Les petites collectivités sont soumises aux mêmes exigences de continuité du service de l'eau et de l'assainissement que les grandes. Comme elles, elles doivent respecter les normes sanitaires en distribuant une eau de qualité irréprochable et traiter leurs eaux usées. Mais parce qu'elles disposent généralement de moyens moindres, la difficulté d'y faire face est bien souvent plus importante. En déchargeant les exploitants de tâches fastidieuses et répétitives, en sécurisant les installations, en optimisant le fonctionnement des ouvrages, la télégestion est un outil précieux pour améliorer la qualité du service tout en maîtrisant les coûts d'exploitation.
Comparativement aux autres pays européens, la gestion de l’eau en France est très décentralisée. Au sein d’un maillage constitué de 38 000 communes, le maire occupe une place centrale : élu, il est à ce titre le responsable politique le plus proche du citoyen. Mais il est aussi fonctionnaire public et placé en tant que tel, dans l’exercice de certaines missions, sous l’autorité du préfet et donc de l'État.
Le maire exerce des fonctions importantes dans le domaine de l'eau. Il doit mettre à la disposition de ses administrés une eau potable respectueuse des normes sanitaires. Il doit également veiller à la collecte et au bon traitement des eaux usées.
Pour assurer ces missions, il peut choisir différents modes de gestion en associant ou non le secteur privé à la mise en œuvre de ces services publics : régies municipales, délégations, etc. Il peut aussi choisir de se regrouper avec d'autres collectivités pour mutualiser les moyens et rechercher les économies d’échelle.
Ces structures intercommunales chargées de l'eau potable et/ou de l’assainissement dominent aujourd'hui le système institutionnel français. Dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, on n’en dénombre pas moins de 14 000. Pour la plupart, ce sont des “petites” collectivités qui se sont regroupées pour assurer convenablement les missions de services publics dont elles sont investies.
Reste que ce terme de “petites” collectivités est impropre. Car “petites”, elles ne le sont que par le nombre d’abonnés qu’elles desser
Pour le reste, tout le reste, elles sont soumises aux mêmes obligations que les grandes collectivités, c'est-à-dire les villes et leurs agglomérations, aux mêmes exigences de continuité du service de l'eau potable, de sécurité de la collecte des eaux usées ou du suivi des cours d’eau. Comme elles, elles doivent respecter les normes sanitaires en distribuant une eau de qualité irréprochable et traiter leurs eaux usées dans le cadre d'un système collectif ou autonome. En revanche, si elles sont soumises aux mêmes exigences, la difficulté d'y faire face est bien plus importante. Car ces collectivités — souvent rurales — doivent gérer un territoire souvent très vaste et donc exploiter un réseau très étendu ainsi qu'une multitude d’ouvrages — réservoirs, stations de reprise, unités de traitement… — disséminés aux quatre coins de leur territoire. Et certaines d’entre elles doivent affronter des difficultés supplémentaires : variations de population dans les zones touristiques, forte concentration de résidences secondaires, relief géographique difficile, ressources dégradées, moyens financiers limités.
À ces difficultés se sont ajoutées des réponses parfois trop complexes apportées par les technologies d’automatismes et plus encore l'informatique de supervision : dans les collectivités où les ressources en personnel sont limitées, il est parfois bien difficile d'être tout à la fois homme de terrain, hydraulicien, automaticien et informaticien. Pourtant, malgré les multiples obstacles auxquels elles sont confrontées, les petites collectivités remplissent leurs missions avec succès et constance. En les y aidant, la télégestion s'est peu à peu imposée comme une réponse incontournable pour simplifier et optimiser la gestion des ouvrages. Les équipements se sont simplifiés, les fonctionnalités se sont élargies, ils ont gagné en convivialité, en autonomie et leur prix a diminué, si bien qu’aujourd’hui, de très nombreux syndicats intercommunaux, quelle que soit leur taille ou leurs moyens financiers, la plébiscitent. Les objectifs sont bien souvent les mêmes : assurer la continuité du service et optimiser la gestion des ouvrages.
