Le prêt à raccorder n?est pas réservé aux situations d'urgence : entre une installation fixe et dédiée et l'urgence absolue après un accident ou une catastrophe, les équipements prêts à brancher trouvent toutes sortes d'opportunités d'implantation. Un des avantages majeurs de ces installations est la possibilité de réutilisation, donc la conservation d'une valeur marchande de l'installation. Sur le terrain, les réalisations se multiplient.
Une plateforme béton de quelques mètres carrés et des tuyaux en attente ; arrivent un ou deux camions chargés de conteneurs ; une grue met en place ces équipements sur la plateforme. Quelques techniciens s’affairent : raccordements de brides, connexions électriques. Après quelques heures, quelques jours au plus, quelqu’un appuie sur le bouton : l’installation fonctionne.
C’est moins prestigieux que l’inauguration solennelle d’un bâtiment, mais bien plus rapide et fonctionnel. Ceci n’est que la partie visible d’une tendance qui semble prendre son essor depuis quelques années : les installations prêtes à brancher.
« En 2010, nous réalisons une installation par mois ; c’est un rythme assez soutenu » indique Pierre-Yves Bertrand de BWT Permo.
La société vient de développer la gamme WATS C, composée d’installations de traitement de l’eau en conteneurs de 20 et 40 pieds.
À l’intérieur, selon les besoins, des filtres, des pompes, des vannes, des moteurs et tout ce qu’il faut pour commander et réguler ces appareils.
En termes de capacité de traitement, ces installations sont parfaitement capables de traiter de quelques
mètres-cube par heure jusqu'à plusieurs dizaines voire centaines de m³/h. « En fait, les exploitants ne pensent pas encore systématiquement à ces solutions en conteneurs. Il est très rare d'être consulté sur des installations en conteneurs, surtout dans le monde industriel en France. Par contre, nous les proposons à nos clients lorsqu'il y a une opportunité », précise Pierre-Yves Bertrand. Un exemple parmi bien d'autres : sur un site chimique vieillissant, BWT Permo est consulté pour une installation de préparation d'eau de chaudière haute pression. Tout était à refaire dans le local technique envisagé ; BWT Permo propose alors une installation prête à raccorder, installée à l’extérieur. Il n'y a pas eu à refaire les locaux, ni à perdre de temps pour concevoir l’installation en fonction du local et réaliser les travaux. Comme il s'agissait d’un atelier arrêté quelques années après, l'installation a pu être revendue et non détruite comme cela se serait produit avec une installation construite sur place.
Associer des techniques éprouvées dans un espace restreint
La mise en conteneur ne relève pas de l’innovation technique. C’est plutôt l’agencement de techniques éprouvées sous une forme particulière dans un espace restreint, qu'il soit fermé en conteneur ou à l'air libre sur un berceau (skid). Cette configuration n’est pas forcément standard, prédéterminée, elle peut être réalisée sur mesure pour remplir les conditions particulières d'un site : le prêt à brancher s’adapte à des besoins fonctionnels et quantitatifs très variés. On pense volontiers à ce type d’installation pour des situations d’urgence après un accident qui met hors d'usage une installation. Veolia Eau, Lyonnaise des Eaux et Saur proposent des modules de dépannage pour surcharges ponctuelles et situations d’urgences en eau potable. Les unités Aquamem de filtration membranaire de Polymem sont également destinées à la filtration d’eau brute en vue de produire de l'eau potable, notamment en situation d’urgence. Le débit nominal de ces installations, dépendant de la qualité de l'eau brute et de sa température, est compris entre 500 l/h et 6000 l/h. La surface au sol occupée par ces unités est comprise entre 1 et 3 m² pour une hauteur maximale de 1,5 m. Des unités de capacités supérieures, composées de modules Polymem UF80 ou UF120 peuvent être containérisées.
