Stockage en ligne, stockage temporaire, stockage double fonction? l'augmentation incessante des surfaces imperméabilisées confère au stockage un rôle désormais stratégique en matière de gestion des eaux pluviales. Rôle que l'arrivée de la taxe pour la gestion des eaux pluviales urbaines pourrait bien amplifier en incitant financièrement les collectivités et industriels à collecter, stocker, exploiter pour finalement réguler leurs rejets d'eaux pluviales.
Capter les eaux de pluie pour les stocker relève d’une pratique qui remonte à la nuit des temps. Les plus anciennes civilisations y avaient recours, le plus souvent en récupérant une ressource abondante à certaines périodes pour l'utiliser ultérieurement, à un moment où l'eau se faisait plus rare. Il s’agissait d’assurer l’alimentation en eau d’une cité dont la survie dépendait bien souvent de l’efficacité du dispositif mis en œuvre. Cette pratique a quasiment disparu dans la plupart des pays développés ou en voie de développement au fur à mesure que se sont généralisés les réseaux d’alimentation en eau potable.
On assiste pourtant depuis quelques décennies à un retour en force de cette pratique.
Le stockage de l’eau :
des besoins devenus divers et multiformes
Et même si les objectifs recherchés sont évidemment fondamentalement différents, le stockage de l’eau continue à répondre d’abord et avant tout à des contraintes locales. Du grand barrage au petit dispositif de stockage des eaux de pluie à la parcelle en passant par les retenues collinaires, les objectifs sont bien sûr très différents. On laissera de côté dans cet article les ouvrages de stockage qui répondent à des politiques d’aménagement du territoire pour se concentrer sur les démarches de stockage plus locales, susceptibles de s’inscrire dans une logique de bassin-versant et qui répondent à des besoins devenus divers et multiformes.
Si le stockage de l'eau bénéficie d'un certain regain, c'est d’abord parce que notre façon de considérer l'eau de pluie a, en quelques années à peine, considérablement évolué. Au plan technique tout d’abord. Sous l’effet d'une urbanisation croissante et d'une multiplication des surfaces imperméabilisées, il est apparu que la politique dite du « tout au réseau » qui reposait sur un raccordement systématique des eaux pluviales au réseau collectif pour évacuer les eaux de pluie le plus rapidement possible hors des espaces urbains était vouée à l’échec. Le stockage temporaire, avec ou sans infiltration, est apparu comme l'une des solutions susceptibles de réguler les volumes d'eaux pluviales transitant par le réseau. En France, plusieurs collectivités se sont dotées d'outils propres à exploiter les capacités hydrauliques de leur réseau pour stocker les eaux pluviales et les restituer à débit contrôlé postérieurement aux événements pluviaux. MAGES (Modèle d’aide à la gestion des effluents du SIAAP) en est l'un des exemples les plus aboutis. Cet outil intègre et analyse en temps réel les informations en provenance de Météo-France et des communes et syndicats avoisinants et simule les conséquences des situations occasionnées par le niveau des précipitations. En cas de crise, quinze minutes suffisent pour élaborer des scénarii de gestion des flux en fonction de la disponibilité des ouvrages ainsi que de la quantité d'eau qui circule dans le réseau. Les exploitants peuvent ainsi choisir d’actionner ou non les vannes pour rediriger les flux vers les ouvrages de stockage ou les retenir dans les réseaux pour retarder l'arrivée de
débits trop importants dans les ouvrages de traitement.
Hydrass propose ainsi des solutions consistant à exploiter le potentiel de stockage des collecteurs lorsque ceux-ci sont suffisamment dimensionnés, tout en permettant aux volumes stockés d’arriver en station après le phénomène pluvieux. Le système, appelé « déomatic », est un dispositif de retenue et de déversement d'eau, dont le fonctionnement d’ouverture et de fermeture est entièrement autonome. Le réseau contient les eaux le plus longtemps possible pour profiter au mieux de son effet de stockage et retarder le déversement dans le milieu naturel, jusqu’au moment où la consigne contre le déversement prévaut. Le niveau ayant atteint cette cote de consigne, le volet du déomatic bascule par rapport à son axe horizontal et ouvre une grande section de passage qui permet l'écoulement d’un débit qui, pour une même valeur de retour, demanderait la construction d’un seuil fixe très long. Le déomatic fonctionne de façon autonome et ne nécessite pas d’énergie extérieure pour s'ouvrir ou se refermer. En position normale, le volet du déomatic est fermé et peut empêcher toute remontée d’eau depuis l’aval vers le réseau par l’adjonction d'un clapet anti-retour dans la partie sous axe. Un contacteur peut être solidarisé au volet basculant et comptabiliser le nombre de déversements ainsi que leur durée.
