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Oxydation avancée : casser la DCO dure

30 juillet 2008 Paru dans le N°313 à la page 57 ( mots)
Rédigé par : Christian LYON

La chasse aux polluants persistants s'intensifie. Molécules organiques stables, ces polluants résistent à la dégradation biologique classique. Pour les détruire, même à de faibles concentrations, il faut utiliser un oxydant puissant, le radical hydroxyle. Plusieurs voies existent mais leur emploi tarde à se généraliser. La réglementation et les contrôles devront se faire plus pressants pour que ces procédés soient utilisés à grande échelle.

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Les méthodes biologiques dégradent la plupart des composés organiques à un coût relativement modique. Mais certaines molécules organiques sont récalcitrantes et résistent aux filières biologiques. Ce sont les POP – polluants organiques persistants – des principes actifs de médicaments, des pesticides, des adjuvants chimiques comme les plastifiants, bref tout ce qui entre sous le vocable de “polluants émergents”. Résistantes, ces molécules persistent dans l'environnement et souvent interfèrent avec les organismes vivants avant de se concentrer tout au long des chaînes alimentaires. Certaines induisent des effets biologiques particuliers comme les perturbateurs endocriniens ; si l'on a constaté des anomalies sexuelles sur certaines espèces aquatiques, rien n’est encore démontré chez l'homme. Certains colorants et pigments organiques, développés à la fois pour leur fonction colorante et leur stabilité chimique, font partie de ces molécules indésirables car très visibles, et pour cause, dans le milieu. Les progrès des méthodes analytiques ont élargi la

[Photo : Avec l'ozonation catalytique, l'ozone injecté dans l'effluent est mis en contact avec un catalyseur en poudre qui favorise l'oxydation totale de la DCO et de la DBO et permet le recyclage des eaux.]

Gamme des substances détectées dans l'environnement et ont poussé les législations et réglementations à la baisse des concentrations admissibles de ces substances tant pour ce qui concerne la production d’eau potable que les rejets dans l’environnement. Les deux sont liés dans la mesure où moins l'on rejette, moins l'environnement sera impacté.

D'où le besoin en méthodes de dégradation efficaces des substances dissoutes dans l'eau. En production d’eau potable, la règle consiste à utiliser des ressources aussi saines que possible. Les traitements préalables pour éliminer les substances indésirables (fer, manganèse, pesticides, etc.) se développent ; traitements a priori simples comme des précipitations, des filtrations sur sable et adsorption par passage sur du charbon actif et bien sûr les traitements membranaires avec une logique de séparation et non de destruction des substances indésirables. À ce stade, l'accent étant mis sur l’efficacité et le coût, il n'est pas question d'utiliser des réactifs onéreux sur des volumes d'eau énormes dans des procédés eux-mêmes coûteux à exploiter.

Oxydation avancée : essentiellement sur les effluents

Les méthodes d’oxydation avancées sont donc essentiellement utilisées en traitement d'effluents et après que les méthodes classiques ont éliminé les matières facilement oxydables : pas question d’employer de coûteux réactifs à autre chose qu’à la DCO dure. « En fait, l’oxydation avancée est pratiquée depuis une quarantaine d'années, c’est-à-dire depuis que l’on utilise de l’ozone. En fonction des molécules présentes dans les eaux à traiter et l’apport d’ozone, il se forme bien des radicaux hydroxyles OH, et l’on faisait de l’oxydation avancée sans le savoir » explique Frederick Cousin, chef de marché ozone chez Degrémont Technologies-Ozonia. Ce qui a évolué depuis quelques décennies, c’est la maîtrise de la production d’ozone et la mise en contact du gaz avec l'effluent. L’ozone est créé en soumettant un gaz chargé en oxygène, tel que l’air, à une succession de décharges électriques. « Les premiers générateurs d'ozone fonctionnaient avec de l’air et l’on atteignait des concentrations de 1 à 1,5 % d’ozone dans le gaz. Si cela est toujours pratiqué, aujourd’hui, lorsque l’on veut produire de grandes quantités d’ozone, on utilise l’oxygène pur et l’on parvient à des concentrations d’ozone de 14 % dans le gaz vecteur » précise Grégoire Altounian, responsable commercial Europe du Sud pour les applications industrielles de Degrémont Technologies-Ozonia.