Les grands traiteurs d'eau comme Degrémont, Veolia Water STI, Ondeo IS, GE Water Process & Technologies, Tecnofil
Ce sont globalement des arguments que l’on rencontre dans une autre tendance industrielle au niveau de la production, surtout en mécanique et dans les lignes d’assemblage, appelée « lean production ». Légèreté d’installation, d’intervention, faible empreinte... on pourrait presque dire qu'il s'agit d'une logique de développement durable.
Industries, Callisto, BWT Permo, Ovive, Corelec ou Pall ont développé des unités mobiles d'urgence mobilisables en quelques heures afin de redémarrer une installation et s'éviter des arrêts de production très coûteux. Opalium propose de son côté une large gamme d'unités modulaires montées sur skid opérationnelles en très peu de temps : Opaflo® pour traiter la turbidité et l'affinage, Opacarb® pour le traitement des micropolluants, Opafer® pour le traitement de l'arsenic, Opamin® pour la reminéralisation, etc. Ses unités conviennent aussi bien à une utilisation provisoire que pour une longue durée.
Dans le domaine du traitement des boues, Faure Equipements, ATR-Créations ou Aqua-Traitements peuvent mettre à disposition dans des délais très rapides des unités mobiles capables de faire face à des surcharges ponctuelles, tout comme CE2A dans le domaine du pompage ou Oxydro, Isma, Linde, Air Liquide, Messer ou Air Products en matière d'oxygénation des effluents ou de dopage de stations d'épuration.
Des prestataires de service utilisent des installations mobiles pour traiter de manière régulière ou ponctuelle des effluents dangereux ; le donneur d'ordre évite ainsi les tracasseries du transport. C'est le cas de l'Eau Pure, de PLM Equipements, d'Ultimop, de Vivlo, de Maisonneuve ou encore de Biome qui est capable de traiter des lixiviats de sites de stockage de déchets, ou plus épisodiquement des eaux récupérées après un incendie. Les différents équipements (neutralisation, précipitation, filtration, etc.) sont montés sur remorques, en conteneur ou sur berceau et installés pour quelques semaines afin de traiter un stock de plusieurs milliers de mètres cubes.
Pour les effluents très difficiles à traiter, la société Innoveox proposera dans les mois à venir un procédé d'oxydation hydrothermale supercritique monté sur skid. Une première unité de 100 l/h disposée sur un skid de 10 x 2 m est opérationnelle.
Le prêt à brancher : intéressant dans de nombreux cas de figures
Mais le recours au prêt à brancher mérite d'être considéré de manière beaucoup plus large. « Il existe bien des occasions de recourir au prêt à brancher : certaines communes sont confrontées à des accroissements brutaux mais connus de population comme les stations balnéaires ou de montagne qui voient leur population multipliée par dix parfois. Si elles n'ont pas les installations ou les ressources suffisantes, elles peuvent planifier la mise en place de telles installations pour répondre au besoin pendant quelques mois. C'est le cas dans la station des Gets qui utilise une unité de 800 m³/j pour l'eau potable. Un autre type de saisonnalité se rencontre en Italie où certaines ressources en eau varient en volume et en qualité au cours de l'année. Le besoin d’alimentation du réseau est résolu en déplaçant une unité mobile ou transportable.
unité à membrane d’une source à l’autre selon la saison. Nous avons même réalisé à la demande d'un client un aménagement du conteneur avec un toit pour qu'il s'intègre mieux dans l'environnement » explique Bertrand Pons, directeur commercial chez Aquasource. Les matériels standardisés qui remplissent cette fonction constituent la gamme Nomad utilisant des conteneurs de 10, 20 et 40 pieds. Aquasource est équipementier dans le domaine des membranes d'ultrafiltration et Bertrand Pons résume les cas dans lesquels des modules prêts à brancher sont utilisés, essentiellement dans quatre cas : vendus à des prestataires qui assurent des services en cas d’urgence (activité que ne réalise pas Aquasource), vendus à un client qui veut mutualiser des ressources en eau (cas de l'Italie déjà cité), en stations balnéaires ou de ski, et dans des situations transitoires, quelques mois ou années, dans des collectivités locales et des industries. C’est le cas à St Paul de la Réunion : la station d'eau potable de Grand Fond est en cours de rénovation et d’agrandissement. Pour assurer la continuité de production une unité compacte UCD de Degrémont Équipements de 240 m³/h a été installée pour quelques mois (mise en service mai 2010). Après cette période, l’unité sera installée dans une autre région de l'île.
