Dans le domaine de l'environnement, les sites à surveiller sont vastes. C'est le cas pour la surveillance et la gestion de la ressource en eau, mais aussi pour la conduite des réseaux de collecte d'eau usée, ou simplement des sites d'exploitation. Au c'ur de chacune de ces applications, il y a un système de télétransmission. Il orchestre, à distance, les informations provenant des capteurs, des vannes... Il donne l'alerte en cas de problème.
Certains réseaux de mesures d'aide à la décision publique servent à prévenir les crues ou la pollution des cours d’eau. Ils sont là pour dresser un bon diagnostic, étape préalable à tout programme d’actions. Ils sont également chargés de contrôler l’efficacité des interventions réalisées. Pour cela, ils doivent disposer d'une bonne densité de stations pour couvrir l'impact des activités humaines. Pour répondre aux exigences réglementaires et pour assurer la sécurité de l'approvisionnement, les réseaux d’alimentation en eau potable se sont dotés d’équipements de mesure. Ils sont implantés en amont pour surveiller la ressource en eau, mais aussi en aval pour contrôler la qualité de l'eau fournie. Les données, recueillies à chaque étape, s’intègrent dans les processus de fabrication d’eau potable. Le bon fonctionnement d'un réseau de collecte d'eau usée ou pluviale implique la collecte d’informations liées aux débits, aux niveaux, aux données météorologiques... En fonction des charges transportées, les stations de relevage sont mises en route, les pompes actionnées, les réservoirs de stockage remplis, pour optimiser en aval le fonctionnement de la station de traitement.
Ces trois approches ont un point commun : l’étendue du territoire à contrôler, à gérer. Plusieurs dizaines de kilomètres, voire plus, peuvent séparer les différents points de mesure, les organes de réglage, du poste central chargé de déclencher l'alarme. Pour une intervention efficace, rapide et une meilleure gestion des problèmes, un relevé manuel des équipements de mesure n’est pas envisageable. Les données acquises par les capteurs et par les analyseurs sont transmises par des équipements spécifiques, avant d’être interprétées par un opérateur humain ou matériel.
Selon la complexité de la tâche à effectuer, on parle de :
- - Télécontrôle, c’est-à-dire la surveillance à distance d'actions tout ou rien (TOR), vanne ouverte ou fermée, pompe en marche ou à l’arrêt...
- - Télémesure, soit la prise de mesure à distance. L’équipement local transmet à distance la grandeur mesurée : niveau d’eau, débit, pression...
- - Télésurveillance : à la notion de télémesure se superpose la notion d’alarme et sa gestion en cas de dépassement de seuil. Le poste local est capable par exemple d’avertir l’opérateur d’astreinte et de décrire l’incident.
- - Télégestion : s’y associent, en plus, des tâches de calcul et de comptage ainsi que des fonctions d’archivage très poussées permettant de garder en mémoire les bilans, les historiques...
- - Automatisation, qui entraîne des actions de pilotage d’organes de régulation. Par exemple, le déclenchement d'une alarme pourra agir sur la mise en route d’une pompe, l’ouverture ou la fermeture d’une vanne.
Au cœur de tous ces dispositifs, des équipements pour acquérir, transmettre et exploiter les données du terrain.
Recueillir l'information
Installée sur le site distant, l'unité d’acquisition est chargée de collecter les informations issues d’un ou plusieurs capteurs, de les contrôler, de les mettre en forme et de les envoyer vers un poste d’exploitation local ou centralisé.
Les capteurs délivrent un signal électrique proportionnel à la valeur physique ou chimique mesurée. Il s’agit, en général, d’un courant 4-20 mA. Ce signal entre sur le module d’entrée/sortie chargé de la conversion du signal et de son horodatage avant de le mémoriser.