L'agglomération d'Orléans, depuis plusieurs années, a mené une campagne de protection de ses réseaux par l’installation de plusieurs déomatic (8) + 2 en cours, sur un collecteur, avec comme priorité de se protéger des crues. Il s’en est suivi un meilleur classement de l'agglomération pour la qualité d’eau en Loire et un meilleur fonctionnement de sa métrologie.
Une autre solution consiste à augmenter la capacité physique du réseau de collecte pour faire face aux événements pluvieux exceptionnels, sans pour autant le redimensionner. Les ouvrages de stockage et de régulation d’eaux pluviales proposés par Bonna Sabla, Cimentub ou Stradal permettent de réguler efficacement les flux collectés à débit contrôlé. La saturation du réseau est évitée et la capacité d’évacuation et de traitement des eaux optimisée.
Des ouvrages, modulaires cette fois, d'une capacité de plusieurs milliers de mètres cubes, sont également proposés par des sociétés telles que Bonna Sabla, Chapsol, Stradal ou Sotralentz. Moins coûteux, ils se composent généralement d’éléments préfabriqués, juxtaposés et assemblés mécaniquement les uns aux autres. Avantages, ils peuvent être mis en œuvre en quelques heures, avec ou sans remblai, voire en élévation.
Qu’il s'agisse de bassins à ciel ouvert (de type stockage et régulation) en milieu extra
Urbain ou de bassins enterrés en milieu urbanisé, Bonna Sabla propose des solutions variées et adaptées aux demandes des maîtrises d’ouvrages et maîtrises d’œuvre. Pour les bassins de stockage enterrés, les tuyaux Moduloval® et les cadres monoblocs Cadrem® (cadres modulables) et pour les ouvrages d’entrée et sortie de bassin à ciel ouvert des regards carrés 1000x1000 et 1500x1500. Points forts de ses solutions : des joints intégrés en usine pour l’étanchéité des assemblages, facilité et sécurité de pose grâce aux ancres de levage, gain de terrassement et de remblai, et possibilité de réalisation de pièces spéciales : pièces obturées, départs de regard, pièces de raccordement, support technique.
Autre solution très en vogue, le stockage en ligne. Rapide et relativement simple à mettre en œuvre, il se compose de tubes de gros diamètres proposés par les fabricants de canalisations d’assainissement. Assemblés entre eux, ils constituent des ouvrages homogènes susceptibles de stocker plusieurs milliers de mètres-cube. Avec un avantage supplémentaire : le choix du matériau (acier galvanisé, béton, PRV, PEHD, fonte, etc.) qui permet de prendre en compte certaines contraintes locales : présence de nappes, de courants vagabonds, risques de corrosion, etc. Tubosider et Tubao proposent tous deux des systèmes de rétention en acier galvanisé équipés de régulateur de débit. Produits en France à partir de nouveaux aciers plus résistants et mieux contrôlés, les bobines sont pré-galvanisées à 725 g/m² double face conformément à la norme NF EN 10147. Trous d’homme, piquages, échelles, pompes, régulateurs de débit et pièces spéciales tels que tés, coudes ou fonds permettent de réaliser des ouvrages homogènes et façonnés à la demande.
Le système de buses métalliques Tubao présente les avantages suivants :
répartition sous voirie lourde facultative. Sur le chantier de Biéville-Beuville (14), Auzou a installé deux bassins d’orage dans le cadre de la construction d’un lotissement. Un premier bassin de 881 m³ avec un régulateur de débit vortex intégré de 20 l/s et un deuxième bassin de 735 m³ avec un régulateur de débit vortex de 10 l/s. L'ensemble se compose de 76 éléments comprenant 26 trous d'hommes au total.
En PRV, Hobas France propose des systèmes de stockage qui bénéficient des avantages inhérents à ce matériau : résistance mécanique, étanchéité, insensibilité à la corrosion. Un collecteur unitaire sur-mesure, légèreté, maniabilité, rapidité d'installation, mise en service simplifiée, caractère visitable, robustesse, empreinte carbone réduite, dalle de répara-
de 3300 m³ pour le stockage des eaux pluviales a par exemple été réalisé par micro-tunnelier sur 1340 m avec des tubes Hobas de diamètre 1800 mm pour la Ville de Rennes.
