétraitement avant rejet au réseau d’assainissement collectif des eaux usées issues de l’embouteillage du vin.

[Photo : La maîtrise du procédé demande des conditions optimales de régulation de la charge entrante sur l’étage biologique.]
Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article Voir les abonnements