Dans ce genre de situations, une unité prête à brancher se révèle très utile et avantageuse. Pierre-Yves Bertrand a bien d'autres situations que l’exemple cité sur l'eau de chaudière. « Une usine avait des rejets de station d’épuration qui dépassaient les normes locales. Sa fermeture était programmée ; l’industriel devait respecter les normes mais n’avait pas envie de trop investir. Il a acheté une installation de filtration en conteneur. Après la fermeture, ce client est revenu vers nous, nous avons racheté l’installation, nous l'avons révisée et remise sur le marché ». On voit là un avantage essentiel des installations prêtes à brancher : l’unité garde une valeur certaine après quelques années. Ce n’est pas le cas d'installations construites sur place. Les besoins d'une base vie sur des chantiers provisoires sont couverts par des unités conteneurisées : BWT Permo a installé récemment en Algérie une unité de quelques m³/h d’eau potable à partir d’eau saumâtre avec une contrainte de refroidissement puisque la ressource était à 33 °C.
Autres situations : l'installation à poste fixe lorsque des bâtiments n'ont pas été prévus pour l'équipement, ou lorsqu’il existe des contraintes de site très fortes. « Nous avons eu le cas sur un site chimique comportant des zones protégées ATEX. Le client voulait rapidement une unité d’eau osmosée de 20 m³/h pour un de ses ateliers. Il n’est pas facile de travailler en zone ATEX et les équipements installés dans cette zone ont aussi des contraintes. Nous avons donc proposé une installation en conteneur (avec des équipements standard), posée en limite extérieure de zone ATEX ; il n’y a eu que les branchements d'eau à réaliser ».
Une mise en œuvre allégée
D'autres avantages du prêt à brancher, soulignés par Pierre-Yves Bertrand, concernent la durée de réalisation d'une installation d'eau potable, de procédés, le traitement d'eaux usées ou de boues. La construction sur place impose l’approvisionnement des différents équipements provenant de dif-
4 questions à Laurent Dolleans, Directeur département Réhabilitation-Unités packagées chez Degrémont
EIN : De quand datent ces unités prêtes à brancher ?
Laurent Dolleans : Les toutes premières datent d'une vingtaine d’années. Au démarrage de l'activité, Degrémont a développé une gamme, appelée UCD (Unité Compacte Degrémont), qui utilise les techniques classiques de décantation + filtration pour fournir de l'eau potable à partir d'eau de surface (lac, rivière) pour de petits villages, en France, en Afrique et au Moyen-Orient, ou pour des bases vie et des campements.
À ce jour, nous avons vendu plus d'une centaine d'unités partout dans le monde. La gamme s’étend de 5 à 720 m³/h. Aujourd’hui, en complément de notre gamme UCD, nous possédons des systèmes compacts de traitement pour la séparation des eaux, basés sur les avantages techniques des Densadeg, Pulsator et Aquadaf, des produits phares de Degrémont.
EIN : Quels sont les principaux avantages des unités conteneurisées ?
L.D. : Il s’agit d'unités standards. Les études sont faites une fois pour toutes, même s'il faut évidemment s'adapter à la demande de chaque client et affiner à chaque cas.
Cette standardisation abaisse les coûts de fabrication. Ces unités standards métalliques sont entièrement fabriquées et testées en atelier, réduisant de fait les aléas de mise en service sur site.
Le génie civil, réduit à une dalle en béton, est réalisé en parallèle de la fabrication de l'unité en atelier, ce qui permet de « compresser » les durées de chantier.
EIN : Et pour les eaux résiduaires ?
L.D. : Nous sommes présents sur ce marché également, à la fois avec des solutions classiques d’épuration (biodisques) et avec des technologies membranaires (ultrafiltration) permettant d’obtenir des eaux d'une qualité exceptionnelle.
