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Une étude faite par la plateforme d'essais de Colombes de l'A.F.B. Seine Normandie

28 avril 1978 Paru dans le N°24 à la page 64 ( mots)
Rédigé par : François VALIRON et Jean BAZIN

Cet article est le dernier d'une série de trois, consacrés au problème de la filtration sur tourbe des eaux résiduaires urbaines, une étude réalisée par la plate-forme d'essais de Colombes (Hauts-de-Seine) de l'Agence Financière de Bassin Seine-Normandie. En avant-propos de ces articles MM. François VALIRON, Directeur et Jean BAZIN, Inspecteur Général de l'A.F.B. ont présenté la plate-forme de Colombes, ses objectifs, ses moyens, ses activités. Le sujet lui-même a été traité en trois parties : — 1° partie : La tourbe : caractéristiques physiques et chimiques (1). — 2° partie : Étude des facteurs liés au substrat (2). — 3° partie : Étude des facteurs de fonctionnement. C'est cette troisième partie qui est traitée maintenant.

Une étude faite par la Plate-forme d'essais de Colombes de l'A.F.B. Seine-Normandie...

par F. VALIRON,Directeur de l'A.F.B. Seine-Normandie.

3ème partie

ÉTUDE DES FACTEURS DE FONCTIONNEMENT

[Encart : Cet article est le dernier d'une série de trois, consacrés au problème de la filtration sur tourbe des eaux résiduaires urbaines, une étude réalisée par la plate-forme d'essais de Colombes (Hauts-de-Seine) de l'Agence Financière de Bassin Seine-Normandie. En avant-propos de ces articles MM. François VALIRON, Directeur et Jean BAZIN, Inspecteur Général de l'A.F.B. ont présenté la plate-forme de Colombes, ses objectifs, ses moyens, ses activités. Le sujet lui-même a été traité en trois parties : — 1° partie : La tourbe : caractéristiques physiques et chimiques (1). — 2° partie : Étude des facteurs liés au substrat (2). — 3° partie : Étude des facteurs de fonctionnement. C'est cette troisième partie qui est traitée maintenant.]

ÉTUDE DES FACTEURS DE FONCTIONNEMENT

OBJECTIFS

Après avoir dégagé, au cours des essais préliminaires, le produit qui nous semble présenter les meilleures caractéristiques du point de vue de la filtration, nous avons assigné deux objectifs à cette seconde tranche d’essais :

— Observer si le comportement sur pilote « semi-industriel » confirme les résultats précédemment obtenus ;

— Étudier les facteurs liés au fonctionnement de l'installation susceptibles d’augmenter les débits admissibles, soit directement par l'augmentation de la charge hydraulique, soit indirectement en limitant le colmatage (décolmatage mécanique, alimentation discontinue).

(1) voir L'EAU ET L'INDUSTRIE, n° 22, février 1978, page 50.

(2) voir L'EAU ET L'INDUSTRIE, n° 23, mars 1978, page 45.

[Photo : Plan de situation]

Il était hélas impossible, sur l'installation-pilote, de faire varier les hauteurs d’eau dans une fourchette assez large pour constater des différences significatives. Aussi les effets de la variation de charge hydraulique n’auront-ils pas été abordés dans cette étude. Celle-ci aura porté essentiellement sur le contrôle des données acquises au cours des essais préliminaires et sur la comparaison des performances de deux filtres alimentés l’un en continu, l'autre en discontinu, afin d’évaluer l’intérêt d'une éventuelle rotation des filtres d’une station.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Description de l’installation

L’installation pilote est constituée d'une grille de séparation liquide-solide suivie d’un ensemble de six filtres à tourbe fonctionnant en parallèle.

La grille est un appareil « Hydrasieve » mis à la disposition de l’Agence par les Sociétés EPAP et SIAE. Il s’agit d'un modèle de largeur de grille 720 mm muni d'une grille de vide de maille 0,50 mm.

Les six filtres occupent une surface de 56 m². Nous disposons de deux grands filtres de surface 20 m² et de quatre petits filtres de surface 4 m². La disposition de l'installation est indiquée par la figure 8.

Pour chaque filtre, le drainage est assuré par un caniveau longitudinal central sur lequel repose une grille métallique. L'installation que nous avons utilisée étant destinée au séchage des boues, le fond de chaque lit est garni de 10 cm de sable. Ces filtres sont donc des filtres à deux couches (tourbe et sable), sauf un des petits lits duquel nous avons enlevé la couche de sable.

La grille est alimentée en eau brute grossièrement dégrillée à la station expérimentale de la Ville de Paris à Colombes. L’effluent est tamisé, puis réparti en tête de chacun des lits 1 et 2 et de l'ensemble des lits 3, 4, 5 et 6. Trois vannes manuelles permettent le réglage des débits d’alimentation à chacune de ces arrivées. La répartition sur les filtres est effectuée par des rampes perforées dont le nombre de trous est d’autant plus élevé que la rampe est éloignée de la tête d’alimentation. Ce système permet une répartition acceptable de l’effluent sur les lits 1 et 2. Sur les autres lits, la répartition est moins satisfaisante.

[Photo : Filtration sur tourbe et tamisage sur grille fine « Hydrasieve ».]

Quant au type de tourbe mis à l'essai, notre choix s’est porté sur la tourbe blonde allemande « Floratorf » qui nous a semblé présenter, au cours des essais préliminaires, les meilleures caractéristiques hydrodynamiques. La faible hauteur des murettes des lits a limité la hauteur initiale de tourbe à 20 centimètres, ramenés à 15 cm par le tassement.

Déroulement des essais

Nous avons tout d’abord procédé, avant la pose de la tourbe, à un essai préalable de filtration sur sable, afin de contrôler les débits autorisés par cette couche et son action sur la qualité de l'eau. Les résultats de cet essai figurent dans le § 3. Cet essai préalable nous a permis de constater que les deux grands lits recevaient des débits tout à fait comparables mais qu'il n’en était pas de même des quatre petits lits. En conséquence, nous ne pouvions étudier l’effet d’un facteur de variation que sur les deux grands lits, le débit d’alimentation n’y constituant pas un facteur de variation contrôlé.

La comparaison d’une alimentation continue et d’une alimentation discontinue a donc été effectuée sur ces derniers. Cet essai a été mené au cours d'une période de 9 jours, le lit 1 étant alimenté en continu, le lit 2 étant alimenté 8 heures par jour (heures diurnes) et restant au repos les 16 autres heures.

[Photo : Fig. 8]

L’essai a porté sur la comparaison des débits admissibles, charge hydraulique inférieure à 5 cm pour les deux traitements. Un prélèvement des effluents sur 8 heures diurnes a été effectué. Deux interruptions ont eu lieu au cours de cet essai :

  • — La première, consécutive à l’arrêt hebdomadaire de la distribution d'eau par la station d’épuration de Colombes (nettoyage hebdomadaire) a duré 16 heures ;
  • — La seconde, pendant 20 heures, est consécutive à une charge excessive de l'effluent brut (MES = 3 345 mg/l — DCO = 3 220 mg/l — DBO = 510 mg/l).

À la fin de cet essai, les deux lits ont été laissés au repos pendant près de 5 jours, au bout desquels nous avons procédé à un essai de vérification de 4 jours. La figure 9 récapitule le déroulement de ces essais.

Le contrôle de la qualité de l'effluent a été effectué sur deux petits lits pendant une période de trois jours (prélèvements continus par pompes péristaltiques). Cet essai a permis de comparer un filtre à couche unique (20 cm tourbe) à un filtre à deux couches (20 cm tourbe + 10 cm sable).

