Your browser does not support JavaScript!

Une solution décisive contre la pollution par les hydrocarbures : l'élimination par voie biologique

30 mai 1977 Paru dans le N°16 à la page 59 ( mots)
Rédigé par : Pierre FUSEY et Bernard FAUCON

L’ÉLIMINATION PAR VOIE BIOLOGIQUE AVEC LES DISPERSANTS “HYPRO”

par Pierre FUSEY

Centre National d’Études pour la protection des aliments, matériaux et êtres vivants

et

Bernard FAUCON

Société d’Hydrocarbures de Saint-Denis

[Photo : Ouessant, mars 1978 : « OLYMPIC BRAVERY... »]

DES RISQUES PERMANENTS DE POLLUTION...

Quelles que soient les précautions prises, les multiples opérations de transport, de manutention et de mise en service des produits pétroliers depuis leurs lieux d’extraction jusqu’aux raffineries qui les transforment, de celles-ci jusqu’aux centres de distribution, et de ces centres jusqu’aux points de consommation — industriels ou privés — sont malheureusement autant de sources d’accidents journaliers plus ou moins graves.

Ces accidents se traduisent par des répandages indésirables d’hydrocarbures toujours générateurs de pollution.

En dehors des sinistres maritimes qui sont périodiquement portés à la connaissance du grand public — lequel est dans chaque cas abondamment alerté par la presse — les routes, les sols, les rivières, les eaux de surface sont l’objet de souillures fréquentes par les hydrocarbures, moins spectaculaires parce que moins abondantes quantitativement mais tout aussi préoccupantes par leurs effets répétés et cumulatifs.

Enfin, ce qu’on entend industriellement par « déchets de produits pétroliers » tels que fonds de cuves, de réservoirs ou de décanteurs prend quelquefois le chemin de terrains de décharges incontrôlées, et là ce sont les eaux supérieures des nappes souterraines qui sont menacées.

Dans une très intéressante conférence prononcée le 9 novembre 1976 à l’A.G.H.T.M. (Association Générale des Hygiénistes et Techniciens Municipaux) sur le sujet suivant : « La distribution des produits pétroliers et la pollution de l’eau », M. M. CHIRAC, Coordonnateur Environnement-Hygiène-Sécurité à ESSO-S.A.F., rappelait d’une manière très claire « pourquoi le pétrole est un polluant de l’eau ».

Il s’exprime comme suit, dans l’article reproduisant la conférence, publié dans la revue « T.S.M. » (« Techniques et Sciences Municipales », numéro de mars 1977, page 87) :

« … Le pétrole est constitué essentiellement d’hydrocarbures de structures et de poids moléculaires extrêmement variés (du méthane jusqu’aux composés à prédominance “aromatiques condensés” constituant les bitumes). Les “impuretés” contenues en très faibles proportions dans les hydrocarbures (composés organiques oxygénés, soufrés, azotés, porphyrines de vanadium et de nickel — impuretés minérales) n’interviennent pas en matière de pollution des eaux.  

Le pétrole flotte sur l’eau (sauf les résidus très lourds) et est très peu soluble. Les effets indésirables qu’il crée sur l’écologie sont a priori de deux ordres, non comptées les nuisances esthétiques et économiques (1) que peut créer, par exemple, une marée noire :

— effets physiques d’étouffement des plantes et animaux aquatiques (algues, oiseaux englués),  

— effets de toxicité chimique sur la flore et la faune aquatique.

Les produits pétroliers volatils répandus sur l’eau s’évaporent rapidement : leur toxicité ne peut donc guère se manifester ; toutefois, leur répandage spécialement dans les zones confinées (égouts, par exemple) constitue un risque grave d’explosion et d’incendie.

Les produits lourds sont très peu solubles, donc sans danger toxicologique notable. Ce sont donc les produits moyens (carburéacteurs, gas-oil, fuel domestique) qui sont toxicologiquement les plus dangereux pour la cellule vivante, ce que confirme d’ailleurs l’examen des conséquences écologiques des “marées noires”… »

(1) 0,5 mg/l de pétrole peut donner une odeur à l’eau potable.

[Photo : Ramassage d’hydrocarbures sur une plage bretonne (marée noire du « Torrey Canyon » - 1964).]

