Ils sont un peu plus d'une douzaine de pays à border la mer Méditerranée au sud et à l'est. Points communs: ils se trouvent à proximité de l'Europe. Fortement peuplés et urbanisés, ces pays émergents présentent tous des problèmes de ressource en eau. Les investissements nécessaires pour apporter des solutions sont tels, qu'aucun de ces pays ne s'en sortira sans l'appui et l'aide internationale. L?Europe l'a bien compris et lancé dès les années 90 la zone Euro méditerranéenne pour rattraper le déséquilibre nord-sud. Les Américains, qui ne veulent pas perdre contact avec la région, injectent eux aussi des aides au développement.
More than a dozen countries border the Mediterranean to the south and east. Points in common: proximity to Europe. Densely populated and urbanised, these emerging countries all have water resource problems. The investments that are needed to provide solutions are such that none of these countries will be able to manage without international support and financial aid. Europe is well aware of the problem and, in the 1990s, launched the Euro-Mediterranean zone to try to make up for the North-South imbalance. The Americans, not wishing to lose touch with the region, are also injecting aid for development.
Depuis des siècles, la région méditerranéenne s'est positionnée au carrefour des civilisations entre l'Afrique, l’Asie et l'Europe. Vulnérable, elle reste aujourd'hui confrontée à des défis politiques, économiques, judiciaires, écologiques et sociaux qui, mal gérés, peuvent déséquilibrer toute la région. Pour sauvegarder la paix, le développement économique est nécessaire. Mais pour cela, ces pays doivent travailler ensemble. Ceci passe par l’élimination de la pauvreté et le respect des libertés fondamentales. Vaste programme...
C’est dans cette optique que l'Union Européenne soutient le développement de partenariats euro-méditerranéens. En exposant officiellement pendant l’été 2000 sa stratégie à l’égard de la région pour la période 2000-2006, le Conseil européen affiche sa volonté de relancer la déclaration de Barcelone de 1994, en perte de vitesse depuis trois ans. Cette résolution, exposée dans le J.O. des Communautés européennes du 22.07.2000, énumère l'ensemble des secteurs aidés. Le domaine de l'eau n’est pas oublié. Il s'inscrit clairement dans la stratégie officielle avec deux axes identifiés. Le premier s’adresse aux pays du Moyen-Orient. Il présente « l'eau comme essentielle ». Il s’agit pour l'Union Européenne de mettre à disposition ses compétences « si la demande lui en est faite ». Le second est tourné vers les pays d'Afrique du Nord (Égypte, Tunisie, Algérie, Maroc), ainsi que la Turquie. Il vise à pousser la mise en œuvre d'une gestion régionale de la ressource et de promouvoir une meilleure prise en compte des préoccupations environnementales dans le cadre du développement durable.
Pour développer ces politiques, différents outils sont mis en place tels MEDA et certains fonds de la BEI (Banque Européenne d’Investissement).
Années 90, une aide accrue
En passant de 400 millions d'euros en 1986 à 1 300 milliards d'euros en 1998, la coopération européenne avec les pays du sud du bas-
Le bassin méditerranéen s'est officiellement accrue (tous secteurs confondus) de manière significative. Ainsi, en douze ans, l'aide à la Cisjordanie et à la Bande de Gaza a quasiment été multipliée par quatre, passant de 36 millions d’euros entre 1986-1990 à 142 millions d’euros de 1996-1998. Le principal pays bénéficiaire est l'Égypte. Ce pays aurait reçu 25 % du total de l'aide engagée, soit 2,479 milliards d’euros, surtout par le biais de l'aide aux infrastructures sociales et aux services. Au total, 10 milliards d’euros ont été dégagés pour la région et 6,9 milliards d’euros réellement déboursés sur douze ans entre 1986 et 1998. Et c'est bien là que le bât blesse. Lorsqu’on analyse les fonds réellement débloqués, on s'aperçoit vite que les aides baissent depuis trois ans. En 1999, la BEI a signé pour 802 millions d'euros de contrats (tous domaines confondus), contre 886 millions d’euros en 1998, et ceci pour l'ensemble des pays méditerranéens (hors Chypre). Une explication est donnée par un rapport d’audit publié courant 2000 par la nouvelle Commission : « L'Europe a pris plusieurs années de retard dans le versement des aides faute d'un nombre de fonctionnaires européens suffisants pour le suivi des dossiers... »
Pour ce qui est de la répartition par secteurs économiques, il est là aussi très difficile de faire la part des choses. La coopération économique tire son épingle du jeu avec 30 % des aides MEDA dans la période 1995-1999, soit 1,035 million d’euros. Il s'agit de créer dans ces pays un environnement favorable au développement du secteur
Mediterranean Basin officially increased (all sectors taken together) very significantly. For example, in the space of twelve years, aid to the West Bank and the Gaza Strip virtually quadrupled, rising from 36 million euros in 1986-1990 to 142 million euros in 1996-1998. The greatest beneficiary has been Egypt. The country is thought to have received 25 % of the total aid provided, namely 2,479 billion euros, notably through aid for social infrastructure and services. In all, 10 billion euros have been made available for the region and 6.9 billion euros actually spent during the twelve-year period from 1986 to 1998. And that is where the shoe pinches. When one analyses the funds actually released, it soon becomes clear that aid has fallen over the past three years. In 1999, the EIB signed contracts worth 802 million euros (all sectors taken together) compared to 886 million euros in 1998, and this was for all the Mediterranean countries (except Cyprus). An explanation can be found in an audit report published in 2000 by the new Commission: « Europe is several years behind schedule in the payment of aid due to insufficient European civil servants to deal with all the dossiers... »
As for the breakdown by economic sector, it is also very difficult to place things in perspective. Economic co-operation comes off quite well with 30 % of MEDA aid during the period 1995-1999, representing 1,035 million euros. The aim is to create a favourable envi-
privé. Quant à l’environnement et au développement rural qui gèrent une partie des projets touchant l’eau et l’irrigation, ils font partie des parents pauvres, avec respectivement 7 % (235 millions d’euros) et 4,5 % (155,5 millions d’euros).