TABLEAU XXIII — Débits enregistrés à la sortie des lits 1 et 2 (10 cm de sable)

Temps (heure)01/211 1/22 1/2367 1/2
Q lit 1 l/h/m²170150140120150120130
Q lit 2 l/h/m²20016015013016512012595
Moyenne l/h/m²18515514512515712012795

RÉSULTATS

Essai préalable

Cet essai a eu lieu pendant huit heures au cours desquelles nous avons contrôlé l'équilibre de la répartition des débits sur les lits 1 et 2, les débits autorisés par la couche de 10 centimètres de sable (sable fin de la vallée de la Seine) et son action sur l'élimination des MES, DCO et DBO. Les résultats des mesures de débit constituent le tableau XXIII, les résultats d’analyse le tableau XXIV (prélèvements horaires sur huit heures, analyse sur le mélange).

Ces résultats montrent que la couche de sable gênera peu le drainage de la couche de tourbe puisqu’au temps 0, le débit est de l'ordre de 200 l/h/m², valeur supérieure au débit qu’autorisent 20 centimètres de Floratorf si l'on se réfère aux résultats des essais préliminaires. Si, dans les huit heures qui suivent, le débit du lit de sable diminue de moitié, il est raisonnable de penser qu’il n'en sera pas de même avec une couche supérieure de 20 cm de tourbe : dans ce cas, en effet, la concentration en MES qui atteindra la couche de sable sera considérablement réduite.

[Photo : Fig. 9. — Déroulement des essais sur pilote.]

TABLEAU XXIV — Analyse des effluents filtrés sur 10 cm de sable.

MES mg/lDBO mg/lDCO mg/l
Entrée filtres12890220
Sortie filtre 172060
Rendement94 %77 %72 %
Sortie filtre 21030
Rendement93 %88 %86 %
[Photo : Essai de tamisage sur grille fine « HYDRASIEVE ».]

Néanmoins, les 10 centimètres de sable se comporteront comme un traitement de finition de la filtration sur tourbe, à en juger par l'excellente qualité des échantillons prélevés (tableau XXIV).

EFFET SUR LES DÉBITS D’UNE ALIMENTATION DISCONTINUE

Les résultats des mesures de débit effectuées au cours des deux périodes d’essai figurent dans l’annexe B ; la courbe des débits en fonction du temps, pour les deux types d’alimentation, constitue la figure 10.

Les commentaires sur le comportement hydraulique général du filtre seront développés dans le § suivant. En ce qui concerne l'effet du facteur alimentation, nous constatons qu’après les 33 heures d’alimentation à partir desquelles nous avons différencié les deux traitements (au cours desquelles les deux courbes sont pratiquement confondues) une alimentation de huit heures par jour est loin d'améliorer le débit du filtre. En effet, à la fin de la période d’alimentation commune aux deux filtres, les débits sont de l’ordre de 85 – 90 l/h/m² ; ils baissent ensuite de 0,6 l/h/m² en moyenne pour une heure d’alimentation continue, de 2 l/h/m² en moyenne pour une heure d’alimentation du filtre « discontinu » (partie 3 de la figure 10). À la fin de l'essai, les débits atteignent 10 l/h/m² pour les deux lits, après une durée d’alimentation de 160 heures pour le lit « continu » et de

70 heures pour le lit « discontinu ». L'effet négatif d’un arrêt de 16 heures par jour s'est confirmé au cours de l'essai suivant.

Par contre, on notera qu'un arrêt de 5 jours (115 heures exactement) a eu un effet positif sur les débits : descendus à 10 l/h/m², les débits sont remontés après un tel arrêt à 80 l/h/m² pour les deux filtres sans qu’aucune opération de décolmatage n’ait été effectuée (partie 4 de la figure 10).

CONTROLE DES PERFORMANCES DE « FLORATORF » SUR PILOTE

Contrôle des débits

La courbe des débits en fonction du temps enregistrés sur le lit n° 1 (alimentation continue) pendant plus de 150 heures (voir figure 10) indique trois phases successives :

  • Pendant les 24 premières heures environ, le débit reste de l’ordre de 170 - 175 l/h/m². C’est à peu près le temps qui a été nécessaire à la mise en charge progressive de la surface de nos filtres ;
  • Pendant les 10 heures suivantes environ, le débit s'effondre pour passer à 80 - 85 l/h/m² au bout de 35 heures d’alimentation ;
  • Enfin, au-delà de 35 heures, il diminue plus lentement, la chute s'accentuant cependant avec le temps. Il atteint 20 l/h/m² au bout de 150 heures.

Les 35 premières heures d’alimentation, ayant été communes aux lits 1 et 2, nous avons retrouvé les deux premières phases sur ce dernier (figure 10, parties 1 et 2).

Contrôle de la qualité de l’effluent

Au cours de la comparaison des deux types d’alimentation, nous avons procédé à un prélèvement horaire d’échantillons sur huit heures diurnes (10 à 18 heures) avec analyse sur le mélange, les résultats figurent dans le tableau XXV.

[Photo : Figure 10]

TABLEAU XXV — Résultats d’analyse d’effluents filtrés sur lits de 15 cm tourbe Floratorf/10 cm de sable

MES mg/l Rdt DCO mg/l Rdt DBO mg/l Rdt
Entrée filtres 163 475 135
Sortie filtre 1 fonctionnement 136 h 16 90 % 115 76 % 60 55 %
Sortie filtre 2 fonctionnement 56 h 15 91 % 135 72 % 85 37 %

TABLEAU XXVI — Volumes d’effluent traité et analyses des MES (filtres à tourbe et tourbe/sable)

Temps de fonctionnement (tranches horaires) 0-3 3-7 7-18,5 18,5-23,5 23,5-26 26-31 31-33,5
MES entrée mg/l 170 114 79 214 182 175 197
MES sortie filtre 20 cm tourbe/10 cm sable 17 14 5 15 7,5 12
RENDEMENT % 90 88 98 92 96 94
MES sortie filtre 20 cm tourbe 18 14 8 30 34 37
RENDEMENT % 89 88 96 83 81 81
Volumes traités l/m²
Filtre : 20 cm de tourbe + 10 cm sable 205 240 610 675 235 360 175
Filtre 20 cm tourbe 210 265 640 490 180 525 285

Nous avons effectué des prélèvements continus par pompes péristaltiques à l'entrée et à la sortie de deux petits lits de 4 m², l'un constitué de 20 cm de tourbe sur 10 cm de sable, l'autre de 20 cm de tourbe uniquement. Les résultats d’analyse des MES constituent le tableau XXVI, ceux des DCO et DBO le tableau XXVII.

TABLEAU XXVII — Analyses DCO et DBO (filtres à tourbe et tourbe/sable)

Temps de fonctionnement (tranche horaire) 23,5-26 26-31
DCO entrée mg/l 315 244
DCO sortie mg/l filtre tourbe/sable 80 60
Rendement % 75 % 75 %
DCO sortie mg/l filtre tourbe 120 90
Rendement % 62 % 63 %
DBO entrée mg/l 175 100
DBO sortie mg/l filtre tourbe/sable 35 20
Rendement % 80 % 80 %
DBO sortie mg/l filtre tourbe 50 40
Rendement % 71 % 60 %

DISCUSSION

Un seul facteur de variation a été étudié sur pilote semi-industriel, concernant le rythme d’alimentation. L’essai fait apparaître qu’une alimentation quotidienne d’une durée de huit heures par jour donne de plus mauvais résultats sur les débits qu’une alimentation continue. Par contre, un arrêt de plusieurs jours autorise une sensible amélioration du débit. Au cours des essais préliminaires, nous avions également observé une augmentation du débit après un arrêt de plusieurs jours.

L'essai que nous venons d’effectuer a permis de comparer les performances de Floratorf sur pilote aux données acquises au cours des essais préliminaires. Du point de vue des débits, la courbe Q = f(t) obtenue sur pilote de 20 m² présente une allure comparable à celles obtenues en lits ; nous avons cependant observé deux variations par rapport à celles-ci :

— Un colmatage moins rapide sur pilote dans les trente premières heures. — Un colmatage plus rapide au-delà.