Assurer la continuité du service et optimiser la gestion des ouvrages
Situé dans le département de la Nièvre, le Syndicat Intercommunal d’alimentation en eau potable de Corbigny alimente en eau 3 200 abonnés pour le compte de 11 communes. Son rôle s’étend du captage jusqu'à la facturation à l'abonné en passant par le traitement de l'eau et sa distribution. Pour assurer cette mission, le syndicat exploite une station de production d’eau potable, 250 kilomètres de réseau, trois surpresseurs, deux stations de reprise et quatre réservoirs. Jacques Poissonnet est l'un des deux fontainiers qui se consacrent à cette mission. Il explique : « Lorsque je suis entré au Syndicat, il y avait sur certains secteurs jusqu’à trois coupures d'eau par semaine. La continuité du service n’était pas vraiment assurée. Et lorsque l’alimentation en eau était interrompue, c'est bien souvent par les abonnés eux-mêmes que nous étions avertis ! ». Jacques Poissonnet décide alors de tout remettre à plat et de revoir complètement l’organisation du syndicat. « À cette époque, explique-t-il, la journée d’un fontainier commençait chaque matin, y compris le samedi et le dimanche, par une tournée de 60 km pour visiter chacun des 9 sites exploités par le syndicat. L’été, deux visites quotidiennes étaient nécessaires. Ces contrôles de routine étaient indispensables car c’était la seule façon de veiller au bon fonctionnement des ouvrages. Mais ils nous laissaient totalement démunis vis-à-vis d'une panne qui aurait pu survenir. »
quelques minutes après notre passage ». Pour optimiser l’exploitation des ouvrages, rationaliser le travail des fontainiers et améliorer la qualité du service, Jacques Poissonnet décide d’équiper le Syndicat d’un système de télégestion. « Nous avons eu la chance de pouvoir nous appuyer sur un Président qui écoutait les préconisations des fontainiers. Il a considéré que ceux-ci avaient bien mieux à faire que d’effectuer des tournées quotidiennes à l’efficacité toute relative ».
Le premier système de télégestion, un matériel fourni par Lacroix Sofrel, permettra de faire passer les visites quotidiennes à un rythme hebdomadaire. Le temps gagné sera affecté à l’amélioration du réseau. En l’espace de deux décennies, Jacques Poissonnet et son équipe parviennent à faire passer le rendement de 25 à 65 % ! Comment ? « En menant d’abord un important travail de pédagogie auprès des élus qui considéraient qu’on ne manquait pas d’eau et que les pertes étaient une fatalité, précise Jacques Poissonnet. À cette époque le syndicat perdait 25 m³/heure. Les mentalités ont commencé à évoluer lorsque les agences de l’eau ont subordonné leurs subventions au bon rendement d’un réseau ».
Une course de fond s’engage alors. Des compteurs généraux sont posés pour sectoriser le réseau. Ils permettront, année après année, de gagner 40 points de rendement malgré la vétusté d’un réseau posé en 1913.
Aujourd’hui convaincus, les élus ont donné leur feu vert pour poser 6 compteurs généraux supplémentaires. Équipés de postes locaux de télégestion autonomes RTC Telbox de Lacroix Sofrel, ils seront reliés au poste central de télégestion PCWin qui centralise et exploite déjà les données provenant des 9 sites télégérés par le syndicat.
L’exemple du SIAEP de Corbigny illustre bien tout le bénéfice qu’une petite structure peut retirer d’un équipement de télégestion pour assurer et sécuriser la continuité du service, optimiser la gestion des ouvrages et réorganiser le travail vers des tâches plus productives.
Une démarche similaire a été menée par le syndicat Intercommunal d’alimentation en eau potable des Amognes qui regroupe 19 communes pour un total de 4 300 abonnés. Ce syndicat, l’un des plus étendus du département de la Nièvre, exploite quatre stations de production d’eau potable, 450 kilomètres de conduites principales, une station de reprise et un réservoir. « Nous avons été l’un des premiers, sinon le premier syndicat du département à nous équiper d’un système de télégestion, souligne Robert Luquet, Président du syndicat et maire de Saint-Firmin (58). L’objectif était d’assurer la continuité du service d’alimentation et d’optimiser la gestion des stations de production en minimisant les coûts d’énergie grâce à une meilleure gestion des heures de pompage ».
