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Réhabilitation de conduites par gainage interne

30 mars 1989 Paru dans le N°126 à la page 39 ( mots)
Rédigé par : M. BURGARD

Ce procédé de rénovation de canalisations par gainage interne nous vient du Japon où il est utilisé en particulier pour le renforcement des conduites contre les mouvements provoqués par les tremblements de terre, et, bien sûr, pour la rénovation des conduites d’eaux potables et industrielles.

En Europe, une dizaine de pays ont déjà adopté ce procédé qui se trouve en plein développement.

Il consiste à coller un tube souple de faible épaisseur, à très hautes performances, à l’intérieur de la tuyauterie existante.

Introduite dans la conduite à joindre par réversion, cette gaine est mise en place sous pression d’air, ce qui assure sa progression et son placage aux parois de la conduite à rénover.

Cette technique permet le traitement de tronçons allant jusqu’à 600 m en une seule opération et dans des diamètres de 80 à 600 mm (extension à 700 mm prévue en 1989).

Après traitement, la gaine est découpée de l’intérieur pour permettre la remise en service des branchements.

Deux types sont utilisés selon le but recherché : soit l’étanchéité et la résistance aux pressions internes (jusqu’à 30 bars, épaisseur 2 mm), soit l’étanchéité et la résistance aux pressions externes (modèle renforcé de 3 à 10 mm d’épaisseur).

La gaine est fabriquée en matériau composite constitué d’un tube de polyester tissé sans couture, qui assure la résistance mécanique à la pression interne (10 kg/cm²), d’un film de polyéthylène extrudé sur le précédent et assurant l’étanchéité ; une résine en époxy assure le collage de la gaine aux parois de la conduite. Dans le cas de gainage nécessitant une surépaisseur, une trame imprégnée de résine constitue l’armature de renforcement.

[Photo : Procédé de gainage Phenix.]

Le procédé a été baptisé Phenix (du nom de l’oiseau légendaire qui renaissait de ses cendres…).

Avantages du procédé

La combinaison des divers matériaux et la méthode de mise en œuvre donnent au produit fini des caractéristiques très performantes :

  • — pose par grandes longueurs (jusqu’à 600 m),
  • — traitement des coudes sans difficultés (r mini = 3d),
  • — rapidité d’exécution (un jour par tronçon),
  • — élimination des terrassements (une fouille à chaque extrémité),
  • — faible encombrement en surface,
  • — flexibilité et extension,
  • — maintien des capacités hydrauliques des conduites (la réduction de diamètre est très faible et le coefficient d’écoulement est amélioré),
  • — reprise des branchements par l’intérieur.

En général, les opérations sont d’un coût très inférieur à celui du renouvellement de la conduite et elles constituent une réponse à des problèmes dont la solution serait très perturbante et onéreuse suivant les méthodes classiques.

Plus de 200 km de canalisations de diamètres compris entre 100 et 600 mm ont aujourd’hui été traités en Europe dans les secteurs de l’eau, du gaz, de l’industrie et de l’assainissement.

Certains chantiers ont présenté un caractère spectaculaire, tel celui de la rénovation d’un pipe-line industriel de 12 000 m en 350 mm de diamètre, remis en service après 21 jours.

Nous citerons ci-après deux exemples moins importants en volume, mais intéressants en raison des difficultés techniques qu’il a fallu surmonter.

Traitement de colonnes d’amenée d’eau sur une tour de refroidissement en centrale électrique à Ebes-Genk.

Deux colonnes de 150 mm de diamètre et deux autres de 200 mm serpentent à la verticale sur une longueur de 52 mètres au travers des poutres et charpentes pour aboutir à un réservoir de réception. Elles possèdent chacune six coudes à 45° et quatre coudes à 90°.

La canalisation d’arrivée aux colonnes montantes (horizontale), également traitée, présente deux sections d’environ 50 m de longueur, comportant huit coudes à 90°.

Ces canalisations en acier, supportant une pression de service de 8 bars et véhiculant de l'eau brute étaient soumises à des phénomènes de corrosion entraînant des fuites.

Leur remplacement avait donc été envisagé, avec les difficultés correspondantes.

Après étude de faisabilité, le chemisage interne a été mis en œuvre.

À cet effet, chaque ligne de canalisations a été sectionnée en deux tronçons de 50 m environ, l'un horizontal, l'autre vertical.

Après nettoyage mécanique par racleurs et brosses, chacun des tronçons a été traité selon les normes habituelles du procédé (de bas en haut pour les parties verticales).

Une pression d’air maximum de 5 bars a été nécessaire durant la phase de réversion.

Chaque tronçon a été traité en une journée, diminuant ainsi au maximum les interruptions d’exploitation.

Traitement de siphons sous rivière

Le réseau de distribution d’eau de la ville de Sens comporte deux siphons en acier de 400 mm de diamètre traversant l’Yonne et transportant de l'eau brute sous une pression de 6 bars.

La longueur de chaque siphon, qui est de 120 m, comprend deux coudes à 45° au pied de talus de chaque berge.

Ces canalisations, posées en siphon sur le lit de la rivière, ont subi des dommages dus à la détérioration du revêtement extérieur de la conduite par ancrage de bateaux ou frottement des coques. D’autre part, elles étaient atteintes par une corrosion interne.

Les fuites constatées nécessitaient le remplacement des siphons, à moins d’utiliser une technique de réhabilitation interne.

Après nettoyage par pistonnage, les canalisations ont été traitées sous eau ; s’agissant de conduites trouées placées dans le lit d'une rivière, il était en effet impossible de vider la canalisation.

« PHOENIX » simplicité et fiabilité

[Photo : Mise en œuvre du procédé.]

Le développement par réversion de la gaine et sa haute tenue à la pression ont permis de refouler l'eau dans le siphon au fur et à mesure de sa réversion, les niveaux de pression d'air étant ajustés en fonction des besoins.

Après le processus de polymérisation des résines de collage, les canalisations ont été remises en service. Leur mise hors exploitation n’aura pas excédé trois jours par canalisation.

[Photo : Schéma du dispositif.]

Conclusion

Rénover une conduite par ce procédé, c'est non seulement réaliser une conduite neuve, mais aussi bénéficier d'avantages évidents. En effet, il n’entraîne pas de déstabilisation des terrains ou des chaussées et comporte une garantie totale d’étanchéité (par la suppression des joints).

Il est réalisé à des coûts compétitifs, surtout dans les zones urbaines ou en cas de profondeur importante, et cela dans des délais très courts. Il apporte donc des solutions simples dans les cas où une rénovation par les méthodes traditionnelles serait très délicate et très coûteuse.

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