L?âge des ouvrages, le matériau dont ils sont constitués, leur environnement immédiat (nappe phréatique, présence de cours d'eau, courants vagabonds, etc.), de nouvelles exigences (trafic et débits plus élevés, etc, sont autant de facteurs qui influencent l'état des réseaux d'assainissement entraînant parfois des cassures, des déformations, des défauts d'étanchéité. Avec des risques importants pour la collectivité : pollutions, inondations, pertes d'hydraulicité..etc. D?où la nécessité de réhabiliter et maintenir ce patrimoine. Le diagnostic bénéficie aujourd'hui de progrès marquants avec le développement de techniques d'investigations plus performantes et d'outils logiciels d'aide à la décision. Ces progrès profitent directement aux différentes techniques de réhabilitation qui progressent également.
Le patrimoine des réseaux d’assainissement en France est estimé à près de 280 000 km pour les eaux usées (35 % unitaire, 65 % séparatif) et plus de 93 000 km pour les eaux pluviales. Un réseau dont l’état a longtemps été négligé : la moitié des canalisations transportant les eaux usées a aujourd’hui plus de cinquante ans. Les réseaux les plus anciens se situent en centre-ville. Ceux posés dans
Les années 50-60, en période de forte extension urbaine, arrivent actuellement en fin de vie. Certains tronçons s’effondrent, d’autres ne sont plus étanches et laissent les eaux usées s’infiltrer dans les sols. À l’inverse, en période de fortes pluies, les conduites perforées drainent l’excédent d’eau et diluent les effluents, augmentant d’autant les débits.
D’où la nécessité de renouveler complètement certains tronçons, ou de les réhabiliter afin de restaurer leurs performances initiales. Parallèlement, la desserte de nouvelles zones d’assainissement collectif requiert la réalisation de travaux d’extension des réseaux d’eaux usées existants. Pour les collectivités qui ont obligation de gérer ce patrimoine souterrain, les enjeux sont de taille : préserver la santé des citoyens, protéger la ressource en eau, prévenir les risques d’inondations sont les plus importants. Les sommes en jeu sont colossales : entre 800 et 1,3 milliard d’€ sont dépensés chaque année pour maintenir les réseaux d’eaux usées en France selon une estimation de l’Office International de l’Eau. Aussi, pour que chaque euro dépensé soit le plus utile possible, il convient de définir et de hiérarchiser au mieux les besoins en anticipant les défaillances et en identifiant les canalisations dont les défaillances sont les plus impactantes.
Côté réhabilitation, le défi consiste à exploiter au mieux les techniques disponibles (chemisage, tubage, projection de béton, éclatement...) en choisissant les matériaux (béton, PEHD, PRV, PVC, acier, fonte acier...) les plus adaptés au contexte environnemental, économique et social. Fiction ? Non, c’est aujourd’hui possible. L’évolution des pratiques ces dernières années avec notamment la généralisation des inspections visuelles offre désormais la possibilité d’enrichir les connaissances de l’état de fonctionnement des réseaux. Des outils logiciels matures permettent de valoriser ces données en utilisant des méthodes standardisées qui permettent de hiérarchiser au mieux les besoins.
En ce qui concerne la réhabilitation, des recommandations techniques sont disponibles destinées à l’ensemble des acteurs : maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, entreprises de travaux publics... Les outils ne manquent pas pour mettre en place et assurer une gestion patrimoniale performante.
Vers un état des lieux plus fiable
Les travaux de réhabilitation sont planifiés annuellement par les services des réseaux d’assainissement. Une mission délicate qui consiste à choisir un certain nombre de tronçons à réhabiliter, évaluer le budget de l’opération, planifier les travaux pour les années à venir.
Pour contrôler l’état interne des canalisations, le plus souvent non visitables (les trois quarts des conduites en France ayant un diamètre entre 120 et 1200 mm), les inspections visuelles, notamment les inspections télévisées, constituent la méthode d’investigation la plus courante. Même si d’autres critères comme la résistance des conduites, la géométrie du réseau et l’environnement sont à prendre en compte, l’utilisation d’une caméra reste la méthode privilégiée pour établir un diagnostic fiable.
Sur le marché, plusieurs fournisseurs, comme Hydrovideo, Eca Hytec™ et Agrippa (revendeur des gammes vidéo Riezler), proposent des caméras plongées directement au fond du regard. Agrippa commercialise notamment la gamme « Quick View Haloptic Technology Camera », équipée d’un éclairage puissant et d’un boîtier de visionnage détachable par Wifi.