C'est le travail réalisé par la centrale d’acquisition et de stockage AST 100, dévelop-
En France, les Agences de l'Eau, en collaboration avec l'IFEN et l'OIE, ont entrepris un premier test des critères proposés, en utilisant les données du Réseau National des Bassins. D'ores et déjà, il s’avère qu’au niveau de la plupart des États membres, un renforcement des réseaux de mesures actuels est nécessaire. C'est le cas en France pour les eaux souterraines et les plans d'eau, mais aussi pour la qualité des rivières qui doit être représentative de l'ensemble des types de cours d'eau. En France, les réseaux de surveillance sont assignés à certaines tâches : annonce de crues, contrôle sanitaire de santé publique, qualité des milieux aquatiques... Chaque année, les données brutes issues de ces réseaux coûtent approximativement 500 MF à l’État, aux collectivités et aux organismes publics. Sont exclus de ce prix les études et les interprétations ultérieures, ainsi que les frais de gestion informatique des banques de données dont le coût estimé s’élève à environ 10 MF.
pée par Comex Technologies. Cette centrale réalise l’acquisition des données des capteurs, qu'ils soient de type bus, analogique ou intelligent. Les mesures stockées dans une mémoire de masse de 3,5 Mo sont transmises automatiquement à un système central sur un appel téléphonique déclenché par celui-ci. L’identification du système central et le transfert des données sont assurés par mot de passe. À l’issue du téléchargement et uniquement après réception d’un accusé confirmant la bonne réception du ou des fichiers par le système central, les données sont effacées pour faire place à de nouvelles mesures.
Cependant, l'exploitant a parfois besoin de conserver in situ un minimum d’historiques. Les informations sont communiquées à un automate de télégestion local qui assure un traitement sur place des informations. Pour réaliser cette tâche, Napac propose MAD, un module d’entrée-sortie permettant d’accueillir de une à quatre cartes choisies en fonction de l’application. Ce module, exploitable par un poste TBC ou Flowtel (ou tout système Jbus/ModBus maître), est doté dans sa version de base d'une liaison bus deux fils RS-485 pour une exploitation sur une distance de 1,2 à 2 km. Pour des distances plus importantes, il peut être équipé de cartes de communication locale panachables avec les cartes d’acquisition de données télétransmises... « L’intelligence locale est nécessaire si l'on souhaite exploiter sur le site des historiques », explique Robert Bonfils de Napac, « autrement, on pourra relier point à point, par ligne de télétransmission deux MAD puis mémoriser les données sur un poste central de télégestion, ce qui limite le nombre de lignes téléphoniques ».
Lorsque plusieurs capteurs sont présents sur le site distant, il peut être intéressant de les mettre eux-mêmes en réseau. Les capteurs sont placés dans une boucle, au lieu d’être raccordés point à point à l’intelligence locale. Pour mener à bien cette approche, Perax pour la télégestion et Endress + Hauser, qui couvre l’offre mesure, proposent une solution intégrée, entièrement numérique et simple de mise en œuvre. Les informations ne sont plus transmises analogiquement en point à point, mais de manière numérique sur un bus de terrain. Cette approche est rendue possible par l’arrivée sur le marché des capteurs intelligents. Équipés d’un microprocesseur, ils sont dotés de puissants outils de calcul. Ils sont ainsi capables de conditionner leur signal. Ils réalisent encore les corrections à apporter aux données afin d’obtenir une mesure plus précise et plus fiable. « Les possibilités de communication qui leur sont associées permettent un dialogue bidirectionnel, l’interrogation de valeurs multiples, la modification de configuration et le diagnostic à distance », explique-t-on chez Endress + Hauser. Couplée à un bus de terrain Lonworks, cette solution permet de répartir 62 borniers communicants via différents supports de transmission (courant porteur, paire torsadée, radio HF, fibre optique...). Cet appareil supporte des entrées tout-ou-rien (TOR), des compteurs d’impulsions, de temps, de débits, des entrées analogiques, ainsi que des sorties TOR et analogiques. L’intérêt de l'approche est indéniable. Une seule liaison et une seule entrée permettent de gérer jusqu’à 15 transmetteurs, au lieu d'une ligne par capteur pour une liaison traditionnelle. De plus, on a accès à distance à l'ensemble des valeurs présentes dans les transmetteurs. Un dialogue bidirectionnel est possible, ce qui permet d’intervenir sur le capteur pour faire un étalonnage, régler la plage de mesure ou détecter une anomalie grâce à l'information statut du capteur.
Pour s’adapter aux besoins des exploitants de réseau d’assainissement, plusieurs constructeurs ont développé une offre spécifique pour les réseaux d'assainissement.
