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Traitement des boues : Andritz conforte ses positions

28 février 2005 Paru dans le N°279 à la page 74 ( mots)
Rédigé par : Luc GILBERT

Egoutter, filtrer, presser, centrifuger, sécher, Andritz SAS, filiale Française du groupe Autrichien Andritz AG, joue un rôle prépondérant dans le domaine du traitement des boues. L?entreprise emploie 150 personnes et réalise, en France, un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros. En moins de dix ans, cette entreprise a su passer du statut de PME à celui de numéro un mondial des décanteuses centrifugeuses pour le traitement des boues. Rencontre avec Luc Gilbert, Président d'Andritz SAS, l'un des artisans d'un développement hors du commun.

En moins de dix ans, cette entreprise a su passer du statut de PME à celui de numéro un mondial des décanteuses centrifugeuses pour le traitement des boues. Rencontre avec , Président d’Andritz SAS, l'un des artisans d’un développement hors du commun.

E.L.N. - Dix ans après votre arrivée chez Andritz, quel bilan dressez-vous de votre action ?

Luc Gilbert : Jusqu’en 1995, nous étions une PME. Une PME qui rencontrait des difficultés car elle n’avait pas su se moderniser à temps. En 1994, lorsque je suis arrivé au sein de l’entreprise, celle-ci traversait de réelles difficultés financières. Notre premier objectif a été de la restructurer, puis de la moderniser pour repartir à la conquête de ses marchés. Nous avons réorganisé notre outil industriel, notre réseau de fournisseurs, et nous avons commencé à nous approvisionner dans des pays à bas coûts de main-d’œuvre, notamment en Chine, en Espagne ou au Portugal. De la sorte, nous avons pu réduire considérablement nos coûts de fabrication et proposer sur les marchés des prix plus compétitifs. Parallèlement, nous avons modernisé nos gammes et étoffé nos équipes d’ingénieurs.

E.L.N. - Quelles ont été les étapes de votre développement ?

L.G. - À partir de cette date, nous avons progressé de façon régulière. En 1998, nous nous sommes fixés comme objectif de devenir en quelques années le numéro un mondial dans le domaine de la déshydratation des boues. À l’époque, le pari était assez audacieux et bien peu nombreux sont ceux qui y ont cru ! Et pourtant, en 2002, sept ans seulement après le début de notre réorganisation, nous y sommes parvenus.

En 1995, l’essentiel de notre production était basée à Châteauroux. Après le rachat des sociétés Bird aux États-Unis et de Humboldt en Allemagne, nous avons hérité de plusieurs usines. Nous en avons fermé certaines, notamment aux États-Unis, et conservé d’autres en les spécialisant dans la fabrication de grosses machines dédiées à certaines applications dans le domaine de la chimie ou des minéraux par exemple.

E.L.N. - Aujourd’hui, quels sont vos marchés ?

L.G. - En 1995, l’entreprise travaillait essentiellement sur le marché français. Aujourd’hui, ce marché, qui est notre marché domes-

[Encart : FICHE D’IDENTITÉ ANDRITZ SAS Siège Social/Service Commercial 24, avenue de l’Europe 78140 Vélizy-Villacoublay Tel. +33 (0)1 39 26 05 50 Fax +33 (0)1 39 26 05 60 E-mail : environ@andritz.com Internet : http://www.andritz.com/ep Effectif : 800 personnes (division séparation) Chiffre d’affaires : 200 millions d’euros Activités : conception, réalisation et commercialisation d’équipements et de systèmes destinés à épaissir et/ou déshydrater les boues urbaines ou industrielles.]

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tique, reste important pour nous, mais il faut savoir que nous exportons près de 80 % de notre production. En termes de chiffre d'affaires, le marché français représente un peu moins de 10 % des 120 millions d'euros de chiffre d'affaires que nous réalisons dans le domaine des décanteuses. Nous travaillons dans toutes les parties du monde. Les marchés les plus actifs sont souvent fonction du type d’application considéré. Dans le domaine de l'eau et des boues, l’Espagne, les États-Unis et plus récemment la Chine ou la Russie sont des marchés très actifs sur lesquels émergent peu à peu des projets très ambitieux. Le Maghreb est aussi une zone en plein devenir.

E.I.N. ‑ En 1995, vous vous êtes fixés des objectifs ambitieux. Quels sont vos objectifs du moment ?

L.G. ‑ Aujourd’hui, nous avons pour objectif de devenir numéro un mondial sur l'ensemble des applications liées aux décanteuses, exception faite du secteur de l'agroalimentaire, très spécifique, qui demande une expérience très particulière et dans lequel deux de nos confrères sont bien implantés. Pour le reste, je ne vois pas qui pourrait nous empêcher d’atteindre cet objectif d'ici à quelques années.

E.I.N. ‑ Vous avez présenté à Pollutec une nouvelle gamme de décanteuses à transmission coaxiale qualifiée de révolutionnaire. C’est un saut technologique vraiment important ?

