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Réhabilitation des réseaux en béton : les solutions existent

30 janvier 2001 Paru dans le N°238 à la page 23 ( mots)
Rédigé par : Marie-odile MIZIER

La plupart des réseaux d'assainissement construits avant les années 70 sont en béton. Certains d'entre eux arrivent aujourd'hui en phase de réhabilitation active. Une opération qui pourra être menée sur l'infrastructure en place à l'aide d'une des techniques mises à la disposition des ingénieurs.

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Agressions chimiques, abrasion, mouvements du sol, sollicitation du trafic routier, ou tout simplement mauvaise pose, mettent à dure épreuve la santé de nos 180 000 km de réseaux d’assainissement. « En France, les réseaux d’assainissement sont dans un état désastreux », explique Michel Laurent de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, « les diagnostics mettent en évidence deux grands types de défauts : le trou ou plus grave le tronçon complètement cassé ». Ces défauts sont irréversibles et dommageables pour la structure qui ne peut plus jouer son rôle : conduire sans perte les effluents des points de collecte à la station de traitement. Les désordres entraînés varient en fonction du milieu dans lequel baigne le tuyau. Le réseau

[Photo : Les diagnostics mettent en évidence deux grands types de défauts : le trou ou plus grave le tronçon complètement cassé]

Il peut perdre son eau sale et polluer le milieu. Il peut aussi servir de drain et collecter les eaux de pluie, voire celles de la nappe phréatique, et ainsi surcharger la station de traitement. Dans les deux cas, lorsque le diagnostic révèle des dommages permanents et irréversibles de la structure, il ne reste plus que deux solutions : réparer ou changer. C’est donc à partir de ces deux approches que se sont développées les techniques de réhabilitation utilisées aujourd’hui.

Les techniques de réparation se font à partir de l’intérieur du tuyau. Il s’agit de réaménager et de restaurer la surface. Et là les techniques issues des plastiques apportent une solution harmonieuse dans la réhabilitation de structures en béton. « Les produits à base de résine de PVC, PEHD, PET..., tous ces matériaux de synthèse sont très utilisés pour leurs quantités insérées dans la réhabilitation des réseaux » explique Xavier Valette, Marketing TP chez Wavin SA. Les autres solutions vont plus loin puisqu’il faut remplacer le tuyau endommagé par un tuyau neuf. Ce renouvellement est une opération très lourde qui nécessite de faire des fouilles.

[Encart : Des outils logiciels pour les ouvrages en béton La branche Assainissement de la FIB (Fédération des industries du béton) et le CERIB (Centre d'étude et de recherche pour l'industrie du béton) ont mis au point un certain nombre d'outils logiciels permettant le calcul et le dimensionnement des ouvrages en béton. Déjà trois logiciels sont disponibles : – Separ G version 1.4 est un logiciel de dimensionnement des séparateurs à graisses et à fécules en béton. – Separ H version 1.1 permet le dimensionnement des séparateurs de liquides légers en béton. – Due version 2.1 aide pour sa part au dimensionnement mécanique des canalisations d'assainissement. Pour se les procurer adressez-vous à la : FIB-Assainissement – Tél. : 01 49 65 09 09 CERIB – Tél. : 02 37 18 48 00]
[Photo : Vue générale d’un chantier d’extraction]

Depuis une dizaine d’années, les techniques sans tranchée se développent (Coca sud est, Comptoir général des fontes, Tracto-techniques...). Si elles limitent les interventions de surface elles coûtent aussi plus cher, et sont réservées encore aujourd’hui aux zones où il ne faut pas toucher la surface, tel un franchissement d’immeuble ou la traversée d’une voie à grande circulation.

Agir de l’intérieur

« Avant toute chose, le réseau doit être curé pour mettre à nu tous les défauts. Cette opération redonne aux réseaux leurs capacités de transit initial. Le nettoyage permet aussi l’enlèvement des dépôts et des… »

Depuis une dizaine d’années, les techniques sans tranchée se développent mais elles coûtent plus cher et sont réservées à quelques zones.