Une approche spécifique pour les postes de relèvement
Ils sont trois, Wit, Sofrel et Napac, à avoir développé une solution spécifique pour les postes de relevage des réseaux d’assainissement.
Sofrel a profité de Pollutec pour présenter Sofrel S50A, un poste local de télégestion pour les réseaux d’assainissement. « Avant il y avait un système de télésurveillance, un automate programmable, des relais », explique Roland Crambert, responsable
Marketing Export chez Sofrel « aujourd'hui l’automate programmable est intégré au poste local de télégestion, qui contrôle aussi les temps de « marche arrêt » des pompes et les permutations de fonctionnement ».
De conception modulaire, l’équipement fourni par Sofrel s'adapte aux besoins des postes équipés de 1 à 4 pompes. Compatible avec tous les supports de transmission, il est capable de communiquer, selon les besoins et l’application, via un réseau téléphonique commuté, des lignes spécialisées ou privées, des liaisons radio ou GSM. Exploitable par différents outils, il transmet ses informations vers Minitel, boîtiers de radiomessagerie, centrales de télésurveillance, postes centraux de télégestion et superviseurs industriels. Une fonction serveur vocal lui permet de transmettre des messages d’alarmes et de consulter les informations contrôlées sous forme vocale à l’aide d’un simple téléphone.
Le poste TBC L5 de Napac se place en concurrence directe du S50A. Destiné lui aussi aux postes de relèvement des réseaux d’assainissement, « il peut gérer des installations plus importantes par couplage avec des modules d’entrées-sorties MAD ou des automates programmables », explique Robert Bonfils, « ce qui lui permet de gérer jusqu’à 600 informations dont 280 entrées sorties physiques ». Le module L5 présente des fonctions spécifiques propres aux postes de relèvement, à savoir : de un à quatre automatismes de pompes contrôlés par capteur ou poires de niveau, le calcul du volume relevé, l’archivage horaire et journalier sur deux périodes du volume relevé, les temps de marche et le nombre de démarrages des pompes, le calcul du débit entrant, du débit moyen relevé de chaque pompe et la détection de pompe bouchée.
Plus généraliste, l’approche adoptée par Thox réunit dans un même système les fonctions d’alarmes (astreinte vers Pager, Minitel, téléphone…), l’archivage (sur échantillonnage périodique et/ou changement d’état), la communication (RTC, GSM, RNIS, Satellites, Radio, câble TV…), un automate programmable (schéma contact ou Ladder) et une interface homme-machine de type Minitel ou autres terminaux du futur. « La fonction programmable permet une adaptation très précise au besoin réel du client », précise François-Xavier Maire de Thox, « ce système s’intègre parfaitement dans les applications qui préconisent de mettre l’intelligence au plus près de l’information ».
Ces solutions globales sont intéressantes. Elles limitent le nombre de lignes téléphoniques à une seule et suppriment la communication des données point à point. Toutes les informations sont centralisées sur le système local de télégestion, qui seul assure la transmission.
Transmettre les données de terrain
Pour assurer la transmission, plusieurs médiums peuvent être utilisés : les réseaux RTC ou GSM, les lignes spécialisées, les communications radiofréquences...
Traditionnellement, les données de terrain sont transmises par ligne téléphonique RTC (Réseau téléphonique commuté). Un modem et une ligne téléphonique correspondent à chaque point de mesure ou à chaque site (si celui-ci est équipé d’un centralisateur de données). Leurs fonctions : transmettre les informations du terrain vers le poste central de télégestion ou/et vers l’opérateur d’astreinte.
Pour ne pas multiplier les temps de transmission, donc le coût de la liaison téléphonique, les équipements ne sont pas connectés en permanence. La transmission des informations peut se déclencher :
- - sur alarme, c’est-à-dire dès que les données du terrain (mesures) dépassent un certain seuil. Dans ce cas, le système local de télégestion appelle le poste central pour déclencher la transmission d’informations. Lorsque les données sont transmises sur événement, il est prudent d’interroger le poste local par un appel du poste central au moins une fois par jour pour vérifier qu’il n’y a pas de problème et que la ligne est bonne.
