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Rénovation de conduites sur le réseau de la Compagnie des Eaux de Paris

27 février 1987 Paru dans le N°107 à la page 33 ( mots)
Rédigé par : J.-c. NASTORG et A. RENAUD

Le réseau de distribution d’eau potable que gère la Compagnie des Eaux de Paris, sur la rive droite de la capitale, comporte 1 200 km de conduites, dont 95 % installées en galeries visitables et seulement 60 km situées sous terre.

La surveillance régulière de la partie de réseau visitable, si elle est contraignante et onéreuse, n’en permet pas moins un contrôle visuel permanent des conduites qui tend à réduire au minimum l’intervalle de temps compris entre l’apparition et la réparation des fuites. Cette procédure permet d’obtenir un rendement de réseau de l’ordre de 80 %.

La situation est par contre beaucoup plus préoccupante au niveau du réseau enterré en raison de son importance « stratégique », de son état de vétusté et de sa localisation géographique.

En effet, et comme le montre la figure 1, ce réseau est constitué de conduites importantes de diamètres échelonnés entre 800 mm et 1 500 mm et essentiellement localisées dans l’est parisien. De place en place et sans logique apparente, une partie posée en galerie visitable est intercalée entre deux tronçons de conduite enterrée. C’est en fait pratiquement tout le volume d’eau consommé sur le territoire de l’exploitation — soit quelque 550 000 m³ — qui transite chaque jour dans ces conduites. On conçoit donc l’importance que revêt leur niveau d’étanchéité et les préoccupations qui habitent à leur égard les responsables de la Compagnie des Eaux de Paris.

[Photo : Le réseau de conduites de 800 mm à 1 500 mm géré par la Compagnie des Eaux de Paris.]

Ces conduites sont constituées soit de tuyaux en fonte grise, soit de tuyaux en béton armé mais, dans les deux cas, les joints entre éléments sont à base de plomb. La date de pose de ces conduites est comprise entre 1915 et 1935 : ce grand âge est bien entendu l’une des causes essentielles de l’importance et du nombre des problèmes rencontrés.

Les problèmes rencontrés

Ils se divisent en fait en deux catégories, tout aussi importantes l’une que l’autre.

Dans la première, on peut classer les incidents induisant des désordres au niveau du sol et qui ont pour origine soit la rupture d’un tuyau en fonte, soit une fuite importante sur joint. La réparation de tels incidents, sur des conduites situées sous les grands axes de circulation de Paris, nécessite des fouilles importantes (d’autant que la localisation du point de fuite n’est pas toujours évidente) et implique généralement l’intervention ininterrompue des équipes. Le coût du dommage est, on l’imagine, très important.

Au niveau de la deuxième catégorie des problèmes posés, se situent les fuites insidieuses et endémiques, réparties au niveau des quelques joints concernés par ce réseau. Une perte de rendement d’un seul point à ce niveau représente un volume perdu de 6 000 m³ par jour !

Les moyens mis en œuvre

Consciente de ce problème, la Compagnie des Eaux de Paris s’est engagée dès sa création en 1985 dans un important programme de réhabilitation de ces conduites, en mettant en œuvre des techniques variées, adaptées aux cas spécifiques rencontrés.

La réhabilitation de la conduite de 1 100 mm de l’avenue Daumesnil à Paris (12ᵉ) fournit un exemple tout à fait typique de technique adaptée au problème particulier rencontré.

La conduite de l’avenue Daumesnil

Cette conduite en fonte grise avait la fâcheuse habitude de nécessiter des interventions successives pour le recoulage de ses joints. Courant 1985 notamment, après chaque remise en eau consécutive à une réparation de fuite apparut une nouvelle fuite sur un joint voisin, et ce, trois fois de suite. En revanche, aucun incident mettant en cause le tuyau proprement dit ne s’était révélé de mémoire de fontainier. La décision de reprendre systématiquement tous les joints de la conduite fut donc prise.

La solution retenue consistait à mettre en œuvre des manchettes intérieures en caoutchouc suivant une technologie bien connue et ayant fait ses preuves par ailleurs.

Ce procédé ne comportait que l’ouverture de quatre puits sur les 1 200 m de conduite concernés. Cependant cette solution s’est révélée inapplicable sur certains joints : elle nécessite en effet que les deux éléments de canalisation situés de part et d’autre du joint à réparer soient de diamètre sensiblement équivalent. Or la conduite comportait un certain nombre de « manchons tubulés » qui ne remplissaient pas cette condition ; de ce fait, la pose de ces manchettes n’était pas possible. Une solution spécifique devait donc être mise au point.

Le Joint Copeflex

Pour résoudre ce problème particulier, c’est le procédé Copeflex (figure 2) qui fut développé, l’objectif à atteindre étant d’assurer une étanchéité parfaite de la conduite sous une pression de service de 6 bars. C’est ce procédé que nous allons décrire ci-après, suivant l’ordre de déroulement des opérations.

[Photo : Fig. 2. — Schéma du procédé Copeflex.]

1. — Mise à nu de la fonte : l’ensemble des surfaces devant recevoir la résine de collage est décapé au moyen d’une meule à air comprimé ; cette opération concerne l’intérieur de la manchette, la section des tuyaux, les tuyaux eux-mêmes sur environ 200 mm et la tubulure sur une longueur variant de 300 à 500 mm ; l’opération est complétée par un brossage et un soufflage à l’air comprimé.

2. — Ragréage : après mise en place d’un obturateur dans le branchement, un mortier de résine époxydique est dressé afin de combler le volume correspondant à la manchette ; la résine époxydique utilisée est sans solvant, sans retrait, inerte à l’eau potable et a la faculté de polymériser sur support humide ; le mortier est injecté sous faible pression au travers d’un coffrage démontable.

3. — Chemisage de la tubulure : l’obturateur enlevé, la tubulure est chemisée selon le procédé Copeflex ; les matériaux utilisés sont, outre la résine époxydique mise en œuvre pour le ragréage, une armature en stratifié de tissés et de non-tissés de verre, avec finition intérieure en polyéthylène basse densité (figure 3).

[Photo : Fig. 3. — Chemisage de la tubulure.]

4. — Chemisage de la conduite : la conduite principale (de DN 1 100 mm) est chemisée selon le même procédé (figure 4) et avec les mêmes constituants que pour le piquage, puis celui-ci est raccordé.

5. — Épaisseur : l’épaisseur du complexe est de 4 mm avec chanfrein de résine époxydique à chaque extrémité, sans aucune partie saillante ; cette épaisseur a été calculée pour résister à une pression intérieure de 9 bars (résistance mécanique voisine de celle de l’acier doux).

[Photo : Fig. 4. — Aspect du manchon revêtu du complexe Copeflex.]

Après réalisation de ces travaux, la conduite fut désinfectée et éprouvée.

L’épreuve a confirmé la parfaite étanchéité des réparations effectuées, aussi bien par manchettes en caoutchouc que par le procédé Copeflex. Les deux matériaux mis en œuvre ont bien entendu reçu l’agrément d’alimentarité du service de Contrôle des Eaux de la Ville de Paris et du ministère de la Santé.

Le coût de cette rénovation n’atteint pas 20 % du prix de pose d’une conduite neuve.

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