Il peut y avoir deux explications à la première variation : d'une part, nous avons parfois observé une sous-alimentation des filtres au début de matinée, consécutive à une baisse de pression de l'effluent à l'entrée du dispositif ; d’autre part, le débit a été suivi sur pilote dès sa mise en eau, les mesures qui suivront celles dont les résultats figurent dans cette étude seront effectuées après un décolmatage des lits qui, vraisemblablement, ne saurait être total. On peut prévoir que les courbes qui en résulteront seront plus « tassées » dans le temps.

Quant à l'allure de la courbe après 35 heures d’alimentation, peut-être correspond-elle au colmatage partiel de la couche de sable ; rien ne nous permet cependant de l'affirmer.

Quoi qu'il en soit, le débit enregistré au bout de 150 heures de fonctionnement est, dans tous les cas, de l'ordre de la dizaine de l/h/m². Sans entrer ici dans la question du dimensionnement de l'installation, il semble inévitable de devoir effectuer au moins un décolmatage du filtre à tourbe par semaine, dans les conditions d’alimentation qui sont les nôtres.

En ce qui concerne la qualité de l'effluent filtré, il faut souligner, au préalable, que deux points importants distinguent l'essai sur pilote des essais préliminaires : l'effluent utilisé est de moins bonne qualité moyenne que l'eau décantée utilisée pour les essais préliminaires, mais la filtration s’est opérée sur des filtres à deux couches (15 à 20 cm de tourbe sur 10 cm de sable fin). Les rendements obtenus sur la DCO ont été de l'ordre de 75 %, avec une eau d’apport contenant 250 à 475 mg/l de DCO. Les abattements de DBO ont été plus variables et dans l'ensemble plus faibles : de 40 à 55 % sur des filtres bien alimentés et ayant fonctionné de 60 à 140 heures.

[Photo : Activités de la plate-forme de Colombes. À gauche : essai d'un tamis « FRANCEAUX » ; à droite : essai d'un tamis « SERMIA ».]

jusqu’à 80 % sur des filtres alimentés à débit plus réduit pendant une trentaine d’heures (DBO de l'effluent : 100 à 175 mg/l).

Le rendement d’élimination des MES a été pratiquement constant et de l’ordre de 93 % en moyenne (moyenne entrée filtres : 162 mg/l — moyenne sortie filtre : 12 mg/l).

Ces résultats sont meilleurs que ceux obtenus dans la première partie de l’étude : le gain est, en gros, de 10 à 15 points sur l’abattement des MES, de 10 à 20 points sur l’abattement de DCO, de 10 points pour la DBO.

Ces différences sont à peu près celles constatées entre un effluent filtré sur lit à deux couches et un lit à une couche (voir tableaux XXVI et XXVII).

CONCLUSIONS

Cette étude des facteurs de fonctionnement, incomplète, ne nous apporte pas tous les enseignements que nous aurions aimé en tirer. En particulier, l'étude des charges hydrauliques n’a pas été abordée. Néanmoins, une installation-pilote est en place, et d’autres études et observations ne manqueront pas d’être menées. Nous avons pu constater, au cours de ce chapitre, qu'une rotation sur 24 heures de l'alimentation de plusieurs filtres d'une station ne semblait pas être une solution au problème de la rapide diminution des volumes admissibles ; un cycle de plusieurs jours pourrait être mis à l’essai.

L’association tourbe et sable en lits superposés donne une filtration de bonne qualité, mais les débits enregistrés sur pilote confirment ce que nous avions pu observer auparavant : il ne faut pas espérer dépasser la dizaine de l/h/m² de filtre après une semaine d’alimentation continue, avec 20 centimètres d'une des tourbes granulométriquement les plus grossières du marché.

CONCLUSIONS GÉNÉRALES DE L’ÉTUDE

Sur un sujet aussi neuf que la filtration sur tourbe, ce rapport ouvre plus des voies d'investigation qu'il n'apporte de réponses.

Quelle tourbe utiliser ? Nous avons vu que l’on pouvait distinguer deux principaux types de comportement :

  • — Les tourbes « brunes », à granulométrie fine, autorisent une bonne épuration vis-à-vis des demandes chimiques et biologiques en oxygène mais sont mal adaptées à la filtration à cause de leur faible perméabilité. Il est concevable de les mettre à l’essai avec un autre mode d'utilisation que la filtration, par exemple par brassage dans une cuve avec l’effluent, qui pourrait permettre les échanges ioniques entre le substrat et l’effluent.
  • — Les tourbes « blondes », plus grossières, sont mieux adaptées à la filtration, autorisant des débits sensiblement plus élevés sans nuire à la rétention des matières en suspension.

Quelle hauteur de filtre choisir ? Deux points restent à éclaircir :

  • — Nous avons cru observer un arrangement granulométrique de la colonne de tourbe en milieu saturé : cet essai mériterait une étude complémentaire s'appuyant sur des analyses granulométriques. Quels qu’en soient les résultats, il pourrait être intéressant de concevoir des lits épais à classement granulométrique décroissant dans le sens de l’écoulement. Il faut s’inquiéter de définir des normes granulométriques et de choisir le matériau en conséquence, au besoin en recourant à son tamisage.
  • — Nous avons également constaté que l'on ne pouvait préciser quelle était la hauteur du filtre jouant un rôle dans l'adsorption des polluants. En effet, tout le profil du filtre — jusqu’à 40 centimètres — a été affecté par la modification de ses caractéristiques physico-chimiques initiales. Il y a tout lieu de penser qu'une épaisseur supérieure à 40 centimètres n’est pas superflue.

Quelle opération effectuer sur le filtre ? Du point de vue des volumes admissibles, tous les essais effectués montrent qu'un filtre de 20 centimètres d’épaisseur alimenté en continu avec une eau résiduaire urbaine nécessite une opération de décolmatage au moins une fois par semaine. Ce décolmatage pourrait être effectué par voie mécanique, par voie biologique (solution actuellement testée à la plate-forme d'essais de l’A.F.B.S.N.) ou, éventuellement, par la mise au point d'une rotation de l’alimentation des lits de longue durée.

Quelle est la durabilité du filtre ? Il nous est impossible de répondre sur ce point ; seuls les essais sur pilote, qui continuent d’être menés, pourront à long terme apporter une réponse. Nous n’avons pu que constater le sensible accroissement de la capacité d’échange totale des tourbes, s'accompagnant de sa saturation, au bout d’environ 600 heures de filtration.

La qualité de l'effluent après filtration sur lit de tourbe apparaissant satisfaisante, dans les conditions de nos essais, c'est sur le problème de l’amélioration des volumes admissibles que doivent se porter les efforts.

On peut améliorer le débit par le choix d'une granulométrie grossière, qui expose cependant à une dégradation des rendements d’épuration. L’augmentation de la charge hydraulique du filtre est une solution que nous n’avons pu mettre à l’essai, et dont les effets mériteraient d’être observés. Enfin, nous ne disposons que de peu d'informations sur le fonctionnement optimum du filtre à tourbe : charge d'apport maximale en MES (exigences vis-à-vis du tamisage — amont), mode et fréquence des décolmatages, fréquence et durée de repos éventuels...

Ces questions devraient être développées dans les mois à venir, en même temps qu'une recherche analytique plus fine, microbiologique et chimique (biologie du filtre, épuration vis-à-vis des micro-organismes, de l'azote, du phosphore, des cations métalliques lourds...).

[Photo : Essai de prototype d'assainissement individuel. Cuve de préparation des eaux usées traitées.]

ANNEXES

ANNEXE A — RÉSULTATS DES MESURES DE DÉBIT EFFECTUÉES AU COURS DES ESSAIS PRÉLIMINAIRES

Chaque traitement est désigné par une lettre suivie de deux chiffres. La lettre désigne le type de tourbe :

A désigne la tourbe blonde canadienne TOURBESOL.

B désigne la tourbe blonde allemande FLORATORF.

C désigne la tourbe brune française de BAUPTE.

D désigne la tourbe brune française d’HEURTEAUVILLE.