L'expérience des chantiers de réhabilitation montre que le grand risque réside dans l'insuffisance du diagnostic (exemple : absence d'investigation sur l'état du sol) ou l'utilisation d’un procédé de réhabilitation, éventuellement efficace ailleurs, mais inadapté au collecteur concerné (exemple : réfection du revêtement d'une maçonnerie affectée par une décohésion du terrain encaissant). Pour cela, Safege inscrit le diagnostic et la réhabilitation dans une approche d’évaluation globale intégrant toutes les dimensions structurelles, hydrauliques et environnementales, ainsi qu’économiques de ces deux problématiques importantes pour la gestion durable du patrimoine des réseaux d'assainissement.
Amer AFLAK, Ingénieur expert et Directeur de projet SAFEGE Ingénieurs Conseils
Minicam et Envirosight), Envirmat, Radiodétection, Robocana, Ted-Tid, Rov Développement, Vidhop (revendeur de la gamme vidéo Rico) ou CMR SMR (gamme Rausch) proposent une large palette d’équipements. Pour une investigation rapide et économique, sans qu'il soit nécessaire de curer la canalisation, des caméras plongées directement au fond du regard ont été développées. Agrippa propose notamment sa gamme “Quick View Haloptic Technology Camera” équipée à son extrémité d'un éclairage puissant et d’un boîtier de visionnage détachable par Wifi, tandis que CMR SMR commercialise ses caméras “Staff Cam”, dotées d'un zoom optique x12, Eca Hytec™ son système Z Pipe Viewer MkII offrant un zoom optique x26 et Hydrovideo ses caméras Hydrozoom X18 (IP68). Et pour l'inspection télévisée classique des réseaux, Agrippa, Eca Hytec™, Radiodétection, Hydrovideo comme CMR SMR offrent également des robots/caméras de plus en plus compacts et robustes. Eufor Inter propose de son côté une gamme complète dédiée à l'inspection mais aussi à la réhabilitation des réseaux d’assainissement. La caméra satellite et flexible “Lindauer Schere” permet par exemple d’inspecter les conduites dérivées à partir du collecteur principal. Cet équipement présente également l'avantage de réaliser des inspections et du tra-
Cage en 3D dans la foulée des opérations de curage (LP-ASYS et geoAsys). L'entreprise a également développé EuRobot, une nouvelle gamme de robots de réhabilitation dédiée aux canalisations de 100 à 600 mm. Des chariots équipés de capteurs laser ou infrarouge sont désormais proposés avec plusieurs solutions de mesure de déformation transversale en temps réel. Le système Simco d’Eca Hytec™ mesure par exemple en continu les déformations transversales des canalisations. Il permet de mettre en évidence les déformations et d’en déduire la qualité du compactage du terrain environnant. Certains d’entre-eux, capables de tirer plusieurs centaines de mètres de câble, sont aussi équipés d’inclinomètres comportant une puce électronique mesurant en permanence la pente, une donnée fondamentale.
Ainsi, grâce à ces outils toujours plus performants, l’auscultation des réseaux d’assainissement peut mettre en évidence différents types de défauts. En cas de défauts majeurs (fissures, effondrements), les canalisations sont réhabilitées en urgence. Les autres défauts « mineurs ou moyens » sont retranscrits dans les rapports d’inspection mais non réhabilités sur le champ. Or, l’application de la norme européenne NF EN 13508-2 (AFNOR 2003) a permis une évolution importante concernant le relevé des défauts observés en uniformisant leur codification, ce qui permet de comparer les résultats obtenus d’un réseau à l’autre et de mettre en commun les données. Archivées dans des rapports d’inspection, l'ensemble de ces informations restaient trop souvent inexploitées par les gestionnaires de réseau faute de temps et de moyens pour effectuer une notation manuelle.