Ces qualités d'eau sont compatibles avec des rejets en zones sensibles, comme réalisé en Nouvelle-Calédonie, ou pour du « reuse » dans les régions en manque d'eau.
Toujours basés sur le principe de l'unité package, transportables facilement, ces skids d'ultrafiltration sont appelés Ultragreen PS pour la gamme de 400 à 2000 EH et Ultrafor PS pour la gamme 2000 à 7500 EH (PS pour Package System).
Ils seront officiellement présentés à Pollutec Lyon au mois de décembre 2010.
EIN : Et les coûts ?
L.D. : Si l’on fait une analyse économique globale sur les petites stations (jusqu’à 10 000 EH ou inférieures à 500 m³/h en eau potable), les solutions packagées sont à la fois plus économiques et beaucoup plus rapides à installer. Les municipalités et les collectivités territoriales ont tout intérêt à regarder du côté de nos solutions packagées pour s'assurer un service équivalent à moindre coût. Nos solutions apportent une vraie réponse et devraient s'imposer dans les années à venir.
Différents fournisseurs avec les aléas logistiques (délais de livraison). Ces équipements doivent être installés et fixés, branchés, reliés avec toutes les causes d’erreurs potentielles. Ces travaux réalisés sur chantier s’effectuent dans le cadre général du chantier, c’est-à-dire avec des contraintes sur la formation des personnels, la coordination avec d'autres corps de métiers et l'insertion dans le plan de prévention du chantier. Au total, toute cette construction représente beaucoup de temps, d'investissement et d’incertitudes qui sont très réduits avec le prêt à brancher grâce à la construction en usine, en temps masqué par rapport au reste du chantier.
La logistique est encore plus contraignante dans les pays en développement : au Sénégal, les eaux de forage de la région du Sine-Saloum sont trop chargées en fluor. Après des phases pilote, le procédé retenu est la filtration membranaire développée par Degrémont (division Équipements). Tous les équipements ont été réalisés en France en parallèle aux travaux de génie civil. Au total, la réalisation entière a duré moins de neuf mois avec mise en service en novembre 2009. L'installation est prévue pour être doublée, et d'autres forages voisins devraient être équipés. La rapidité d’exécution et d'installation trouve aussi à s’appliquer dans le contexte particulier de l'Irak où Degrémont fournit plusieurs UCD et leurs salles de contrôle et salles électriques en conteneurs.
« Compte tenu des conditions de sécurité particulières en Irak, les unités compactes restent les installations privilégiées, souligne Laurent Dolleans, Degrémont. Elles permettent de délivrer une eau potable de qualité dans des endroits difficiles d’accès avec peu de travaux sur site. Les unités compactes garantissent une qualité de traitement comparable aux unités traditionnelles et conviennent aussi bien »
Une unité modulaire de traitement et de recyclage des eaux de lavage
La société Watereycle propose aux entreprises et aux collectivités publiques des solutions compactes et modulables de traitement et recyclage de l'eau afin qu'elles puissent réutiliser leurs propres effluents issus des eaux de lavage, de process ou des eaux usées. Ces solutions s’adressent aux stations de lavage, transporteurs, transports en commun, transports urbains, pompiers et collectes d’ordures ménagères.
Le principe de ces mini-stations repose sur cinq étapes :
- - Un prétraitement développé en fonction des caractéristiques des eaux de lavage. L'objectif est d’éliminer les huiles et les hydrocarbures en impactant les paramètres de pollution globaux (MES, DBO, DCO...).
- - Un traitement secondaire sur filtre à zéolithe va permettre d'affiner les résultats obtenus lors de l’étape de prétraitement, et surtout de piéger les métaux et les phosphates présents dans les eaux de lavage.
- - Le traitement tertiaire est constitué d'un organe de microfiltration dimensionné à 1 micron. Son objectif est de garantir une eau exempte de toute matière résiduelle et de protéger les installations présentes en aval (buses d'aspersion, appareillage haute pression, etc.).