DES SOLUTIONS POUR SE DÉBARRASSER DES HYDROCARBURES RÉPANDUS

Bien entendu, depuis qu’une prise de conscience de cette pollution par les hydrocarbures s’est manifestée, la lutte s’est instituée pour y porter remède, et des solutions variées ont été proposées successivement ou concurremment pour faire disparaître les hydrocarbures répandus.

Elles peuvent à notre avis se grouper en trois catégories qui se différencient par le principe de l’action vis-à-vis de l’hydrocarbure en vue de son élimination sur le lieu de la pollution.

1° L’absorption

Une grande variété de produits minéraux absorbants ont été préconisés : ce sont des produits solides, se présentant sous forme de poudres ou de granulés de faible densité, qui possèdent un pouvoir absorbant plus ou moins développé vis-à-vis des hydrocarbures, ce pouvoir absorbant étant lui-même fonction de leur porosité. Certains de ces produits sont « activés » ou « expansés » par chauffage ou par calcination de façon à développer la porosité naturelle.

Parmi eux : la ponce volcanique, la perlite expansée, la sépiolite activée et diverses sortes de fibres naturelles ou synthétiques.

Leurs performances sont variables suivant leur nature ; ils peuvent absorber de 1 à 10 fois leur poids d’hydrocarbure. Lorsqu’ils sont saturés d’hydrocarbure, il faut les éliminer, ce qui finalement déplace le problème.

2° La dispersion

On utilise pour cette forme d’action des compositions dans lesquelles rentrent un détergent à caractère non ionique, un solvant hydrocarboné et parfois un émulgateur. Parmi les détergents à caractère non ionique, nous pouvons citer : les alkylethoxylates, les alkanolamines d’acides gras et les condensats complexes d’oxyde d’éthylène, de propylène et d’alcools. Il s’est également développé des « dispersants concentrés » dont l’efficacité est de l’ordre de 5 à 10 fois supérieure.

Le comportement des produits dispersants à l’égard d’un même pétrole brut peut être différent.

3° La précipitation

À l’inverse des absorbants flottants, les produits agissant par précipitation doivent être immergés une fois imprégnés de l’hydrocarbure (par exemple : craie rendue oléophile par addition d’un acide gras).

DÉCONTAMINATION EN MER

On assure en général par l’emploi conjugué des trois effets : absorption, dispersion et précipitation.

L’absorption en mer est une technique possible avec des eaux calmes : mer peu agitée ou à l’intérieur des ports, mais elle est le plus souvent partielle.

La dispersion donne de bons résultats en laboratoire mais les conditions d’emploi sur les lieux des sinistres ne sont pas toujours propices, en particulier lorsque les conditions météorologiques sont mauvaises.

La précipitation est une solution acceptable pour le cas où la pollution est située au-dessus de grands fonds et à condition que les hydrocarbures ne relarguent pas à plus ou moins long terme.

DÉCONTAMINATION EN RIVIÈRE

La mise en place d’un barrage flottant, aussi rapidement que possible, et l’emploi d’agglomérants non toxiques facilitent la récupération. Toutefois, la mise en place du barrage nécessite un délai pendant lequel le polluant peut se déposer sur les berges, et là il n’est plus récupérable. D’autre part, le barrage n’est plus efficace si le courant de la rivière est trop rapide.

Quel que soit le milieu où la pollution a lieu, il est évident que la toxicité du produit utilisé, vis-à-vis de la flore et de la faune, doit être aussi faible que possible.

Pour les dispersants, nous devons tenir compte à la fois de la toxicité du produit et également du mélange obtenu avec les hydrocarbures.

L’influence de la plus grande absorption des hydrocarbures par les êtres vivants s’accompagne, en général, d’un accroissement de la toxicité apparente.

L’ÉLIMINATION DES HYDROCARBURES PAR VOIE BIOLOGIQUE

L’absorption, la récupération et la dispersion conduisent fatalement à transporter et à stocker vers un centre d’incinération les produits issus de la dépollution.

Une solution plus avantageuse consiste à intégrer dans le milieu naturel les hydrocarbures par l’intermédiaire de leurs produits de dégradation biologique en utilisant les micro-organismes des sols et des eaux.

