ACES Environnement développe des technologies innovantes dans le domaine des pompes industrielles pneumatiques et du compostage. En quelques années seulement, cette société a acquis un statut de leader incontesté dans ces deux secteurs d'activités. Rencontre avec Philippe Thurot, fondateur et Manager général d'ACES Environnement.
E.I.N. - Pouvez-vous nous présenter la société ACES Environnement ?
- ACES Environnement est une entreprise privée, indépendante, créée en 1998, dont je suis aujourd’hui le gérant et directeur général. Mon objectif a été de constituer un pôle industriel de commercialisation de technologies dans le domaine de l'environnement, principalement dans le traitement de l’eau et celui des déchets. Deux marques ont été déposées : Aces Technologies® pour les technologies liées au traitement de l'eau et Eco-Compost® pour les technologies et process du compostage.
E.I.N. - Quelle est votre formation et votre parcours professionnel ?
Philippe Thurot - J'ai formé des techniciens « Eaux et forêts » pendant plusieurs années. J’ai suivi ensuite une formation complémentaire dans le domaine du marketing et du développement. J'ai successivement occupé le poste d’ingénieur d'études, de responsable d'études et de directeur de société au sein d'un grand groupe du traitement des déchets. Ensuite, une formation de management m’a permis de participer au déploiement d’un grand groupe dans le domaine des travaux publics. J'ai enfin rejoint le groupe Bouygues Construction Europe pour développer un pôle « environnement béton ».
E.I.N. - Qu’avez-vous fait pour démarrer votre société ?
Philippe Thurot - ACES Environnement s’est largement appuyée sur une activité de conseil au service des collectivités et des professionnels du déchet, notamment dans le domaine du classement des sites difficiles.
E.I.N. - Comment s’est déroulée la phase de démarrage ?
Philippe Thurot - Nous avons commencé par commercialiser des pompes industrielles pneumatiques. Ce sont des pompes 100 % pneumatiques, qui se caractérisent par le fait qu’elles ne comportent pas de pièces mécaniques en mouvement. Elles sont donc particulièrement adaptées aux transferts des effluents chargés les plus sévères. Elles trouvent une application originale et concrète dans le transfert des graisses et des flottants des stations d’épuration. Nous avons également développé des pompes plus particulièrement destinées à l'industrie, notamment la chimie et la pétrochimie. Sur ces applications très sévères, ces pompes sont devenues des standards techniques. Là où les pompes traditionnelles cassent fréquemment, celles que nous proposons ne cassent pas. De plus, elles sont économiques et performantes. Nous assurons désormais l'ingénierie liée à l'installation de ces pompes. Il est essentiel de mener une réflexion approfondie sur le choix de la pompe, sur le compresseur à utiliser, sur la façon d’implanter le process pneumatique pour que le fonctionnement soit optimal. Ces pompes trouvent l’essentiel de leurs applications dans le domaine de l'eau et des industries. Elles peuvent être utilisées dans le domaine des déchets et notamment du compostage.
E.I.N. - Le compostage, c’est le deuxième savoir-faire d’ACES Environnement ?
Philippe Thurot - Nous sommes désormais une ingénierie spécialisée dans le domaine du compostage des déchets verts, biodéchets et boues. Nous nous sommes entourés d’ingénieurs compétents et très spécialisés ; le tout dans le cadre d’une stratégie de protection de brevets et d’améliorations technologiques en vue de constituer ce pôle technologique.
E.I.N. - En quoi consiste votre savoir-faire dans le domaine du compostage ?
Philippe Thurot - Le compostage a fait un grand bond technologique. Grâce à nos technologies brevetées, nous avons fiabilisé les technologies de compostage, nous les avons rendues plus simples à mettre en œuvre, plus fiables, mais aussi plus performantes. Nous offrons par exemple des packages de technologies qui, associées entre elles, apportent au métier une vraie valeur ajoutée.
Des exemples ? Aujourd’hui,
Il n’est plus nécessaire d’utiliser des retourneurs d’andains sur les déchets verts. Il n’y a plus de colmatage au niveau de la dalle aéraulique. Nous améliorons la diffusion de l’air dans les déchets. Nous fiabilisons les instruments de contrôle de process. À titre d’exemple, nos sondes à oxygène sont sans dérive et garanties trois ans. Avec une seule sonde et des cannes creuses, nous sommes en mesure de réaliser la mesure d’oxygène dans 10 andains. Nous avons également développé le logiciel Eco-Compost, qui figure aujourd’hui parmi les logiciels les plus performants du marché. En gros, nous avons industrialisé et standardisé l’offre compostage.
E.L.N. - Qu’est-ce qui fait l’originalité de votre savoir-faire dans ce domaine ?
