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Réflexions sur l'antipollution dans l'industrie des traitements de surfaces

23 decembre 1976 Paru dans le N°11 à la page 61 ( mots)
Rédigé par : Joël LEROY

Il existe toujours plusieurs manières d’aborder un même problème, et celui posé par la pollution dans l'industrie des Traitements de Surface n'échappe pas à cette règle.

Le présent article en est une illustration, en proposant une analyse particulière destinée à élaborer un schéma de solution.

L'industrie des Traitements de Surface pose un problème important au plan de l'environnement, du fait :

  • • du nombre d’ateliers exerçant cette activité de revêtement des métaux et des matières plastiques,
  • • de l'utilisation de l'eau dans les procédés de fabrication,
  • • de la nature et de la toxicité des produits chimiques mis en œuvre,
  • • des conditions d'utilisation de ces derniers.

C'est pourquoi l'Administration a décidé la mise en place d'un cadre législatif approprié à la mise hors pollution progressive des ateliers et, à cet effet, a édicté à l'usage des autorités préfectorales une Circulaire ministérielle du 4 juillet 1972.

D'autre part, dans le cadre plus général des déchets, incluant donc les résidus de Traitements de Surface, la Loi du 15 juillet 1975 (1) pose comme principe général la responsabilité du producteur en matière d’élimination de ses déchets.

Dès lors, les industriels se doivent de déterminer leur méthode d'action, laquelle peut revêtir essentiellement deux formes :

  • • soit considérer leur pollution comme un problème d’épuration d'eaux résiduaires,
  • • soit considérer leur pollution comme un problème de traitement de surface.

1. LA POLLUTION CONSIDÉRÉE COMME UN PROBLÈME DE TRAITEMENT D'EAU

La démarche la plus simple, et généralement envisagée, consiste à passer chronologiquement par un certain nombre de phases distinctes :

  1. 1. Réalisation d'un inventaire de la pollution générée par l'activité.
  2. 2. Définition d'un ou plusieurs projets de solutions de traitement.
  3. 3. Comparaisons technique et économique de ces solutions.
  4. 4. Choix définitif.
  5. 5. Réalisation de la station d'épuration.

Cette méthode, à vocation essentiellement technique, présente l'avantage d'être simple à deux points de vue :

  • • la structure à mettre en place est censée se juxtaposer à celle existante sans modifier cette dernière ;
  • • elle met en œuvre des techniques d'épuration relativement rustiques dont les principes sont aisément maîtrisables. De ce fait, la prise de décision relative à la solution s'en trouve facilitée.

Cette démarche peut paraître satisfaisante, mais elle présente, à l'usage, l'inconvénient de s'avérer souvent onéreuse. C'est pourquoi peut être développée une autre approche, à motivation plus globale, dont l'objectif est de réduire le coût total de l'opération antipollution sans nuire à la qualité des eaux rejetées.

2. LA POLLUTION CONSIDÉRÉE COMME UN PROBLÈME DE TRAITEMENT DE SURFACE

Une réflexion approfondie sur le schéma précédent conduit à remettre en cause le passage direct de l'inventaire à la définition de la « machine épurante » appropriée.

(1) Voir « L'EAU ET L'INDUSTRIE », n° 6, avril 1976, « La Loi sur les déchets, p. 44 à 46.

En effet, il est essentiel de se poser la question suivante :

« EST-IL POSSIBLE DE MODIFIER LES DONNÉES FOURNIES PAR L'INVENTAIRE PRÉALABLE ? »

D'expérience, il est constaté que la réponse n'est jamais négative, car il est toujours possible :

  • • de diminuer les consommations d’eau,
  • • de diminuer les pertes en produits,

par une action entreprise au niveau des conditions d'exploitation de l'outil de production.

La traduction pratique de cette action est une modification du bilan économique de l'opération, tant au niveau de l'investissement (réduction du dimensionnement des équipements né-

[Photo : Schéma n°1]

nécessaires) qu’en exploitation industrielle (valeur des produits ainsi récupérés, valeur des réactifs de traitement économisés).

Cependant, les critères généraux induisent quant à leurs applications, un certain nombre de contraintes.

2.1. Un schéma général :

  • — PRÉVENTION,
  • — RÉCUPÉRATION,
  • — ÉPURATION.

Le fait de devoir intervenir au niveau des chaînes de production nécessite une connaissance approfondie de la technique particulière des Traitements de Surface, afin de pouvoir agir efficacement sur :

  • • les critères de fabrication,
  • • les conditions d'utilisation des produits,
  • • les conditions de mise en œuvre de l'eau.

De ce fait, il devient possible :

  • — d’analyser toutes les sources auxquelles la pollution prend naissance et de mettre en œuvre les moyens d'y porter, partiellement ou totalement, remède (objectif de PRÉVENTION),
  • — d'étudier les possibilités de valorisation de certains matériaux sous une forme plus noble que celle de boues résiduaires (objectif de RÉCUPÉRATION).

Dès lors est établi un nouvel inventaire représentant le solde de la pollution et à partir duquel une ou plusieurs solutions peuvent être élaborées avant choix définitif (objectif d'ÉPURATION).

Le synoptique général de cette analyse peut être représenté par le schéma n° 1.

2.2. La connaissance de tous les partenaires influençant le choix définitif

L'industriel est, certes, responsable de son choix, mais il doit, cependant, intégrer à ses critères de décision un certain nombre de contraintes situées :

  • — au niveau administratif (relations avec le Service des Mines, l'Agence Financière de Bassin, la Direction Départementale de l’Équipement...) ;
  • — au niveau industriel (relations avec divers fournisseurs de produits, de matériels, de services...).

