Spécialisée dans la conception, la fabrication et l'installation de systèmes de télégestion destinés à la surveillance, l'exploitation et la maintenance d'installations techniques, la société Perax vient de fêter ses 30 ans. Trente années passées à suivre et quelquefois précéder les évolutions d'une technique, la télégestion, qui a révolutionné en quelques décennies la conduite et la gestion des ouvrages de gestion de l'eau. Rencontre avec Alain Cruzalebes, Président de Perax.
Revue L’Eau, L’Industrie, Les Nuisances : Perax a fêté le 5 juin dernier à Balma (31) son trentième anniversaire. L’occasion de mesurer le chemin parcouru par la société depuis sa création ?
Alain Cruzalebes : Et d’évoquer les 30 années à venir de l’entreprise ! Avec nos clients, fournisseurs, collaborateurs et installateurs, dans une atmosphère à la fois festive et studieuse, nous avons pu effectivement mesurer le chemin parcouru depuis 30 ans et tenter de mieux cerner les enjeux qui nous attendent ces prochaines années. À l’heure où s'imposent partout les technologies Internet, cet anniversaire était également une bonne occasion de faire un bilan des moyens de communication actuellement utilisés en télégestion comme le GSM Data et SMS, le GPRS, les radios modems transparents et TCP/IP, les réseaux Ethernet, l'ADSL et le Wifi...
E.I.N. : Comment a démarré l’aventure Perax il y a 30 ans ?
A.C. : C'est une histoire assez atypique. L’entreprise a été créée en 1978 par André Querio sous le nom de CDE, acronyme de Compagnie de Diffusion Electronique. Il s'agissait alors d'une entreprise de négoce en matériels Hifi Stéréo et radio-amateur. Pas grand-chose à voir avec la télégestion, si ce n’est
au service de la télégestion
L'expertise acquise en matière de radio. C’est elle qui a incité un beau jour un exploitant à venir nous interroger sur la faisabilité d'une transmission d'informations par radio d'un château d’eau vers une station de pompage. Nous avons pu lui proposer une solution construite sur mesure qui répondait parfaitement à ses besoins. C’est ainsi qu’est apparue la première solution Perax dans le domaine de l’eau...
Cette solution s'est avérée performante et intéressante si bien que la décision a été prise de cesser l’activité de négoce pour se concentrer sur ce marché émergent.
E.I.N.: Marché qui n’avait pas grand-chose à voir avec la télégestion telle qu’on la connaît aujourd’hui...
A.C.: Effectivement, l’application en elle-même était assez basique : un niveau d’eau dans un réservoir était tout simplement transmis en analogique vers une station de pompage. Le niveau d'eau, visible à distance, permettait à l’exploitant de gérer le démarrage de ces groupes de pompage.
La suite est une longue série d'évolutions qui ont consisté à développer considérablement le nombre d’informations recueillies ainsi que les modes de transmissions : radio, courant porteur et liaison téléphonique.
Puis a été créée une première gamme de produits de télégestion qui a été baptisée Perax. Cette gamme a rencontré un succès tel que la société,
désormais identifiée par ses produits, a changé de nom pour s’appeler Perax.
E.I.N.: Quelles ont été les grandes étapes de son développement?
A.C.: Lorsqu’est apparu clairement l'intérêt de la télégestion dans le domaine de la gestion de l'eau, une kyrielle de sociétés ont tenté de prendre pied sur ce marché. Au début des années 1980, on a pu dénombrer jusqu’à une vingtaine de fournisseurs français présentant des solutions plus ou moins fiables. L’offre s'est peu à peu structurée sous l'impulsion des grands opérateurs tels que Générale des Eaux et Lyonnaise des Eaux soucieux de réaliser des gains de productivité en se concentrant sur un petit nombre de solutions dont la fiabilité a pu être établie. Ce « référencement » avant l’heure a contribué à ramener le nombre des fournisseurs à ce qu’il est encore aujourd'hui : quatre.
E.I.N.: Quelle est la place occupée aujourd’hui par Perax sur le marché de la télégestion?
A.C.: Perax occupe aujourd’hui la seconde place dans le domaine de l'eau parmi ces quatre fournisseurs de solutions de télégestion. Contrairement aux autres fournisseurs, plus diversifiés, Perax se positionne essentiellement comme un spécialiste de la télégestion dans le domaine de l'eau, secteur dans lequel elle est historiquement présente et qui représente aujourd'hui 80 % de son chiffre d'affaires.
Sur ce marché assez hétérogène, Perax est particulièrement bien placée sur les petits et moyens réseaux, de 1 à 50 postes de télégestion, segment du marché sur lequel nous proposons des solutions éprouvées à des prix très étudiés incluant une gamme de services qui nous permettent d’accompagner l'exploitant tout au long de la mise en route puis de l’exploitation de son système de télégestion. Perax est également bien placée sur les réalisations complexes nécessitant beaucoup d'ingénierie et un haut niveau de services étendus.