La station de Trailles (58), la plus importante du syndicat, traite quotidiennement sur filtres à sable bicouches 1 000 m³ destinés à alimenter 5 communes. Sa capacité maximale avoisine les 1 600 m³/jour. Là, un poste local flambant neuf S550 de Lacroix Sofrel est venu remplacer le S50 chargé de surveiller le bon fonctionnement de la station : gestion du niveau des bâches, des pompes d’exhaure, contrôle de pH, chlore, mais surtout contrôle de la turbidité des eaux brutes et traitées.
« Nous sommes confrontés sur le syndicat à d’im-
Importantes variations de turbidité, explique Joël Tardivat, fontainier. Nous sommes à 100 fois la norme une trentaine de fois par an et plus régulièrement encore à 10 fois la norme. Du coup, les filtres se colmatent et nécessitent au minimum un lavage quotidien, qui peut être porté à deux, voire trois lorsque la turbidité explose. À raison d’une heure par nettoyage, cela donne un aperçu du temps passé dans chaque station à Vannée » souligne Joël Tardivat. Pour remédier à cette situation, le syndicat a décidé d’exploiter plus complètement encore les possibilités offertes par la télégestion en automatisant le lavage des filtres. Objectif : obtenir une qualité constante quel que soit le niveau de turbidité des eaux brutes. En plus de toutes les fonctions assurées par le S50, S550 gérera l’automatisation du lavage des filtres en fonction d’un indice de colmatage et de l’élévation du plan d’eau. Tous les paramètres de fonctionnement de l’usine sont directement reliés sur un poste central PCWin via une liaison RTC permettant ainsi de suivre à distance le bon fonctionnement de l’ouvrage. Résultat de l’investissement, l’exploitation de la station qui nécessitait au minimum 7 déplacements de deux heures chaque semaine ne nécessitera plus qu’une visite de contrôle par semaine. Avec, à la clé, une sécurisation de l’exploitation et une amélioration de la qualité de l’eau distribuée.
Ce temps gagné, le SLAEP des Amognes en consacre une grande partie à augmenter le rendement de son réseau. Un travail de longue haleine compte tenu de l’importance du linéaire qu’il doit ausculter. Mais le syndicat est sur la bonne voie. Grâce à la pose de compteurs généraux télégérés, le rendement est passé en quelques années de 49 à 62 %. Et son Président, Robert Luquet, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Pour se rapprocher de la barre des 70 %, 25 compteurs télégérés supplémentaires, tous reliés à PCWin, seront posés dans les mois qui viennent. « Ce taux nous permettra d’augmenter nos ressources en vendant davantage d’eau mais aussi en obtenant plus de subventions de l’agence de l’eau » souligne Robert Luquet.
Ces deux exemples montrent bien tous les avantages qu’apporte la télégestion en milieu rural, notamment en termes de sécurisation du service et d’optimisation de la gestion des ouvrages. Reste que pour un certain nombre de petites collectivités, des freins subsistent qui les empêchent de s’équiper. Ces obstacles peuvent être d’ordre financier lorsque la structure ne dispose pas de ressources suffisantes pour financer l’achat et l’installation des équipements de télégestion. D’autres ne disposent pas en interne des compétences techniques pour s’équiper. D’autres enfin se heurtent à des obstacles d’ordre psychologiques, souvent liés au fait que les personnels craignent, à tort, de n’avoir pas les compétences requises pour maîtriser la télégestion. Pourtant les solutions existent pour permettre à chaque collectivité de s’équiper et de se former quelle que soit sa taille, ses moyens et ses ressources techniques. Seuls diffèrent les modes opératoires.