- - Une filtration sur charbon actif retient un grand nombre de composés organiques supprimant les éventuelles odeurs nauséabondes.
- - Enfin, un dispositif de désinfection UV intervient en toute fin de la chaîne de traitement.
L'ensemble du process est continu et automatisé afin de limiter les opérations de maintenance. Le process est modulable, permettant de s’adapter à des consommations de 1 à 15 m³/h. Les eaux issues de ce process peuvent être recyclées à plus de 80 %. Dans le cas d'une récupération des eaux de pluie, l'apport d’eau extérieur est nul. Le système Watereycle n'est pas enterré mais hors sol, ce qui permet une mise en place simplifiée.
À une installation temporaire ou définitive. Ainsi à Bagdad, 12 unités UCD de 200 m³/h ont été installées pour répondre immédiatement aux besoins en eau potable, en attendant la construction d’une station de plus grande capacité, tandis qu’en province, des unités UCD ont aussi été mises en place mais de manière définitive.
La démarche du prêt à brancher se distingue par d'autres aspects. Comme en construction traditionnelle, il faut définir les besoins de traitement en qualité et quantités, trouver la meilleure implantation sur le site et aménager les alimentations et évacuation. Mais toute la partie montage des équipements, tests de l’installation s’effectue en usine à l'abri et sans interférer avec les autres opérations du site. Un point sensible sur lequel insiste Pierre-Yves Bertrand : l'aménagement du conteneur. Il ne s'agit pas de « bourrer » les équipements dans l’espace restreint du conteneur. Il faut penser à l'exploitation future, aux opérations de maintenance. « Par exemple prévoir des espaces de dégagement suffisants lorsqu’on veut changer un élément. L’agencement des appareils, l’ergonomie globale relève d’un réel savoir-faire. Avantage chez BWT Permo, nous avons dans un même lieu, le chargé d’affaires, le bureau d’études et les ateliers et nous pouvons régler rapidement les problèmes afin que le client reçoive un équipement conforme à sa demande. » Remarques du même ordre chez Aquasource : « la modularité et le prêt à brancher sont un parti pris, une stratégie d’entreprise. Nous sommes une des rares sociétés à maîtriser toute la chaîne de valeur depuis la fabrication des membranes jusqu’à l’équipement final intégré qui doit être très simple pour le client utilisateur : un bouton marche-arrêt » explique Bertrand Pons.
Dans ce contexte, l’offre s'élargit de jour en jour.
Vivlo construit par exemple des évaporateurs mobiles pour le traitement des effluents industriels et des lixiviats. Les évaporateurs mobiles actuellement proposés sur le marché existent en version « alimentation électrique » ou « eau chaude/vapeur ». Indispensables en cas de pollution accidentelle, opportuns en demande de traitement temporaire, ces appareils autonomes sont équipés d’un système de télésurveillance et de nettoyage automatique. Plusieurs gammes d'unités mobiles sont développées traitant des débits de 1 000 l/j à 36 000 l/j. Ils fonctionnent à basse température (35 °C) d’ébullition ou haute température (85 °C) sous le principe pompe à chaleur (PAC) ou thermo-compression (TC) en offrant une bonne qualité de distillat propice au recyclage ou au rejet en milieu naturel. Le coût énergétique du mètre cube d'effluent traité varie entre 0,5 et 5 €. Les coûts d’exploitation restent directement liés aux coûts de destruction ou de revalorisation du concentrat (boues).
Maisonneuve propose également des unités de traitement construites sur mesure en fonction des besoins des clients.