APS France, qui exploite également les qualités du PRV, a ainsi fourni au Syndicat Intercommunal de la Zone Verte du Grésivaudan (38), 550 mètres de canalisation ovoïde en PRV. Objectif : remplacer un collecteur défaillant mais aussi et surtout améliorer et renforcer les caractéristiques hydrauliques et les capacités de stockage du réseau (voir EIN n° 355). En complément APS France propose des solutions complètes de stockage jusqu’en DN 4000 avec système de rinçage automatisé par auge ou sous vide. En décembre 2012, grâce aux avantages du PRV et notamment sa légèreté et sa résistance à la corrosion, APS France a livré un réservoir de stockage en DN 3000 sur la commune de Villerupt (54).
En béton, Bonna Sabla a développé des canalisations à âme tôle jusqu’au DN 4000. Rehau, Polieco, Polypipe et Wavin proposent quant à eux des tuyaux en PEHD faciles à transporter et à mettre en œuvre, flexibles, disponibles jusqu’au DN 3500. Ces solutions permettent d’adapter rapidement les capacités des réseaux aux volumes d’eaux pluviales toujours plus importants liés à l’accroissement des surfaces imperméabilisées.
Le fabricant de caniveaux Aco propose un caniveau régulateur de débit : le caniveau Qmax. L’eau récupérée par une fente est retenue momentanément dans un gros ovoïde souterrain, ce qui évite la surcharge des réseaux en aval.
D’autres solutions permettent un stockage temporaire des eaux de pluie. En soulageant momentanément le réseau et en les associant à l’infiltration, elles permettent de s’affranchir de ce dernier, au moins pour partie.
Le stockage temporaire : associé ou non à l’infiltration
Efficaces, simples et rapides à poser, peu
Onéreuses, les structures alvéolaires ultra-légères (SAUL) connaissent un succès croissant (voir EIN n° 353). Grâce à un taux de vide supérieur à 95 %, elles sont capables d’absorber rapidement les eaux pluviales au plus près de leurs lieux de chute en écrêtant les débits de pointe. Susceptibles d’être mises en œuvre dans un très grand nombre de configurations, en neuf comme en rénovation, elles offrent la possibilité de stocker, infiltrer, voire récupérer les eaux qu’elles absorbent. Leurs nombreux avantages expliquent leur succès et ont conduit à la création d’un syndicat, le Storm, qui regroupe les principaux fabricants parmi lesquels Fraenkische France, Nicoll, Nidaplast Environnement, Rehau ou encore Wavin. D’autres acteurs comme Aco, Funke, Graf, Pluviau ou encore Sotra Seperef proposent des SAUL qui se distinguent les uns des autres par leurs caractéristiques hydrauliques, leur caractère inspectable et/ou hydrocurable, ou encore certaines particularités telles que la facilité de pose (Waterloc de Nicoll) ou de transport (300 m³ sur un seul camion chez Aco et Rehau), la résistance à la compression et aussi le temps de pose qui permet de réaliser de gros ouvrages en un temps record : sur la commune de Saint-Léger-les-Vignes (44), un bassin de rétention des eaux pluviales de 200 m³ composé du système Rausikko Box C de Rehau a été implanté à la cadence de 60 m³/h. Outre leur faible coût de réalisation (environ 300 €/m³), le coût d’exploitation et de maintenance des ouvrages réalisés sur la base de SAUL s’avère également réduit grâce à des dispositifs permettant l’inspection.
Stations de pompage des eaux pluviales : privilégier la fiabilité
Les stations d’eaux pluviales sont exploitées dans certaines zones inondables pour pouvoir pomper de grands volumes et ainsi limiter les risques d’inondations. De nombreuses agglomérations sont soumises à risques de crues, d’où la nécessité de systèmes de pompage à grande échelle et fiables, capables de supporter de grands volumes d’eau. « La fiabilité doit être le principal paramètre lors de la conception d’une installation d’eaux pluviales », souligne Claude Berthier, Responsable Solutions Clients et expert hydraulique chez Xylem Water Solutions France. « Des pompes de haute qualité, avec une grande résistance au colmatage, doivent être utilisées conjointement avec une conception hydraulique étudiée sur mesure et optimisée. Plus le fonctionnement de la station sera simple, plus l’installation sera sécurisée en cas de fortes pluies. »
Les eaux de pluie contiennent souvent des matières en suspension et substances fibreuses. De plus, des débits importants peuvent être générés dans de très courts laps de temps. Enfin, les stations de pompage d’eaux pluviales fonctionnent en général pendant de courtes périodes entrecoupées de périodes plus longues d’inactivité, mais parfois pendant des durées plus longues, ce qui requiert une fiabilité opérationnelle élevée.