E.I.N.: Quelle est la spécificité des solutions proposées par Perax aujourd’hui?
A.C.: Soyons clairs. Au plan
technique et abstraction faite des fournisseurs dont les solutions sont plus orientées GTB ou GTC, les matériels proposés par les deux spécialistes de la télégestion dans le domaine de l'eau sont assez proches les uns des autres en termes de qualité comme en termes de fonctionnalités, même si leur philosophie et leur conception sont assez différentes.
Les spécificités des solutions proposées par Perax se situent donc davantage sur le plan du service apporté à l'exploitant et sur la formation des personnels à tous les niveaux pour que chacun soit en mesure de tirer le meilleur parti possible de l’application qu'il a choisie. Nous avons ainsi pour principe, quelle que soit la nature d’un chantier ou l'ampleur des difficultés qui peuvent s’y rattacher, de satisfaire pleinement l’exploitant. En ce sens, je crois que l’on peut dire que Perax, en tant qu’intervenant, est aussi sûr et fiable que ses produits. Ce principe trouve sa traduction concrète dans la fidélité de nos clients : plus de 80 % de notre marché relève de la récurrence.
E.I.N. : Comment s’articule la gamme de produits proposés par Perax ?
A.C. : Les techniques évoluant sans cesse, nous avons créé en 2004 une gamme de produits dont la caractéristique principale est son évolutivité. Cette gamme, baptisée P400Xi, est conçue pour être capable de s’adapter à un large spectre d’applications tout en évoluant en permanence. Nous y ajoutons régulièrement de nouveaux moyens de communication comme par exemple le GPRS qui sera présenté lors du prochain Pollutec et implémenté sur la gamme. Nous travaillons également sur le développement du langage ST, un langage normalisé pour l’automatisme appelé à compléter le langage propriétaire que nous utilisons actuellement. D’autres nouveautés sont en cours de développement que nous présenterons prochainement et qui vont venir se greffer sur cette gamme appelée à évoluer en permanence.
Mais ses points forts ne se limitent pas à son évolutivité : elle est modulaire dans la mesure où chaque exploitant peut commencer avec une petite configuration et la faire évoluer. Il est possible de la mettre à jour à distance via un site web sur lequel toutes nos mises à jour sont téléchargeables absolument gratuitement. Nous sommes les seuls à proposer cette gratuité, avec un système de diffusion de ces mises à jour par mail, dont nous considérons, chez nous, qu’elle fait partie du service. Enfin, point non négligeable quand on sait le degré d’exposition de
au service de la télégestion
ces équipements, elle est équipée de dispositifs renforcés vis-à-vis du risque foudre.
E.I.N. : Cette gamme est-elle capable de répondre à toutes les applications ? A.C. : Oui, sauf pour les applications liées à la télérelève sur des sites dépourvus de source d'énergie. Pour ce type d'applications, nous proposons une autre gamme dénommée P16XT qui met en œuvre une technologie reposant sur une pile lithium. Avec ces deux gammes, Perax est à même de répondre à tous types d'applications.
Côté logiciel, nous travaillons également régulièrement à l'ouverture de notre suite logicielle Arlequin compatible avec de nombreux outils de supervision et qui sera très prochainement disponible sous Vista™.
E.I.N. : D'autres projets en cours de développement ? A.C. : Bien d'autres, oui, mais vous comprendrez mon souhait de ne pas tout dévoiler maintenant...
De façon générale, l'essentiel de notre recherche s'oriente vers une amélioration de l'ergonomie de nos produits, c'est-à-dire de la facilité, pour les exploitants, à les mettre en œuvre et à les utiliser au quotidien. Beaucoup de nos clients sont de plus en plus demandeurs de solutions « plug and play ».
Nous n'arriverons probablement pas à ce niveau de simplicité mais nous fournissons actuellement un gros effort pour nous en approcher car nous pensons qu’en matière de télégestion, de lourds enjeux dépendent de la simplicité d'utilisation des matériels. L'ergonomie est donc le fil rouge de nos développements en cours et à venir.
Au-delà de notre implication dans le secteur de l'eau que nous souhaitons bien sûr consolider et développer, il n'est pas exclu que Perax se développe dans les prochaines années sur d'autres secteurs d'activités dans lesquels la télégestion est appelée à jouer un rôle clé. Notre automate de télégestion P400Xi, qui se caractérise par une grande ouverture, a la faculté d'évoluer très facilement vers d'autres types d'applications. Nous allons en profiter. ■