Les choses vont-elles s'arranger avec la seconde génération MEDA, en hausse sensible ? Son enveloppe de 5 350 millions d’euros pour la période 2000-2006 vient d’être publiée au J.O.C.E. du 12 décembre 2000, ainsi que ses lignes prioritaires. La volonté d’investir sur l’eau est là encore clairement exprimée dans le texte. Déjà quelques programmes sont mis en œuvre comme celui de la vallée et du delta du Nil, adopté au cours de l’année 2000 et qui va profiter de MEDA II.
Égypte : des aides européennes pour rationaliser la ressource en eau
La République arabe d’Égypte se voit accorder un prêt de 50 millions d’euros par la BEI pour protéger et améliorer l’environnement des zones cultivées de la vallée et du Delta du Nil. Il s’agit de rationaliser les rares ressources en eau à des fins agricoles. Les travaux, menés par l’APEPD, l’administration égyptienne chargée des projets de drainage, portent sur l’installation de nouveaux canaux souterrains et la remise en état des réseaux vétustes de drainage sur une superficie totale de 330 000 ha de terres agricoles. Les canaux de surface desservant 150 000 ha de terres irriguées sont aussi concernés. Ils seront approfondis et remodelés. Différents partenaires soutiennent le projet aux côtés de la BEI comme la Banque mondiale, l’État allemand et, pour l’assistance technique, l’État néerlandais. « Compte tenu du caractère environnemental du projet, ce prêt est accordé au titre du deuxième mandat du partenariat euro-méditerranéen MEDA II », affirme-t-on à Luxembourg, « Il bénéficie d’une bonification d’intérêts financée par le budget communautaire ».
Ce soutien fait office d’exemple. En effet, force est de constater qu’en 2000 peu de subventions ont été accordées pour aider les investissements dans le domaine de l’eau. Et, si l’environnement est cité comme grand sujet de préoccupation, il faut reconnaître que le soutien des investissements énergétiques passe bien devant ceux consacrés à l’eau. Notons toutefois que différentes études préparatoires, notamment dans le domaine de l’assainissement et de l’élimination des déchets, peuvent être soutenues dans le cadre du « Programme d’assistance technique pour la protection de l’environnement ».
Il convient néanmoins de noter que diverses études préliminaires, notamment dans le domaine de l’assainissement et de l’élimination des déchets, peuvent être soutenues dans le cadre du « Programme d’assistance technique pour la protection du milieu méditerranéen » (METAP), lancé conjointement par la Banque mondiale et la BEI en 1990. Il a permis d’affecter 115 millions d’euros à la réalisation d’une quatre-vingtaine d’études, afin de juguler la dégradation alarmante des ressources naturelles de la région.
Si les Européens tournent aujourd'hui leurs aides vers l’énergie et les infrastructures routières, les Américains s’engouffrent dans la brèche et soutiennent plusieurs projets au Proche-Orient et au Maghreb.
Les aides de l’Amérique envers les pays méditerranéens
C'est le cas du projet PREM sur la pérennité des ressources en eaux du Maroc. Il poursuit plusieurs objectifs :
- renforcer le cadre juridique et institutionnel ;
- mettre en place des sites de démonstration sur la prévention de la pollution de l’oued Sebou ;
- conserver les sols dans un bassin versant Nord ;
- traiter et réutiliser les eaux usées dans de petites et moyennes communes de la province d’Agadir ;
- protéger les ressources en eau dans les secteurs agricoles, urbains et industriels et encourager la participation du public aux actions environnementales par l'implication des collectivités locales, des ONG, des associations professionnelles...
