Les techniques du traitement des eaux résiduaires sont depuis plus de trente ans en constante évolution, mais ces dix dernières années ont été sans conteste les plus fertiles tant pour la mise au point de nouveaux procédés que dans l’évolution technologique.
Pour les exploitants de terrain, ballotés par la relativité des idées et des « vérités » qui se sont imposées au fil des modes sur la conception des stations d’épuration, il est parfois difficile de définir une politique de gestion stable et rationnelle. Ces outils, dont ils ont l’exploitation quotidienne, ont de plus des réactions si souvent capricieuses…
Aujourd’hui encore, nous mesurons la relativité de certains principes. Et pourtant voilà dix ans déjà que notre Direction Régionale Région Parisienne – Nord de la S.L.E.E. exploite des installations d’assainissement (1). Alors pourquoi ces incertitudes ?
(1) En 1976 l’activité de la Région Parisienne – Nord de la S.L.E.E. avait fait l’objet d’une communication dans cette revue. Voir L’EAU ET L’INDUSTRIE n° 6 – avril 1976, « Le cycle de l’assainissement dans le Complexe C.B.S. (Creil-Beaumont-Survilliers) de la Région Parisienne – Nord de la S.L.E.E. », pages 56 et suiv.
Nouvelle activité et défaut d’expérience ? Ce n’est plus la vraie raison après dix ans d’exploitation. Le temps des pionniers est terminé et nous pensons qu’une des principales raisons réside dans l’évolution ultra-rapide des techniques de l’épuration et dans la naissance d’une science.
En effet, les exploitants de stations d’épuration d’eaux résiduaires urbaines considèrent aujourd’hui les « années 50 » de notre siècle comme le Moyen Âge : le règne de l’empirisme.
Les « années 60 » sont presque aussi méprisées : c’est la « Belle Époque » des constructeurs. Seuls détenteurs de la « science », ils peuvent parler avec assurance de leur savoir, de leurs techniques, forts de l’ignorance de leurs interlocuteurs.
Cette caricature est à peine forcée.
Bien peu de professionnels se réfèrent, à cette époque, aux travaux de MONOD, Prix Nobel de Médecine, dont la thèse de 1942 sur la croissance des cultures bactériennes sert de base aux corrélations mathématiques. À quelques exceptions près, seule la référence IMHOFF semble être connue du « grand public » !
En fait, le vrai virage se prend au tout début des « années 70 ».
Les techniciens des administrations (D.D.E. et D.D.A.) et les Ingénieurs-Conseils des Collectivités, sous l'impulsion des exploitants qui subissent sur le terrain les erreurs de conception et de dimensionnement, réagissent et exigent de la part des constructeurs des notes de calcul et de véritables explications techniques. La concurrence aidant et se sentant talonnés par certains organismes publics (CETEGREF notamment), les constructeurs s'intéressent aux travaux de recherches fondamentales (microbiologie) et augmentent leur budget de recherche appliquée.
Enfin une SCIENCE, digne de ce nom, se crée et se vulgarise dans le même temps.
Cette Science, bien assise sur des expériences concrètes, forte de l’empirisme et des erreurs passées, évolue très vite. Les nouveaux procédés se bousculent (physico-chimiques, traitements tertiaires, amélioration des procédés classiques, etc.).
À peine maîtrise-t-on les techniques de la nitrification biologique qu'une nouvelle réglementation (juin 1976) fixe des normes de rejet sur l'azote Kjeldahl. Mais pendant la même année (1976) nous apprenions, avec DEGREMONT, à mettre au point les procédés de dénitrification par voie biologique sur des pilotes semi-industriels à CHANTILLY.
Un exemple concret : la station d’ASNIÈRES-SUR-OISE que nous décrivons plus loin dans cet article. Conçue sur les planches à dessin par DEGREMONT en 1975, elle était d'avant-garde avec son procédé de nitrification biologique ; mise en service en juillet 1978, elle serait maintenant complétée par un équipement avec zone d'anoxie en tête qui assure une dénitrification complémentaire.
Devant le marché potentiel que représentent les stations de petite ou moyenne importance, les constructeurs prolifèrent, certains avec des procédés saugrenus. Leur apparition sur le marché n'est souvent que fugitive, mais laisse derrière elle trop souvent des stations inexploitables.
L’évolution technologique s'est faite parallèlement avec notamment des progrès fulgurants dans le domaine de la déshydratation des boues grâce à l’évolution des filtres à bandes pressantes.