L.G. ‑ Tout à fait. Cette nouvelle gamme est révolutionnaire car elle supprime l'ensemble du système d'entraînement habituel des machines tournantes, de sorte qu'il n’y a plus ni courroies, ni poulies, ni accouplement. La ligne d’entraînement, ce qui remplace les moteurs classiques primaires et secondaires, est constituée de moteurs synchrones à aimants permanents qui consistent en deux rotors placés l'un derrière l'autre et qui sont placés sur la ligne d’arbre de la décanteuse. Tout est donc axé sur une même ligne, ce qui procure de nombreux avantages. Le plus important d’entre eux est sans doute le niveau vibratoire qui est plus bas et plus constant. Or les vibrations constituent le problème numéro un des machines tournantes qui supportent des balourds importants du fait des débits qui transitent à l'intérieur et des répartitions de l’eau et de la boue. C’est d’ailleurs souvent l'une des limites de l'utilisation de ce type de machines. Le gain que nous avons obtenu va nous permettre encore d’aller plus loin en vitesse et en accélérations. Un gros avantage pour les exploitants, puisqu’il permettra de consommer 10 % d’énergie en moins.

[Photo : La DSLL TC est la première décanteuse centrifuge à transmission co-axiale.]

E.I.N. ‑ D’autres avantages ?

L.G. ‑ Oui, bien entendu. La maintenance s’en trouve facilitée et réduite. C’est une économie importante pour l’exploitant. Autre avantage, un gain en compacité dans la mesure où la partie motorisation qui représentait environ un quart de la machine est supprimée. À capacité égale, sur une décanteuse qui traite 50 m³/h, on gagne 1,50 m

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➜ Sur la longueur avec également une hauteur plus faible. L'exploitant a donc besoin de moins de place pour installer ces machines.

E.I.N. - Comment s’articule cette nouvelle gamme de décanteuses centrifuge ?

L.G. - Le modèle D5LL est le plus vendu dans le domaine des eaux résiduaires pour la déshydratation des boues. Il est bien adapté à des villes de tailles moyennes telles que Lyon, par exemple. Nous allons décliner ce modèle dans des tailles plus importantes, la D6LL et D7LL, qui sont plutôt destinées à des capitales telles que Paris, Berlin ou Londres. Ce marché est pour nous très prometteur. J'estime que son potentiel se situe entre 30 et 50 machines par an. Certains pays comme la Chine vont monter en puissance et ce pays a besoin de grosses unités.

Ensuite, nous déclinerons ce modèle vers des machines de tailles plus modestes. Si bien qu’à la fin de l'année 2006, nous devrions être à même de proposer une gamme complète. À l'heure actuelle, nous vendons plus de 300 unités par an dans le secteur de l'eau et des boues, ce qui nous place en numéro un mondial, nettement devant les autres.

La capacité maximale de la gamme sera atteinte avec la D12L, issue de la gamme KHD, qui avoisinera les 200 m³/heure. À New York, 40 de ces machines tournent quotidiennement. Pour le reste de la gamme, tout ce qui n’est pas décanteuses, nous assistons à des évolutions régulières mais pas de révolution. Nous disposons tout de même, depuis le rachat de Netzsch Filtration, d’une gamme très large et tout à fait complète, la plus complète du marché.

E.I.N. - Le développement de votre nouvelle gamme de décanteuses a nécessité de longs efforts ?

L.G. - Cette nouvelle gamme, sur laquelle nous détenons un brevet mondial, a été conçue il y a environ deux ans. Le dessin et la réalisation du prototype ont nécessité un an. Nous l’avons ensuite testée durant un an à la station d'épuration de Calais en parallèle avec une machine de la génération précédente pour pouvoir contrôler ses performances et sa fiabilité. Au printemps 2005, nous livrerons environ 6 à 8 machines de nouvelle génération par mois.

E.I.N. - Peut-on s’attendre dans les prochaines années à un nouveau saut technologique ?

L.G. - Les nouveaux modèles que nous proposons aujourd’hui représentent déjà un saut technologique très important. Mais c’est vrai, la technologie de la centrifugation n’est pas au bout de ses possibilités. Nous investissons d’ailleurs plus de 3 % de notre CA dans la recherche et le développement. Nous travaillons avec des centres de recherches français, notamment sur les phénomènes de turbulences. Mais nous sommes arrivés à un palier qui fait qu’il faut désormais travailler sur tous les paramètres en même temps pour que les performances d’ensemble progressent comme pour la formule 1 : le moteur, le châssis, les pneumatiques, etc. Si l’un d’entre eux ne suit pas, les gains obtenus sur les autres paramètres peuvent passer totalement inaperçu.

E.I.N. - Andritz a récemment acquis Bird Machine, KHD-Humboldt, Netzsch Filtration pour se développer sur le marché du traitement des boues, tant sur les applications municipales qu’industrielles. Envisagez-vous de nouvelles opérations de croissance externe ?

L.G. - Oui, nous envisageons d'autres opérations de croissance externe à court terme, mais il est encore prématuré d’en faire état.

[Photo]
[Encart : Andritz joue un rôle prépondérant dans le domaine du traitement des boues qui ne se limite pas à la centrifugation. Ainsi, le concept du dégrillage fin, introduit par Andritz à la fin des années 70, est devenu un standard. Le dégrilleur Aqua-Guard, précurseur en ce domaine, est l'un des leaders de cette technologie avec plus de 5 000 références en fonctionnement dans le monde.]
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