[Photo : Poste local de télégestion S50A (dédié “assainissement”) et poste central de télégestion PCWin]
Dans l’Aisne, le SIVOM de Soissons s’est créé dans les années soixante-dix autour de la collecte des ordures ménagères. Aujourd’hui, il collecte et trie les déchets de 65 000 personnes regroupées sur 45 communes, et gère l’assainissement de quelques 50 000 habitants répartis sur treize communes. Il y a quatre ans, le SIVOM avait signé un contrat d’agglomération avec l'agence de l’eau Seine-Normandie et le Conseil Général. Ce contrat prévoyait d’établir la liste de l'ensemble des travaux à réaliser sur cinq ans. Un diagnostic de réseau a donc été réalisé, permettant de le cartographier et de distinguer les zones d’assainissement autonome de celles en réseau collectif.
Cette occasion de cartographier numériquement le réseau aboutit aujourd'hui à une télégestion du réseau.
À l’ouest du secteur du SIVOM, la station d'épuration, exploitée par O.T.V., traite les effluents usés à hauteur de 80 000 équivalents habitants. Elle reçoit plus d’effluents aujourd’hui, du fait du raccordement de petits hameaux qui, suite au diagnostic de réseau, sont passés d’un assainissement autonome à une collecte de leurs eaux usées. Mais 350 kilomètres de réseau aboutissant à une station d’épuration ne pourraient se concevoir sans la présence de
[Photo : Les 350 km de réseau aboutissent à la station d’épuration]
Postes de refoulement des eaux usées, trente-six à ce jour.
Or le SIVOM souhaitait rénover les armoires âgées de plus de trois ans, où sont placées les pompes de refoulement. Il désirait aussi faire évoluer ces pompes d'un système de simple commande marche/arrêt par automatisme « à relais » à un système de télégestion intégré. C’est pourquoi il a lancé un appel d'offres sur performances durant lequel les candidats sont venus présenter leur dossier. C'est l'intégrateur Cégélec, en proposant du matériel Sofrel Telecontrol, société appartenant au groupe Lacroix, qui a remporté le
[Encart : Les 350 kilomètres de réseau du SIVOM sont aujourd'hui équipés de 36 postes de refoulement des eaux usées. Chaque poste coûte 150 000 F. Ceci reste cependant une moyenne, car l'emplacement des derniers postes, qui équipent des hameaux de quelques maisons seulement, augmente considérablement leur coût. À ce jour, 21 postes de refoulement sont équipés du système Sofrel Telecontrol de télégestion et de téléalarme. Les quinze restants constituent la dernière tranche d’équipement. Chaque tranche aura coûté près de 500 000 F. Le SIVOM a reçu des subventions de l'Agence de l'eau Seine-Normandie, à hauteur de 40 %, du Conseil Général pour 15,5 %, et a emprunté 20 % de la somme totale sur douze ans à taux zéro.]
[Photo : Station du Mail : bilan pompes sur 24 heures]
[Photo: Station du Mail : bilan pompes sur 1 semaine]
marché. « Plutôt que de greffer une énième armoire, nous avons choisi de remettre tout à neuf. Les automatismes spécifiques au poste de refoulement intégrés au S50A ont semblent-ils été déterminants », souligne Sylvain Guyot de Sofrel Telecontrol.
Une télégestion délocalisée
Le système proposé par Sofrel Telecontrol se base sur un traitement des informations décentralisé dans chaque poste de contrôle. Dans chaque poste de refoulement se trouve un poste local S50A. « Chez Sofrel Telecontrol, le traitement des données effectué par les postes locaux est la base architecturale de nos systèmes », rappelle Jacques Wantroba, ingénieur chez Sofrel Telecontrol. Chaque poste local acquiert des informations, les traite et les interprète grâce à ses 2,6 méga-octets de capacité mémoire. « La puissance de calcul étant délocalisée, les postes locaux doivent être très performants, avec des calculs très précis », précise Jacques Wantroba. Les postes locaux envoient ensuite ces informations traitées à un poste central. À la fois automates et postes de gestion, les S50A peuvent aussi dialoguer entre eux.
Dans les locaux du SIVOM se trouve un poste central, constitué d’un simple PC. Une fois par jour et grâce à un modem, cet ordinateur appelle les postes de refoulement pour collecter les informations. Configuré pour fonctionner sous un environnement Windows, le PCWin peut être manié par des utilisateurs non informaticiens. En cas de panne, la décentralisation des données montre tous ses atouts, car l’information peut être récupérée par simple consultation Minitel, ou par déplacement d’un technicien équipé d’un micro-ordinateur portable. Au poste central, l’interprétation des données collectives peut être décomposée par pompe, par station, ce qui permet de faire un bilan quotidien, hebdomadaire ou mensuel du volume pompé. Le système mis en place à Soissons accepte jusqu’à 50 postes locaux (et peut évoluer jusqu’à 250 postes locaux).