...vant être adaptées dans un espace restreint. Montées sur châssis, skid, cadre ISO ou conteneurisées, ces stations sont idéales pour le traitement des eaux sanitaires entre 100 et 3000 EQH pour les hôpitaux, les hôtels, les bases vies, les camps, les situations d’urgence, le traitement des effluents industriels pour les projets industriels onshore ou offshore ou la production d'eau potable variant de 1 à 50 m³/h. La division « Maisonneuve Environnement » a par exemple été retenue en 2009 par la NAMSA (Agence de Gestion du Soutien Logistique de l’OTAN) pour équiper 4 camps militaires de 500 personnes en stations compactes de traitement des eaux usées. Chaque station comporte 6 modules containerisés de 20 pieds, certifiés CSC qui sont conçus pour être transportés par voie terrestre, maritime ou aérienne. Basées sur un traitement biologique, les eaux traitées peuvent être utilisées à des fins de lavage ou d'irrigation. Les stations totalement autonomes sont conçues pour être déployées très rapidement sans aucun génie civil et sous des températures extrêmes. Ce projet a été réalisé dans un délai record de 9 mois. Les unités ont été testées au mois de mai dernier sur une base militaire du sud de l’Italie.
Opalium propose de son côté une gamme très large. Opaccep® est, par exemple, une station compacte de traitement de l'eau mettant en œuvre des procédés simples et efficaces (clarification et filtration). Adaptable à toutes les situations, l’Opaccep® peut être complétée de traitements spécifiques tels que la déferrisation ou la démanganisation. La mise en œuvre de cette station compacte offre une éventuelle complémentarité avec d'autres unités standards. Les différents modèles de cette gamme permettent de traiter un débit allant de 2 à 200 m³/h unitaire avec la possibilité de les juxtaposer afin de répondre aux besoins. Le transport dans des containers standards de 20 ou 40 pieds, selon les modèles, a déjà permis la livraison de plus de 70 réalisations dans le monde entier.
Opalium a également dédié une gamme de produits, prêts à être raccordés, au recyclage et/ou à la réutilisation des eaux usées ou industrielles. En fonction du traitement mis en place (Opadef® pour une déferrisation, Opamem® pour un traitement membranaire), l’eau peut être réutilisée pour la préparation de réactifs pour les traitements conventionnels de l'usine, l’irrigation ou encore l'arrosage et le nettoyage de lieux publics. Ces unités standardisées, modulables, et entièrement automatisées sont, de plus, facilement intégrables dans des usines déjà existantes ou en construction. Opter pour ce type de traitement, c’est éviter un nouveau prélèvement d’eau au milieu naturel, limiter le rejet au milieu naturel, limiter les coûts de transport de cette eau et diminuer la consommation d’eau potable au sein de l’usine. L'investissement lié à la mise en œuvre de tels systèmes s’amortit généralement sur 5 à 6 ans d’exploitation (économie d'eau de process).
L'activité « unités mobiles » est également en plein essor chez CTP et à l'origine d'investissements importants qui devraient permettre à l’entreprise, qui a pu obtenir le soutien d’Oseo, de disposer très bientôt d'une dizaine d’unités mobiles capables de traiter des débits de 0 à 400 m³/h sur différents procédés. Parmi les procédés disponibles, un traitement physico-
Déshydratation des boues
Unités mobiles, transportables, prêtes à brancher : le concept progresse
Unités mobiles, transportables, prêtes à brancher,
en tout cas facilement et rapidement mises en
œuvre, le concept progresse dans le domaine du
traitement des boues pour des utilisations allant
d'une journée à une semaine, un mois, un an, voire
davantage sur certains sites. « Ces équipements
sont souvent mis en œuvre dans des contextes
d'urgence nécessitant des résultats immédiats et
probants et toujours sous l'œil vigilant du deman-
deur, explique Patrick Léonard d’ATR Créations,
société qui propose ce concept depuis plus de 20
ans. Ils doivent être de ‘super produits’ dès les
premiers instants de fonctionnement. Par nécessité
fonctionnelle, ce sont des machines souvent
beaucoup plus performantes que les installations
fixes qu’elles remplacent ou que les équipements
traditionnels auxquels on les compare ».
L’offre a d'ailleurs tendance à progresser. Faure
Equipements s'est ainsi spécialisé depuis 5 ans
dans la construction et la mise à disposition pour
ses clients d’unités mobiles de déshydratation
par filtre-presse, soit sur semi-remorques, soit en
containers type maritimes spécialement aménagés.
