[Photo : Construction abritant l’ensemble du matériel de traitement (primaire et secondaire) de l’usine de tri. À l’arrière est accolé le bâtiment recouvrant l’aire de fermentation-trituration.]
Construite et exploitée par SAUR, après études menées conjointement par cette société avec le bureau d’études CERU et la société Gondard, sur un procédé de l’ANRED (qui a en outre accordé une aide remboursable sur la vente du compost), cette usine fait appel à un procédé original, qui constitue une synthèse des techniques existantes dans le domaine du compostage lent. En effet, à la différence de la plupart des unités actuelles, elle ne met pas en œuvre le procédé du broyage : celui-ci est remplacé par une « dilacération » qui déchiquète les déchets. Ainsi, les inertes ne sont pas réduits par des effets de chocs ; la séparation des composants organiques et des composants non valorisables des déchets ménagers est donc plus facile. La dilacération permet ainsi la production d’un compost de très bonne qualité, utilisable pour l’amendement organique des cultures.
À Bourgneuf-en-Mauges, une tonne d’ordures ménagères permet de produire 430 kg de compost, avec une capacité annuelle de traitement de 30 000 tonnes.
La dilacération
À leur arrivée, après avoir été pesées, les bennes de collecte sont vidées dans une fosse de 400 m³. Un grappin de 2 500 litres, associé à un pont-roulant de 3,2 tonnes, reprend les ordures et les déverse dans un alimentateur-extracteur de 10 m³ (figure 1).
Un système « ouvre-sac » situé en tête de cet appareil « déchire » les sacs et régule la couche de déchets évacués par un transporteur à bande, vers le dilacérateur. Celui-ci se présente comme un cylindre de 10 mètres de long et de 2 mètres de diamètre, intérieurement muni de dents et d’aspérités destinées à compléter le travail de l’ouvre-sacs, d’une part, et à déchirer les déchets, d’autre part. Sur toute la périphérie du cylindre, des ouvertures de différentes dimensions permettent la sortie des produits selon une granulométrie choisie.
Ceux-ci sont recueillis sur cinq transporteurs-sélectionneurs à bandes de caoutchouc et, de par leurs densités respectives, ils sont soit entraînés vers le haut (produits légers), soit déversés vers le bas (produits denses). Ce tri densimétrique s’effectue par rebonds, les produits lourds (verre, cailloux, calcaire…) se séparant des produits légers (papiers, cartons, plastiques…). Ces derniers, qui sont ceux intéressants à récupérer, sont dirigés vers un lieu de stockage où ils seront humidifiés avant mise en fermentation sur aire couverte.
Les refus, c’est-à-dire les produits ne passant pas par les ouvertures du dilacérateur, et les produits denses sélectionnés par les transporteurs à rebonds, sont stockés dans un box après avoir été débarrassés des produits ferreux au moyen d’un séparateur magnétique.
Les produits légers, contenant principalement de la matière organique, sont triés par effet magnétique (pour éliminer les ferreux), puis dirigés vers un box où ils sont humidifiés.
La trituration-aération
L’étape suivante est celle de la reprise des produits stockés au moyen d’un chargeur équipé d’un godet de grande capacité et leur mise en andains sur une aire de fermentation couverte de 3 000 m². Un engin appelé « andaineuse » (figure 2) triture et aère le produit en l’humidifiant à chaque retournement, opération qui conditionne l’obtention d’un compost de bonne qualité. Cette phase de trituration-aération permet de réduire la granulométrie du compost et d’accélérer le processus de transformation.
[Photo : Photographie de l’« andaineuse ».]
[Photo : Schéma du dispositif.]
biologique. Un suivi minutieux de l'évolution du produit sur l'aire de fermentation est nécessaire, la température et l'humidité étant des paramètres-clés.
Le cycle de trituration-aération est de quatre semaines, correspondant à trois ou quatre retournements. À la fin de cette période, le compost est repris et déversé dans une trémie de reprise à fond mobile équipée d'un émotteur (brevet ANRED), dont le rôle est de parfaire le travail du retourneur d’andains en écrasant les mottes afin d’éviter tout colmatage en raison de leur forte humidité (environ 30 %) et de faciliter l'opération d’affinage.
Celle-ci consiste en la séparation mécanique de la fraction utile du compost. Le principe mis en œuvre dans cette usine comporte le passage dans un trommel présentant des perforations d’environ 35 mm, qui permet d’éliminer la plus grande partie des plastiques. Les produits passants sont dirigés vers une table densimétrique où la fraction utile du compost est séparée des cailloux ayant échappé au tri primaire, qui sont triés et évacués en refus.
Les éléments ferro-magnétiques, qui représentent environ 3 % du tonnage brut, sont séparés par électro-aimants et stockés pour être commercialisés.
Les refus
Quel que soit le procédé de traitement des ordures ménagères choisi, il subsistera toujours le problème des refus. L'usine de Bourgneuf n’échappe pas à cette règle. Les responsables du SIRDOMDI, conscients de ce problème, ont pris la décision de compléter le dispositif de l'usine par l’ouverture d'une « décharge en balles », procédé qui est mis en œuvre pour la première fois en France.
Jusqu’alors, ils étaient regroupés en fin de chaîne et évacués tels quels dans des centres d'Enfouissement Technique homologués. À la demande du SIRDOMDI, la mise en place d'une presse à balles compactées a été étudiée, technique déjà exploitée dans d'autres usines (notamment dans la Vienne, à Neuville-du-Poitou), et qui comporte le compactage des refus sous une pression d’environ 40 tonnes pour obtenir des balles de 1,10 m de longueur et de 0,7 m × 0,7 m de section.
Les balles sont simplement ligaturées, donc sans contraintes au niveau de la mise en décharge. Cette technique, utilisée aux USA et en Grande-Bretagne, n’a pas encore été employée en France (elle peut également être utilisée avec des ordures ménagères brutes). À cet effet, les refus sont stockés en balles compactées, à proximité de l'usine, technique qui présente de nombreux avantages parmi lesquels on peut citer :
- l'absence d’envols lors du transfert et sur le site de stockage ;
- la stabilité du sol après stockage ;
- la réduction des nuisances sur le site, notamment par l'élimination des engins tasseurs ;
- le gain de volume de la décharge, et donc l'augmentation de sa durée.
L'ensemble sera complété par une déchetterie de déchets « extra-ménagers » implantée à l'entrée de l'usine.
Dans les mois qui viennent, le site de Bourgneuf-en-Mauges deviendra ainsi un exemple de centre de traitement à la fois moderne et complet, utilisant des techniques simples et fiables et répondant à la volonté des collectivités du SIRDOMDI de trouver des solutions à un problème permanent : l’élimination et le recyclage maximum des déchets.