Dans les milieux naturels, la flore microbienne présente en effet des espèces capables de métaboliser les hydrocarbures. Le développement des micro-organismes dépend de l’apport des éléments de nutrition : carbone, azote, phosphore ; l’énergie nécessaire à la métabolisation est fournie par la conversion du carbone en produisant du gaz carbonique. La population microbienne sera d’autant plus abondante que l’élément carbone sera consommé.

La solution proposée consiste donc à utiliser des produits qui, tout en assurant la mise en émulsion des hydrocarbures, fournissent l’apport nécessaire en éléments azotés et phosphorés sous une forme telle que ceux-ci restent liés aux molécules d’hydrocarbures et ne se dispersent pas séparément dans le milieu.

Les produits destinés à accélérer la biodégradation des hydrocarbures par apport d’azote et de phosphore sous une forme convenable doivent présenter une toxicité aussi faible que possible et à peu près équivalente vis-à-vis des divers organismes. Il semble y avoir dans la nature une flore latente de bactéries adaptée à l’assimilation des hydrocarbures. Cette flore, en présence d’hydrocarbures et des éléments nécessaires, se développe très rapidement et devient dominante. La biodégradation est très lente dans un milieu naturel, elle peut être considérablement accélérée par un produit convenable. Le magnésium est indispensable pour cette biodégradation. Cette flore comprend une certaine diversité d’espèces agissant à des pH et des températures différentes.

Deux produits répondant à ces critères existent dorénavant sur le marché :

  • le « HYPRO F 72 CONCENTRÉ » pour le traitement de dépollution des hydrocarbures sur les plans d’eaux douces ou de mer,
  • le « HYPRO S-320 » pour le traitement de dépollution des hydrocarbures dans les sols naturels.

UN PRODUIT POUR LE TRAITEMENT DE DÉPOLLUTION DES HYDROCARBURES SUR LES PLANS D’EAUX DOUCES OU DE MER : LE « F 72 CONCENTRÉ »

C'est un mélange de produits de synthèse.

Caractéristiques

Liquide non aqueux de couleur ambrée, d’odeur légèrement ammoniacale, émulsionnable à l'eau douce ou marine.

pH .............................................. 7/7,5  
Densité ....................................... 0,95  
Viscosité Engler à 10 °C ..................... 100  
Point éclair V.C. (NF M 07.036) ............ > 100 °C  
Solvant ....................................... Néant  

Propriétés

« F 72 CONCENTRÉ » est un sel ammoniacal d’acide carboxylique saturé, insoluble dans l'eau et soluble dans les solvants, ayant un pouvoir émulsionnant et nettoyant sur les hydrocarbures ; il a des propriétés d’accélération de biodégradation des hydrocarbures par les bactéries adaptées du milieu naturel. Il présente une toxicité très faible sur la faune et la flore (daphnies, vairons, algues marines...). Il a une influence faible sur les propriétés organoleptiques de l'eau après chloration.

Mode d’utilisation

On pulvérise 10 à 15 volumes de « F 72 CONCENTRÉ » pour 100 volumes d’hydrocarbures à traiter :

— soit en le diluant à l'eau avant l’application,— soit en l'injectant pur par vanne mélangeuse-doseuse.

[Photo : Traitement sur la Seine d'une nappe d'hydrocarbure avec le produit « Hypro F 72 C » : ramassage par le bateau spécial « Pélican 02 » derrière un barrage flottant.]

Dépollution de plans d’eaux douces ou marines

• ÉtudeConnaissance du sinistre. Accord des pouvoirs publics concernés. Mise en œuvre des moyens.

• ApplicationCirconscrire le sinistre à l'aide de barrages, si possible. Pulvériser « F 72 CONCENTRÉ » sur le sinistre, soit à l'aide d'un pulvérisateur manuel en diluant le produit à l'eau, soit à l'aide d’une lance à incendie équipée d'un injecteur proportionneur (injecteur à mousse). La quantité de produit à mettre en œuvre varie de 10 à 15 % du volume des hydrocarbures à traiter.

Traitement des bassins de décantation d’hydrocarbures

• ÉtudeVolume des bassins. Débits des effluents. Débit des hydrocarbures. Composition des effluents. Situation des bassins.

[Photo : Une opération de nettoyage au sol, dans une raffinerie de pétrole, avec le produit « Hypro S 320 » — en haut : les hydrocarbures viennent d’être répandus — en bas : le même endroit après traitement au « S 320 ».]