- - à un intervalle de temps donné. Dans ce cas, c’est le poste central qui déclenche l’appel d’interrogation du poste local. Chez Sofrel par exemple, l’intervalle de temps peut être paramétré entre 1 minute et 4 095 minutes selon le type d’information. Ce mode est intéressant par exemple pour relever les données d’un analyseur.
Pour limiter le nombre de modems et de lignes téléphoniques au niveau des postes scrutateurs, des téléaiguilleurs de lignes apparaissent sur le marché. Ixel commercialise un téléaiguilleur programmable de ports XL-Switch. Couplé au modem XL-Telerel, il télérelève jusqu’à 8 appareils de mesure sur une seule ligne téléphonique avec un seul modem. Sur son ordinateur PC, l’utilisateur choisit à l’aide de l’horloge intégrée dans le téléaiguilleur, l’heure du début et de fin de la télérelève, ainsi que le port connecté à l’appareil de mesure à interroger. À l’heure dite, l’appareil crée automatiquement le profil spécifique de l’appareil. Il aiguille ces informations sur le port sélectionné. À distance, il réinitialise sa propre configuration en fonction du mode de communication spécifique de l’appareil. La chaîne reste active jusqu’à l’heure programmée pour sa déconnexion.
Le programme de télérelève se réduit à la sélection de 4 informations : le nom de l’appareil, le choix du port, le début et la fin de la télérelève.
À chaque changement d’appareil, l’aiguilleur établit le profil port/mode de communication du nouvel instrument interrogé.
Le nombre de plages horaires est limité à 96 par profil et l’utilisateur peut créer autant de profils que nécessaire.
L’économie entraînée par ce système est importante. Cette solution dispense de sept dispositifs de connexion sur huit, un disposi-
…dif de connexion comprenant un modem, un abonnement de ligne téléphonique et un boîtier de protection lorsque l'environnement impose ce dispositif.
Jusqu’à ces derniers mois, les lignes spécialisées ont été un vecteur privilégié du transfert des données dans le domaine de l’eau et permettent un contact permanent entre l’instrument de mesure et le poste central. Il faut dire que France Télécom faisait la part belle aux compagnies d’eau qui bénéficiaient d’un abattement de 90 % sur le prix de la redevance calculé en fonction de la longueur de la ligne, sans tenir compte du nombre de communications. Ces privilèges, mis à mal par l’ouverture du marché des télécommunications, rendent aujourd’hui l’utilisation des lignes spécialisées très chères. Aussi, leurs applications migrent-elles vers d’autres modes de transmission, comme le GSM (Global System for Mobil communication).
Le boum du GSM
La meilleure couverture territoriale et le développement de GSM Data, un mode de transmission de données sécurisées, ouvre le milieu des télétransmissions à la téléphonie portable. « L’utilisation des liaisons GSM permet aujourd’hui d’équiper de systèmes de télégestion les sites isolés ou d’accès difficile comme les châteaux d’eau ou les stations de pompage », explique Roland Crambert.
Aujourd’hui, tous les constructeurs sont en lice pour affronter ce marché. Napac, par exemple, a introduit dans ses postes locaux de télégestion TBC et Flowtel l’accès au réseau GSM. La solution proposée utilise les modems GSM M1 de Siemens via une interface RS-232. Clip, la nouvelle génération d’automates de télégestion développée par Wit communique lui aussi sur GSM. La nouvelle version Clip 2com/GSM permet même d’utiliser le réseau GSM en média de communication, à la place ou en plus du réseau commuté. Cet appareil dispose d’un certain nombre de fonctionnalités distantes :
- la transmission d’alarmes vers un système informatique vidéotex (émulation Minitel),
- l’accès à partir d’un Minitel,
- l’échange de données avec un système informatique en protocole TRSII,
- l’émission de messages ou d’alarmes sur messagerie GSM SFR ou Itinéris (uniquement avec un abonnement Data Itinéris).