Philippe Thurot - Les technologies traditionnelles sont essentiellement des technologies extensives. 90 % des plates-formes sont équipées de dispositifs de retournements. Elles nécessitent du personnel et génèrent d’importantes nuisances. Puis, sont apparues des technologies d’aération combinées avec le retournement. Notre apport, aujourd’hui, consiste à supprimer le retournement grâce à la densité et l’efficacité aéraulique. Le retourneur n’est donc plus nécessaire, au moins sur les déchets verts. Sur les boues, le problème est différent. Mais dans tous les cas, l’efficacité aéraulique est au cœur du process. Un retourneur n’apporte rien ! Au bout de deux heures, les bactéries ont consommé l’essentiel de l’oxygène. Avec une dalle aéraulique efficace, l’apport en oxygène est constant.
Dans le domaine du contrôle du process des déchets organiques, c’est le contrôle de l’oxygène qui est essentiel. Une molécule d’oxygène apportée permet la dégradation d’une molécule carbonée. Si l’oxygène n’est pas ou est mal contrôlé, il en découlera une tendance à sous-ventiler ou sur-ventiler. Dans le premier cas, on ralentit le processus de dégradation et dans le second, on dessèche le produit. Notre technologie assure un processus de dégradation optimisé.
E.L.N. - Quelles autres technologies proposez-vous ?
Philippe Thurot - Du fait de la technologie dite membranaire en environnement humide, il fallait tous les deux mois recalibrer les sondes. Aujourd’hui, nous avons développé une sonde adaptée à l’environnement humide, liquide et boueux. Résultats ? Un contrôle annuel de la sonde et une absence totale de dérive. Nous avons également développé une sonde basée sur la technologie d’échantillonnage d’air. L’idée consistait à pouvoir mesurer le taux d’oxygène dans un environnement alvéolaire. Au lieu de placer des capteurs dans le déchet, il s’agit de disposer des cannes creuses et une pompe d’aspiration d’air. Nous avons transposé ce qui se faisait dans le domaine de l’eau à celui de l’environnement alvéolaire. Grâce à cela, nous n’utilisons désormais plus qu’une seule sonde, sans membrane, qui nous permet d’offrir une garantie sur ce matériel de trois ans. De plus, avec une seule sonde, nous contrôlons aujourd’hui jusqu’à 10 andains. Elle est déportée, de sorte qu’il n’y a plus de risque de casse ou de vol.
C’est une vraie révolution technique. De surcroît, nous sommes moins chers et plus performants. Dans le domaine des bio-déchets et des déchets verts, c’est une avancée technologique majeure.
Des technologies qui font la différence, je pourrais en citer bien d’autres. Par exemple la réinjection des jus dans les process, l’utilisation de la dalle aéraulique, de bétons spécialement adaptés aux environnements acides, etc. À Maze, près de Lille, nous sommes également les premiers à avoir fait du co-compostage avec du lisier sur dalle aéraulique, sans bâche, sans retournement et sans nuisance olfactive. C’est une référence au plan mondial.
E.L.N. - Êtes-vous les seuls à proposer ce type de technologies ?
Philippe Thurot - Nos concurrents sont surtout des revendeurs de technologies étrangères ou des sociétés.
Philippe Thurot : « ACES Environnement propose des technologies innovantes qui font la différence »
Principalement spécialisée dans la revente de matériels. Or, nous ne nous contentons pas de vendre du matériel, si efficace soit-il. Avec ACES Environnement, nos clients ont en face d’eux une entreprise française, spécialisée, qui fabrique ses matériels, ses armoires électriques, qui développe ses propres logiciels, qui associe ses technologies brevetées à d'autres technologies et qui est un vrai spécialiste de l'ingénierie et de la conception clés en mains de process éprouvés dans le domaine du compostage.
E.I.N. - Justement qui sont vos clients ?
Philippe Thurot - Aujourd’hui, nos principaux clients sont les collectivités locales, les syndicats, etc. Viennent ensuite les principaux professionnels du déchet et de l’ingénierie de l'eau. En fonction de leurs besoins et de leurs contraintes propres, ils peuvent choisir nos logiciels, sondes, automates, tuyauteries aérauliques, etc. Nous ne faisons pas d’exploitation. Nous sommes des équipementiers spécialisés dans les process liés à l’environnement.
E.I.N. - Des exemples de réalisations récentes ?