Le premier chiffre désigne la hauteur du filtre :

1 hauteur 10 cm

2 hauteur 20 cm

3 hauteur 40 cm.

Le second chiffre désigne la nature du filtre :

0 filtre constitué de tourbe seule
1 filtre constitué de tourbe en mélange avec un sable

DEUXIÈME SÉRIE DE MESURES

Durée d’alimentation : 1,5 heure — Débits en l/h/m²

A 10 315A 20 120A 30 250
B 10 120B 20 120B 30 765
C 10 150C 20 435C 30 655
D 10  4D 20 300D 30 330

Durée d’alimentation : 4 heures — Débits en l/h/m²

A 11 315A 21 229A 31 355
B 11 345B 21 305B 31 480
C 11 145C 21 305C 31 280
D 11  6D 21  90D 31 280

Durée d’alimentation : 50 heures — Débits en l/h/m²

A 10  35A 20  55A 30  95
B 10  15B 20  35B 30 240
C 10  20C 20  18C 30  20
D 10   4D 20  15D 30  55

Durée d’alimentation : 99 heures — Débits en l/h/m²

A 10  10A 20  80A 30 135
B 10  10B 20  15B 30  40
C 10   5C 20   5C 30  20
D 10   5D 20   5D 30  55

PREMIÈRE SÉRIE DE MESURES

Durée d’alimentation : 1,5 heure — Débits en l/h/m²

A 10 400A 20 255A 30 630
B 10 135B 20 100B 30 425
C 10 105C 20  50C 30 270
D 10 111D 20  90D 30 280

Durée d’alimentation : 4 heures — Débits en l/h/m²

A 10 315A 21 220A 31 355
B 10 340B 21 380B 31 295
C 10 145C 21 220C 31 480
D 10 111D 21  90D 31 280

Durée d’alimentation : 50 heures — Débits en l/h/m²

A 11 110A 21  45A 31 225
B 11  85B 21  95B 31 120
C 11  85C 21  55C 31  85
D 11  50D 21  90D 31 120

Durée d’alimentation : 99 heures — Débits en l/h/m²

A 11  15A 21  18A 31  25
B 11  10B 21  15B 31  25
C 11   6C 21   6C 31  15
D 11  14D 21  20D 31  20

PREMIÈRE SÉRIE : MESURE COMPLÉMENTAIRE

Effectuée après un arrêt simple

Durée cumulée : 105 heures — Débits en l/h/m²

A 10 100A 20  80A 30 195
B 10  20B 20  40B 30 505
C 10   8C 20   2C 30  70
D 10   5D 20   5D 30 205
A 11   1A 21   1A 31  60
B 11   1B 21   2B 31   2
C 11   1C 21   2C 31   1
D 11  14D 21   4D 31   2

SÉRIE COMPLÉMENTAIRE

Temps de fonctionnement cumulé après décolmatage

Durée d’alimentation : 57,5 heures — Débits en l/h/m²

A 10  35A 20  80A 30 130
B 10  30B 20  40B 30 255
C 10  40C 20  55C 30  90
D 10   2D 20 190D 30 135
A 11  40A 21  30A 31  20
B 11  50B 21  30B 31  10
C 11  30C 21  90C 31  10
D 11   8D 21  30D 31  65

ESSAI DU 19 AU 27 AVRIL

Q en l/h/m²

Temps de fonctionnement cumulé (heures)

1,520,525,529,530,53351,557102126127,5156
Q lit 1 (l/h/m²) 172174169117110847955393911

Temps de fonctionnement cumulé (heures)

1520,525,529,530,53335,541508758,571
Q lit 2 (l/h/m²) 1791851771071148990802514189

Durée d’alimentation : 236 heures — Débits en l/h/m²

Les mesures de débit ont été effectuées au même instant pour chaque lit ; bien entendu, le temps de fonctionnement cumulé diffère en fonction du traitement.

(Voir aussi le tableau du bas de la page précédente)

A 10   5     A 20   25    A 30   65  
B 10   6     B 20   15    B 30  115  
C 10   3     C 20    1    C 30   20  
D 10   2     D 20    2    D 30   20  
A 11   1     A 21   3     A 31    1     ESSAI DU 2 AU 6 MAI  
B 11   1     B 21   2     B 31    1     Q en l/h/m²  
C 11   2     C 21   1     C 31    1  
D 11   3     D 21   4     D 31    1  
Temps (h)136232958
Q lit 1 (l/h/m²)827858342713

ANNEXE B — RÉSULTATS DES MESURES DE DÉBIT EFFECTUÉES SUR PILOTE

Temps (h)13671426

Lit 1 : Alimentation continue

Q (l/h/m²)807656304214

Lit 2 : Alimentation discontinue (8 h par jour)

[Publicité : PEC Engineering]

SIMA 78

Le 49e Salon International de la Machine Agricole inauguré le 5 mars par M. Pierre Méhaignerie, Ministre de l’Agriculture, a fermé ses portes le 12 mars au soir après avoir connu une affluence sans précédent : 977 000 visiteurs cette année (33 000 de plus que l'an passé) parmi lesquels 12 900 visiteurs professionnels étrangers venus de 60 pays, donnant une valeur réelle au qualificatif : international.

Cette grande semaine a été marquée le 7 mars, par la visite du Président de la République qui signalait combien il faut tenir les revenus des agriculteurs français à l'écart des fluctuations monétaires, c'est dire combien les besoins de l'Homme ont gardé la même valeur depuis Sully.

Deuxième remarque pour nous lecteurs de L'EAU ET L'INDUSTRIE : parmi les conférences qui chaque jour ont été données, nombreuses et variées, citons celle de M. DUBALEN « Évolution récente en matériels d'irrigation » le vendredi matin 10 mars.

Ces matériels intéressent autant les agriculteurs que les entrepreneurs de travaux agricoles, les artisans et les dirigeants de C.U.M.A. (Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole) — dont le but est de fournir à ses seuls sociétaires (quatre personnes minimum faisant partie d'une même circonscription) et pour l'usage exclusif de leurs exploitations, tous équipements agricoles (matériels mobiles, installations diverses), bâtiments, personnels et tous services, de nature à permettre et améliorer leur mise en œuvre, entretien, etc.

Si l'on compare le catalogue officiel du SIMA 78 à celui des années précédentes, compte tenu du nouveau format nettement plus important, on peut dire qu'il a pratiquement doublé. Pompes et motopompes occupaient au Salon une partie du bâtiment 5 où, par ailleurs, l'INRA, le CNEEMA, des instituts techniques, le Centre d'information technologique donnaient des informations. La terrasse A offrait un ensemble très important de matériels d'irrigation, technique qui peut se révéler rentable pour une grande quantité de cultures, grandes comme petites.

Parmi les exposants :

[Photo : IRRIFRANCE - Tour Polygone - B.P. 9522 - 34045 Montpellier Cedex - Téléphone : (67) 92.74.64. Irrigation agricole, parcs et jardins, lutte antigel, épandage d’eaux résiduaires, arroseurs géants mécanisés, micro-irrigation.]
[Photo : CAPRARI FRANCE - Rue Claude-Bernard - ZA Coignières - 78310 Maurepas - Téléphone : 062.97.81. Pompes centrifuges à axe vertical pour tracteurs - Pompes immergées - Pompes centrifuges à axe horizontal pour basses, hautes pressions - Électropompes monobloc - Pour industrie, irrigation, adduction d'eau.]
[Photo : CRIMIA - 31, avenue Moulin-les-Metz - 69630 Chaponost - Tél. : (78) 49.22.27. Matériel d’irrigation, enrouleurs, canons, arroseurs, pompes tous modèles, tubes alu et galva.]
[Photo : POMPES GUINARD - 179, boulevard Saint-Denis - 92400 Courbevoie - Téléphone : 788.50.52. Pompes pour tous vos problèmes.]

MATÉRIELS-PRODUITS

NOTRE SÉLECTION

Cette rubrique est ouverte à nos annonceurs et abonnés.