Chercher à détruire les polluants par un agent chimique est tentant. Au cours de la décennie 1990-2000 on a d’ailleurs tenté d’éliminer les pesticides présents dans l’eau potable en utilisant l’oxydation. On s’est ensuite aperçu que les produits d’oxydation obtenus étaient plus toxiques encore que le produit initial et la voie a été abandonnée. Malgré tout, le développement des méthodes d’oxydation avancée s’est poursuivi avec pour objectifs des effluents difficiles, comme les lixiviats de décharge et ceux de teinture textile. On a alors couplé ozone et ultraviolet, ozone et peroxyde d’hydrogène, peroxyde d’hydrogène et ultraviolet, voire les trois ensemble. « L’oxydation catalytique couplant l’ozone avec un catalyseur a été développée par Degrémont dans le procédé Tocata. Beaucoup de recherches ont été menées sur le sujet. Développée dans les années 1990, cette technologie AOP était en avance sur son temps. De par les réglementations qui n’étaient pas assez strictes et le coût significatif des catalyseurs, le développement de cette technologie n’a pas été suivi » explique Grégoire Altounian.

[Encart : Qu’est-ce que l’oxydation avancée ? Le terme oxydation fait référence directement à l’oxygène ; « avancée » fait référence au fait que l’oxydation des molécules organiques est menée jusqu’au stade ultime du gaz carbonique et de l'eau, pas seulement de sous-produits plus ou moins oxydés. Une oxydation est une réaction dans laquelle l’oxygène est un des partenaires. La chimie moderne a généralisé cette notion en introduisant le concept d’oxydo-réduction dans laquelle deux espèces réagissent, l'une est oxydée (c’est le réducteur) l’autre réduite (c’est l’oxydant) : le fer métallique (réducteur) est oxydé par l’oxygène (oxydant) contenu dans l’air. Le mécanisme est décrit non plus en référence à la mise en œuvre de l'oxygène mais à l'échange d'électrons (le fer passe d'un état d’oxydation 0 à un état d’oxydation ferreux voire ferrique (états +2 pour les ions Fe²⁺ et +3 pour Fe³⁺). On définit des potentiels d’oxydo-réduction, chaque espèce ayant son propre potentiel par rapport à un couple de référence (H⁺/H₂, par définition 0,00 V). Une espèce pourra donc être soit oxydante soit réductrice selon le potentiel de l’espèce avec laquelle elle réagit (et si c'est possible ! le fer ne peut pas être plus réduit qu’à son état 0, le métal). Un même atome peut présenter tout un spectre d'états d'oxydation : l'azote gazeux à l'état 0 peut se transformer en ammoniac (état –3) ou en nitrite (+3) ou en nitrate (+5), états mis en jeu dans les réactions de nitration-dénitration. Le potentiel de l'oxygène O₂/H₂O est de +1,23 V, l'eau oxygénée (peroxyde d’hydrogène) est de 1,77 V, celui de l’ozone O₃/H₂O de 2,3 V (il est plus oxydant que l’oxygène). Le chlore et ses composés oxygénés (hypochlorite de l'eau de Javel, dioxyde de chlore, chlorate, perchlorate) sont aussi des oxydants puissants. Le plus puissant de tous les oxydants est le fluor (pas très sympathique) F₂/F⁻ 2,87 V et juste en dessous on trouve le radical hydroxyle OH à 2,8 V. Il a l'avantage de ne pas laisser de sous-produit dangereux puisque nous “baignons” dans l'eau et l’atmosphère oxygénée.]
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[Photo : Ozoneur Wedeco. Oxydant désinfectant, l'ozone est efficace contre les bactéries, les virus et les parasites. Il se caractérise par une grande réactivité avec les matières organiques et minérales. Il casse les molécules de pesticides.]

Notables sont toutefois enregistrées. Ainsi, Trojan a mis au point un process d'oxydation baptisé UV Swift ECT basé sur la génération de radicaux hydroxyles via la photolyse UV du peroxyde d'hydrogène. « Les essais ont démontré que le process d'oxydation détruit les micropolluants », explique Peer Kamp, Directeur de recherche et développement de PWN, la compagnie hollandaise exploitant le procédé à Andijk (100 000 m³/jour). Fort de ce premier succès, PWN est en train d'installer une deuxième usine d'une capacité de 144 000 m³/jour basée sur la même technologie.

La technologie Oxycon® développée par KWI France en collaboration avec Desotec met en œuvre quant à elle trois phénomènes différents pour éliminer polluants et DCO dure : l'adsorption, l'oxydation chimique catalytique, et la bio-oxydation en biorégénération. Et nombre de prestataires tels que Pall, Hytec Industrie, Proserpol, Biome ou Ovive sont capables de coupler les procédés pour obtenir des résultats intéressants.

Ondeo Industrial Solutions (Ondeo IS) a développé son savoir-faire d'intégrateur de technologies de réduction de la DCO dure dans plusieurs applications de l'industrie chimique en couplant techniques membranaires et oxydation avancée par ozone ou adsorption sur charbon actif. Ondeo IS a aussi mis en œuvre avec succès le couplage entre préoxydation par ozone de la DCO dure à des doses assez faibles (à 1 kg O₃/kg DCO environ) devant une biomasse développée sur support spécifique au sein des unités Biofor, par exemple en industrie textile (ASL Lavelanet) ou amidonnerie (Amylum-Orsan). Ondeo IS travaille également sur la pression de sélection pour faire assimiler à des microorganismes des effluents réputés réfractaires dans des réacteurs biologiques conventionnels.