Pour répondre à cette problématique, des outils logiciels ont été développés par des sociétés telles que G2C Environnement, IRH Ingénieur-conseil, Safege, Générale d’Infographie, GFI Informatique, Somei ou Structure et Réhabilitation permettant de traiter automatiquement en quelques minutes les données répertoriées sur plusieurs années conformes à la norme 13508-2 et donc traduites dans un langage unique. Avec Indigau, G2C Environnement propose depuis 2011 un service internet complet composé de modules logiciels, issu d’un programme collaboratif ANR (INSA de Lyon, Irstea, Université Marne la Vallée, Ifsttar). « Il comprend un module de notation automatique et objective de fichiers ITV à la norme EN 13508-2 basé sur un modèle d’interprétation exclusif, calé contre des avis experts lors du programme de recherche dont il est issu, mais aussi un module auto-apprenant de saisie rapide et de conversion qui permet de valoriser très rapidement les anciennes données des collectivités. Ces deux voies d’entrée permettent de qualifier l’état du patrimoine sur la base de 10 indicateurs de dysfonctionnement. Ainsi les gestionnaires peuvent disposer à tout moment d’une vision objective du patrimoine et prendre des décisions confiantes et ciblées », signale Kevin Nir-simloo, chez G2C Environnement. « Autre fonctionnalité, Indigau prend en compte les conséquences des dysfonctionnements (vulnérabilités environnementales, économiques...) et non uniquement l'état du patrimoine. Cette analyse multicritère permet au maître d'ouvrage d’élaborer une politique de réhabilitation en priorisant les chantiers. L’une des originalités de l’outil Indigau est qu’il peut reprendre tout ou partie des critères de la méthode RERAU de référence pour la réhabilitation des réseaux d'assainissement non visitables, méthode d'aide à la décision à partir de défauts associés à des indicateurs de risque ». Indigau concerne les collectivités de toutes les tailles. Son
Le prix d’abonnement ne représente en général que quelques dizaines d’euros par an et par kilomètre de réseau. Testé dans les conditions réelles sur la Communauté d’agglomération de Caen la Mer dont le linéaire de réseau est de 930 km, cette étape de validation a montré qu’Indigau est opérationnel à pleine échelle. Après Caen la Mer, le déploiement d’Indigau est en cours sur la Communauté Urbaine du Grand Lyon, dans la continuité du programme de recherche auquel a activement participé cette collectivité.
La société Structure et Réhabilitation a également développé depuis 2004 le progiciel AGEC (Assistance à la Gestion de l’État des Canalisations). Cet outil, ouvert, permet aux utilisateurs de paramétrer les critères de hiérarchisation des collecteurs. Il prend en compte l’environnement immédiat des ouvrages et permet un classement des collecteurs selon leur état, leur étanchéité ou leur fonctionnement.
Associé à des coûts moyens de travaux ainsi qu’à des critères de choix de réhabilitation, il permet d’évaluer l’impact d’un investissement financier sur la qualité des réseaux de la collectivité.
D’une utilisation souple, divers modules permettent de l’intégrer à des systèmes d’information géographiques (SIG) déjà en exploitation et à des outils d’inspections télévisuelles.
Utilisé avec ou sans adaptation par différentes collectivités telles que le SIAAP (400 km de réseaux), le Grand Lyon (700 km de réseaux) ou encore le département de Seine-Saint-Denis (400 km), il permet d’une part la définition de programmes d’actions (études, travaux…) pluriannuels et d’autre part d’aider à identifier les zones d’ouvrages qu’il convient de traiter en urgence.
Différentes techniques de réhabilitation
Sur la base de l’étude diagnostic du système d’assainissement et des milieux récepteurs et de l’analyse des besoins futurs, le programme d’assainissement, élaboré par le maître d’ouvrage, définit les moyens à mettre en œuvre pour respecter les objectifs de protection du milieu naturel et de protection hydraulique, adaptés
au contexte local. Les solutions techniques recouvrent notamment la réhabilitation de l'existant et l'extension de collecte des nouvelles zones d’assainissement collectif. Pour mener à bien les travaux, des recommandations pour la réhabilitation des réseaux sont à disposition des maîtres d'œuvre. En France, les principaux acteurs du marché sont Bonna Travaux Pression, MB3R, SMCE REHA, EHTP, Setha, Axeo, Telerep ou SADE, utilisant différentes techniques, avec ou sans tranchées, selon les conditions de chantiers. « Aucune solution n'est meilleure que l'autre, elles sont complémentaires et sont choisies en fonction du contexte économique ou environnemental », indique Christophe Tavard, chef de secteur chez Bonna Travaux et Pression, société devenue filiale de Bonna Sabla début 2012 et disposant de plus de 35 ans d’expérience dans la mise en œuvre d'une large palette de techniques. « On distingue habituellement quatre grandes familles : le chemisage, le tubage, la projection de mortier, et l’éclatement pour la réhabilitation continue ainsi que des techniques de réparations ponctuelles telles que manchettes, injections, etc. »
Un grand classique en France notamment sur les canalisations de 100 à 800 mm, le chemisage consiste à insérer dans une canalisation une gaine imprégnée de résine que l’on fait durcir (polymériser) de façon à reconstituer à l'intérieur une coque dure plaquée contre la conduite existante. Les gaines peuvent être composées de différentes matières (fibres de verre, fibres de carbone, fibres de polyester, tissées ou non tissées), les résines également (polyester, époxy, polyuréthanes, etc.).
