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Traitement et valorisation des boues d'épuration : objectifs et état d'avancement des travaux de normalisation

30 septembre 1997 Paru dans le N°204 à la page 46 ( mots)
Rédigé par : Anouk THéBAULT

L'accroissement du volume des boues résiduaires de stations d'épuration impose, pour une application homogène des législations européennes, de disposer de méthodes et de techniques normalisées pour les caractériser et définir les voies d'utilisation et de traitement.

L’accroissement du volume des boues résiduaires de stations d’épuration impose, pour une application homogène des législations européennes, de disposer de méthodes et de techniques normalisées pour les caractériser et définir les voies d’utilisation et de traitement.

Les boues résiduaires des stations d'épuration et autres sous-produits de l'assainissement, sont destinés dans un avenir très proche à représenter des quantités croissantes du fait, en particulier, de l'application de la directive européenne 91/271 sur l'assainissement des agglomérations, directive qui interdit entre autre tout rejet de boues en milieu aquatique à partir de 1998. Cependant cette directive insiste aussi sur les efforts qui doivent être réalisés pour inciter à la réutilisation des boues et à leur revalorisation notamment dans le domaine agricole.

Une directive plus ancienne (86/278) fixait des conditions strictes à la valorisation agricole des boues par épandage après un traitement adéquat visant à en limiter le risque sanitaire.

La directive 91/689 déclare en ce qui la concerne que les boues d’épuration non traitées ou qui ne sont pas utilisables en agriculture sont des “déchets dangereux”.

L’Union Européenne a laissé une certaine latitude aux pays membres pour l'application des dispositions de ces directives. Soit il n’existe pas de normes nationales spécifiques aux boues permettant de transposer ces directives, soit les normes ou règlements sont très contraignants.

Ces disparités réglementaires et normatives nationales ont facilité des transferts frontaliers posant certains problèmes du fait des valeurs limites différentes admises dans chaque pays. Le CEN/TC 308 (l'un des comités techniques du Comité Européen de Normalisation) a donc été créé pour élaborer un programme de normalisation afin d’harmoniser les pratiques relatives aux “Caractérisation des boues du cycle de l’eau”.

Pour permettre une application plus homogène des législations européennes concernant les boues, il a été jugé particulièrement important de disposer de méthodes et de techniques normalisées (et si possible harmonisées), pour leur caractérisation ainsi que pour définir les voies d'utilisation et de traitement.

Les CEN/TC déjà existants, tels que le TC 230 “Analyse de l’eau”, le TC 292 “Déchets”, le TC 223 “Amendements et supports de cul-

[Encart : Premier programme Le CEN/TC 308 est composé de trois groupes de travail : WG 1 : Méthodes d’analyses WG 2 : Guides de bonne pratique WG 3 : Guide pour la prospective dans l'utilisation des boues Les sujets traités sont les suivants : - Guide pour l'échantillonnage des boues d'eaux usées des stations de traitement de l'eau et boues apparentées, au stade de projet avant officialisation (stade DIS). - Détermination du pH des boues (envoyé pour soumission au vote formel). - Analyse des métaux lourds. - Perte par calcination et matières sèches (en cours de correction pour vote formel). - Teneur en eau (en cours de correction pour vote formel). Ces sujets sont en première priorité et ont pour cible de publication 1998. WG 2 - Guide pour les définitions, caractéristiques et types de boues (guide 1). - Guide de bonne pratique pour la production, l'utilisation et l’élimination des boues. - Guide de bonne pratique pour la valorisation dans le cadre d'un plan d’épandage (guide 4). Les guides 1 et 4 sont actuellement prêts pour enquête interne au TC. Ces sujets sont en première priorité et ont pour cible de publication 1998. WG 3 - Guide pour préserver et étendre l'utilisation et l'élimination des boues. Ce sujet fera l'objet d'un rapport CEN pour 1998, après la diffusion à tous les pays membres d'un questionnaire très complet sur la collecte et l'utilisation des boues, qui est actuellement en phase de finalisation. L'objectif est de mieux préciser les enjeux, déterminer les obstacles et faire le tri entre les procédés reconnus et normalisables et ceux qui demandent des recherches prénormatives.]

..., conscients des besoins – donc de la nécessité d’aborder la normalisation des boues – avaient déjà travaillé sur quelques sujets relatifs aux boues ou envisageaient de le faire, en partant chacun de son point de vue.