Les notes techniques concernant les matériels ou produits ayant une application dans le domaine de l’Eau sont à envoyer à « L'EAU ET L'INDUSTRIE », F.-D.-Roosevelt, 75008 Paris - Tél. 359 67 29

STATIONS DE MESURE D. 299

[Photo : ]

En permettant le contrôle continu d'eau de toutes sortes, ces stations constituent un système de surveillance complet par la mesure simultanée de :

pH - redox - oxygène dissous - conductivité électrique - température de l'eau - température de l’air - turbidité - solarité.

Ces appareils sont entièrement modulaires. On peut donc effectuer toutes les combinaisons possibles de postes de mesure, à la demande ou en accord avec les exigences locales.

Chaque unité de mesure est constituée d'un bloc tiroir comportant tout le système de mesure et un indicateur analogique étalonné dans l'unité correspondante. Les stations peuvent fonctionner en extérieur ou en intérieur.

Elles sont toutes équipées de raccords entièrement étanches et, à la demande, d'une porte étanche, avec fermeture à clé.

Chaque poste de mesure peut être équipé de contacts d'alarme ou de régulation sur valeurs minimum et/ou maximum.

TRAITEMENT DES EAUX USÉES D. 300

[Photo : ]

Le système est constitué de deux appareils reliés entre eux par des conduits flexibles, des pompes et des accessoires. Le tout forme un ensemble compact, monté sur un robuste châssis.

L’ensemble se compose essentiellement d'un Concentrateur centrifuge à tamis et d'un Vibro-Séparateur. L'eau à traiter pénètre d'abord dans le concentrateur où, moyennant une grande vitesse d’écoulement alliée à un tamisage centrifuge, elle est débarrassée de toute matière solide de plus de 20 microns.

L'eau ayant traversé le tamis, épurée pour l'essentiel, est dirigée dans le réservoir à effluent épuré. Le « concentré », c'est-à-dire les refus solides et l'eau retenue, est acheminé à travers le socle du concentrateur jusqu’au vibro-séparateur, où la plus grande partie de l'eau est éliminée par un second tamisage, puis également envoyée dans le réservoir à effluent épuré, tandis que les matières solides sèches sont déposées dans un bac prévu à cet effet.

Service « Matériels-Produits-Fiches techniques », M. G. de la Porte, 7, avenue

En cours de fonctionnement, les tamis du concentrateur sont continuellement nettoyés par pulvérisation d'eau propre puisée dans le réservoir à effluent épuré. De plus, l'eau contenue dans ce réservoir est suffisamment propre pour pouvoir être réutilisée à une grande variété d'usages, plutôt que d’être simplement refoulée aux stations d’épuration situées en aval.

Ceci peut représenter d'importantes économies pour les industries à forte consommation d'eau.

Avantages :

1. Récupération de matières susceptibles d’être recyclées dans le processus de fabrication ou d’être utilisées à d’autres fins.

2. Épuration des eaux usées donnant des effluents conformes aux exigences municipales et nationales en matière de lutte contre la pollution.

3. Économies substantielles d'installation : pas de fondation spéciale et l'ensemble peut être déplacé d'un endroit à l'autre au moyen d'un chariot élévateur à fourche. Et cependant, le plus grand modèle a une capacité de traitement pouvant atteindre 100 m³/h. En conséquence, la même installation peut servir à diverses fins de traitement des eaux résiduaires, sans qu'il faille investir dans de multiples matériels fixes.

CELLULE D’ÉPURATION EAP D. 301

Micro-station, entièrement préfabriquée en usine, basée sur le principe de l’aération prolongée, et assurant le traitement complet des eaux ainsi que la stabilisation des boues.

L’appareil comporte essentiellement 2 compartiments distincts : 1) Aération des eaux brutes – 2) Clarification avec recyclage.

La cellule est aérée par un aérateur de surface qui, avec la pompe de recyclage, constituent les seuls appareillages électromécaniques.

Il existe une seconde version avec aération par insufflation d’air.

[Publicité : Société Lyonnaise des Eaux]
[Photo : A × B]

Avantages :

— protection anticorrosion particulièrement soignée : revêtement bitumineux bicouche — les éléments vus sont pour partie galvanisés, pour partie peints ;

— aérateur incolmattable ;

— perte de charge très faible (< 0,30 m entre entrée et sortie) ;

— station métallique légère, facile à transporter et de mise en place très aisée.

Destination :

Toutes les petites collectivités : groupes d’habitation, lotissements, résidences, usines, hôtels, écoles, hôpitaux, colonies ou villages de vacances, supermarchés, stations-service autoroutières, etc.

VANNES ST ‑ HT ‑ THT D. 302

Ces vannes à étanchéité relative sont particulièrement destinées aux opérations de sectionnement, réglage et régulation sur des circuits à température élevée.

Fabriquée du DN 50 au DN 2500, cette gamme de vannes papillon est composée de trois familles bien distinctes au niveau performance d’utilisation.

La série ST : température maxi d’utilisation 185 °C. La série HT : température maxi d’utilisation 400 °C. La série THT : température maxi d’utilisation 600 °C.

La conception robuste de ce matériel permet de garantir une sécurité absolue de fonctionnement ainsi qu’une résistance parfaite aux diverses contraintes d’exploitation.

Ces vannes sont équipées de commande manuelle, pneumatique, électrique et de régulation.

DEBITMÈTRE HM D. 303

Ce débitmètre à turbine, conçu pour la mesure de fluides dérivés du pétrole, est livrable de DN 3 mm à DN 250 mm et peut mesurer des débits de 0,3 à 25 000 l/min (selon le diamètre).

Des exécutions permettant la mesure de fluides jusqu’à 450 °C sont livrables. Ce mesureur peut être exécuté avec raccords Ermeto, raccords à brides ou embouts filetés.

Les impulsions du rotor de la turbine sont captées sans contact avec le fluide mesuré. Le convertisseur DMA 280 transforme ces impulsions en indication analogique proportionnelle avec la possibilité d’effectuer une régulation. Le relais diviseur ZMD 280 délivre un train d’impulsions pour le comptage de volume (totalisation ou présélection).

Ce mesureur est aussi utilisable pour la mesure de débit de fluides inflammables (exécution Z). Il peut être implanté en des lieux présentant des dangers d’explosions de classe G1 à G5.

POMPE DOSEUSE ÉLECTRO-MAGNÉTIQUE DIGITALE D. 304

Ces doseurs d’avant-garde sont le fruit de longues études et recherches expérimentales pour obtenir, au moindre prix et dans le plus petit encombrement à ce jour sur le marché, un fonctionnement irréprochable sans limite dans le temps, la plus grande mise en œuvre et aucun entretien.

La nouveauté consiste à réguler par transmutation électronique les rotations à haute fréquence d’une turbine de compteur émettant un train d’ondes carrées proportionnellement à un débit primaire, avec la possibilité de sélectionner sur la pompe la fréquence adéquate, ce qui permet de varier la concentration en ppm de l’adjuvant dans le fluide à traiter.

Le système de pompage reste classique, quoique sans équivalent. Il est constitué par un puissant électro-aimant à haute densité de flux qui entraîne un poussoir de quelques grammes seulement, mais capable de développer une tonne en poussée.

Une membrane en téflon moulé est directement vissée sur ce noyau.

Les clapets sont à soupape plate, travaillent horizontalement et le volume mort dans le doseur est minimum. Les parties en contact avec les produits à véhiculer sont en matériaux anticorrosion communs à ce jour.

Enfin, le montage est révolutionnaire puisque mural. Alimentation monophasée 220 V, débit jusqu’à 10 l/h, contre-pression jusqu’à 20 bars.

La pompe est fournie avec une gamme de compteurs spécifiques à son utilisation, pour tous débits à traiter jusqu’à 20 m³/h (1" 1/2), commercialisés depuis 1977.

ET DES HISTOIRES D’EAU...

un épisode de la “course à l'eau” pour Versailles sous Louis XIV...