La Société des Eaux de Marseille, qui gère l’adduction, le traitement et la distribution des eaux sur la commune de Marseille, gère plus de 600 sites répartis sur quatre départements. Pour assurer un service continu et sécurisé 24 h/24, elle a implanté, avec Sofrel, des sites pilotes de télétransmission par GSM Data. Équipé d’un Sofrel S50 et d’un modem GSM, il asservit une station de pompage au niveau d’eau de son réservoir d’extrémité. Les informations sont ainsi transférées depuis le terrain vers des ouvrages de régulation et de contrôle centralisés, par l’intermédiaire du réseau GSM. « La sécurité des transmissions a dû être établie », explique Roland Crambert, « pour cela il a fallu réussir à se prémunir des interruptions inopinées dues aux aléas des transmissions hertziennes ».
Plus classique, la transmission par radiofréquence est actuellement en perte de vitesse en France. Son problème, une limitation dans l’attribution des plages de fréquence, mais aussi sa grande vulnérabilité aux perturbations électromagnétiques, qui peuvent se révéler fort gênantes lorsqu’elles interfèrent sur la transmission des données. Pourtant, quelques applications bien spécifiques se développent aujourd’hui. Le SIAAP (Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne) et l’Ineris (Institut national de l'environnement et des risques) travaillent sur la mise au point et l’installation d’un réseau de terrain radiofréquence pour la communication dans les égouts parisiens. « Ce réseau assurera une transmission de données numériques et de phonie, sur le protocole Aviso développé par l’Ineris », explique Dominique Charpentier de l’Ineris, « il permettra de… »
Piloter des automates programmables, des centrales de mesures et contrôler la progression d’un engin dans les collecteurs d’égouts. Aviso, qui permet de transmettre la parole, fonctionne depuis cinq ans sur six installations de la région parisienne. Aujourd’hui, la transmission des données est réalisée sur 13 kilomètres sous protocole Jbus par un câble rayonnant plaqué à la paroi. Cet équipement, qui résiste aux égouts en charge, devrait être testé grandeur nature dès février 1998 avec deux automates programmables April, gérant chacun 3 vannes, et des centrales de mesure. Tout le savoir-faire de l’opération se résume dans la mise au point de l’électronique et de la transmission des données de terrain résistante aux conditions de vie bien particulières rencontrées dans les égouts et… « Ces technologies pourront être utilisées dans les petits tunnels », ajoute Dominique Charpentier.
Une chose est sûre : la transmission des données ne poursuit qu’un seul objectif : exploiter les informations.
Exploiter les informations
Selon la complexité du réseau, plusieurs types d’informations peuvent être exploitées, allant du simple archivage des données de télécontrôle et de télémesure, jusqu’à la mémorisation des tendances et des anomalies.
Les choses commencent à se compliquer dès que l’on fait de la télésurveillance ou de la télégestion. Le poste local suit alors l’évolution d’un paramètre. Dès que celui-ci dépasse un certain seuil ou qu’il constate une anomalie, il déclenche une alarme qu’il faut gérer. Par exemple, après n déclenchements d’un moteur, le système peut déclencher une action de maintenance. L’objectif est alors de contacter un opérateur d’astreinte. Celui-ci peut être contacté par différents vecteurs : fax, téléphone, pagers de type Alphapage, Operator, Tam-Tam… Charge à lui de prendre connaissance du contenu du message en appelant le serveur par Minitel ou téléphone, de s’identifier, avant d’écouter le texte, puis d’acquitter l’écoute à l’aide des touches du clavier téléphonique. Pour réaliser ces tâches, IOS-Anjou Télématique a développé voici quelques années Lerne V2, un logiciel de télégestion capable de superviser des réseaux de plusieurs milliers de capteurs.
Ces logiciels permettent, comme Alcyr de Gestat, de récupérer les fichiers de données selon plusieurs manières (manuelle, semi-automatique ou automatique) puis de les exploiter pour une présentation sous forme de courbes ou de journaux. Aujourd’hui, pour les applications complexes, les constructeurs offrent des outils basés sur le standard Windows de Microsoft. Ainsi, Sofrel et son PCWin, Napac avec Kerwin, Sevme et Sentinelle, ont développé un poste central de télégestion intégrant un logiciel travaillant sous Windows 95/NT. Les trois logiciels ne se limitent pas à la simple acquisition. Ils assurent un traitement automatique, sans recours à un logiciel externe. L’archivage des données, réalisé sur une base de données relationnelle standardisée, fait de ces outils des systèmes ouverts, intégrés dans un environnement bureautique multimédia, ce qui simplifie la gestion des informations et l’édition des rapports.