Une voie en cours de développement : l'ozonation catalytique

Un autre moyen d'oxydation avancée consiste à utiliser le peroxyde d'hydrogène et un catalyseur, en l'occurrence les ions ferreux en solution aqueuse acide (pH 3), c'est ce que l'on appelle le réactif de Fenton. Il se produit des radicaux hydroxyles qui attaquent la matière organique et créent une suite de réactions radicalaires d'oxydation utilisant aussi l'oxygène naturellement dissous dans le milieu. Si la réaction est efficace, son inconvénient est de mettre en jeu le fer qui crée un volume de boue important à éliminer. Là encore, on bute sur la mise en œuvre industrielle de cette réaction. « La réaction de Fenton est efficace au laboratoire, mais ses conditions de mise en œuvre sont précises pour obtenir une bonne dégradation. Toute la difficulté est de maintenir ces conditions, or les effluents industriels sont variables à la fois en charge et en concentration, ce qui explique qu'elle n'est pratiquement pas utilisée », explique Florence Pontlevoy qui dirige la société Technavox récemment rachetée par Serep et créée précisément pour développer un procédé d'ozonation catalytique. « Nous parlons d'oxydation avancée pour notre procédé car

[Photo : Ozoneur Ozat® de Degrémont Technologies Ozonia]
[Encart : Pesticides, des molécules réfractaires Ne pas retrouver de pesticides dans l'environnement suppose d'en émettre le moins possible. Le nombre de molécules différentes est réduit d'années en années, tout comme les doses déposées. Un gros effort a été mené depuis une dizaine d'années concernant les pratiques d'application en champ et de rinçage des appareils afin de réduire les dispersions inutiles. Le résidu ultime des traitements doit être traité. Des procédés photocatalytiques utilisant le dioxyde de titane ont été développés avec succès pour détruire ces résidus au niveau de l'exploitation. Mais vu la variété des situations d'usage on constate qu'un seul procédé ne peut répondre à toutes les situations et que même la biologie, bien orientée, parvient à traiter ces produits. Les réactifs chimiques sont donc toujours en situation de concurrence, d'autant plus qu'un traitement d'effluent doit régler plusieurs problèmes simultanément. Ils ne sont donc pas la panacée. (Voir à ce sujet le dossier « Traitement des effluents viticoles » paru dans le numéro 309 de L'eau, l'Industrie, Les Nuisances).]

Des ozoneurs de plus en plus performants

[Encart : Degrémont Technologies-Ozonia a lancé récemment des ozoneurs de forte capacité. Ils combinent l’IGS (Intelligent Gap System) au niveau du diélectrique et le Modipac® au niveau de la production d’énergie par module. Ces générateurs produisent jusqu’à 250 kg/h d’ozone à une concentration de 14 % (de 6 à 14 %) dans le gaz porteur qui est de l’oxygène pur. Grâce à cette combinaison, la consommation d’énergie est réduite (baisse de 10 %). À cela s’ajoute l’utilisation d’un diélectrique segmenté revêtu d’une couche en céramique (et non plus en verre) ce qui permet d’optimiser l’intervalle où se produit une décharge, d’où une optimisation électrique supplémentaire. La production d’ozone et sa concentration sont ajustables en jouant sur la densité de puissance au niveau du diélectrique et le débit de gaz qui peut être de l’air sec ou de l’oxygène. Le Modipac utilise la dernière génération d’IGBT (Insulated Gate Bipolar Transistors) d’où un facteur de puissance de 0,99 entre 20 % et 100 % de la tension nominale. Le Modipac est disponible en modules standards de 250 kW qui peuvent être connectés pour réaliser l’installation souhaitée.]

La dégradation des molécules organiques va jusqu’au stade du gaz carbonique et ne s’arrête pas à des stades intermédiaires. Grâce à l’utilisation de catalyseur (sous forme de poudre) la consommation d’ozone est divisée par un facteur deux à trois, voire six dans certains cas ; les temps de contact nécessaires sont de l’ordre de l’heure, le catalyseur est séparé en sortie de réacteur et recyclé directement dans la cuve. « Le procédé devient alors compétitif avec d’autres utilisant le charbon actif » affirme Florence Pontlevoy.

Toutes sortes d’applications sont envisageables dans l’industrie chimique, les traitements de surface, l’agroalimentaire, le textile, les lixiviats de décharge, etc. Reste à convaincre les futurs utilisateurs, l’éternel problème des procédés nouveaux. Une référence existe en Espagne sur de la saumure d’olives en destruction de DCO avant passage de l’effluent (30 m³/h) en ultrafiltration pour la récupération d’eau. Pour le reste, l’entreprise multiplie les démonstrations avec une unité mobile de traitement ; deux unités supplémentaires de 500 et 1 000 l/h seront disponibles dans quelques mois.