• ApplicationL’étude nous déterminera la quantité de produit à mettre en œuvre, ainsi que les fréquences.Pour la mise en œuvre : soit manuellement à l'aide d'un pulvérisateur, soit automatiquement par doseur.

Neutralisation de fuel, gas-oil... déversés accidentellement sur des goudrons, bitumes et enrobés

• ÉtudeLe déversement de fuel ou de gas-oil sur des enrobés ou goudrons ramollit et dégrade ces derniers. Pour éviter cela, il faut mettre en œuvre rapidement sur le sinistre le produit « F 72 CONCENTRÉ ».

• ApplicationPulvériser « F 72 CONCENTRÉ » dilué dans 50 % d’eau. Laisser agir 20 à 30 min. Rincer à l'eau.

UN PRODUIT POUR LE TRAITEMENT DE DÉPOLLUTION DES HYDROCARBURES DANS LES SOLS NATURELS : LE « S 320 »

C'est un mélange de produits naturels.

Caractéristiques

Liquide aqueux ininflammable, prêt à l'emploi, de couleur brune et d’odeur légèrement ammoniacale, soluble dans l’eau douce ou de mer.

pH ................................................... 8,5  
Densité ........................................... 1,05  
Point de congélation ........................... – 5 °C

Propriétés

Le « S 320 », soluble dans l’eau, a un pouvoir émulsionnant sur hydrocarbures et des propriétés d’accélération de biodégradation des hydrocarbures par les bactéries adaptées du milieu naturel. Il neutralise et supprime les odeurs d’hydrocarbures. Sa toxicité est très faible sur la faune et la flore, et il a une influence favorable sur l’équilibre de la flore.

Mode d'utilisation

Épandre 20 à 30 volumes de « S 320 » sur 100 volumes d’hydrocarbures à traiter, sur le lieu de pollution (épandage manuel ou mécanique, par pulvérisation ou arrosage). Faire pénétrer le produit en arrosant d'eau la surface traitée (environ 3 fois le volume d’hydrocarbures en eau. Si saturation du sol, épandre l'eau en plusieurs fois).

Dépollution de sols accidentellement souillés d’hydrocarbures

● Étude

Connaissance du sinistre. Accord des pouvoirs publics concernés. Mise en œuvre des moyens.

● Application

Après récupération maximum, épandre 20 à 30 % de « S 320 » par rapport au volume d’hydrocarbures restant, puis arroser le produit pour faciliter sa pénétration (environ 2 à 3 volumes d’eau par rapport au volume d’hydrocarbures).

Neutralisation des odeurs d’hydrocarbures

● Étude

Lors de déversements accidentels ou chroniques d’hydrocarbures à l'intérieur de locaux, caves, chaufferie, etc.

● Application

Après nettoyage au « F 72 C » des hydrocarbures déversés, épandre le « S 320 ». Laisser agir 24 heures et rincer.

Régénération de sols anciennement souillés d’hydrocarbures

● Étude

Composition du sol et du sous-sol. Nature et volume des hydrocarbures. Autorisation des Administrations concernées.

● Application

Épandre le « S 320 » sur le sol souillé et arroser pour faire pénétrer (environ 2 à 3 volumes d’eau par rapport au volume estimé d’hydrocarbures). Si nécessaire, effectuer un prétraitement au « F 72 C » pour liquéfier les hydrocarbures lourds.

Dégazage des cuves, soutes, citernes, égouts

● Étude

Avant tout travail à l'intérieur des canalisations, tubes, cuves, soutes, citernes, etc., il est nécessaire de supprimer les risques de gaz.

● Application

Après avoir vidé les hydrocarbures contenus, épandre du « S 320 » et laisser agir environ 20 à 30 mn, puis rincer à l'eau.

[Photo : Pompage d’hydrocarbures répandus sur le sol dans un dépôt pétrolier. Après ce pompage, les traces restant sur le sol seront traitées au « S 320 ».]

EXPÉRIMENTATION DU PRODUIT « F 72 C »

I. Par l'Institut Scientifique et Technique des Pêches Maritimes à Nantes, selon procès-verbal d'essais du 4 février 1975.

1° EFFICACITÉ : selon P. MICHEL, « Revue des Travaux de l’Institut des Pêches Maritimes », 36 (1), 1972, p. 85-102.