Cependant, l’affaire se complique un peu plus lorsque les événements recueillis servent à déclencher un plan d’alerte, comme c’est le cas pour la surveillance des crues. Les Diren, qui dépendent du Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, sont équipées d’un réseau qui contrôle le niveau des rivières. Dès qu’il dépasse un certain seuil, l’alerte est transmise au préfet et aux responsables de la sécurité civile. « Actuellement, la communication entre la Diren et la préfecture se fait par télécopie », explique Pascal Victoria, commercial grands comptes chez Elan Informatique, une PME toulousaine spécialisée dans la synthèse vocale. « Des problèmes peuvent se poser lorsque l’information arrive la nuit ou pendant les congés de fin de semaine. Il faut alors que le responsable de la Diren appelle le préfet pour que celui-ci se déplace à la préfecture pour valider le message d’alerte en direction des maires ». L’information peut alors être longue à acquitter et, pendant ce temps, la responsabilité de la sécurité civile, donc de l’État, est engagée.
Pour que l'information soit disponible plus rapidement, le Ministère de l'Intérieur et celui de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement cherchent à améliorer la technique de transmission des alertes en direction des maires. En ce qui concerne le lien Diren-Préfecture, rien n'est changé, la télécopie est toujours de mise. Seul, un système de surveillance, dénommé Diali, est développé pour transmettre les informations vers les mairies et autres services de sécurité. « Il s’agit d’un automate d’appel sans délai de mise en route », explique Jean-Pierre Dupouyet, chef du service hydrologique et des milieux aquatiques de la Diren Midi-Pyrénées. Cependant en Haute-Garonne, comme dans de nombreuses zones de montagnes, cette organisation est encore trop lente. « Il nous faut gagner du temps, car dans notre région le temps de réponse est très court, de l’ordre d’une heure », ajoute-t-il.
Pour accélérer le transfert des informations, la Préfecture de Haute-Garonne a remplacé la télécopie par une liaison informatique. Les données transmises ne sont plus ressaisies, elles sont transmises directement au serveur Dali. Grâce à la synthèse vocale, mise en place par Elan Informatique, le déplacement du Directeur de la protection civile n'est plus obligatoire. Averti par téléphone par la Diren, il écoute le message téléphonique qui lui est adressé. À la suite de cette écoute, deux attitudes peuvent être retenues :
- - Il est d’accord avec le message transmis par téléphone et il le valide et décide de redescendre l’information vers les mairies.
- - Il n’est pas d’accord. Il se déplace alors à la Préfecture pour modifier le message. Il dégage alors la Diren de toutes responsabilités.
« Cette organisation nous permet de gagner beaucoup de temps », précise Jean-Pierre Dupouyet, qui utilise ce site pilote mis en place par la Préfecture de Haute-Garonne. Devant la complexité des procédures d’alertes, on ne peut que rêver de la mise en place d’un protocole universel, comme Internet. Tout le monde s’y prépare, et les premiers produits apparaissent. La télégestion par Internet, ou Intranet, c'est peut-être pour demain.
L'arrivée d’Internet et d’Intranet
Wit a été le premier à annoncer « la télégestion sur Internet/Intranet » en ouvrant sa gamme Clip sur le monde Internet. Ceci permet la consultation des informations via un classique navigateur en rendant accessibles toutes leurs données : événements, traces, variables...
Napac suit de très près et présente en novembre une nouvelle version de son superviseur de télégestion Kerwin. Il intègre un module d’exploitation sur réseau Internet et Intranet. Pour Robert Bonfils de Napac : « Cette nouvelle fonctionnalité présente l’intérêt pour les exploitants de systèmes de télégestion de pouvoir communiquer avec leurs installations techniques à partir de tout navigateur Internet du commerce. Cette ouverture offre par ailleurs de nouvelles perspectives d’applications de téléexploitation et de télémaintenance d’équipements techniques ».
Sofrel, qui regarde aussi de très près le « Net », n'a pas encore fait d’annonce en ce sens... Une chose est sûre, chez Napac et Sofrel, on s’accorde sur ce point : « Aujourd’hui cette approche est avant-gardiste et le Minitel a encore de beaux jours devant lui ».