Un système au service du technicien
« Le principe de notre système est le paramétrage “en clair” (question/réponse), et non la programmation », indique Jacques Wantroba. Cette logique ayant prévalu pendant l’ensemble de l’installation du système, le personnel du SIVOM a lui-même choisi les seuils des paramètres concernés. Ce fut le cas par exemple des alarmes, qui possèdent quatre niveaux, allant de la consignation de l’information à l’astreinte, via l’impression des données sur l’imprimante du poste central et l’appel téléphonique. Pour Jean-Michel Guillon, directeur du SIVOM, « les membres du personnel du SIVOM sont très demandeurs de ces techniques, où chaque schéma est présenté selon leurs besoins ». Sofrel Telecontrol a dans son projet préféré l’astreinte vocale par téléphone portable à des systèmes d’alerte par Pager. Dans le second cas, il faut systématiquement rappeler le poste central par Minitel ou téléphone. Et l’information passe par un opérateur, ce qui peut induire des erreurs. « Dans le premier cas, il n’y a qu’une seule communication pendant laquelle le technicien réceptionne l’alarme puis s’en acquitte », explique Sylvain Guyot. « L’astreinte est mieux vécue par les techniciens s’ils sont munis d’un téléphone portable, et libres de mouvements », surenchérit Jean-Michel Guillon.
Présent et futur de la télégestion
Le SIVOM ne cache pas sa satisfaction d’avoir choisi un tel système. Auparavant, les deux électromécaniciens du Syndicat intercommunal fonctionnaient sur une logique de tournée avec un ordre de visite pour les postes de refoulement. La présence d’une panne n’était de fait pas immédiatement signalée. Sa détection pouvait aussi dépendre du calcul effectué sur des débits théoriques. Quant à sa réparation, elle se faisait au minimum en deux temps : un premier pour repérer la panne, un second pour réparer le défaut, quand il ne fallait pas revenir
[Photo: Station de Maison Rouge : bilan pompes sur 24 heures]
[Photo : Schéma de la télégestion des postes de relèvement du réseau d'eaux usées]
pour les pièces supplémentaires. «Avec ce système, note l'un des deux électromécaniciens, nous sommes immédiatement avertis d’un dysfonctionnement et de sa nature. En une demi-heure, nous sommes sur place avec le matériel adéquat.» «La tournée devient intervention ou maintenance», conclut-il. De fait, la maintenance, préventive, prend aujourd'hui une place importante dans le travail de ces électromécaniciens. La durée de vie des pompes ne peut dès lors qu’en devenir meilleure.
Le SIVOM est d’autant plus satisfait que l'installation de ce système de télégestion et téléalarme a déjà permis de repérer des arrivées d’eaux pluviales dans une partie du réseau, en séparatif. Bien que ce réseau soit mixte (unitaire/séparatif), 10 millions de francs annuels sont prévus entre 1997 et 2001 pour en transformer la majeure partie en séparatif. Ce système, et notamment les données qu'il fournit, va surtout permettre au syndicat d’exploiter les données actuelles pour les futures études. L’an prochain sera en effet lancée une étude sur les déversoirs d'orage. À l'extérieur de Soissons, le réseau est séparatif, alors qu'il est unitaire intra muros. S’appuyant sur les données des débits actuels du réseau d’assainissement, cette étude déterminera la mise en place ou non de bassins de stockage de 2000 m³. La télégestion est prévue pour ces bassins d'orage.
La demande initiale du SIVOM comportait aussi une clause d’évolutivité du système vers la télécommande. «La régulation des effluents de la station d’épuration se fera par télécommande le jour où l’on mettra en place les bassins d’orage», souligne Jean-Michel Guillon. Le directeur du SIVOM compte aussi sur les données fournies par la télégestion pour mettre aux normes phosphore et azote la station d’épuration, grâce aux données de débit des déversoirs d'orage.
La télégestion a été le début d’un long remaniement de la conception et de l'utilisation du réseau d’assainissement du SIVOM de Soissons.
La démarche consistant à connaître les points faibles de son réseau pour mieux l’exploiter a conduit le SIVOM vers une démarche qualité de son réseau. En parallèle, la station d’épuration est en cours de certification ISO 14001.
Les ratons laveurs, emblématiques de la ville de Clovis, vont désormais pouvoir profiter de la meilleure qualité de l'eau, résultant de ces améliorations.
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