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Les graisses issues des industries alimentaires ont toujours posé des problèmes quant à leur élimination. En effet, dans les décharges, elles encombrent, chargent les lixiviats en DCO et sont causes de mauvaises odeurs dans les réseaux d’assainissement où elles risquent de provoquer une obstruction. En compostage ou en traitement biologique, elles sont sources de dysfonctionnements et les procédés spécifiques pour les traiter sont coûteux en énergie ou aléatoires.
C’est peut-être pour toutes ces raisons que le législateur avait décidé de mettre les
[Photo : Schéma du procédé VEG X 200.]
Graisses des IAA dans la catégorie des déchets industriels spéciaux (DIS) sous le code C174, alors qu’os, sang, peau et viande sont restés des déchets banals. C'est d'ailleurs le seul déchet spécial de l'industrie alimentaire !
L’épandage des graisses, n’ayant pas d’intérêt agronomique, est interdit par l'article 4 du décret du 8 décembre 1997. Ainsi, hormis l'hydrolyse, préalable à une épuration biologique classique en station, seule reste l’incinération comme mode de traitement pour ce déchet embarrassant. Azur Industries, société spécialisée dans les procédés en environnement, en tenant compte de tous ces points, propose une alternative nouvelle : le procédé VEG X 200.
Le meilleur mode d’élimination consiste en une valorisation directe des graisses sous forme de bio-combustible dans une chaudière industrielle.
C'est ce principe qui a été appliqué sur une des nombreuses usines de préparation de volailles grasses du Sud-Ouest. La graisse transformée par le procédé VEG X 200 sert de combustible pour la chaudière destinée à fournir la vapeur consommée dans le cadre de la préparation d’aliments. Le principal souci à ce niveau était de récupérer un bio-combustible compatible avec le réseau de distribution du fioul.
Azur Industries a donc mené une étude complète, agrémentée de nombreux essais, pour que cette graisse issue de l'eau de lavage des bacs de cuisson puisse être utilisée en tant que biofioul.
Une station entière a été imaginée car l'eau issue des vaisselles de cette entreprise, une fois débarrassée de sa graisse par décantation, n’était pas encore suffisamment pure pour pouvoir rejoindre l’exutoire menant à la station d’épuration de la ville.
La transformation en biofioul de la graisse se fait par différentes étapes physiques. L'utilisation du produit obtenu est alors réalisée en continu. Elle permet, dans l’exemple cité, une économie de 50 % du gaz naturel habituellement consommé. Suite au travail de recherche réalisé sur ce sujet, Azur Industries a réalisé l'ingénierie et le montage de l'installation prototype.
Actuellement, pour mener plus loin ce type de valorisation, des essais sont réalisés pour obtenir une graisse qui ne fige pas à froid afin d’obtenir un biofioul commercialisable et stockable sous forme liquide. Ce procédé largement utilisé permettra de transformer de l'ordre de 350 000 t de déchets gras par an (gisement identifié en France) en biofioul pour remplacer le tonnage équivalent de fioul d'origine fossile, ceci dans l’optique du développement durable (il s'agit d’environ 3 % de la consommation française de combustible fossile). Cette démarche sera déclinée dans les autres pays européens.
L'économie réalisée peut se décliner comme suit : économie de traitement + économie d’achat de combustible :
- - Pour un traitement par épuration biologique, un kilogramme de graisse représente environ 3 kg de DCO à éliminer, soit une énergie électrique consommée de 3 kWh/kg de gras. À cela se rajoute, à un moindre niveau, l'achat d’enzymes et/ou de chaux pour hydrolyser/liquéfier la graisse et la rendre ainsi accessible aux bactéries. Le coût de traitement est donc au minimum de 0,15 €/kg de déchet gras traité en station d'épuration (kWh à 5 centimes), sans tenir compte de l’élimination des boues supplémentaires produites.
- - D'autre part, la graisse pure représente 90 à 95 % du PCI du fioul lourd, elle n’est pas taxée comme les combustibles fossiles et n’apporte pas de pollution atmosphérique soufrée. On économise donc environ 0,2 €/kg de gras valorisé.
Le procédé VEG conduit donc à une économie globale de 0,35 €/kg de gras traité. En incluant l’élimination des boues (non produites grâce au VEG) l'économie peut aller jusqu’à un euro par kilogramme. Une industrie produisant 100 tonnes par an de graisse peut envisager un temps de retour d’investissement de l'ordre de 2 à 3 ans.
Actuellement installé sur trois sites en France, le VEG X 200 fournit environ 10 millions de litres de biofioul dont l’essentiel est vendu à l’étranger. 6 % de cette production est consommée sur place pour fournir l’énergie nécessaire au procédé VEG X 200.