Les particularités et les objectifs propres à chacun de ces interlocuteurs sont généralement susceptibles d'influencer le choix définitif et nécessitent donc la recherche d'un compromis satisfaisant (voir schéma n° 2).

Un exemple illustre clairement cette nécessité : le développement récent des unités centralisées de détoxication de déchets offre un service qui ne doit pas être exclusif, mais complémentaire de celui proposé par les fournisseurs d’installations individuelles.

Par cette approche méthodique d'une solution d'antipollution techniquement et économiquement satisfaisante pour l'industriel, il apparaît qu’en fait, c'est la mise en place d'un SYSTÈME qui est recherchée, c'est-à-dire la définition d'un « ensemble de principes coordonnés pour fournir un tout cohérent », alors qu'un simple ouvrage d’épuration laisse, en fait, à l'industriel, le soin de réaliser, postérieurement à sa mise en place, l'adéquation de cet outil à la structure existante.

2.3. L'exploitation du système mis en œuvre

La recherche de cette adéquation doit être un souci permanent, même une fois réalisée la mise en place effective du système. En effet, conserver une qualité satisfaisante des

[Photo : Schéma n° 2]
[Photo : Les gros ateliers intégrés effectuent des traitements de surface très diversifiés au moyen de matériels souvent complexes. Document Galvano-Organo.]

Les rejets dans le temps nécessitent une attention rigoureuse, dès lors que des modifications interviennent au niveau des conditions d'exploitation des ateliers (extension en particulier). En effet, elles ont toujours une influence sur les performances des installations, car elles modifient l'apport de charge polluante.

D'autre part, les connaissances en matière de gestion des rejets évoluent régulièrement et un industriel doit pouvoir trouver avantage à en intégrer les applications dans le cadre d'un système antipollution existant.

En fait, les objectifs techniques et économiques poursuivis impliquent qu'un problème de pollution n'est pas résolu par la seule mise en place d'une installation d'épuration, mais par son insertion dans l'ensemble des outils de production des ateliers, qui sont susceptibles d'évolution.

2.4. Un schéma d'action à usage collectif

Le schéma d'action « PRÉVENTION ‑ RÉCUPÉRATION ‑ ÉPURATION » s'avère satisfaisant aux plans technique et économique, au niveau individuel de chaque industriel concerné. C'est pourquoi il est possible de l'intégrer dans un cadre collectif et plus général, dans le but de mettre en œuvre une réflexion et une action globales. Tel pourra être le cas au niveau des Administrations concernées par la pollution, ou de certaines organisations ou groupements industriels par exemple.

Pour ce faire, d'autres facteurs d'influence doivent être maîtrisés, parce que la motivation n'est plus de résoudre un problème concret particulier, mais de dégager des critères essentiels en vue d'une action généralement concertée.

LES MOYENS À METTRE EN ŒUVRE

Pour mettre en application au plan industriel les principes d'action définis précédemment, il est nécessaire :

  • - de posséder une compétence technique sérieuse en Traitements de Surface ;
  • - de pouvoir appréhender avec rigueur les problèmes techniques, économiques, administratifs et juridiques.

Pour ce faire, il faut pouvoir placer des hommes complémentaires dans une structure appropriée.

3.1. Les hommes

S'agissant de définir des systèmes antipollution en traitement de surface, il faut pouvoir compter sur :

  • - une large expérience de la galvanoplastie ou, pour le moins, une capacité constante à accéder rapidement aux techniques de cette profession ;
  • - une maîtrise confirmée de la conception, la réalisation et l'exploitation d'installations d'épuration ;
  • - des connaissances élargies en matière d'environnement du milieu industriel.
[Photo : Vue d'ensemble d'un atelier de traitement de surface intégré. Document Galvano-Organo.]

3.2. L'organisation

À partir de deux départements Études et Équipements en relation étroite, il est possible de fournir un ensemble de prestations complètes par la mise en place du schéma n° 3.

Définir la solution d'un problème de pollution toxique ne passe vraisemblablement pas par la mise en place d'une « machine épurante » susceptible d'absorber toutes les contraintes qu'elle subit, mais plutôt par la conception d'un « système antipollution » qui peut intégrer l'ensemble des données caractéristiques du cas proposé. En effet, il semble que mettre en œuvre des dispositions de prévention de la pollution à la source, et de valorisation de produits perdus, doive être un objectif dont la poursuite rigoureuse soit préalable à toute recherche de solution d'épuration.

Dans le domaine particulier de l'industrie des Traitements de Surface, il est possible de mettre en œuvre ces différents principes, dans le cadre d'initiatives individuelles ou collectives.

grâce à un personnel qualifié s'appuyant sur une structure souple et cohérente. Enfin, quelques brefs exemples permettent d’illustrer notre propos (voir le tableau ci-dessous).

J. LEROY.

Flux polluant kg/an

\text{NaCN} \text{Cu} \text{Ni} \text{CrO}_3 \text{Zn}
\hline
\text{Cas 1}
\text{Avant intervention à la source} 260 100 310 460
\text{Après intervention} 0 0 90 150
\hline
\text{Cas 2}
\text{Avant intervention} 2\,100 900
\text{Après intervention} 0 0
\hline
\text{Cas 3}
\text{Avant intervention} 12\,000
\text{Après intervention} 1\,400
\hline
\text{Cas 4}
\text{L’intervention a permis de récupérer :}
1\,450 \text{ kg/an de KCN}
4\,500 \text{ kg/an de Cu}
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