La régulation est, par contre, restée un peu à la traîne. Réservée, au début, aux grandes stations ; les capteurs sont souvent mal adaptés, trop fragiles. La régulation tend maintenant à se généraliser, mais de gros progrès restent à faire, notamment dans la conception de nouveaux capteurs mieux adaptés ou spécifiques à l’épuration. Les constructeurs ne paraissent pas se passionner pour ce sujet et les exploitants doivent inciter la recherche dans cette direction.
C'est ainsi que, sur la station d'épuration de COMPIÈGNE (Oise), nous avons expérimenté puis installé en 1977 un capteur photométrique qui régule parfaitement la recirculation des boues dans l'étage biologique et l’extraction des boues en excès. Cette référence devrait permettre aux constructeurs de préconiser ce type de régulation dans leurs projets.
Alors que l'on pensait bien maîtriser les phénomènes biologiques, de nouveaux problèmes surgissent : la « mousse de CHANTILLY » (prolifération sur les bassins d'aération de mousses constituées apparemment d'une émulsion de graisses et de matières en suspension, apparue dès 1975 sur la station de CHANTILLY), maladie moderne des stations d’épuration, gagne un nombre de plus en plus important d'installations.
Comment, dans ces conditions, et devant une panoplie dépareillée des stations d'épuration parfois démodées avant même la fin des travaux de construction, l'exploitant n'éprouverait-il pas des difficultés à définir une politique de gestion rationnelle pour ces outils aux réactions quelquefois déconcertantes liées au processus biologique ?
La conception des réseaux de collecte, la nature des rejets dans ces réseaux (industries, hôpitaux, abattoirs, etc.), la qualité et la fragilité du milieu récepteur, l'environnement « écologique » (Associations de pêcheurs à la ligne, écologisme exacerbé, etc.) font qu'il est illusoire de définir une RÈGLE de conduite et de surveillance des stations.
La surveillance d'une station qui rejette ses effluents dans une rivière à truites sera plus contraignante que sa sœur jumelle installée au bord d'un fleuve.
Ces paramètres ne sont évidemment pas tous codifiables et la recherche d'une meilleure gestion induit la notion du « risque calculé » avec parfois ses erreurs de calcul...
Les Services Techniques (des Collectivités ou des Sociétés privées) qui assurent la gestion des services de distribution d'eau se sont aperçus que leur expérience de traiteur d’eau potable ne leur était pas aussi utile qu’ils l’avaient espéré. C’est parce que la S.L.E.E. l'a compris dès le départ, qu'elle a su former des techniciens et créer des services spécialisés dont la compétence s’est vite affirmée, que de plus en plus de Collectivités lui confient la gestion de leur Service d'Assainissement.
Les stations d’épuration deviennent chaque jour plus performantes, mais aussi plus sophistiquées. Leur exploitation est devenue une affaire de spécialistes.
Dans la conception des stations de la nouvelle génération, on attache évidemment beaucoup d'importance aux garanties sur les performances épuratoires. Certes, le dimensionnement des installations est maintenant, en règle générale, correct, mais nous constatons que l'on ne raisonne pas toujours en termes de SÉCURITÉ du fonctionnement. Sans tomber dans un perfectionnisme outrancier, on peut affirmer que les constructeurs des stations ne proposent pas toujours des appareillages d’automatisation ou de régulation parfaitement adaptés aux problèmes d’exploitation. Notre expérience nous permet de dénoncer certaines incohérences, voire à proposer
des dispositifs plus fiables et nous regrettons que l'on ne fasse pas plus souvent appel aux futurs exploitants lors de l'examen des projets de construction de nouvelles stations.
Un exemple parmi tant d'autres : le problème de la régulation de la recirculation des boues notamment dans les stations conçues pour assurer des rejets de qualité V ou VI. Il est évident que, dès lors que l'on recherche et favorise la nitrification biologique dans les bassins d'aération, on accroît par contrecoup le risque de voir se produire des phénomènes de dénitrification « sauvages » dans les clarificateurs avec largages des boues. Le paramètre sur lequel l'exploitant pourra jouer pour éviter ce phénomène, est le débit de recirculation qui doit être adapté et pouvoir varier avec le débit traversier. Or, force est de constater que bien peu de projets prévoient une régulation adaptée à ce problème, alors que les exploitants de stations sont unanimes pour affirmer que la norme de rejet la plus contraignante porte sur les matières en suspension.