Il est vrai que la mise en œuvre d’Internet impose des précautions. Précautions à prendre en termes de sécurité (protection d'accès et téléalarme, protection contre les virus informatiques), d'interactivité (télécommande) et de gestion dynamique des données. Pour assurer l’ensemble de ces fonctionnalités, Napac a développé un serveur http spécifique. Il permet :
- - un accès dynamique aux données avec gestion de synoptiques animés pour la communication directe et en temps réel avec les sites télégérés ;
- - la mise en place des sécurités nécessaires pour l’accès aux données ;
- - l'intégration de sessions permettant de contourner les limites de base du protocole http.
« Cette solution technique légère autorise »
Ultérieurement, son portage par les postes locaux de la gamme Flowtec, précise Robert Bonfils.
Mais rêver sur le « Net » n’est pas une utopie... Surtout depuis que l’on peut interroger par téléphone sa messagerie E-mail. C’est ce que permet Dial & Play E-mail, un système permettant l’accès et la réponse aux E-mail Internet à l’aide d’un simple téléphone. Ce produit a été développé par Marco Ennio, ingénieur chez Elan Informatique. Il permet, à partir d’un simple téléphone portable, de consulter sa messagerie Internet et d’écouter les messages lus par une voix de synthèse. Aujourd’hui, le système reconnaît et lit le français, l’anglais, l’allemand et l’espagnol, ainsi que les messages reproduits par synthèse vocale. Demain, d’autres langues suivront. Les messages exprimés sont clairs. Le système élimine automatiquement les lignes de codes de routage spécifique propres aux messageries Internet.
Ce produit, qui a déjà reçu les Trophées de France Télécom 1997 de la Micro-Informatique Communicante, est nominé parmi les 25 gagnants du Prix Européen 1997 des Technologies de l’information, organisé par la DG III (Direction de l’Industrie de la Commission Européenne) et dont les prix sont remis le 25 novembre 1997 à Bruxelles par Jacques Santer, Président de la Commission.
Sur certaines applications, les exploitants souhaitent aller plus loin que la simple gestion d’alarme. C’est entre autres le cas pour les collectivités locales, les exploitants de stations de traitement d’eau potable, les gestionnaires de réseau, etc., qui peuvent être intéressés de coupler leurs informations de télégestion avec la supervision du site.
Coupler télégestion et supervision
Pour simplifier l’exploitation des données de terrain, Areal Savigny a largement ouvert son superviseur Topkapi Vision sur les produits de télégestion.
En effet, celui-ci accepte les protocoles CR2M, Datbus (Datam), Etic, Flygt (Station SRX 104), Hydreka, Jel, Modbus-JBus Maître, Naqac, Pascrex, Perax, TRS II (Wit, Aquaveil), Sécurité Communication, Sériee et Sofbus (Sofrel) supportant les données horodatées. Disponible en version 16 ou 32 bits sous Windows 3.x, 95 et NT, Topkapi ne se contente pas de dialoguer avec les équipements connectés en permanence. Il accepte également les équipements reliés de façon intermittente (via le réseau téléphonique par exemple).
Ces données qui arrivent en temps différé doivent être datées localement. En local, le superviseur se charge des animations et des commandes temps réel pendant la connexion. Il réalise les historiques avec les dates et heures de la station distante et de la réception.
Annoncée à Pollutec 97, la version 32 bits de Topkapi Vision permet une redondance complète entre les postes serveurs et les stations de télégestion.
Pour sa part, OTV a mis au point un système de contrôle centralisé autour d’un automate programmable et d’un superviseur. Flowvision, c’est son nom, assure en plus toutes les tâches habituellement réservées aux systèmes de télégestion (archivage, historique, bilan, traçabilité...).
Bâti sur le superviseur PcVue d’Arc Informatique, Flowvision devrait être disponible en version 32 bits et Windows NT début 98, pour le salon Automation.
En attendant, le système est en exploitation expérimentale à Voulx, en Seine-et-Marne. Là, il gère les alarmes en temps réel et l’exploitation centralisée et sécurisée de 14 petites stations d’épuration.