« Il existe deux méthodes principales pour introduire la gaine de chemisage », explique Christophe Tavard. « Soit par traction, la gaine est alors tirée à l’aide d'un treuil et d’un câble. Soit par inversion, technique consistant à retourner la gaine comme une “chaussette” depuis le début du tuyau jusqu'à l'intérieur en injectant de l'eau ou de l'air comprimé à l’intérieur. Dans les deux cas, une fois que la gaine est mise en place, vient l’étape de la polymérisation de la résine. Plusieurs solutions sont possibles : à température ambiante, pression vapeur, eau chaude, UV. En dépit de certaines contraintes de mise en œuvre, notamment le transport des gaines dans des camions frigorifiés, la technique du chemisage présente de nombreux avantages. Elle ne nécessite pas de tranchées, les gaines étant introduites le plus souvent depuis les regards sans ouvrir de puits. Les durées d’intervention sont rapides, une polymérisation par tronçon s'effectuant en une journée. Tous les matériaux sont prêts, il s’agit simplement d’une opération de mise en œuvre. »
La Communauté d’Agglomération d’Orléans Val de Loire a confié à Bonna Travaux Pression, pour une durée de 4 ans, la réhabilitation de ses réseaux d’assainissement, dont 1 500 ml ont été chemisés à ce jour.
Elle peut être mise en œuvre de façon ponctuelle à l'image du procédé ASS, développé par Hydrovide, ou des systèmes de pose de manchettes UV EPPM 07 de chez Ted-Tid, une méthode de réhabilitation ponctuelle des canalisations de diamètre 150 à 600 mm applicable à tout type de canalisations (ciment, PVC, grès…).
Une préparation composée de tissus de verre et de feutre enduits de résine vinylester est appliquée sous contrôle vidéo sur la paroi interne du tuyau à l'aide d'un manchon, enveloppe caoutchouc gonflable intégrant un système de chauffage.
Ted-Tid a également élaboré un système de chemisage partiel basé sur une technique d'U.V. permettant la pose de manchettes en quelques minutes et sans préparation préalable nécessaire dans la plupart des cas. Les manchettes sont conditionnées directement en usine sous blister. L’avantage de ce procédé offre la possibilité de monter davantage en température (+300 °C) réalisant ainsi une symbiose totale entre le tube à réparer et la manchette.
Le chemisage polymérisé en place n’occasionne qu'une très faible réduction de section tout en assurant une bonne tenue mécanique. Il offre également une haute performance hydraulique.
L’autre technique largement utilisée surtout pour les canalisations de grands diamètres est le tubage. La méthode consiste à enfiler à l’intérieur d’une canalisation un tuyau qui peut être court (80 cm) ou long (plusieurs dizaines de mètres) selon les conditions d’exécution du chantier (depuis un regard ou un puits), et, deuxième caractéristique, avec ou sans espace annulaire (procédé Swagelining™ de Sade ou Rolldown d’Axeo). Soit on utilise un tuyau de diamètre inférieur à celui de la canalisation existante, d'où la nécessité de combler ce vide avec un coulis de mortier par exemple. Soit on utilise un tuyau que l’on peut déformer par différents moyens (sous pression à chaud, etc.) pour le plaquer sur le tuyau défectueux. Plusieurs acteurs proposent une large gamme de coques destinées au tubage.
APS France et Hobas, par exemple, proposent des coques en PRV (polyester renforcé de verre) qui peuvent être assemblées par emboîtement mâle-femelle muni d'un joint EPDM assurant l’étanchéité parfaite. Les coques PRV sont appréciées pour leur rigidité, leur légèreté donc leur maniabilité dans les espaces confinés, et la possibilité d’adapter le produit au plus près de l’ouvrage à réhabiliter. D’une durée de vie minimale estimée à 50 ans, le PRV est résistant aux environnements difficiles (nappes salines, terrains agressifs) ainsi qu’aux effluents corrosifs (insensibilité à H₂S). Sur le segment de la réhabilitation, Hobas propose ses éléments préfabriqués non circulaires (NC Line) depuis plus de 25 ans pour plus de 265 km mis en œuvre à ce jour ; en outre les coques Hobas bénéficient d’un Avis Technique CSTB qui couvre l’ensemble de la gamme de 300 à 3 300 mm. De son côté, Alexandre Lapeyre, directeur commercial chez APS France, rappelle que « les tuyaux sont produits par enroulement filamentaire continu, de fibres de verre imprégnées de résine polyester. Ce procédé de fabrication permet de faire du “sur-mesure”, en adaptant les propriétés du produit aux profils spécifiques du projet ».