Dans un autre ordre d'idées, quels sont les projets de réalisation d'ouvrages d'épuration qui abordent et analysent d'une manière réaliste le problème de la destination des boues résiduaires ? Affirmer que ces boues pourront être réutilisées en agriculture sans avoir fait au préalable une étude d'impact économique et agronomique auprès des agriculteurs de la région, est un vœu pieux que l'exploitant aura beaucoup de mal à voir exaucé.
Dans des stations desservies par un réseau de type unitaire, les ouvrages sont dimensionnés pour absorber un débit de pointe de temps de pluie. Mais un débit de pointe est par définition limité dans le temps. Or, bon nombre de stations perdent leurs boues par surcharge hydraulique, lors des pluies incessantes d'hiver, parce qu'un simple dispositif d'automatisation sur le relèvement des eaux brutes à l'entrée de la station permettant de brider la durée d'admission du débit de pointe, a été oublié.
Nous n'accumulerons pas davantage d'exemples, la liste pourrait être plus longue mais nous ne voulons en aucun cas mettre les concepteurs de stations en accusation. Nous avons le sentiment que, si de très gros progrès ont été accomplis ces dernières années pour améliorer les performances des stations d'épuration, les problèmes d'exploitation de ces ouvrages n'ont pas toujours été analysés et résolus d'une manière simple et réaliste.
Les années qui viennent seront sans nul doute fertiles dans l'évolution des techniques de l'épuration. Certains schémas, classiques aujourd'hui, seront remis en cause demain par la crise de l'énergie. De nouveaux procédés se développeront avec, peut-être, des modes « rétro » (fermentations méthaniques par exemple). Mais les exploitants de stations d'épuration devront pouvoir faire part de leur expérience et participer à cette évolution, car ce n'est que grâce à une bonne concertation entre constructeurs et exploitants que les problèmes de gestion pourront être maîtrisés.
Une réalisation intéressante :
LE MAÎTRE D'OUVRAGE
Si nous avons choisi la station d'ASNIÈRES-SUR-OISE comme illustration concrète des stations dites de la « nouvelle génération », c'est autant par sa conception que pour la personnalité de son maître d'ouvrage.
C'est, en effet, une décision exemplaire qu'ont prises en 1975, seize communes (douze du département du Val-d'Oise et quatre du département de l'Oise), lorsqu'elles ont constitué le Syndicat Intercommunal pour la collecte et le traitement des eaux.
Les communes de l'Oise ont obtenu en 1978 leur adhésion au Syndicat et raccorderont très prochainement leurs réseaux d'assainissement aux installations syndicales.
Une opération-pilote d'assainissement a été engagée qui a eu pour but de collecter toutes les eaux usées des agglomérations des deux vallées (la Thève dans l'Oise et l'Ysieux dans le Val-d'Oise) par des collecteurs généraux vers une station d'épuration unique située au bord de la rivière Oise, à ASNIÈRES-SUR-OISE.
Ces eaux usées qui épargnent ainsi les rivières Thève et Ysieux, dont le pouvoir d'auto-épuration est limité, reçoivent sur la station d'ASNIÈRES-SUR-OISE un traitement poussé avec nitrification biologique, pour respecter les normes de rejets très contraignantes correspondant aux zones dites « de proximité » (niveau VI). Cette épuration à hautes performances est nécessaire pour protéger les ressources d'eau potable de la région. En effet, indépendamment de l'objectif visant à améliorer la qualité de l'eau de la rivière, il convient de protéger la prise d'eau en Oise de la
les communes à caractère urbain.
Il convient toutefois de pousser plus loin l'analyse en différenciant les diverses classes de non-conformité :
Classe I : Mauvaise séparation des eaux usées et des eaux pluviales.
Cette enquête n’a bien entendu été faite que sur les immeubles raccordés sur des réseaux séparatifs, soit 13 237 sur les 13 882 contrôlés.
Sur 13 237 immeubles, 2 943 installations, soit 22 %, ont été trouvées non conformes (21 % si l’on se rapporte au total des 13 882 immeubles contrôlés).
Ainsi, 22 % des immeubles desservis en système séparatif ne respectent pas les règles de séparation des eaux usées et des eaux pluviales. Cela représente plus de la moitié (60 %) des cas de non-conformité observés.
Notons également que l’introduction d’eaux pluviales dans le réseau d’eaux usées est le cas le plus fréquent (18 %), alors que le rejet d’eaux usées dans les eaux pluviales ne représente que 3 % des cas de non-conformité.
Classe II : Non-raccordement total ou partiel d’installations sanitaires à l’égout d’eaux usées.