Ces unités mobiles sont conçues afin d'intégrer
tout type de filtres-presses - chambrés ou mixed-
pack - de différentes tailles avec les équipements
de conditionnement des boues et de convoyage des
gâteaux. La production de ces unités mobiles varie
selon leur taille : de 250 à 6000 litres de gâteaux
par cycle, ce qui représente de 100 à 4500 kg de
matières sèches par pressée de 1 à 2 heures selon
le type de boue organique ou minérale.
De la même façon, avec plus de 150 unités
mobiles à son actif, Diemme Filtration conçoit et
réalise des unités mobiles de déshydratation sur
mesure, adaptées à la demande du client. Parmi
les dernières nées, une installation destinée à la
dépollution des sols et des terres polluées.
Pour les applications industrielles, qu'il s'agisse de
boues (biologiques ou physico-chimiques) ou plus
généralement d'effluents contenant des particules
séparables résultant du procédé industriel, Alfa
Laval a développé des skids ou modules prêts à
l’emploi, destinés à séparer, épaissir ou déshy-
drater. Chaque module est un système complet
qui comprend tous les équipements pour un
fonctionnement sur site : pompe d’alimentation,
débitmètre, unité de préparation de polymère,
toutes les tuyauteries et vannes nécessaires ainsi
qu'un convoyeur à vis pour les boues déshydratées.
Les modules comprennent également une armoire
électrique centrale de contrôle qui garantit une
utilisation facile et sécurisée. Ces unités clés en
main comportent plusieurs avantages particuliè-
rement attractifs pour les industriels. Grâce à leur
modularité, les skids offrent une grande flexibilité
et peuvent être adaptés aux besoins spécifiques
des industriels. Les modules sont pré-testés en
usine avant expédition ce qui facilite non seulement
l'installation mais aussi le fonctionnement. La
nécessité d’une maîtrise d'œuvre externe n'est
pas requise. Les skids peuvent être rapidement
mis en service par un technicien de service, le
temps d'immobilisation de l'usine ou de la chaîne
de production est ainsi minime et ne perturbe
pas le process. La compacité des modules limite
l'encombrement au sol et donc les travaux éven-
tuels de génie civil. La conception est faite pour
une maintenance aisée. Les skids fonctionnent de
façon automatique ce qui élimine le besoin d'une
surveillance continue. Alfa Laval peut également
proposer des skids pour sa gamme de séparateurs
centrifuges ou proposer des équipements complé-
mentaires comme les échangeurs de chaleur.
56 - L'EAU, L'INDUSTRIE, LES NUISANCES - N° 335
0412060 Guyard EAUX INDUSTRIELLES6 56
chimique pour les eaux très chargées en
matières en suspension, métaux, pH varia-
bles, un traitement d’adsorption sur char-
bon actif en grain pour l'adsorption de la
pollution organique soluble peu biodégra-
dable, un traitement par évapo-concentra-
tion pour les eaux chargées en polluants
solubles toxiques, métaux, sels... avec un
recyclage possible de l'eau traitée, un trai-
tement biologique associé à des membra-
nes d'ultrafiltration pour traiter la pollution
organique (carbonée et azotée) soluble, un
traitement de lixiviats de décharge, etc.
D’autres procédés sont en cours de déve-
loppement parmi lesquels un aéroflottateur
mobile capable de traiter jusqu’à 400 m³/h,
pour se substituer à des équipements exis-
tants (aéroflottateur primaire, clarificateur
secondaire) dans l'industrie lourde, les
STEP urbaines, etc...
TMW développe de son côté la techno-
logie d’évaporation à
pression atmosphéri-
que MEDC. Cette tech-
nologie qui présente
la particularité de ne
consommer que très
peu d’électricité a été
retenue pour sa simpli-
cité et sa robustesse. La
stratégie de la société
est de livrer des équi-
pements permettant
la concentration d’ef-
fluents sous formes de
modules prêts à raccor-
der et assurant toutes
les fonctions de sépa-
ration et de concen-
tration. À plus grande
échelle, la société envi-
sage la fourniture d’ins-
tallations conteneu-
risées adaptées à une
exploitation en exté-
rieur.