En 2007, Interface Développement avait présenté une solution innovante de réhabilitation/étanchéité des ouvrages d’assainissement visitables... Cinq ans après, l'ID Seal® s’affirme comme une solution efficace permettant la réhabilitation de collecteurs béton totalement étanches. Plusieurs villes de France telles que Nice, Aix-les-Bains ou Asnières-sur-Seine ont adopté ce procédé. D'importants succès ont également été remportés à l’export, grâce au partenariat conclu entre Interface Développement et la filiale BEAM (Maroc) du Groupe Brunet TP. L’ID Seal® est une membrane complète de solutions de réhabilitation en béton.
Membrane d’étanchéité à double structure complexée, qui assemble une feuille lisse en polyéthylène/polypropylène à une grille bi-planaire : la face grillagée se verrouille dans le mortier-colle de fixation, qui assure alors un arrimage parfait de la membrane avec le support du radier tandis que la face lisse constitue la surface d’écoulement intérieure de l’ouvrage, en contact avec les effluents. Elle cumule de nombreux avantages qui permettent de répondre aux différentes contraintes identifiées sur les chantiers de réhabilitation : résistance au feu (M1 sur support M0) et à l’abrasion (CNR = 0,1), inertie chimique, amélioration du débit hydraulique (Manning-Strickler = 120)… Extensible à 300 %, elle permet d’absorber les fissurations dues aux mouvements des bétons et garantit ainsi une étanchéité complète.
Déjà très présente sur les marchés du génie civil et de la VRD, Aco France investit le marché de la réhabilitation des collecteurs visitables grâce à une gamme complète de solutions de rénovation en béton de résine polyester. Après une étude approfondie du projet de réhabilitation, Aco préconise des cunettes standards ou conçoit et fabrique des cunettes sur mesure adaptées au profil du collecteur. La préfabrication en usine de ces cunettes et les caractéristiques particulières du béton de résine polyester permettent de proposer des éléments non poreux, étanches et d’une grande robustesse mécanique (compression et flexion) et aux surfaces très résistantes à l’abrasion (Indice CNR de 1 à 28 jours). Chaque élément est conçu avec des systèmes d’emboîtement facilitant la pose et garantissant l’étanchéité tout au long de l’ouvrage. Certaines zones des cunettes peuvent être antidérapantes pour sécuriser le déplacement des égoutiers.
De son côté, Ryb propose des tubes en polyéthylène (PE), matériau robuste et flexible. D’une durée de vie annoncée de plus de 100 ans, ces tubes existent sous différentes formes. Des modules de 50 à 70 cm à visser ou à clipser peuvent être insérés directement dans un regard de visite. Des tubes PEHD soudés en bout à bout sont utilisés pour effectuer une opération de réhabilitation par tubage avec vide annulaire. Ce vide annulaire est ensuite comblé avec du coulis.
Une gamme de tubes extrêmement flexibles, de structure annelée extérieure et lisse intérieure, permet une réhabilitation de canalisation entre deux regards de visite. Des tubes PEHD de grande longueur, pré-déformés en U en usine et mis sur touret, sont également utilisés ; la longueur peut atteindre plusieurs centaines de mètres. Ce tube est inséré dans la canalisation existante puis gonflé à chaud de façon à épouser les parois du tube existant. « Cette technique a l’avantage de nécessiter qu’une faible emprise au sol lors de l’installation et d’assurer une réhabilitation sans vide annulaire tout en conservant un maximum de capacité hydraulique », précise Marc Palomares, Directeur Technique chez Ryb. Par ailleurs, l’absence de raccordement mécanique peut être considérée comme une garantie contre les fuites et le risque d’insertion de racines à long terme.
Une autre technique de réhabilitation, plus généralement utilisée dans les canalisations visitables, est la projection de mortier. Le principe est simple : « À l’aide d’une
Une méthode innovante : le système Quick Lock
Comment trouver un outil qui soit un bon compromis entre le poids, l’encombrement, la qualité, la simplicité, la robustesse, l’entretien et le coût pour répondre aux faiblesses mécaniques d’un réseau ?