Sur 13 882 immeubles contrôlés, 1 542 installations, soit 11 %, ont été trouvées non conformes.
En clair, 11 % des immeubles desservis par un collecteur d’eaux usées ne sont pas raccordés ou ne le sont que partiellement.
Classe III : Mauvaise qualité des rejets.
Sur 13 882 immeubles contrôlés, 394 installations, soit 3 %, ont été trouvées non conformes.
Nous préciserons toutefois que ce dernier pourcentage n’est pas tout à fait représentatif de la réalité, car les enquêtes sur la qualité de rejets sont difficiles.
Le mauvais fonctionnement de fosses septiques avant rejet dans un réseau d’eaux pluviales ou la présence de substances interdites dans certains rejets industriels n’a que très rarement pu être mis en évidence et nécessiterait d’être détecté par une analyse.
On retiendra de l’analyse quantitative ci-dessus deux conclusions essentielles :
1. un immeuble sur trois possède des installations non conformes à la législation en matière de rejet à l’égout ;
2. plus de la moitié des cas de non-conformité ont trait à une mauvaise séparation des eaux pluviales et des eaux usées, l’introduction d’eaux pluviales dans un réseau d’eaux usées étant de loin le cas le plus fréquent.
OPERATIONS DE MISE EN CONFORMITÉ
Il appartient à chaque propriétaire d’immeuble d’effectuer les travaux de mise en conformité de ses installations privatives. En accord avec les responsables locaux et pour certaines de ces communes, nous avons informé par lettre chaque propriétaire concerné en fixant un premier délai de trois mois pour la réalisation de la mise en conformité. Puis, au bout de quelques mois (7 à 18 suivant les cas), nous avons envoyé des lettres de relance.
Les réactions ont été très diverses, allant de l’acceptation sans discussion au refus catégorique, ou à l’inertie, en passant par de nombreux échanges de courriers demandant soit des renseignements complémentaires, soit des délais supplémentaires.
a) Nous présenterons tout d’abord les résultats obtenus sur trois communes en ne tenant compte que des non-conformités de la classe I (mauvaise séparation des eaux).
Les courbes du graphique 2 font ressortir une lente évolution de la situation se traduisant au bout d’un an par un peu moins de la moitié des mises en conformité.
Les courbes s’infléchissent aux environs de 45 %, ce qui revient à dire que, bon gré mal gré, un propriétaire sur deux accepte de faire les travaux de modification de ses installations un peu moins d’une année après mise en demeure.
Nous remarquerons que :
- • l’envoi de lettres de relance n’a pas été efficace dans un cas sur trois ;
- • en gros, un propriétaire sur deux refuse d’effectuer les travaux pour des raisons diverses :
- — soit se retranche derrière l’obtention du certificat de conformité délivré à la fin de la construction de l’immeuble conformément au permis de construire ;
- — soit fait état de difficulté technique pour la réalisation des travaux, en particulier lorsque
son immeuble est en contrebas du réseau et qu'il est donc nécessaire d'installer un dispositif de relèvement ;
— soit déclare ne pas avoir les revenus suffisants pour financer les travaux ;
— soit plus simplement manifeste une forte inertie, parfois accompagnée de contestations diverses ou demandes de renseignements complémentaires.
Afin de situer l'importance relative de ces diverses raisons, nous donnons ci-après, sous forme de diagramme rosace, une analyse des causes de refus de mise en conformité, en sélectionnant trois types d’agglomérations : commune urbaine A, commune rurale et agglomération type Bourg de Brie.
b) Nous avons fait ensuite une enquête portant sur les 3 classes de non-conformité et examinerons, à titre d'exemple, les résultats observés sur l'une d'entre elles, la commune urbaine B.
Pour les 3 classes confondues et pour cette commune, nous observons :
— que dès l’envoi des lettres de demande de mises en conformité, 5 % des propriétaires avaient déjà effectué les travaux et ont donc tenu compte des observations faites lors des visites ;
— qu’au bout de 18 mois, 52 % de mises en conformité, toutes classes confondues, ont été réalisées ;
— que, en gros, l’envoi de lettres de relance a permis de progresser d'environ 2,5 % (avec à chaque fois un temps de réponse d’environ 2 mois) ;
— que beaucoup de propriétaires d’installations non conformes n'ont pas réagi, et que, par conséquent, il est difficile de savoir le motif de cette attitude.
D'une manière générale, nous avons remarqué une évolution semblable des mises en conformité pour les plus importantes classes de non-conformité, c'est-à-dire pour la classe I (mauvaise séparation des eaux) et la classe II (non raccordés).