  • — Pouvoir émulsionnant : 82 %
  • — Stabilité des émulsions : 79 %
  • — Pouvoir nettoyant moyen : 71 %
  • — Coefficient d’efficacité : 0,77

2° TOXICITÉ, selon P. MAGGI, « Revue des Travaux de l’Institut des Pêches Maritimes », 36 (1), 1972, p. 121-124.

a) Doses létales 50 (DL 50) en ppm à 48 heures pour les espèces suivantes :

  • — Anguilla anguilla (civelle) : 300
  • — Littorina littorea (bigorneau) : > 1000
  • — Crassostrea gigas (huître) : 1000
  • — Mytilus edulis (moule) : 500
  • — Artemia salina (artémie) : 500

b) Doses réduisant de moitié la croissance de deux diatomées après 10 jours de culture (LC 50)

  • — Phaeodactylum tricornutum : 500
  • — Dunaliella tertiolecta : 1000

3° CONCLUSIONS

Le produit « F 72 C » semble posséder pour le pétrole répandu en nappe à la surface de l'eau une efficacité intéressante mais qui devra être confirmée sur le terrain. Sa toxicité est faible vis-à-vis des espèces testées. Sa formulation peut favoriser l'amorce d'une biodégradation rapide pour les composants pétroliers de type paraffinique.

II. Par l’IRCHA, selon procès-verbal d’essais du 21 décembre 1976.

ÉTUDE A.6020 — ÉTUDE EFFECTUÉE SUR LE PRODUIT RÉFÉRENCE F 72 C

Nous avons procédé à l'établissement d'un dossier technique réunissant les données actuellement disponibles concernant le produit référencé F 72 C, produit destiné à lutter contre la pollution par les produits pétroliers.

Un examen des données et des informations fournies a permis de tirer des conclusions préliminaires quant à l'intérêt du produit proposé et aux essais complémentaires à réaliser.

1° PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES

Liquide non aqueux de couleur ambrée, d’odeur légèrement ammoniacale, émulsionnable à l'eau douce ou à l'eau de mer

  • — pH : 7,5
  • — Densité : 0,95

Viscosité Engler à 10 °C : 100 Point éclair V.C. (NF M 07-036) : > 100 °C

2° PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES

a) Toxicité vis-à-vis des daphnies (1) (2)

L'application à différents lots de produits référencés F 72 C, du protocole décrit dans la norme expérimentale française T 90-301 a permis d'obtenir les résultats suivants (Institut Pasteur de Lyon — C.T.G.R.E.F.) :

— C.L. 50-24 h 460 mg/l 4.10.76 — C.L. 50-24 h 450 mg/l 26.05.76 — C.L. 50-24 h 320 mg/l 26.05.76 — C.L. 50-24 h 297 mg/l 1.01.76 — C.L. 50-24 h 280 mg/l 13.10.76

b) Toxicité vis-à-vis d’organismes marins (3)

Des essais réalisés à l'I.S.T.P.M. ont permis d’obtenir les résultats suivants :

— Bigorneau C.L. 50-48 h > 1 000 mg/l — Huître C.L. 50-48 h > 1 000 mg/l — Moule C.L. 50-48 h 500 mg/l — Artemia C.L. 50-48 h > 1 000 mg/l — Civelle 300 mg/l — Phaedactylum tricornatum C.L. 300 mg/l — Dunaliella tertiolecta C.L. 50-48 h 1 000 mg/l

c) Toxicité vis-à-vis du poisson d’eau douce (vairon) (2)

Des essais réalisés au C.T.G.R.E.F. ont permis d’obtenir les résultats suivants :

— C.L. 50-96 h 300 à 500 mg/l

d) Toxicité vis-à-vis des mammifères (souris) (4)

Une eau d’alimentation renfermant 5 % du produit référencé F 72 C n’est responsable d’aucun trouble chez la souris pendant 28 jours.

3° DONNÉES EXPÉRIMENTALES CONCERNANT L’EFFICACITÉ

Une étude réalisée par l'I.S.T.P.M. fournit les résultats suivants (5) :

— Pouvoir émulsionnant 82 % — Stabilité des émulsions 79 % — Pouvoir nettoyant moyen 71 % — Coefficient d’efficacité 0,77 %

Des essais réalisés par MM. FUSEY, OUDOT et LAMPIN montrent que le produit référencé F 72 C augmente la vitesse de biodégradation des hydrocarbures (4).