Philippe Thurot - Nous venons de fournir une dalle aéraulique pour la Sede, sur la plate-forme de compostage de boues de Tarascon. Les tuyauteries aérauliques, coulage de la dalle, etc. Une autre belle réalisation est en cours pour la Communauté urbaine du Douaisis : un process pour le compostage de 20 000 tonnes de déchets verts avec une armoire de contrôle de process, un contrôle par l’oxygène et un biofiltre. Nous équiperons prochainement la Société d’économie mixte ARCAVI, le Smictom de Billette, le syndicat d’Amélie-les-Bains. Notre technologie devient un standard technique qui se diffuse rapidement. La supériorité de nos technologies explique nos succès commerciaux. Dans le domaine de l'eau, nous venons d’enregistrer une commande pour le Liban pour une application de transfert de graisses sur une STEP urbaine. Dans ce domaine, nos produits commencent à se diffuser à l’international. Nous accompagnons les distributeurs d’eau à l'international. L'originalité de notre développement consiste à privilégier la qualité, le choix des meilleurs matériels et matériaux ; à réduire au maximum les problèmes de maintenance pour nos clients.
E.I.N. - Que représentent les parts respectives de l’eau et des déchets dans vos activités ?
Philippe Thurot - Aujourd’hui, nous sommes présents pour un cinquième dans le domaine de l’eau et pour quatre-cinquièmes dans le domaine du compostage. C’est dire que l'activité compostage est une composante essentielle de notre activité.
E.I.N. - Justement, quelles sont vos perspectives de développement ?
Philippe Thurot - Nous prévoyons de séparer les deux activités que sont le pôle compost et le pôle eau en deux entités juridiques différentes. Actuellement, ACES Environnement est l’entité juridique, Aces Technologies et Eco-Compost étant des marques. À terme, Aces Technologies deviendra une entité juridique qui regroupera l'ensemble des activités pompes et des développements technologiques.
son côté, Eco-Compost, déchargée de toute la partie « développements », constituera l'autre entité juridique chargée de commercialiser ces technologies en France, en Europe et à l’international.
E.I.N. - Et d’un point de vue commercial ?
Philippe Thurot - Nous comptons doubler notre activité, aussi bien dans le domaine du compostage que dans celui des pompes industrielles.
Dans le domaine du compostage tout d’abord. Nous travaillons pour un développement international. Nous recherchons des partenaires implantés sur toute l'Europe, les États-Unis et le Canada, complémentaires avec nos technologies. L'idée est de bâtir un réseau de partenaires susceptible de nous permettre de nous implanter durablement à l’international. En Belgique et au Luxembourg par exemple, nous disposons déjà d'une première représentation. Il nous faut désormais transposer cette démarche dans les autres pays européens.
Il nous faut également développer nos autres pôles, à commencer par l'eau. Aujourd’hui, la particularité d’ACES est de ne vendre que ses propres pompes qui apportent une vraie valeur ajoutée. Une évolution possible va consister à nouer des alliances pour proposer d’autres types de pompes. Notre savoir-faire technologique nous permet de faire progresser les process et ainsi de développer des offres technologiques novatrices : pour l’injection, le transfert des liquides chargés ou le traitement des graisses par exemple.
L'entreprise va développer des process. C’est son avenir : rentrer dans l’offre dite de process grâce à nos technologies.
E.I.N. - Vos objectifs sont ambitieux. Quels sont les atouts dont vous disposez pour les atteindre ?
Philippe Thurot - Des compétences pointues, une connaissance approfondie du domaine du compostage et du traitement des déchets, une vision et une approche globale des problèmes techniques au service de nos clients.
Dans nos domaines d’activités, nous fixons les standards techniques et orientons les technologies vers les standards les plus élevés. Notre connaissance approfondie des techniques, des matériels et du marché nous permet de proposer à nos clients des offres globales. Nous conseillons nos clients, nous les suivons et les accompagnons jusque dans leurs rapports avec l’administration. Bref, nous cherchons à améliorer les process. Je suis optimiste.
Dans le domaine du compostage, nous venons par exemple de remporter successivement cinq appels d’offres. J’attire d’ailleurs votre attention sur le fait qu’ACES Environnement a été classé par votre confrère « L’Usine Nouvelle » comme étant l'une des dix entreprises ayant le plus fort potentiel de développement dans le secteur de l’environnement...
E.I.N. - Comment imaginez-vous le positionnement d’ACES Environnement à un horizon de 5 à 10 ans ?
Philippe Thurot - Nous aurons développé une ingénierie du compostage reconnue à l’international, s’appuyant sur un réseau de partenaires ou de filiales. Nous serons devenus un pôle de commercialisation de technologies innovantes, un carrefour des techniques où les professionnels de l'eau et des déchets comme les collectivités pourront trouver le meilleur des matériels et des technologies disponibles. Les brevets dont nous disposons aujourd'hui nous permettent d'envisager l'avenir sereinement. Nous espérons et nous nous fixons l’objectif de devenir un pôle technologique puissant et leader dans ses domaines d’activités.