LA RÉALISATION DES ENQUÊTES DE CONFORMITÉ
Il y a lieu de distinguer deux étapes :
1° la réalisation de l’enquête de base,
Station d'Asnières-sur-Oise :
8°) Épaississeur.
Cet ouvrage cylindrique est équipé d’un racleur diamétral de fond qui entraîne également une herse de « brossage » des boues. Cet épaississeur reçoit les boues biologiques en excès et les boues stabilisées. Son rôle est de concentrer et stocker ces boues avant leur admission en déshydratation.
9°) Atelier de déshydratation des boues.
La déshydratation des boues s’effectue sur un filtre à bandes pressantes « PRESSDEG » de 3 mètres de largeur. Dans cet appareil, les boues qui ont reçu un adjuvant de floculation (polyélectrolytes) sont d’abord égouttées sur une bande filtrante puis essorées avant d’être pressées (1). Le « gâteau » de boues sèches est évacué par bandes transporteuses sur une aire de stockage où les boues sont mises à la disposition des agriculteurs qui réutilisent ce produit, dont la valeur organique est maintenant reconnue.
L’atelier abrite également tous les appareils annexes au PRESSDEG, c’est-à-dire : la pompe à boue à débit variable, les deux cuves de préparation des floculants, la pompe doseuse et le circuit de dilution des floculants, un groupe compresseur, l’armoire électrique de l’atelier.
Il est à noter que des lits de séchage peuvent être utilisés en secours du PRESSDEG.
10°) Bâtiment d’exploitation.
Ce bâtiment regroupe l’ensemble des locaux suivants :
- — bureau avec tableau synoptique de la station et pupitre de commande,
- — laboratoire,
- — réfectoire et locaux sanitaires,
- — local du « pourcentmètre »,
- — atelier,
- — poste de transformation E.D.F. avec armoire électrique générale basse tension,
- — salle du groupe électrogène de secours : en cas de coupure de courant, le groupe électrogène à démarrage automatique (170 kVA) permet le fonctionnement du relèvement et du prétraitement de l’effluent, évitant ainsi la mise en charge des collecteurs et le débordement des eaux d’égout.
(1) Ce matériel a fait l’objet d’une description dans un article précédent. Voir L’EAU ET L’INDUSTRIE – n° 19 – octobre 1979 : « La déshydratation mécanique des boues de stations d’épuration et le nouveau filtre à bandes PRESSDEG », par Ph. VILLEMONTE de la CLERGERIE et G. HERVÉ (pages 35 et suiv.).
11°) Pavillon du préposé.
Le responsable de la station est logé sur place, ce qui permet une surveillance et des délais d’intervention optima.
LE POINT DE VUE DE L’EXPLOITANT
La conception même de cette station nous paraît intéressante sur bien des points.
Tout d’abord le schéma de traitement adopté est original, en ce sens qu’il comporte une décantation primaire suivie d’un étage biologique à faible charge massique, association que nous n’étions pas habitués à voir sur des installations classiques jusqu’alors. En fait, cette décantation primaire permet un âge des boues biologiques très important (37 jours à la capacité nominale) permettant d’assurer une nitrification optimale. L’âge des boues est, en effet, un paramètre essentiel dans le processus de la nitrification par voie biologique. Cette décantation primaire permet, de plus, une certaine souplesse d’exploitation. C’est ainsi que, mise en service en juillet 1978, la station était très sous-chargée (20 %), les travaux d’assainissement des communes n’étant pas terminés ; le décanteur primaire a été alors by-passé, afin que la totalité du flux polluant accède directement à l’étage biologique et que nous puissions « rentabiliser » l’exploitation du bassin d’aération, ce dernier ne fonctionnant plus en sous-charge excessive.
En mars 1979, les débits journaliers des eaux usées ayant augmenté (40 % de la capacité nominale), et la recirculation des boues étant perturbée par une formation très importante de filasses (malgré le dégrillage de 25 mm d’espacement de barreaux, en prétraitement), nous avons décidé de mettre le décanteur primaire en service.
Les deux bassins de stabilisation des boues primaires sont, en fait, les deux cellules de la station d’épuration provisoire, construite en 1976 qui assurait l’épuration des effluents des communes de VIARMES et ASNIÈRES-SUR-OISE pendant les travaux de construction de la station définitive. Cette petite station, d’une capacité de 4 500 habitants-équivalents, était un DIAPAC II, ouvrage composé de deux cellules d’aération-clarification (procédé d’alternance). L’essentiel de l’investissement correspondant à cette station provisoire qui a fonctionné un an et demi, a donc pu être récupéré pour la stabilisation aérobie des boues. Les six lits de séchage des boues de cette station provisoire ont été également conservés pour servir de secours en cas de panne de la déshydratation mécanique des boues résiduaires.