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[Photo : La technique de chemisage est adaptée dès lors que la section ne dépasse pas 1 mètre de diamètre.]

« Oxydes déposés au fil du temps », explique-t-on chez Corefic, une entreprise lyonnaise spécialisée dans le diagnostic et la réhabilitation des réseaux. Cette étape terminée, il ne reste plus qu'à conforter la structure.

La technique la plus utilisée aujourd'hui est le chemisage. La technique est inventée au début des années 70 par un ingénieur anglais qui préféra, plutôt que d'ouvrir une tranchée, construire une nouvelle conduite à l'intérieur de celle qui était dégradée. Depuis, elle a fait des adeptes. La technique s'est améliorée. Elle est proposée par de nombreuses entreprises. Elle présente l'intérêt de s'adapter à tout type de conduites quelle que soit sa nature (grès, ciment, amiante-ciment, acier, fonte, PVC, ouvrages maçonnés…) et sa forme dès l'instant que la section ne dépasse pas 1 mètre de diamètre.

Il s'agit de glisser dans le tuyau endommagé un tube souple que l'on viendra plaquer à la paroi de l'ancien conduit. Et là, chaque entreprise apporte sa solution. Spécialiste du tubage/chemisage, Insituform a mis au point une méthode de mise en œuvre par inversion de l'enveloppe. Le tronçon traité peut faire plusieurs centaines de mètres. Le passage de la phase souple à celle du durcissement se fait par polymérisation commandée et contrôlée par une chaudière. À la fin, la nouvelle canalisation en résine armée est auto-structurée et plaquée à l'ancienne paroi.

Chez Barriquand, qui met aussi en œuvre la technique, elle diffère quelque peu. Le Liner, un tube tissé de fibre de verre, est fabriqué en continu, puis imprégné d'une résine photodurcissable. Une fois posé, il durcit rapidement sous l'effet d'un rayonnement ultraviolet dont la longueur d'onde est comprise entre 380 et 400 nm. Après sa mise en place, le Liner est fermé au moyen de deux obturateurs, puis gonflé. La surpression plaque

[Encart : Bataille rangée autour du coefficient K La conception d'un réseau d'assainissement doit intégrer de multiples données comme l'environnement ou le choix des éléments constitutifs. Ces choix ne sont pas le fait du hasard, ils mettent en œuvre des règles très précises. Tout d'abord, le concepteur détermine les différentes mailles du réseau, les débits, les pentes. Ce sont les contraintes du projet. Il calcule ensuite les diamètres et choisit la nature des tuyaux d'assainissement. Pour les calculs de diamètres de ces tuyaux, la méthode la plus utilisée en Europe et aux États-Unis est celle de Manning-Strickler. Elle consiste à appliquer la relation suivante : Q = K.S.R^2/3.I^1/2 où : Q représente le débit de l'effluent, K le coefficient d'écoulement global, S la section d'écoulement, R le rayon hydraulique qui est par définition le rapport de la section d'écoulement au périmètre mouillé, I la pente de la canalisation. Dans cette formule, le coefficient global d'écoulement K prend en compte de nombreux paramètres. Notamment, il intègre la nature de l'effluent, la quantité de matières solides véhiculées, les éventuels dépôts, l'air contenu, la température. Il prend aussi en compte les caractéristiques du tuyau et donc le diamètre intérieur et les éventuelles déformations, mais aussi la rugosité absolue (qui se trouve modifiée dans le temps par le biofilm), le nombre de joints, la continuité géométrique... Interviennent encore la qualité de pose, les points singuliers, le taux de remplissage, l'entretien... Autant dire que la caractérisation précise de ce coefficient est des plus complexes et c'est autour de lui que se joue une bataille rangée entre les lobbies des tuyaux en béton et en plastiques. Pour François Leblanc, Président du Cerib : « sur le plan réglementaire français, l'instruction technique relative aux réseaux d'assainissement des agglomérations (circulaire 77-284) ne fait aucune distinction entre les différents matériaux ». La norme suisse SIA 190 précise que pour les diamètres compris entre 300 et 1000 mm on admet pour K une valeur inférieure ou égale à 85. Pour les parois lisses en écoulement turbulent, elle précise que ce coefficient devrait être supérieur à 90. Enfin, fait nouveau, la norme européenne EN 752-4 établie par les experts de 18 pays préconise des valeurs comprises entre 70 et 90 sans faire de distinction explicite entre les différents matériaux. Elle est transposée en norme française. De plus, une campagne de validation expérimentale menée récemment à la Compagnie Nationale du Rhône démontre que, compte tenu des incertitudes de mesure (voisine de 3 %), le coefficient K correspondant à la capacité d'écoulement maximale (voisin de 94) est le même pour les canalisations en béton et en PVC. Remarque : les incertitudes de mesure ont été validées par le Cetiat (Centre technique des industries aérauliques et thermiques).]
[Photo : La conception d'un réseau d'assainissement doit intégrer de multiples données comme le choix des éléments constitutifs.]
[Encart : Les techniques de réhabilitation les plus utilisées sont le chemisage et la pose de coques.]