Des modes opératoiresdifférents selon la taillede la collectivité
Dans le département de la Nièvre, dans lequel une part importante de l’exploitation des réseaux d’eau potable est dévolue à des structures communales ou intercommunales de petite taille, la société Hydrelec, dirigée par Gilles Meoli, est reconnue en matière d’équipements électrotechniques et de télégestion. Cette société d’une quinzaine de personnes intervient sur l’ensemble du département de la Nièvre et sur les départements limitrophes. À ce titre, elle est devenue en quelques années un partenaire privilégié des collectivités qu’elle assiste dans leur démarche d’équipement mais aussi exploitation. « Dans un premier temps, notre rôle consiste à assister la collectivité dans sa décision de s’équiper, résume Gilles Meoli. Ses ressources financières ne sont pas illimitées, elle ne dispose pas toujours des compétences techniques pour mener cette démarche seule, il est donc indispensable de l’assister pour qu’elle en retire une vraie valeur ajoutée ».
C’est que pour des générations de fontainiers habitués à visiter régulièrement les installations, avoir un contact physique avec les équipements, la télégestion représente un mode de gestion différent qui, dans l’esprit de beaucoup de fontainiers, requiert une technicité qu’ils pensent ne pas avoir. Le premier travail de Gilles Meoli consiste donc à désamorcer les craintes en choisissant un outil fiable et facile à exploiter. Deux raisons pour lesquelles Hydrelec a choisi Lacroix Sofrel. « Ce sont des produits très sûrs parfaitement adaptés au domaine de l’eau, souligne Gilles Meoli. De plus, ils se caractérisent notamment par un outil de configuration simple d’approche, intuitif, si bien qu’il n’est pas nécessaire d’être automaticien pour les paramétrer ». Sur les syndicats de Corbigny et des Amognes, Hydrelec a installé et paramétré de nombreux équipements d’acquisition : Telbox pour surveiller les réseaux, Linebox pour les sites dépourvus d’énergie communiquant par ligne spécialisée ou privée, Cellbox lorsque la communication filaire fait défaut ou S550 pour les fonctions de télégestion plus avancées.
Côté centralisation, Hydrelec a préconisé dans les deux cas PCWin poste central de télégestion fonctionnant sous environnement Windows et très simple d'exploitation. « Accessible à tous, convivial et performant, il constitue l'outil idéal pour centraliser et exploiter les données provenant d'un petit réseau de postes locaux de télégestion », estime Gilles Meoli.
Hydrelec a pris en charge pour chacun des deux syndicats le travail important que représente le paramétrage d’un outil de centralisation. Mais selon des modalités différentes, en se calant sur la demande de chaque syndicat. Ainsi, pour le SLAEP de Corbigny, Hydrelec s'est appliqué à paramétrer PCWin en fonction d'un cahier des charges très précis établi par Jacques Poissonnet. « Nous avions une idée très précise de l’outil de supervision que nous souhaitions, explique ce dernier, et il n’était pas question pour nous de travailler sur un outil standard imparfaitement adapté à nos besoins ». Avec le concours actif d’Hydrelec, Jacques Poissonnet s'est donc formé aux arcanes du paramétrage pour finalement aboutir à une supervision qui colle parfaitement à la totalité de ses besoins. Sur la page d'accueil de PCWin, un clic sur chacun des 9 sites télégérés par le syndicat permet d'accéder à toutes les données nécessaires à la gestion de chaque ouvrage. Chaque paramètre, chaque fonctionnalité a été définie par les fontainiers, si bien qu’aujourd’hui, Jacques Poissonnet se déclare pleinement satisfait de son système de télégestion comme de l'entreprise qui l’a assisté dans sa mise en place. « Notre vocation ne s'arrête pas à l'installation des équipements, souligne Gilles Meoli. Il est essentiel de donner tous les moyens aux exploitants pour qu’ils soient en mesure de tirer le meilleur parti possible de leur application en la paramétrant à leur convenance. Puis, dans le cadre de l’exploitation, nous intervenons ponctuellement en soutien technique à la demande des exploitants ».