Un groupe électrogène sécurise le fonctionnement du relèvement et du prétraitement des eaux brutes, pour éviter la mise en charge des collecteurs et les nuisances provoquées par les reflux d’eaux usées chez les usagers ou sur les voiries. Il sera utile cependant que ce groupe permette aussi de sécuri
Sur le pont suceur du clarificateur secondaire et la recirculation des boues. En cas de panne prolongée de l'alimentation électrique, il est à craindre, en effet, des phénomènes de dénitrification sur le clarificateur.
Du point de vue des asservissements et régulation, nous apprécions la sonde de mesure d'oxygène dissous qui est indispensable sur ce genre de station pour maintenir un taux d'oxygène suffisant pour la nitrification (moyenne actuelle : 4 mg/l). Par contre, nous n'avons pas pu encore nous faire une idée précise de la fiabilité du « pourcentmètre » avec une liqueur mixte nitrifiée et nous préférons attendre de mieux connaître les réactions de cet appareil sophistiqué avant de lui confier la régulation directe de l'extraction des boues biologiques en excès. Pour compléter l'automatisation de la station, nous envisageons d'installer une programmation de l'extraction des boues fraîches du décanteur primaire.
D'autre part, des aménagements ont été apportés au retour en tête de station des filtrats et eaux de lavage des toiles de l'atelier de déshydratation et des surverses de l'épaississeur. Ces eaux fortement chargées en MES sont maintenant injectées par pompage en tête du décanteur primaire pour by-passer le dégraisseur. Nous avons, en effet, constaté sur l'ensemble des stations que nous exploitons, des baisses notables d'efficacité du dégraissage lorsqu'il y a présence de boues en retour dans l'effluent brut.
Les performances de cette station sont actuellement excellentes et l'azote est presque totalement nitrifié : les concentrations moyennes en NTK dans l'effluent traité sont de l'ordre de 3 mg/l, alors que les concentrations à l'entrée varient de 60 à 120 mg/l.
L'exploitation d'une station à hautes performances (niveau V ou VI pour les rejets) est évidemment plus contraignante et plus complexe que pour une station classique. La surveillance des installations et le contrôle de leur fonctionnement doivent être particulièrement stricts et réguliers, compte tenu de la relative fragilité du processus de nitrification biologique. En plus de tous les tests de contrôle classiques, nous effectuons quotidiennement sur l'eau traitée des analyses simplifiées de concentration en NH₄. Ces analyses faites par mesure colorimétrique n'ont qu'une valeur relative, mais nous permettent par corrélation avec les analyses mensuelles complètes de l'effluent de détecter une éventuelle dérive du processus biologique.
Bien que le responsable de la station soit logé sur place, nous avons installé un dispositif de téléalarmes : des sélectionneurs d’alarmes et deux appelants téléphoniques automatiques veillent 24 h sur 24 sur la station et les trois postes de relèvement principaux sur le réseau ; ils permettent d’alerter le service de garde et d'intervention d'urgence de la S.L.E.E. à CREIL, dès qu'un défaut est détecté sur les installations.
C'est grâce à cette politique de surveillance assidue que nous avons pu limiter les méfaits d'un rejet accidentel de 3 000 litres de fuel dans le réseau d'eaux usées pendant un week-end du mois de janvier 1979. Les mesures de protection du processus biologique ont pu être prises suffisamment tôt pour éviter une intoxication irréversible, et la source polluante détectée sur le réseau quelques heures plus tard a pu être stoppée.
En ce qui concerne le processus d'épuration biologique avec nitrification, il faut signaler la remarquable stabilité de celui-ci. Même pendant les très basses températures du mois de janvier 1979 (— 8 °C), la nitrification est restée effective et les normes de rejets ont toujours pu être largement respectées. Ce point mérite d’être signalé, quand on sait que les travaux de recherche sur la nitrification par voie biologique ont mis en évidence l'importance des températures dans les rendements de nitrification.
Un an après la mise en service de cette installation, nous pouvons témoigner de l'efficacité des stations de la nouvelle génération et encourager les constructeurs, DEGREMONT en particulier, à poursuivre leur recherche dans la mise au point de filières de traitement à hautes performances...
L. MILLOT – C. VERGES.