alors le tube à l’ancienne paroi. Un chariot portant la lampe UV est alors tracté dans la conduite pour durcir le tube.

Le tubage est aussi une solution. L’ancien tuyau est doublé par un nouveau tube. À la différence du chemisage, l’opération est menée avec des tubes durs, ce qui peut poser des problèmes d’accessibilité et de manutention. Mais passés ces problèmes, ce peut être une solution tout à fait acceptable. Le Syndicat intercommunal d’Arcachon, le SIBA, a opté pour cette solution pour réhabiliter un collecteur visitable. Il s’agissait de rétablir la structure et l’étanchéité de 1 500 ml de collecteur d’eaux usées en béton armé par une solution résistant aux agressions chimiques, notamment le H2S, tout en conservant la capacité hydraulique de l’ouvrage, le tout sans interruption du service. Le chantier se trouvait en environnement sensible, à proximité de la Dune du Pilat. Il devait donc être mené sans tranchée.

[Photo : Alphastabil d’Alphacan : un regard ultraléger]
[Encart : Bonna Sabla joue la complémentarité béton-composite Fabricant de tuyaux en béton, Bonna Sabla n’a pas hésité à se doter d’une gamme complète de techniques pour faire face aux chantiers de réhabilitation. L’entreprise dispose aujourd’hui d’une gamme complète pour le gainage continu, la pose de manchette ou de coques, le tubage, réalisé dans la plupart des cas en matériau composite. Ainsi par exemple pour la réhabilitation ponctuelle, l’entreprise propose une manchette à coller sur la paroi interne de la canalisation endommagée… et celle-ci est faite en matériau stratifié tissé verre/résine. Sa technique de gainage est réalisée en composite associant résine et fibres de verre, Paltrem HL, une gaine imprégnée de résine destinée au tubage, ses coques en C.C.V. (composite ciment verre) ou en P.R.V. (plastique renforcé de fibres de verre) sont là pour nous le confirmer.]

La solution apportée par Sade consiste à détourner les effluents puis à tuber le collecteur à l’aide de tubes PRV de diamètre 1 200 mm fournis par Hobas. Les tubes de 6 m de longueur ont été amenés un par un par un puits central, puis mis en place. Une injection dans le vide annulaire est réalisée depuis l’intérieur de la canalisation pour bloquer l’ensemble.

Cependant, pour les conduites de diamètre plus important, une intervention sur la totalité de l’ouvrage ne se justifie pas toujours. Les plus gros dégâts sont souvent observés au niveau des radiers. La solution préconisée passe alors par une restauration partielle de la base de la conduite.

Grosses conduites : une restauration partielle

Celle-ci conduit à la pose de cunettes.