Cette opération est financée par le Ministère de l’Environnement et l’USAID, l’agence gouvernementale américaine qui développe des programmes d'aide aux pays étrangers. L’environnement ne représente qu'une facette de cet organisme, qui a de multiples tâches.
comme celle d’amener la paix dans certaines régions du monde.
L'USAID est aussi une porte ouverte aux entreprises américaines qui souhaitent exporter leurs technologies et matériels. Dans le domaine de l'eau, l'USAID a mis sur pied un programme de gestion intégrée des ressources en eau, l'IWRM, qui propose des solutions à l'usage des ressources d’eau douce ou marine. Ces dernières années, l'USAID a concentré ses efforts sur les problèmes de l'eau en Palestine, à Gaza et en Cisjordanie. À ce jour, l'agence a investi près de 250 millions de dollars dans l’accès à l’eau potable et le traitement des eaux usées. Le besoin en eau est crucial et difficile, car comme le note l'USAID, les Palestiniens ont la consommation d'eau la plus faible de la région, avec 50 litres d’eau par jour et par habitant pour laver, cuisiner et boire. Les Américains en consomment douze fois plus, et la moyenne de consommation en Israël est cinq à six fois plus élevée que la moyenne palestinienne. Les deux projets en cours représentent 203 millions de dollars. Le premier consiste à construire la première station d’épuration pour la zone d'Hébron, où plus de 120 000 Palestiniens vivent. Actuellement, la ville et les villages environnants ont des fosses septiques ou des canalisations déversant leurs eaux usées non traitées dans une autre vallée. Le second projet est basé sur de meilleures protec-
Subventions françaises au Liban
L’Agence française de développement (AFD) soutient deux projets sur l'eau au Liban. L'un concerne la remise en état de l'alimentation en eau potable de la ville de Jezzine. Une somme de 13,14 millions de francs est injectée dans cette opération qui comprend les études techniques, les travaux de reconstruction de l'adduction, la remise en état des sources, des réservoirs, des stations de pompage, ainsi que l'amélioration de la gestion du réseau. L’autre porte sur l'alimentation en eau potable de l’agglomération de Tripoli. Ce chantier, mené sous la responsabilité du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) du Liban, se voit doté de 131,13 millions de francs par la France.
tion et gestion d’un aquifère souterrain, seule source d'eau potable pour les habitants de Gaza. L’aide de l'USAID porte notamment sur la surveillance de l’aquifère, et sur la construction d’une conduite de transmission entre le nord et le sud pour une meilleure distribution de l'eau.
La Palestine n’est pas le seul pays concerné. L’USAID a établi l’été dernier un partenariat avec l'Université de San Diego. Celle-ci reçoit 3,9 millions de dollars pour aider les pays du Moyen-Orient à utiliser de manière plus sûre et efficace leurs ressources en eau.
L’Égypte a, elle aussi, reçu des subsides de l'USAID : 2 milliards de dollars depuis 1975, dont une partie destinée à la potabilisation et au traitement des eaux usées du Caire.
Bien que l'USAID représente l’un des pays les plus riches de la planète, son budget n’est pas à la hauteur de la richesse américaine. Et pourtant les sondages ont révélé que les Américains souhaitaient que l’assistance aux pays étrangers représente jusqu’à 20 % des dépenses gouvernementales. Mais il n’est qu’un petit pour cent de ce budget fédéral. L'USAID note avec amertume que le Japon a un programme d’assistance étrangère plus important que celui des États-Unis, et que la combinaison des programmes français et néerlandais est identique à celui de l’USAID.
Du point de vue des organismes internationaux, la Banque Mondiale n’a pas oublié l’eau dans ses programmes. Elle vient par exemple d'approuver un prêt à l’Égypte de 50 millions de dollars pour la construction de drains pour évacuer l'eau dans des cultures irriguées. Le projet total coûte 278,4 millions de dollars. Par ailleurs, les pays autour de la Méditerranée se sont regroupés dans l'association Plan Bleu, hébergée à Sophia-Antipolis par la France. Huit des douze pays au sud et à l’est de la Méditerranée exploitent aujourd'hui annuellement plus de 50 % de leurs ressources en eau renouvelables, dont deux qui exploitent déjà plus que leurs ressources renouvelables, l’autorité palestinienne et la Libye. En 2025, ils devraient être dix pays sur douze à consommer plus de 50 % de leurs ressources renouvelables, dont huit à plus de 100 %. Plan Bleu, qui a un mandat international, travaille à remédier ce problème.