Ces résultats sont confirmés par l'Institut Vor Vattent - Ocht Luftvards-forskning de STOCKHOLM (6).

4° APPLICATION ET CONDITIONS D’UTILISATION

Le produit référencé F 72 C est préconisé :

a) pour la dépollution de plans d’eau ou de bassins de décantation contaminés par les hydrocarbures. Il permet leur émulsionnement à la surface de l'eau, accélère leur biodégradation et assure également le nettoyage des ouvrages, berges et abords. On utilise 10 à 15 volumes de produit pour 100 volumes d’hydrocarbures ;

b) pour le nettoyage des chaussées en bitume souillées par des hydrocarbures, sans détérioration de la chaussée. Le traitement est suivi d’un arrosage abondant à l’eau.

5° APPLICATIONS SUR LE TERRAIN

Le produit référencé F 72 C a été utilisé avec succès sur le terrain pour traiter différents cas de pollution.

— Limay 1973 Épandage volontaire d’hydrocarbures dans la Seine et traitement dans les conditions préconisées par le fabricant.

— Station d’épuration d’Annecy (Annexe 1) À la suite de l'incident du 12 décembre 1975 relatif au déversement de fuel dans un collecteur, nettoyage des berges et du matériel.

— Marine Nationale de Toulon Nettoyage de la cale d'un bâtiment contenant du mazout.

— Château de Vaux à la Loupe (Annexe 3) Intervention lors d'un déversement de 500 à 1 000 litres de fuel domestique dans l’Eure.

— Ouessant (8) Des rochers sont traités dans les conditions préconisées par le fabricant puis rincés par de l'eau sous pression. Les résultats obtenus montrent qu'il serait souhaitable de poursuivre les essais sur une plus grande échelle.

— Chasse-sur-Rhône (Annexe 4) Traitement d’un déversement de saindoux sur la C.D. 4 à Chasse-sur-Rhône en juillet 1976.

[Photo : Île d’Ouessant - Contamination des rivages suite à l’avarie du « Bohlen » - juin 76.]

EXPÉRIMENTATION DU PRODUIT « S 320 »

Par l'IRCHA, suivant procès-verbal du 21 décembre 1975.

ÉTUDE A.6020 — Étude effectuée sur le produit référence S 320

Nous avons procédé à l’établissement d’un dossier technique réunissant les données actuellement disponibles concernant le produit référencé S 320 : produit destiné à lutter contre la pollution par les produits pétroliers.

Un examen des données et des informations fournies a permis de tirer des conclusions préliminaires quant à l'intérêt du produit proposé et aux essais complémentaires à réaliser.

1° PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES

Liquide aqueux, ininflammable, de couleur brune et d’odeur légèrement ammoniacale, soluble dans l’eau douce ou l’eau de mer.

— pH 8,5 — densité 1,05 — point de congélation — 5 °C

2° PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES

a) Toxicité vis-à-vis des daphnies (1) (2)

L'application à différents lots de produits référencés S 320, du protocole décrit dans la norme expérimentale française T. 90-301 a permis d’obtenir les résultats suivants :

— C.I. 50 - 24 h (C.T.G.R.E.F.) .................... 839 mg/l  
— C.I. 50 - 24 h (Institut Pasteur de Lyon) ....... 2 200 mg/l

b) Toxicité vis-à-vis des mammifères (souris)

Une eau d'alimentation renfermant 5 % du produit référencé S 320 n’est responsable d’aucun trouble chez la souris pendant 28 jours (M.N.H.N., Laboratoire Cryptogamie 1973).

3° DONNÉES EXPÉRIMENTALES CONCERNANT L’EFFICACITÉ

Des essais réalisés par le B.R.G.M. montrent que le produit référencé S 320 favorise la biodégradation des hydrocarbures, notamment des n-paraffines de chaîne inférieure à C 30 (3).

Des essais réalisés par J. OUDOT montrent que, dans des conditions expérimentales définies, le produit référencé S 320 permet d’accélérer la vitesse de biodégradation des hydrocarbures dans un rapport de 1,5 à 2,5 (4).