LES “TRAVAUX DE L’EURE” et L’AQUEDUC DE MAINTENON (1685-1689)

[Photo : Vue gravée de la grande perspective du château de Versailles]

Il n’est jamais interdit de rêver au passé, par exemple en retournant une fois de plus admirer le château et les jardins de Versailles...

Cette grandiose expression d'art royal conçue par un Monarque tout-puissant, secondé par les meilleurs ingénieurs et les plus grands artistes de son temps, demeure le témoignage d'un génie et d’une volonté de réalisation qui ne connurent pas de défaillance pendant plusieurs dizaines d'années de son long règne.

Le site avait été choisi contre nature sur une terre fangeuse et marécageuse, et bien entendu sans étude hydrologique particulière. La peine des hommes, à l’heure de la pelle et de la brouette, ne fut pas ménagée pour édifier cet ensemble exceptionnel : château et jardins, qui nous vaut toujours après trois siècles l'admiration du monde entier.

Toutes les formes de l’art y furent déployées, et les jardins qui en restent le cadre magnifique constituent un véritable musée à l’air libre présenté dans un milieu floral et végétal sans égal, où l'eau jouait un rôle essentiel dans le décor, paraissant elle-même obéir au souverain.

Car le Roi-Soleil voulut pour ses jardins une surabondance de pièces d'eau, bassins, fontaines, grottes et cascades, et surtout des jeux d'eau « qui ne devaient se taire ni jour ni nuit »... tout au moins en principe puisque le seul désir que ne put réaliser le maître fut justement de pouvoir disposer sans limite de millions de mètres cubes de cet élément liquide sans valeur, si facile à appréhender en apparence.

Non, Louis XIV ne put jamais tout à fait « tenir son eau »...

UNE CHASSE À L’EAU TOUS AZIMUTS

Ce problème de l’alimentation en eau pour les jardins reste la phase cachée au visiteur et pourtant n'est pas le moindre des sujets d’étonnement sinon d’émerveillement à propos de Versailles.

Tout au long d’une vingtaine d’années il fallut forcer la nature et tisser progressivement autour du site une toile d’araignée inimaginable de rigoles, canaux, aqueducs, systèmes de pompage actionnés par moulins à vent ou manèges à chevaux, retenues et réservoirs, pour maîtriser et faire converger toutes les eaux de la contrée.

Les sources, ruisseaux, rivières, mares et étangs furent l'objet d'une véritable « course à l'eau » méthodique et effrénée, et ceci dans toutes les directions :

— Au nord sur les plateaux de Rocquencourt et Louveciennes : les sources du Chesnay, de Bailly, de Ville-d’Avray, de Trianon, les étangs des Grissés, de Marotte, du Butard, de Vaucresson aboutirent aux réservoirs de Clagny, de Picardie, de Satory, de Deux-Ponts, de Marly, puis de Montbauron.

— À l’est et au sud, les eaux de la Bièvre conduites par l’étang du Val et le moulin de Launay, ainsi que l’Yvette et les étangs du Trou-Salé, du Pré-Clos, de Saclay par l’aqueduc de Buc furent reliés aux réservoirs du Parc-aux-Cerfs et de Gobert.

— La Seine elle-même fut sollicitée et, à la boucle de son méandre le plus proche, fut construite la merveille du monde pour l’époque, cette fameuse « Machine de Marly » qui faisait escalader à l’eau du fleuve une hauteur de 155 mètres, afin d’apporter sa contribution qui finalement fut destinée à une résidence secondaire : le château de Marly.

— Un projet de Riquet — l’homme du canal du Languedoc ou des Deux-Mers — envisagea de dériver la Loire sur Versailles en la prenant à La Charité-sur-Loire pour la conduire à Satory. Un autre, de Viviers, proposa d’amener la Juine en la prenant dans la partie la plus élevée de la forêt d’Orléans.

— Les travaux les plus importants furent exécutés au sud-ouest : les mares du plateau environnant furent rassemblées en deux vastes étangs, celui de Saint-Quentin-Trappes qui existe encore et celui de Bois-d’Arcy comblé sous Napoléon Iᵉʳ, puis une suite d’étangs : du Mesnil, de Pourras (ou Saint-Hubert), du Perray et de la Tour furent de proche en proche reliés par des aqueducs ou aménagés en rigoles et retenues pour constituer depuis l’étang de la Tour près de Rambouillet une rigole de 34 kilomètres de longueur vers Trappes et Versailles, dont les deux tiers en aqueducs maçonnés.

ENFIN LA SOLUTION : AMENER L’EURE À VERSAILLES...

C’était toujours insuffisant, et de ce côté aussi il fallut chercher plus loin, au-delà de Rambouillet en direction de Maintenon, précisément au moment où une certaine Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, devenue Mme de Maintenon commençait à accaparer l’attention du souverain.

Le projet de conduire une partie de l’Eure jusqu’à Versailles séduisit tout de suite le roi, qui en décida au mois d’août 1684 selon un tracé de cours artificiel de la rivière qui fut facilement élaboré.

En ligne droite on atteint en effet l’Eure à Maintenon, mais pour s’assurer une dénivellation suffisante il fallait aller beaucoup plus en amont en coupant toute la boucle de Chartres et capter la rivière à Pontgouin, où la différence de niveau avec Versailles (distante de 80 km à vol d’oiseau) fut mesurée de 80 pieds = 26 m. Cela donnait une pente générale jugée suffisante car on fermerait la vallée à Pontgouin par un barrage de 210 m en maçonnerie, haut de 12 à 15 m, et dans la dernière partie du parcours on remonterait l’eau.

Le nouveau cours artificiel de l’Eure épousait de près les courbes du terrain, par Landelles et Courville, puis remontant vers Saint-Arnoult au nord, contournant les bois de Fontaine-la-Guyon et Bailleau-l’Évêque, continuant au nord jusqu’à Briconville, puis par Vert en zigzaguant jusqu’au-dessus de Berchères-la-Maingot vers Maintenon, et au-delà par Fourches, Houdeville, Crâches et l’Épinay pour rejoindre l’étang de la Tour et le canal déjà existant jusqu’à Trappes et Versailles.

En tout 110 km jusqu’à Versailles avec deux ouvrages d’art inévitables : l’un pour la traversée du « fond de Berchères » où la solution-siphon fut préférée à celle d’un aqueduc à deux étages d’arcades (puis l’on revint — trop tard — à cette solution-siphon d’origine, avec deux énormes puits de part et d’autre de la vallée, qui devaient être raccordés par un canal souterrain) ; et l’autre pour Maintenon avec la conception d’un aqueduc colossal à trois rangées d’arcades pour surplomber l’Eure et toute la vallée, laquelle en cet endroit est large d’environ 5 kilomètres et profonde de plus de 70 mètres en son milieu...

LES HOMMES ET LES MOYENS

Pour cette grande œuvre le roi allait être encore une fois bien servi, disposant d’un état-major émérite animé par :

— Philippe de La Hire, mathématicien, géomètre, géographe, qui dressa à l’époque la Carte du Royaume, assisté de l’ingénieur Gobert et d’une équipe expérimentée de niveleurs ;

— et Vauban pour le génie civil, un des plus grands ingénieurs militaires de tous les temps, le maître des sièges et des fortifications qui ceintura la France de citadelles et de places fortes, et qui savait tout aussi bien construire des ouvrages de travaux publics (1).

L’argent ne fit jamais défaut, et fut dispensé sans compter. Pour exécuter un tel plan il fallait concentrer une main-d’œuvre immense et l’on estime que 30 000 hommes furent mis à la tâche.

D’abord une dizaine de milliers d’ouvriers, fournis par des entreprises privées, notamment celle de Pierre Le Maistre entrepreneur ordinaire des Bâtiments du Roi, renforcés de spécialistes appelés de différentes contrées, des maçons, des piqueurs de grès, des briqueteurs, des tailleurs de pierre.