Il est donc important de considérer tous les aspects de la conception de la station. La fiabilité et l’efficacité du système de pompage dépendent non seulement de la performance des pompes, mais également de la bonne conception hydraulique de la bâche et de l’ensemble de la station. Xylem capitalise une longue expérience dans les systèmes de pompage et ses outils d’expertise pour aider à la conception de stations réussies. « SECAD est notamment un logiciel complet de conception de station de pompage développé et produit par Flygt (marque de Xylem), et destiné aux concepteurs et projeteurs d’installations d’eaux pluviales », indique Claude Berthier. « Simplifiant considérablement le travail de conception, SECAD est construit sur des décennies d’expérience en ingénierie et sur le savoir-faire de Xylem. Il permet de générer automatiquement des dessins industriels et des fichiers de CAO adaptés à chaque projet. » Xylem utilise la CFD (Computational Fluid Dynamics) pour le développement de ses pompes mais aussi pour la conception des stations de pompage.
« En complément ou en alternative à la modélisation CFD, nous utilisons la modélisation physique pour développer des solutions rentables à des problèmes hydrauliques complexes. » La réalisation de maquettes est particulièrement pertinente pour les stations de pompage de configuration unique et complexe. Xylem, via sa marque Flygt, a été pionnier en France pour la conception hydraulique sur mesure de stations de pompage eaux pluviales. Claude Berthier rappelle : « nous avons été les premiers à modéliser des stations de pompage d’eaux pluviales en France. Par exemple, un des plus grands aéroports français avait nécessité une nouvelle station de traitement des eaux pluviales pour gérer l’afflux d’un grand réseau gravitaire d’eaux de pluie provenant des pistes. Grâce à la CFD et à la réalisation d’une maquette avec étude hydraulique approfondie, nous avons pu préconiser une bâche de pompage circulaire, une chambre de stabilisation centrale et une alimentation frontale des 12 groupes électropompes submersibles Flygt, d’une capacité totale de 16 m³/s. Depuis, Xylem a conçu des milliers d’installations de pompage à travers le monde. »
Pour les stations d’eaux pluviales, les pompes utilisées peuvent être de différents types. « Ce sont en général de gros débits pour de faibles hauteurs de refoulement ; dans ces cas, les pompes à hélice installées en tube sont souvent recommandées », explique Alain De Muynck, Ingénieur Produit et Solutions “Big Pumps” chez Xylem France. Dans le cadre du Plan Rhône, Xylem a fourni deux pompes à hélice capables d’évacuer chacune 3 m³/s d’eau pour éviter que des inondations telles que celle de 2003 ne surviennent à nouveau dans une plaine située le long du Rhône. « Xylem vient de développer une nouvelle génération de pompes à hélice Slimline Flygt, qui élargit notre gamme actuelle et fournit des rendements élevés, avec l’avantage d’un faible encombrement. En effet, les pompes Slimline ont un design innovant très étiré, ce qui rend la colonne de refoulement plus étroite, et donc le volume de bâche plus faible. En découlent des réductions de coûts d’excavation, de béton et de main-d’œuvre lors de la construction. »
D’autre part, les pompes à hélice Slimline possèdent des avantages certains en termes d’efficacité et de réduction de la maintenance, grâce à l’utilisation de la technologie N anti-colmatage brevetée : les bords d’attaque des pales de l’hélice au design incurvé permettent d’évacuer les débris le long de la rainure de dégagement située sur l’anneau d’usure, et les aubes de guidage ont été spécialement étudiées pour un écoulement plus stable. Ces capacités autonettoyantes réduisent considérablement les risques de colmatage et contribuent ainsi à une plus grande fiabilité, une réduction des opérations de maintenance et d’interventions non planifiées. Les ingénieurs Développement de Xylem ont également travaillé de manière à optimiser les vitesses et éviter les zones mortes et recirculation au niveau des aubes, et au niveau de la tête de pompe.
« Ainsi, les problématiques des stations de relevage eaux pluviales les plus complexes peuvent être solutionnées, grâce à la gamme élargie de pompes à hélice Flygt, le support en ingénierie et le retour d’expérience inégalé de Xylem », conclut Alain De Muynck.