[Encart : Les industriels du béton s’engagent pour la qualité des réseaux et l’environnement Très utilisé jusqu’à ces dernières années, le béton est fortement attaqué par les professionnels du plastique. La profession a décidé de réagir et s’engage au côté de Canalisateurs de France dans une démarche qualité et de protection de l’environnement. L’analyse du cycle de vie est de plus en plus souvent prise en compte par les maîtres d’œuvre, et là, le béton tire son épingle du jeu. « Le béton est un matériau naturel de source régionale », souligne-t-on à la FIB (Fédération de l’Industrie du Béton), « il est fabriqué à partir de matières premières abondantes. Sa fabrication nécessite peu d’énergie et ne génère qu’une faible quantité de déchets majoritairement inertes ». De plus, posé dans les règles de l’art, le matériau a fait ses preuves dans le temps. La FIB s’est donc engagée au côté de Canalisateurs de France dans la charte qualité renouvelée qui se met en place en ce début d’année 2001, et qui va, à terme, qualifier les entreprises travaillant dans les règles de l’art.]

Les éléments préfabriqués sont positionnés dans le radier et redonnent à l’ouvrage d'origine l’étanchéité et la résistance à l'abrasion et aux agressions chimiques qu’ils avaient perdus au cours des années d’exploitation. Cette technique est intéressante dans le fait qu'elle permet une restauration ponctuelle sur un petit tronçon du réseau. De plus, les éléments de petites tailles peuvent être glissés sans trop de problème par les trous de visite, ce qui limite l’emprise du chantier en surface.

Là encore, la technique a atteint sa maturité, elle est proposée par plusieurs industriels. À Lons-le-Saunier par exemple, Hobas a restauré 200 m d’un émissaire en béton attaqué par une corrosion acide avec la pose de cunettes.

Lorsque l’ouvrage est trop attaqué, le remplacement de la canalisation peut se révéler nécessaire. L’opération sera traitée avec la même approche que pour un équipement nouveau et ce, tant au niveau du choix du matériau que du respect des règles de pose.

Il faut parfois remplacer le tuyau

Sur les tronçons trop endommagés, il faut parfois remplacer le tuyau. La solution la plus courante consiste à mettre à nu la conduite pour la remplacer par un équipement neuf. Cependant, les techniques sans tranchée progressent et permettent aujourd'hui d’intervenir en site urbain ou sensible avec une emprise minimale en surface. La solution la plus utilisée consiste alors à éclater l’ancienne installation puis à glisser un tuyau neuf dans l’emplacement vide.

Très utilisée pour remplacer les tuyaux hors d’usage par des tubes en béton ou en plastique dur, cette technique a été transférée voici quelques années aux tubes en fonte par Saint-Gobain.

[Encart : En eau potable aussi, la réhabilitation progresse... La nouvelle norme européenne fixe la teneur maximale en plomb à 10 microgrammes par litre. Les collectivités locales doivent renouveler leurs canalisations en plomb d'ici 2013. Pour cela il leur faudra planifier leurs travaux. Les fournisseurs de solutions pour l'ingénierie et la fabrication de systèmes complets de raccordements et de branchements intégrés aux réseaux de distribution d'eau potable sont prêts : Huot, Europipe, Raufoss, AVK, etc.]

PAM.

Après la préparation des fouilles de départ et d’arrivée par lesquelles seront introduits les tuyaux, et la préparation d’ouverture intermédiaire au niveau de chaque branchement, une tige de traction est introduite dans l'ancienne canalisation.

L’opération peut alors commencer. Une tête conique pousse l’ancienne canalisation qui est éclatée au niveau de la première ouverture.

Simultanément, ce cône tire derrière lui une ligne de tuyaux neufs, verrouillés. Le chantier progresse alors d'une ouverture à l'autre jusqu’à ce que l'ancienne canalisation ait été extraite et réduite en morceaux, évacuée et remplacée par la nouvelle.

[Photo : Grâce à sa légèreté, le Wavinl 800 de Wavin offre une grande sécurité de mise en œuvre.]
[Photo : Vue d'un réseau Bonna HP.]
[Photo : Ultray 2 de Uponor : une grande facilité de pose.]
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