Mais surtout on fit monter en ligne les régiments de Sa Majesté, qui établirent un véritable camp militaire commandé par le marquis d’Huxelles avec quelque 20 000 hommes de troupe au travail : une trentaine de bataillons d’infanterie, six escadrons de dragons, chaque unité ayant son chantier propre. Une armée que le roi passait en revue à l’occasion dans la plaine de Maintenon.

Louvois lui-même s’active et vient sur place jusqu’à deux fois par mois : c’est lui qui a reçu les pleins pouvoirs ; il désigne personnellement les responsables des chantiers, dont ISAAC ROBELIN comme ingénieur en chef et l’ingénieur PARIZOT pour les ouvrages de canalisation.

[Photo : L’aqueduc, vu de la rive gauche de l’Eure.]

Le moins que l’on puisse dire est que malgré une discipline féroce, avec les galères pour les déserteurs qui avaient le nez et les oreilles tranchées, et même le gibet qui fut érigé à Maintenon… la troupe ne montrait pas le même allant que les gens du Moyen Âge construisant leurs cathédrales.

Des frictions sérieuses s’élevèrent de plus avec les paysans de la région, qui furent eux-mêmes en fin de compte mis à contribution pour charrier les pierres et participer au creusement des fouilles.

(1) On l’a vu dans une « Histoire d’Eau » antérieure. Voir L’EAU ET L’INDUSTRIE n° 13, février 1977 : Le canal du Midi (2° partie) — L’aménagement hydrologique de la Montagne Noire « l’idée de Vauban : la percée des Cammazes ».

LES « TRAVAUX DE L’EURE »

Quatre années durant, de 1685 à 1688, une activité fébrile va ainsi régner sur ce gigantesque chantier qu’on appelle désormais « Les Travaux de l’Eure ». Un énorme effort technique s’accomplit, mené avec ordre et méthode : fouilles, excavations, terrassements, constructions de chaussées, de ponts, d’écluses sont mis en route de tous côtés.

Il est évident que tous ces travaux ainsi accomplis pour l’eau de différentes manières pendant la seconde partie du XVIIe siècle firent faire des progrès considérables à la science hydraulique et aux arts de l’arpentage et du nivellement.

Des ouvrages annexes sont réalisés. De Maintenon à Nogent-le-Roi, l’Eure est rendue navigable en aval pour assurer une liaison fluviale avec la Seine, et un port pour matériaux créé à Coulombs. Deux petits affluents de la rive droite sont canalisés : la Voise sur 12 km pour amener les pierres ainsi que la chaux des carrières de Germontal, et la Drouette sur 14 km pour le grès des carrières d’Épernon.

Le Roi visite régulièrement les travaux. La Reine Marie-Thérèse étant morte en 1683, il venait entre-temps de régulariser sa liaison avec Mme de Maintenon par un mariage secret célébré moins d’un an après, à partir duquel celle-ci restera une épouse fidèle et sa conseillère pendant 32 années.

1685 : c’est l’année de la révocation de l’Édit de Nantes, et c’est aussi l’année d’enthousiasme pour les travaux de l’Eure qui connaissent un remarquable démarrage. Le premier tronçon de Pontgoin à Berchères est rapidement exécuté et le 25 août 1685 l’Académie s’y transporte avec LA HIRE, CASSINI et SEDLEAU pour assister à l’entrée de l’eau dans le canal.

Mais très vite c’est l’inquiétude, puis bientôt l’anxiété car dès l’année suivante la malédiction commence à s’abattre sur cette population de travailleurs civils et militaires qui vont être décimés par les fièvres. « Le rude travail et plus encore les exhalaisons de tant de terres remuées » et le manque d’eau potable causent des ravages terribles. Malgré les renforts dépêchés il faut se résoudre en 1687 à renvoyer les troupes se restaurer dans leurs garnisons ; il pleut continuellement et on murmure à Versailles qu’il y aurait plus de 20 000 malades !

[Photo : Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon]
[Photo : L’aqueduc, vu de la rive droite de l’Eure]

La campagne de 1688 s’annonce mieux, mais la maladie reprend bientôt de plus belle : Louvois revient de Maintenon avec les fièvres, le duc de Valentinois, le jeune Charost, trois colonels d’infanterie, un brigadier de dragons sont parmi les malades. Les hommes meurent. Le 16 août 1688 le Roi doit faire « décamper » ses troupes et les envoyer au repos dans les petites villes avoisinantes car il voit « se ruiner » son infanterie.

Dans le même temps des complications politiques surgissent à l’extérieur et la Ligue d’Augsbourg se forme contre la France, qui va nous valoir une guerre de dix années. Louis XIV sans allié va devoir tenir tête à toute l’Europe et les armées royales combattre sur quatre fronts : Pyrénées contre les Espagnols, Alpes contre le duc de Savoie, sur le Rhin et aux Pays-Bas contre les Allemands, les Hollandais et les Anglais.

C’est un coup fatal pour les travaux de l’Eure. Dès la fin août il faut envoyer aux frontières presque toute l’infanterie. Vauban et Huxelles vont se retrouver quelques semaines plus tard sous les murs de Philippsbourg.

Louis XIV se persuade qu’il pourrait achever l’ouvrage avec les seules entreprises civiles, qui continuent à recevoir en 1689 de substantiels acomptes, peut-être autant sur les arriérés que sur les travaux nouveaux. Puis c’est le découragement et l’abandon.

Tout est liquidé définitivement en 1692…

L’AQUEDUC INACHEVÉ DE MAINTENON

Le grand aqueduc avait résisté. C’était le gros morceau, et on n’en était toujours qu’au premier étage. Vauban donna son avis : encore deux ans de travail à plein régime pour l’achever.

Il faut souligner que la première idée de VAUBAN pour la traversée de la vallée de l’Eure était la construction d’un « aqueduc rampant », à l’instar de certains aqueducs romains de Lyon, avec un système de siphon et de tuyauterie. C’était une solution technique de bon sens, que VAUBAN défendit dans un mémoire intitulé « Problèmes sur le poids des eaux dans les aqueducs souterrains ».

Il y avait eu une controverse sérieuse entre VAUBAN et LOUVOIS, ce dernier en courtisan habile sut flatter l’orgueil du Roi et faire adopter une solution de folie, celle d’un aqueduc grandiose : Louis XIV aurait son Pont du Gard, un arc-de-triomphe à sa mesure !

Lorsqu’on eut décidé de s’arrêter au premier étage, on songea un instant à le mettre en service sans l’étage supérieur, et d’autre part à remplacer l’aqueduc de Berchères par un système de siphons, mais ces projets restèrent sans suite et finalement tout l’ouvrage fut

abandonné car les guerres allaient dé- sormais se succéder sans désemparer jus- qu’à la fin du règne, et les dépenses consi- dérables qu’elles en- gendreront ne per- mettront plus jamais de reprendre l’entre- prise.

Pigoneau, le « ci- devant directeur des travaux de l’aqueduc de l’Eu- re » continuera ce- pendant à recevoir à ce titre une pension annuelle de 1500 livres versée jusqu’en 1715, témoignage de la gratitude royale.

Ainsi, c’était l’échec, l’Eure n’arriverait jamais à Versailles ! Et le grand aqueduc de Maintenon qui figure dans l’imagerie du siècle parmi « Les Ouvrages magnifiques du Roy Louis le Grand en temps de paix », demeura inachevé, avec seulement sa première rangée d’arcades.

Construit sur une longueur d’environ 4 600 m, il était conçu avec trois rangs d’arcades au plus profond de la vallée. Le premier rang, le seul qui ait été édifié, est composé de 47 arcades. Chaque arcade a une ouverture de 40 pieds (13 m), une profondeur de 45 pieds (14,60 m) et une élévation sous voûte de 78 pieds (25 m). Les piles armées de contreforts de 1,95 m en saillie ont 24 pieds (7,80 m) d’épaisseur et l’élévation totale de ce premier étage est de 90 pieds (30 m). Une route départementale, celle de Maintenon à Gallardon, passe très à l’aise sous une seule de ces arcades monumentales.