Des essais sont actuellement en cours à l’IRCHA, en cuves lysimétriques, de façon à vérifier que le produit accélère réellement la biodégradabilité des hydrocarbures dans les sols, et qu’on ne risque pas d'aboutir à une migration de certaines fractions pétrolières vers une nappe phréatique.

4° APPLICATION ET CONDITIONS D'UTILISATION

Le produit référencé S 320 est préconisé :

a) pour le traitement de dépollution des hydrocarbures dans les sols souillés.

Après récupération maximale, on épand 20 à 30 volumes de produit référencé S 320 pour 100 volumes d’hydrocarbures à traiter, et on fait pénétrer le produit en arrosant d'eau la surface traitée. On peut également ramasser la terre souillée jusqu'à apparition d'une surface propre, puis épandre cette terre traitée ensuite dans les mêmes conditions par le produit référencé S 320. Si les conditions météorologiques sont défavorables, on préconise un arrosage périodique.

b) pour le dégazage des cuves, soutes, citernes, égouts : on épand du produit référencé S 320 et on laisse agir 20 à 30 minutes avant de rincer à l'eau.

5° APPLICATIONS SUR LE TERRAIN

Le produit référencé S 320 a été utilisé avec succès sur le terrain pour traiter différents cas de pollution.

— Auvers-sur-Oise (4) (6) Les mêmes constatations sont faites dans des parcelles contaminées par divers produits pétroliers (pétrole brut, huile de vidange, fuel n° 2) et traitées dans les mêmes conditions.

— Ouessant (5) Trois mois après épandage de mazout (35 kg/m²) et de produit référencé S 320 (11 kg/m²), on constate une nette évolution de l’aspect du terrain contaminé et traité, traduisant une biodégradation active des produits pétroliers ainsi que le développement d’un début de végétation.

ÉVOLUTION DU TAUX D’HYDROCARBURE DANS LES SOLS

Temps Concentration en hydrocarbures paraffiniques en mg/g de sol sec
0 110
1 jour 65
2 jours 70
7 jours 68
1 mois 13
2 mois 16
3 mois 6
4 mois 6

— St-Genis-Laval (Annexe 2) Traitement satisfaisant d'un déversement de 3 000 litres de fuels dans un pavillon.

— Autres pollutions récemment traitées en cours de contrôle.

Il serait donc souhaitable de multiplier les emplois d'un tel produit et de l’utiliser à plus grande échelle pour accélérer l'élimination de produits pétroliers accidentellement ou volontairement épandus sur les sols, à condition de demander au préalable l'avis d'un géologue appartenant à un service officiel et de respecter la législation en vigueur sur les rejets des hydrocarbures.

Références

1. Rapport C.T.G.R.E.F.  
2. Rapport Institut Pasteur de Lyon du 14 octobre 1976.  
3. Rapport B.R.G.M. du 11 février 1974 : Résultats des recherches concernant le S 320, en milieu aéré, effectuées dans les laboratoires du B.R.G.M.  
4. J. OUDOT : Thèse de docteur-ingénieur, 28 février 1975. Contribution à l'étude de la dégradation bactérienne des hydrocarbures : produits et facteurs susceptibles de modifier la cinétique du phénomène.  
5. J. OUDOT : Centre National d'Études pour la protection des aliments, matériaux et êtres vivants. Influence d’un épandage de résidus traités sur la flore du sol de la Courneuve. 4 octobre 1974 - 23 mai 1976.  
6. J. OUDOT : Centre National d'Études pour la protection des aliments, matériaux et êtres vivants. Analyse des terres d’Auvers-sur-Oise.  
7. H. LEPAILLEUR (IRCHA) : Compte-rendu d’expérimentation à Ouessant le 29 juin 1976.

CONCLUSION

Les dispersants Hypro, F 72 C et S 320 présentent de bonnes propriétés de dispersion et de nettoyage des surfaces souillées par des hydrocarbures. La biodégradation des produits pétroliers dans un milieu naturel aéré est favorisée par la présence d’éléments minéraux indispensables. Cette fermentation ne produit pas de substances toxiques et conduit à la biodétérioration des hydrocarbures inférieurs à 30 atomes de carbone (pétrole brut, gas-oil, fuel, huiles).

Certains types de graisses d'origine végétale ou animale sont également dispersés et biodégradés à l'aide de préparation « Hypro ».

P. FUSEY - B. FAUCON.

Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article Voir les abonnements