Le système Quick Lock est une solution de chemisage partiel disposant d’un avis technique CSTB (n° 17/09-216) lui donnant toutes les garanties nécessaires à long terme.
Le système Quick Lock est une technique de chemisage partiel sans tranchée, rapide et économique qui permet de consolider durablement les faiblesses d’un réseau. Doté d’un système de fermeture breveté par compression d’une manchette en acier inoxydable et d’un joint élastoplastique, Quick Lock permet une installation sûre.
De plus ce système est durable dans le temps grâce à la qualité de l’acier inoxydable V4A qui a une durée de vie presque illimitée dans tous les milieux et au joint en EPDM élastoplastique qui a fait ses preuves depuis de nombreuses décennies dans la construction de conduites et de stations d’épuration.
Pompe à béton, un opérateur vient projeter sur les parois de la canalisation défectueuse plusieurs couches successives de mortier, de façon à reconstituer une coque », rapporte Christophe Tavard. « Dernière référence, nous venons de finaliser un vaste chantier pour le Conseil Général des Hauts de Seine à Bois-Colombes, où nous avons réalisé 875 mètres de projection de béton ».
Plusieurs fabricants proposent différents types de bétons armés (treillis) ou non armés. Ainsi Hermes Technologies, très présent sur ce marché, fabrique soit des mortiers de projection pour former des coques en béton, soit des coulis pour combler le vide annulaire dans les systèmes de tubage et injecter les vides du sol environnant les canalisations. Ses mortiers Ergelit permettent d’étancher les parois, de réparer les radiers et cunettes voire de réhabiliter complètement ou partiellement des canalisations, regards, ouvrages visitables, aussi spécialisés dans la protection contre la corrosion bio-sulfurique des bétons, nouvelle gamme Kasimo permettant de répondre aux concentrations très élevées en H₂S (cas de postes de pompage, poste de rejet des refoulements, etc.).
Saint-Gobain Seva propose de son côté des fibres de fonte amorphe Fibraflex qui, utilisées en complément d’un mortier, permettent de s’affranchir de la pose du treillis (armatures acier traditionnelles), « qui est difficile à enrober correctement », rapporte Julien Legoux, Saint-Gobain Seva. « Pour être sûr de couvrir les armatures et ainsi prévenir la corrosion, il est souvent nécessaire de projeter 1 cm d’enrobage supplémentaire, soit 15 % de béton en plus. De plus, le treillis ne suit pas toujours la géométrie de l’ouvrage. Les épaisseurs moyennes projetées peuvent dépass-
10 cm à certains endroits, alors que le treillis est juste recouvert à d'autres. Projeter un mortier renforcé de fibres est une alternative que propose Saint-Gobain Seva avec des mortiers renforcés de fibres Fibraflex. « Elles conjuguent les avantages d'une fibre métallique résistante à la traction et ceux d’une fibre souple, facile à mettre en œuvre ». Utilisé de façon ponctuelle en France et de manière plus élargie en Belgique et en Italie, le procédé permet de réaliser des économies de béton projeté. Sa résistance à la corrosion lui confère une grande durabilité.
Enfin, l’éclatement peut être une ultime solution. Cette technique destructive est proposée notamment lorsque la conduite existante n’est plus en état d’assurer son rôle ou insuffisamment résistante pour accueillir une gaine de chemisage.
Reste la délicate question du contrôle et des garanties de la qualité des travaux effectués. En effet, comment sont assurés les suivis de la réalisation des travaux de réhabilitation, de la vérification des procédures, du contrôle qualité des matériaux mis en œuvre, de la réception des travaux ? « Les organismes en charge de réceptionner les travaux de réhabilitation sont peu nombreux, et les contrôles utilisés font appel aux techniques les plus larges » explique Gilles Giora, Idetec Environnement, dont les activités s’étendent du diagnostic avec préconisations et chiffrage de travaux jusqu’à la réception en passant par le suivi de chantiers. « Inspection visuelle ou télévisuelle, mesure de la résistance en compression des bétons ou des coulis pour les contrôles classiques, essais d’arrachements pour vérifier l’adhérence des bétons projetés, carottages pour le contrôle des épaisseurs, radar, échographie, minipressiomètre pour évaluer les vides et les caractéristiques géotechniques du sol encaissant, essais de vérinages pour évaluer les raideurs des ouvrages, vérification des caractéristiques mécaniques des gainages par mesure de flexion 3 points, essai d’abrasion pour les radiers, et même mesures acoustiques pour évaluer les bruits de chantier ».