La capacité des installations : une limite apparente
Une des limites au
prêt-à-brancher sem-
ble la capacité des ins-
tallations. Degrémont
a néanmoins élargi sa
gamme d’unités com-
pactes de production d’eau potable à
720 m³/h. Le fait même que l’on travaille
en conteneur standard, limite la taille des
équipements et de fait leur capacité de trai-
tement. C’est vrai si l'on veut tout intégrer
dans le conteneur. Mais dans ce cas on peut
juxtaposer ou superposer (gain de place)
plusieurs conteneurs unitaires et multiplier
la capacité. Une autre solution consiste à
placer les équipements volumineux à l’ex-
térieur du conteneur qui n’abritera plus
que les parties sensibles du procédé (régu-
lation, vannes, actionneurs). Ce peut être
le cas de filtres à sables (bidons volumi-
neux) de colonne d’oxydation etc instal-
lés à proximité du conteneur. Un exem-
ple cité par Pierre Yves Bertrand : une ins-
tallation de déferrisation d’une ressource
d'eau potable dans une petite commune du
Nord ; grâce au conditionnement en conte-
neur, l'investissement a été limité.
La société l'Eau Pure peut livrer à ses clients industriels des unités
de traitement d’eau de type Micr’eau?. Ces unités containerisées
sont capables de fournir de l'eau de process ou de l’eau potable
selon les usages de 5 à 500 m³/h. L'expérience de l'Eau Pure dans
ce domaine concerne des cas extrêmes comme
la livraison au Cap Horn d'une unité par l’armée chilienne mais aussi
des unités plus conventionnelles dans les bases vie en Afrique sur
des chantiers au Mali par exemple.
26/10
L'eau Pure
Cette apparente limitation en raison des volumes traitables relève plus des habitudes de pensée et de conception et aussi du poids des infrastructures existantes. Philippe Drouet, directeur ingénierie chez Stereau, indique que les unités Compact-RM® de traitement des eaux usées par bioréacteur à membrane BRM ont été pensées en fonction du marché français : « 36 000 communes, dont de nombreuses petites doivent revoir leurs installations. Cette solution avec BRM est donc toute indiquée même si le traitement est un peu “luxueux” vu la qualité du rejet. La première application, 1 800 EH, est à Telgruc avec un rejet direct sur la plage, sans dégrader la qualité des eaux de baignade. À Flamanville sur le futur EPR, une unité de 1 000 EH fonctionne pendant le chantier et sera l'installation définitive lorsque la centrale fonctionnera. D'autres applications sont envisageables lorsqu'il y a des contraintes fortes sur les rejets d'azote et de phosphore ou si l'on veut réutiliser l'eau. » Mais la montée en vogue des « éco-quartiers », les préoccupations de réutilisation d'eau pourraient bien ouvrir des marchés non envisagés au départ. Avec l'avantage par rapport aux installations classiques (avec décanteur) d'une moindre sensibilité aux variations de charge en entrée.
L'idéal pour des complexes hôteliers par exemple puisque les Compact-RM ont une capacité entre 400 et 4 000 EH. La mise en œuvre de telles unités de traitement d'eaux usées est une réalité au Japon en raison de la sismicité : les réseaux de grands collecteurs ne résistent pas aux tremblements de terre et coûtent trop cher à remettre en état.
On constate ici la classique opposition entre un traitement centralisé avec un gros réseau et le traitement distribué avec réseaux limités, éventuellement connectés.
Une anecdote qui illustre bien le changement d'esprit que représente le prêt à brancher. Un client industriel de BWT Permo souhaitait une installation provisoire et avait donc choisi la location d'une installation d'osmose inverse et de lits de résines mélangés. Après un peu plus d'un an, il s'est aperçu que l'installation répondait tout à fait à ses besoins et qu'il n'était donc pas utile de construire un atelier spécifique. Il a donc acheté l'installation. Une anecdote qui révèle bien l'aspect culturel, pour ne pas dire traditionnel de certaines pratiques.