Ce partenariat sur le long terme avec un installateur tel qu’Hydrelec a permis aux petites collectivités telles que les SLAEP de Corbigny et des Amognes de franchir le pas de la télégestion puis de se l'approprier au quotidien comme un outil indispensable à la bonne exploitation de leur réseau. Aujourd’hui, les fontainiers, dont certains étaient à priori réticents, sont tous pleinement convaincus par l’outil et aucun d’entre eux n’imagine revenir en arrière. Pour Gilles Meoli, « Ces démarches s’inscrivent dans le cadre d‘une évolution permanente de la qualité du service fourni par ses syndicats. Elles s’apparentent clairement à ce que l’on pourrait appeler une charte de qualité ».
Pour les collectivités de taille plus importante, le problème se pose parfois différemment. Car certaines disposent au sein même de la structure des compétences requises pour se passer du soutien d’un installateur. C'est le cas du Syndicat des eaux de Rebais qui capitalise une solide expérience en télégestion.
L’exemple du syndicat des eaux de Rebais
Situé en plein cœur de la Brie, le Syndicat Nord-Est de Seine et Marne a été créé en 1964 par le regroupement de cinq syndicats intercommunaux en vue d’entretenir et de gérer les installations d’eau potable des 49 communes adhérentes soit une usine de traitement, 48 réservoirs (capacité de stockage de 14 000 m³), 12 stations de reprise et 14 surpresseurs. Le syndicat a donc pour rôle la maintenance et les travaux de réparations, la pose et le relevé des compteurs, la recherche de fuites, la surveillance des installations, la facturation et la gestion de la clientèle. Il gère l’intégralité de la distribution de l'eau potable depuis le pompage jusqu’à l’encaissement des factures. Pour mener à bien sa mission auprès de ses 20 400 abonnés, le syndicat emploie une vingtaine de personnes. Sans être une très grosse structure, le syndicat des eaux de Rebais a pu bénéficier, grâce aux syndicats intercommunaux primaires dont il est l’émanation, de moyens techniques, humains et financiers assez conséquents. Ce qui explique qu'il se soit équipé dès 1970 en télégestion. « Il s’agissait alors d’une application assez simple de télécommande d'une station de pompage et d’un réservoir », explique Richard Stehlin, directeur technique, entré au syndicat en 1969.
Pourtant, malgré les moyens dont ils disposaient, les gestionnaires du syndicat ont très tôt fait le choix de s’impliquer techniquement dans le domaine de la télégestion. Avec toujours le même mode opératoire : un matériel de marque Sofrel, choisi pour sa fiabilité et sa simplicité d’exploitation, installé, paramétré et maintenu par les techniciens du syndicat eux-mêmes. « Ce choix délibéré nous a permis d'accumuler de solides compétences en télégestion et de suivre les avancées technologiques successives des décennies 1980, 1990 et 2000 », souligne Richard Stehlin.
Peu à peu les applications, assez simples au départ, se sont multipliées, la plupart sur des stations de reprise, avec des fonctionnalités limitées : marche/arrêt, niveau haut/niveau bas. Mais au fur et à mesure que les équipements ont gagné en fonctionnalités, le syndicat a modernisé ses applications existantes tout en augmentant le nombre de sites télégérés. Si bien qu’en 1990, la vingtaine de sites qu’exploitait alors le syndicat étaient télégérés via des postes locaux S10 et S15 de Sofrel reliés par lignes spécialisées, lignes pilotes ou radio. « Le fait de prendre en charge l'achat du matériel, son installation et son paramétrage nous a permis d’économiser des sommes très importantes, souligne Richard Stehlin, de l’ordre de 50 % par
rapport à ce qu'aurait coûté une prestation réalisée par un installateur. Et surtout, ce choix facilite l'appropriation du matériel par les techniciens qui le connaissent parfaitement et sont à même de l'installer en le paramétrant exactement comme ils le souhaitent. C'est aussi le choix de l'autonomie qui nous rend totalement indépendant ».