Inspection et hydrocurage des modules : Waterloc® de Nicoll, D-Raintank® de Funke, Rainbox® II inspectable de Sotra Seperef ou encore Rigofill Inspect® de Fraenkische sont équipés de dispositifs permettant une inspection et un nettoyage des drains et des modules. Le système Nidaplast se distingue des autres SAUL par son réseau de drains externes qui permet à la structure de rester toujours propre. Seuls les drains peuvent nécessiter une inspection, un hydrocurage et une visitabilité par caméra. Les blocs Nidaplast ne peuvent pas se colmater puisque les impuretés ne transitent que dans les drains.
Aco, quant à lui, a conçu son module pour être inspecté en tout point et à tous les étages de la structure sans ajout d’élément spécifique. De son côté, Rehau est la seule société à proposer un canal de sédimentation fermé permettant de retenir les fines et facilitant ainsi la maintenance et la durée de vie de l’ouvrage.
Pour un stockage temporaire des eaux pluviales, il est également possible de concevoir des espaces à vocations diverses. Les techniques alternatives offrent de réelles opportunités d’aménagements : espaces verts, espaces collectifs non imperméabilisés, avec des fonctions multiples, à l’échelle d’un terrain ou d’un quartier. La réalisation de voiries avec des noues ou des fossés est souvent plus aérée, plus verte qu’une conception classique avec des réseaux enterrés.
Le stockage temporaire en toiture est également possible et permet des choix architecturaux différents : toitures végétalisées, toitures-terrasses ou stockage en caissons sur des toits en pente. Sur le nouveau pôle administratif des Mureaux (78), 294 m² de toitures ont été végétalisées avec un tapis de plantes grasses, rampantes, vivaces et graminées. La structure, peu épaisse, posée sur un système d’étanchéité, se compose d’un complexe drainant de matières organiques et roches volcaniques. Les plantes choisies, de milieu sec et pauvres, sont peu exigeantes en terre, en eau, en éléments nutritifs et en soins. Le résultat a permis de constater une rétention de 65 l/m², soit 19 m³ pour l’ensemble. D’autres solutions existent tel que le concept Wateroof intégrant le Nidaroof développé par Siplast et Nidaplast, sous Enquête de Technique Nouvelle réalisée par Socotec pour les toitures terrasses qui restent accessibles. Économique, le stockage en toiture ne nécessite ni cuve, ni dispositif de pompage et répond à la cible 5 de la démarche HQE comme aux exigences du décret n° 2011-815. Wateroof constitue une solution alternative intéressante. Avec l’emploi de la plaque Nidaroof structurée en nid-d’abeilles, Wateroof permet un ratio de 0,036 kg de produit/kg d’eau stockée, soit une très faible densité pour un maximum d’eau retenue, et permet d’utiliser un produit en polypropylène (le Nidaroof) ne contenant ni chlore ni plastifiant et issu à 60 % de matière recyclée.
La récupération des eaux de pluie et leur stockage est une autre solution qui permet de réguler les volumes raccordés au réseau en valorisant les eaux recueillies pour de nombreux usages.
Stocker pour réguler et valoriser : l’essor du stockage à double fonction
Si l’intérêt de la collecte et du stockage des eaux de pluie reste modeste pour les usages domestiques, il n’en va pas de même pour les établissements industriels, les centres commerciaux, les immeubles collectifs ainsi que pour les lotissements ou ensembles résidentiels pavillonnaires et tous les lieux publics. Le Grenelle de l’Environnement a instauré des dispositifs incitatifs tels que la TVA réduite ou des crédits d’impôts sur l’acquisition des équipements de récupération. Parfois, les collectivités subventionnent partiellement ou complètement l’installation de systèmes de récupération des eaux pluviales. Mais surtout, la taxe sur les eaux pluviales peut, depuis 2011, être instaurée par les communes et être associée à un système d’abattements qui promeut l’utilisation de systèmes de récupération. De plus en plus, les PLU imposent des dispositifs de rétention à la parcelle précisant la capacité de stockage et le débit de fuite. Il devient ainsi possible, en un seul investissement, de respecter les seuils de rejets réglementaires tout en s’aménageant la possibilité de récupérer ou de réutiliser l’eau de pluie.
Le dispositif à mettre en place est très simple : dans une simple cuve dont la capacité est liée aux surfaces de ruissellement, une partie est associée à la fonction stockage et une autre à la fonction régulation. Il suffit, pour séparer les deux parties, d’aménager une prise à un certain niveau de la cuve pour attribuer la fonction récupération au volume situé sous cette prise. Si le dispositif n’est pas gravitaire, c’est la hauteur de la pompe qui déterminera les volumes affectés à l’une ou à l’autre de ces fonctions.