Le CEN/TC 308 “Caractérisation des boues” fut ainsi créé, à la demande de l’AGHTM relayée par l'AFNOR pour la France, et après consultation des pays de la Communauté, pour représenter une instance de concertation et de décisions, où les praticiens de l'eau et de l’assainissement pourraient clarifier la situation, confronter les idées et les problèmes, et harmoniser les méthodes avec les praticiens des autres maillons de la chaîne technique. Créé en janvier 1993, le TC 308 a d’abord fixé les limites de son domaine. Il s’intéressera à toutes les boues non systématiquement dangereuses : boues résiduaires urbaines, boues industrielles assimilables, boues de curage de réseaux collectifs, matières de vidanges, boues de production d'eau potable, mais il a exclu toutes les boues industrielles potentiellement dangereuses et les sédiments des cours d’eau, canaux et ports.

Le TC 308 a également souhaité, au-delà de la normalisation des simples définitions et méthodes de caractérisation, se définir un objectif dans le domaine des bonnes pratiques d'utilisation des boues, afin d’atteindre les résultats escomptés dans chacun des cas et d’apporter une bonne assurance de la qualité des produits.

Sur ces bases, le TC 308 a bâti une organisation et a défini un programme de travail. Afin d’être efficace et réaliste, le TC 308 a considéré que le programme devait être défini par étapes de quatre ans : 1994-98, 1996-2000, 1998-2002, etc. Le chevauchement entre les étapes correspond à deux phases de travail : deux à trois ans pour rédiger un projet de norme, un à deux ans pour suivre les procédures d’approbation et de correction. Au cours de cette deuxième étape, les groupes de travail peuvent entamer la rédaction de nouvelles normes et, si nécessaire, les experts peuvent se regrouper en nouveaux groupes de travail. Nous sommes donc actuellement à la fin du premier programme et au début du second. Le respect des dates cibles de publication est un des soucis majeurs du TC 308 et il s’y emploie avec un succès certain.

Afin d’intégrer au mieux les besoins en normalisation des TC en aval du TC 308, et afin de ne pas dupliquer les travaux, l’objectif permanent, mais qui tient perpétuellement les acteurs (animateurs, secrétaire, président) en éveil, est de rester très vigilant vis-à-vis des nombreuses liaisons du TC 308 avec les CEN/TC 292, 230, 164, 165, 260, 223 et les ISO/TC 147 (comité technique ISO sur la qualité de l’eau) et 190 (sur la qualité des sols), ainsi que les organisations professionnelles (EWPCA, EWWA).

Pour ce faire, a été mis en place un réseau d’officiers de liaison participants au TC 308, qui assistent régulièrement aux réunions des autres TC dont ils sont spécialistes, et rapportent au TC 308.

Afin d’intégrer en amont une meilleure efficacité, le TC 308 associe les praticiens de l’assainissement, de la valorisation agricole, des spécialistes des engrais et composts, des techniciens agricoles, etc., mais également les représentants de l'Union Européenne et des pouvoirs publics nationaux, des Agences de l'Eau...

Le but ultime des travaux du TC 308 est de permettre une utilisation optimale des boues produites par le traitement et l'épuration de l'eau, donc de choisir les filières de traitement et d’élimination de celles-ci en fonction des techniques disponibles, des conditions locales du milieu, de considérations économiques,... Ce choix dépend étroitement de la caractérisation des boues et de la détermination des paramètres importants de celles-ci en rapport avec l'usage final.

Le programme a donc été défini en fonction des besoins les plus pressants et a permis de fixer des priorités dans les travaux. C’est la caractérisation des boues pour la valorisation agricole qui a été considérée prioritaire au premier chef, compostage et incinération venant ensuite.

[Encart : Deuxième programme En cours d’année 1996, après une première tentative bloquée par le Royaume-Uni, le deuxième programme de travail a finalement été entériné par le BT, et définit désormais les projets à finaliser à échéance de l'an 2000. Il s'agit de méthodes d’essais supplémentaires pour caractériser les boues et de trois autres guides de bonne pratique : - Détermination des composés phosphorés - Méthode Kjeldahl - Ammoniaque - Nitrates - Mercure - Arsenic - Sélénium - Carbone organique Ce deuxième programme comprend également trois guides de mise en œuvre pour les composts à base de boues, la combustion des boues avec ou sans produits de dégraissage, la co-combustion des boues avec les déchets solides municipaux.]
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