Aujourd'hui, le SIAEP de Rebais exploite pas moins de 26 postes locaux S10, 13 S15, 20 S50, 9 S550, 3 Linebox et 1 Telbox. Un frontal de communication CS100 permet de centraliser l'ensemble des informations provenant de postes locaux de télégestion et d'automates programmables, en vue de leur exploitation par un poste central PC 500. Une migration vers le logiciel multitâches PCWin est en cours. Elle est intégralement prise en charge en interne par Benoît Carré, appelé à prendre la suite de Richard Stehlin lorsque celui-ci prendra sa retraite fin 2007. « La première chose que j'ai faite lorsque je suis arrivé au syndicat, c'est de suivre un stage de formation chez Sofrel pour me familiariser avec l'ensemble des équipements, des plus anciens tels que les postes locaux S10 au plus récent comme le S550 ». C'est dire que le choix qui consiste à assumer l'intégralité de la maintenance et du développement des équipements et des applications n'est pas prêt d'être remis en cause : « Le fait de bien connaître le matériel permet d'exploiter plus facilement l'ensemble de ces possibilités et d'en tirer ainsi le meilleur parti, souligne Benoît Carré. En configurant nous-mêmes nos applications, nous exploitons les fonctionnalités qui correspondent exactement à nos besoins avec la possibilité de les faire évoluer très simplement ».
Sur le territoire dont le syndicat a la charge, le recours ancien et systématique à l'outil télégestion a porté ses fruits. La moyenne de rendement du réseau, dont le linéaire avoisine pourtant les 700 km, est de 80 %. Intégralement maillé, il est équipé de compteurs de distribution télé-gérés permettant de disposer de relevés journaliers et hebdomadaires. En cas de débit anormal ou de chute brutale de pression, une alarme « rupture de canalisation » est générée.
Lorsque qu'une fuite plus modeste est supposée, le syndicat fait intervenir son véhicule entièrement équipé et composé de pré-localisateurs SePem et d'un corrélateur acoustique de chez Sewerin. Ce dispositif appliqué à l'une des communes dont le syndicat a la charge a permis de passer de 50 à 80 % de rendement en deux ans.
Mais les gains ne se limitent pas à l'optimisation du réseau. Les possibilités de communications inter-sites et les automatismes locaux des S50 et S550 ont permis de sécuriser et d'optimiser le remplissage des réservoirs ainsi que les réglages du traitement à partir des informations transmises en continu par les analyseurs installés dans les réservoirs. Et, outre la gestion à distance de chacun des équipements exploités par le syndicat, l'outil télégestion a par exemple permis au syndicat des eaux de Rebais de s'orienter vers une gestion prédictive de la maintenance. Pour Richard Stehlin, « la télégestion ne dispense pas d'une visite régulière des installations. Mais il y a des choses que l'on ne voit pas lorsque l'on se trouve dans un ouvrage et que la télégestion exprime lorsque l'on sait interpréter les données qu'elle fournit : un nombre excessif de démarrages de pompes sur un surpresseur annonce par exemple fréquemment un manque d'air dans le ballon hydrofort ». Il devient ainsi possible d'anticiper la panne, améliorant du même coup la continuité et la qualité du service. Autre gain, la gestion des seuils au sein des réservoirs a permis d'optimiser le pompage pendant les heures creuses et, par conséquent, de réaliser de substantielles économies de pompage et donc d'énergie en profitant de tarifs nuit avantageux. De même, l'ensemble des sites gérés par le syndicat sont équipés de dispositifs anti-intrusion sécurisant ainsi l'ensemble des ouvrages. « Au total, nous avons très largement rentabilisé nos investissements, souligne Richard Stehlin. Il nous reste à diminuer les coûts d'exploitation en remplaçant les lignes spécialisées par de la radio, ce qui nous permettra de diviser par 4 les coûts de fonctionnement ». Ne restera plus alors, en termes de coût d'exploitation, que le poids de l'abonnement des 50 lignes RTC.