Deux fonctions. 20 Innovation, Graf, Kipopluie, Plasteau, Simop, Sotralentz, Sebico ou Polyway proposent des dispositifs pré-équipés et packagés de stockage à double fonction. Pack’eau version stockage et rétention de Sebico se compose par exemple d’une gamme de cuves en polyéthylène allant jusqu’à 10 m³ qui combinent le stockage pour la réutilisation de l’eau de pluie et la rétention pour réguler le rejet vers le réseau. L’entreprise propose également des citernes souples de 90 à 4 400 m³ pour des applications réserves incendie. Graf propose également des systèmes 100 % rétention (gamme Platine et Carat de 2 700 et 10 000 l) ou rétention/utilisation (gamme Platine Plus et Carat Plus de 5 000 à 10 000 l) permettant de retenir les eaux pluviales dans la partie rétention et de les évacuer vers le réseau selon un débit régulé tout en conservant un volume d’eau pluviale pour une réutilisation. Sotralentz propose de son côté des cuves de 4 000, 5 000, 8 000 et 10 000 litres rectangulaires monoblocs qui remplacent les cuves jumelées de 2 500 litres et les cuves cylindriques de 4 000 litres précédemment commercialisées. Ces cuves simple peau, fabriquées par extrusion-soufflage de polyéthylène haute densité (PEHD), ont des capacités plus importantes, ce qui réduit les opérations de soudure. Leur forme rectangulaire et compacte renforce leur résistance et leur fiabilité en les rendant plus compactes et plus stables que les cuves cylindriques. Cette gamme de cuves rectangulaires monobloc est complétée par la famille de cuves double peau modulaires permettant d’obtenir des volumes de stockage quasi infini. Labaronne Citaf, l’inventeur des citernes souples autoportantes, a démontré de longue date l’efficacité des solutions qu’elle propose en matière de stockage d’eau. Fait intéressant : sur 40 000 citernes installées dans le monde entier, 5 000 concernent directement l’application défense incendie. Également spécialisée dans les citernes souples, Citerneo vient de mettre en service une réserve incendie de 120 m³ à Clarbec (14), testée et approuvée par les pompiers. Parmi les avantages de ce mode de stockage, également commercialisé par Latim, Sobek et Pronal : la rapidité, l’efficacité, l’économie, la durabilité et l’absence d’entretien particulier.
Kipopluie propose également une offre sur mesure pour recueillir les eaux de ruissellement, les contenir et les réguler en débits de fuite conformément à la réglementation. Dans le cadre de la réglementation qui impose aux collectivités et aux industriels une ressource en eau à proximité de leurs locaux à un débit de 60 m³/h pendant 2 heures, Kipopluie propose, en partenariat avec Pronal, des réserves incendie de tous volumes sous forme de citernes aériennes en tissu polyester précontraint à enduction PVC allant jusqu’à 500 m³. Ces citernes souples présentent de fortes résistances mécaniques (résistance rupture de chaîne de 340 daN) et résistent à des variations de températures allant de –30 °C à +70 °C. À noter que Kipopluie vient de présenter Kipo-Clap, un clapet anti-retour gros diamètres (DN 160, 200 ou 400) conçu pour lutter contre la pollution par remontée d’eau vers les réservoirs de stockage ou de compensation d’eau de pluie. Facile à mettre en œuvre et prêt à l’emploi, il ne nécessite pas de dalle d’ancrage et est livré assemblé, prêt à être associé au réseau existant.
Les fabricants de canalisations sont également présents sur le marché du stockage en défense incendie en proposant des solutions enterrées qui permettent d’économiser le foncier. À Montluel (01), Saint-Gobain PAM a installé en une journée un réservoir incendie de 180 m³ sous le parking de la gare. D’une longueur totale de 65 m et d’un diamètre de 2 m, le réservoir en fonte a été livré le matin même en 9 parties qui ont été assemblées sur place. Certains, comme par exemple Ozelo, vont encore plus loin et proposent leur expertise aux communes et à leurs groupements désireux de mettre en place un service de gestion des eaux pluviales sous la forme d’une prestation d’assistance. C’est que le stockage des eaux pluviales, quelle que soit sa vocation, n’est pas une opération anodine. Quelques projets simples en apparence, mais non concertés, peuvent présenter des interactions négatives et se traduire par des désordres ou des conséquences globalement négatives à l’échelle d’un bassin-versant.