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Une première en France : le réseau d'assainissement sous pression de Clairmarais

30 juillet 1987 Paru dans le N°111 à la page 46 ( mots)
Rédigé par : R. GICQUEAU

Comment assainir une agglomération rurale dont les voies sont pratiquement horizontales, où la nappe phréatique se trouve à quelques décimètres, où le terrain est coupé de canaux, et dont parfois le sous-sol rocheux affleure la surface ?

C’est le problème qui s'est posé récemment, parmi d’autres, dans une partie de la commune de Clairmarais (Pas-de-Calais) où l'assainissement collectif de 72 habitations à caractère pavillonnaire devait être réalisé dans ces conditions difficiles sur une longueur de 750 m de voies aboutissant à une station d’épuration existante. Celle-ci assainit une première partie de la localité, desservie en système gravitaire mixte, dont les canalisations sont raccordées à des postes de relèvement successifs.

Pour la réalisation de cette deuxième tranche, le District de la région Audomaroise (dont fait partie avec dix-sept autres la commune de Clairmarais) qui apporte son concours technique et financier aux opérations d’assainissement, a décidé, en accord avec la commune, de lancer un appel d’offres portant sur trois solutions différentes comportant soit des canalisations gravitaires, soit des canalisations sous vide, ou sous pression (la proposition devait également inclure les frais d’exploitation). L'assainissement autonome avait été éliminé en raison de la proximité de la nappe.

[Photo : Profil en travers du chemin départemental.]

Les trois solutions présentées possédaient, quoi qu’il en paraisse, de nombreux points de ressemblance dus surtout à l'emploi de divers dispositifs de pompage : postes de relèvement et de refoulement dans la première, d’aspiration dans la deuxième et de refoulement dans la troisième.

La solution gravitaire offrait l’inconvénient de nécessiter l’ouverture de larges tranchées, avec l’emploi de tuyaux coûteux, de gros diamètre ; la deuxième nécessitait l’installation de postes de reprise supplémentaires, en raison de trop grandes dénivelées (atteignant 12 m) comprises entre thalwegs et lignes de crêtes. Ce fut donc finalement le réseau sous pression qui fut adopté comme étant le plus souple et le moins onéreux, tant en investissements qu’en coûts d’exploitation, ainsi que le fait ressortir le tableau 1.

[Photo : Plan du réseau sous pression (partie).]

Tableau 1 : Comparaison des trois solutions (prix H.T. 1986)

Alternative Génie civil et canalisations Électromécanique Total Exploitation
Gravitaire . . . . . 1 181 486 311 427 1 492 913 32 900
Sous vide . . . . . . 812 586 501 394 1 313 982 19 600
Sous pression . . . 681 482 463 607 1 145 089 14 920

Dans ce système, les eaux usées domestiques provenant d’une ou plusieurs habitations sont collectées par de courtes liaisons gravitaires puis dirigées vers un poste d’injection comportant un groupe électropompe appelé « pompe Grinder ».

[Photo : Schéma d’un poste d’injection avec pompe Grinder.]

Les conduites sous pression sont de faible diamètre, en P.V.C. ou polyéthylène thermo-soudé, posées hors gel, à faible profondeur (60 à 80 cm) suivant la pente naturelle du terrain, sans contraintes de pose particulières, par simple tranchage du sol. C’est l’avantage immédiat de cette solution, car elle permet une réduction notable des coûts de fourniture et de pose des canalisations. Si l’on compare avec un égout gravitaire, qui impose d’inévitables surprofondeurs, l’économie au niveau des terrassements est évidemment très substantielle : une tranchée étroite à faible profondeur permet en effet de limiter les démolitions de voirie, les déblais et remblais et aussi d’éviter le cas échéant les blindages et le rabattement de nappe. C’est la solution idéale, chaque fois que le terrain devient « difficile », en présence de rocher ou lorsque la nappe est affleurante, en terrains plats, ou pour desservir des écarts jusqu’ici non raccordables à un réseau existant.

[Photo : Poste d’injection et son coffret électrique.]

Les postes d’injection sont préfabriqués, en béton ou en fibre polyester armée, livrés sur le site, prêts à poser, entièrement équipés. De conception modulaire, ils permettent de s’adapter à chaque situation, que ce soit en pose sous chaussée ou dans la nappe. A priori le poste d’injection est situé sur le domaine public, l’entretien étant donc assuré par la collectivité. Mais dans certains cas, il existe des postes individuels installés chez les particuliers.

Afin de permettre l’utilisation de conduites de refoulement de faible diamètre, il est nécessaire que les effluents injectés soient exempts de tous éléments risquant de colmater le réseau. À cet effet, la pompe Grinder (de type « haute pression ») comporte un dispositif broyeur qui projette hors d’aspiration les corps durs non admissibles par la roue, et dilacère les corps fibreux.

[Photo : L’ensemble broyeur à aspiration.]

Trois facteurs de sécurité sont à mettre à l’actif du système :

  • — l’étanchéité : par construction, il est à l’abri des infiltrations en provenance de la nappe, toutes précautions étant prises par ailleurs pour éviter les fuites ;
  • — la fiabilité des postes d’injection, dont la pompe ne fonctionne que 15 à 20 minutes par jour et qui, en cas de panne, possède une capacité de rétention de l’ordre de 24 h ;
  • — trois à quatre chasses journalières permettent d’éviter le séjour prolongé des effluents dans les canalisations, sources de fermentations.

Par ailleurs, l’entretien du réseau se limite en fait à la surveillance des postes d’injection, laquelle doit être assurée par télésurveillance permanente.

Cette installation, qui vient d’être réalisée par la société Flygt pour la partie électromécanique, par la société Reselec pour la pose des postes de pompage et par la S.C.R.E.G. pour le génie civil, constitue une première en France (les Hollandais appliquent les mêmes principes depuis 1983). Elle a été inaugurée le 17 février par MM. Delecourt, président du district et Lemort, maire de la commune.

Ce prototype, s’il tient ses promesses, comme il y a tout lieu de le penser, devrait pouvoir servir de modèle aux édiles qui ont à résoudre des problèmes analogues à ceux qui se sont posés à Clairmarais...

[Encart : APPEL AUX AUTEURS Notre numéro de NOVEMBRE traitera du thème : MESURE - AUTOMATION - REGULATION. On y trouvera également des articles sur la distribution de l’eau - les eaux minérales, les canalisations en fibres de verre-époxy, la corrosion, les anti-tartres, la détection des canalisations, les effluents des traitements de surface. Le sommaire de la revue de DÉCEMBRE comprendra, outre le dossier BOUES - ORDURES - DÉCHETS, cinq divisions : Ressources en eau - Fosses septiques - Stations d’épuration - Dosage - Effluents des abattoirs. Les auteurs intéressés par la parution gracieuse d’un article concernant l’une de ces matières (ou à défaut celles relevant de leur technique) sont cordialement invités à nous faire part rapidement de leurs intentions.]
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