Le deuxième rang aurait été composé de 195 arcades. Elles devaient avoir la même largeur et la même profondeur que celles du premier rang, et 25 m d’élévation.

Le troisième rang devait compter 390 arcades ayant seulement 14,30 m d’élévation, les deux arcades répondant pour la largeur à une du rang au-dessous.

La hauteur totale eût été de 216 pieds (72 m). Pour fixer les idées rappelons que les hauteurs sur rivière sont respectivement de 49 m pour le Pont du Gard (1) et 82,50 m pour l’Aqueduc de Roquefavour (2), tandis que la hauteur des tours de Notre-Dame à Paris est de 69 m, et celle du premier étage de la Tour Eiffel de 57 m.

Dans la partie en aval, le viaduc escalade la pente vers la gare SNCF actuelle de Maintenon, et sa dernière arche est accolée à un hôtel-restaurant (de qualité) qui en forme le point terminal de ce côté. Les dernières voûtes, plus petites, servent de magasin et l’une d’elles est le hangar de l’École Nationale de Pilotage de Montgolfières...

[Photo : La route de Gallardon, sous une des arcades.]

CONCLUSION

Après l’abandon de la construction de l’aqueduc, Louis XIV cessa de se rendre à Maintenon, et les projets d’embellissement du château furent eux aussi arrêtés. Mme de Maintenon, qui ne quitta plus son époux, interrompit ses séjours. Pour l’indemniser des dommages

(1) Voir L’EAU ET L’INDUSTRIE, n° 8 (juin/juillet 1976), p. 54. (2) Voir L’EAU ET L’INDUSTRIE, n° 11 (novembre/décembre 1976), p. 96.

occasionnés par les travaux, le Roi lui fit don de l’aqueduc inachevé qui traversait son parc.

Les « Travaux de l’Eure » avaient englouti en pure perte des sommes considérables, atteignant le total fabuleux de près de neuf millions de livres et causé, à ce qu’il semblerait, la mort d’une dizaine de milliers de participants.

Faut-il reporter sur l’influence néfaste de Louvois et de Mme de Maintenon une telle obstination à sacrifier « l’or et les hommes » pendant plusieurs années dans une entreprise chimérique ? Ou admettre différemment qu’à deux ans près Louis XIV aurait pu gagner sa bataille de l’eau ?

Différents vestiges subsistent encore de ces travaux dans la partie en amont de Maintenon, notamment près de PONTGOIN : écluses de BOIZARD à l’endroit de la prise d’eau, sous forme d’une digue de retenue en terre soutenue par une puissante muraille de maçonnerie : une route passe sur cette digue. Et aussi près de Berchères un passage en tunnel, de même que près de BOUGLAINVAL. Mais il faut admettre que toutes ces ruines semblent un peu méprisées, et les choses étant ce qu’elles sont, on aurait eu peut-être plus de respect pour des ruines archéologiques romaines...

Quant à l’aqueduc, il allait commencer à être exposé aux outrages du temps et des guerres. Louis XV fut le premier à en faire démolir plusieurs arcades pour construire dans les environs de Dreux le château de Crécy destiné à Mme de Pompadour, détruit pendant la Révolution. Plus tard des matériaux provenant des voûtes et des contreforts furent encore prélevés pour la construction de nombreux moulins dont la vallée de l’Eure était couverte. Une arche fut démolie en 1944 lors du bombardement du viaduc de la SNCF situé tout à côté.

Chateaubriand l’avait célébré, disant :

« Pour achever le pêle-mêle des époques, on aperçoit (depuis le château de Maintenon) un grand aqueduc, ouvrage de LOUIS XIV ; on le croirait un travail des Césars. Les aqueducs romains ne sont rien auprès de l’aqueduc de Maintenon : ils défileraient tous sous un de ses portiques ».

L’Eure, elle, n’a pas connu de cours artificiel, on n’a pas réussi à la faire passer à 75 m au-dessus de son cours naturel. Elle coule toujours, calme et limpide, en baignant la 5ᵉ et la 6ᵉ arche de son aqueduc, et forme le décor central du parc du château de Maintenon, une sorte de « grand canal de Versailles » en réduction...

Le grand aqueduc, de son côté, tel qu’il subsiste aujourd’hui, n’est plus qu’une ruine imposante et nostalgique qui inspire les peintres ; Corot, Matisse en ont fait d’émouvantes reproductions.

Face au château de Maintenon, il continue à dégager cette impression de grandeur qui s’attache à tout ce qui appartient au Siècle de Louis XIV...

[Photo : L’Eure, calme et limpide, forme le décor central du Parc de Maintenon...]

TABLE DES ANNONCEURS

A

AEE
AFRE
AGEN75
AUDEVAL
AQUADA

B

BECKMAN
BRAN & LUBBE
BREGUET
BUTTNER

C

CADER
CAMPA
CARLIER
CEBEDEAU
CGE (Compagnie Générale des Eaux)
CHARLATTE
CHIMIE EQUIPEMENT FEUCHT
COFRADIS
COMITA
COMPAGNIE DES EAUX ET DE L’OZONE
COMPTOIR GÉNÉRAL DES FONTES
COTE (Clé Européenne de Traitement des Eaux)

D

DANFOSS
DEGREMONT

E

EIF …
EREMA
ERMAFLOC
ESIRFLO
ESTAPURE

F

FILTRA
FILTRES CRÉPINES JOHNSON
FLOVAC
FRANLACTYL

G

GRILTEX
GUIDE DE L’EAU
GUINARD CENTRIFUGATION4

H

HAMSC0
HAYWARD
HERITAGE
HOUSEMAN

I

IFAT2
INTERGRES72
IRRIFRANGE

J

JOHN LYON

K

KROHNE

L

LINDSAY-FRANCE
LYONNAISE DES EAUX (SLE)75

M

MINNESOTA RUBBER FRANCE

N

NORT

O

O.D.A. (Omnium d’Assainissement)5
OUIN

P

PEG71
PENNEL & FLIPO
PISCINES FUTURA
PLASE2
P.J.
POMPES GRUNDFOS
POMPES GUINARD72
POMPES SIRI3
PONT-A-MOUSSON

R

RECOMAT
REPROCOM
ROHM ET HAASIVC

S

SAPPEL10
SAUR54
SCHUMACHER72
SET10
SIP
SOCIÉTÉ CIVILE ÉTUDES HYDROLOGIQUES
SOCOTRAINE

T

TECHMATION
TECHNICONIII C
TECHNOVA63
THANN ET MULHOUSE4
TITAN CHÉRET
TRADE CENTER
TRAILIGAZ

U

UNITED

V

VEGA TECHNIQUE
VOLUMATIC
VRACO

W

WESTFALIA SEPARATOR
WILD ET LEITZ
[Encart : PETITES ANNONCES 50 F + T.V.A. le centimètre sur une colonne (minimum 2 cm) A temps partiel ou complet ; spécialiste pollution eaux et déchets – technique et administratif – pédagogue. Références : 9 années de pratique à votre disposition. Écrire à la Revue n° 1131. À vendre centrifugeuse Humboldt Birdt type S3-1 de Ø 600 datant de mars 75 en très bon état, utilisée jusqu’à ce jour sur liqueurs noires de papeterie – procédé à la soude. Écrire à la Revue n° 1154. Ingénieur réalisation montage 15 ans d’expérience B.E. exécution et chantier dans traitement des eaux urbaines, potables, industrielles, recherche place stable – libre assez rapidement – accepterait déplacement en métropole et emploi sous contrat à durée déterminée. Écrire à la Revue n° 1182. Ingénieur chimiste – 28 ans – spécialité traitement eaux et gaz, traitement des résidus, recherche situation débutant – actif – accès aux responsabilités : études – assistance technique. Écrire à la Revue n° 1155 ]
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