Recherche : universités et écoles ne sont pas en reste

Les recherches en matière d’oxydation avancée se poursuivent. Plusieurs universités et écoles mènent des thèses et des travaux de recherches approfondis sur le sujet, à l’image du Département en Procédés Propres et Environnement de l’Université Paul Cézanne (cf. série d’articles sur le traitement des lixiviats parus dans les numéros 308 à 313). L’université de Marne-la-Vallée mène quant à elle une série de recherches sur l’oxydation d’effluents hospitaliers en raison de la présence forte de résidus de médicaments ; la voie étudiée est l’électro-Fenton (utilisation de procédé électrochimique pour générer in situ le peroxyde) couplée à la biodégradation, avec la réalisation prévue d’un réacteur pilote ; ce procédé a également été étudié pour la dégradation des pesticides. On parle également de procédé photo-Fenton utilisant une irradiation par UV. À l’Université de Mulhouse, des travaux ont été menés sur le couplage UV/peroxyde d’hydrogène sur des colorants textiles. L’Université de Savoie travaille sur le couplage des ultrasons avec les oxydants puissants (ozone, peroxyde d’hydrogène…). L’avantage de la sonochimie, en tant que méthode physique, est de ne pas ajouter de réactifs conduisant à des produits potentiellement plus dangereux : les phénomènes de cavitation engendrent localement dans les microbulles des ondes de chocs et des températures de plusieurs milliers de degrés. La technique a été mise en œuvre avec succès par Sita Remédiation pour traiter une eau de nappe polluée au trichloréthylène. Des études sont en cours pour la potabilisation de l’eau par sonochimie. L’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) travaille aussi sur ces procédés couplés d’oxydation avancée.

L’ozonation des effluents : de plus en plus de références

Reste que si les normes de rejet vis-à-vis de la DCO dure sont renforcées, les méthodes d’oxydation avancée pourraient revenir sur le devant de la scène. Aux États-Unis, plusieurs projets font référence à l’utilisation de l’ozone pour le traitement d’eaux résiduaires urbaines. Montréal projette d’équiper ses usines de traitement des eaux avec des générateurs d’ozone pour la préservation du fleuve Saint-Laurent. Il semble qu’on se concentre aujourd’hui sur l’utilisation d’ozone mais avec des ozoneurs plus efficaces. « Depuis une vingtaine d’années, le prix de l’ozone a été divisé par trois. Cela est dû aux progrès des ozoneurs eux-mêmes avec l’utilisation de nouveaux diélectriques et de designs spécifiques pour générer les décharges électriques, ainsi qu’aux générateurs de courant qui bénéficient des composants électroniques de puissance IGBT » explique Frederick Cousin. Ceci se traduit par la mise sur le marché de nouveaux appareils comme l’IGS (Intelligent Gap System) de Degrémont Technologies-Ozonia lancé en 2007 (voir encadré).

[Photo : Le process d’oxydation UV Swift ECT (Environmental Contaminant Treatment) de Trojan est basé sur la génération de radicaux hydroxyles via la photolyse UV du peroxyde d’hydrogène.]
[Photo : Diagramme de base de l’oxydation humide]

Wedeco avec Effizon*HP insiste aussi sur la fiabilité des nouveaux diélectriques. Parmi les références d’ozonation d’effluents, on peut citer le process mis en œuvre à l’usine Levi’s à Wervik en Belgique par Messer et Wedeco ou encore l’installation de Satrod à Roche-la-Molière non loin de Saint-Étienne exploitée par Sita. Dans ce dernier cas, la station de traitement des lixiviats correspond à une charge de 20 000 équivalents habitants, avec un débit moyen de 20 m³/h et une DCO à l’entrée de 2 000 mg/l. L’effluent subit une coagulation-floculation, puis un traitement biologique de nitrification-dénitrification, une précipitation chimique suivie de l’ozonation (deux tours de contact) qui abaisse la DCO résiduelle de 400 mg/l à 150 mg/l au niveau du rejet. La production nominale d’ozone est de 206 t/an. L’installation a été réalisée par Degrémont en collaboration avec Air Liquide (système Floxal) il y a une dizaine d’années. À la même époque, la station d’épuration de l’Association du Syndicat de la Vallée de la Touyre à Lavelanet, qui reçoit des effluents domestiques et de teinturerie, était équipée, une première à l’époque ; objectif : abaisser la DCO résiduelle et éliminer les couleurs pour répondre à l’arrêté de rejet. L’ozone est produit à raison d’environ 30 kg/h à partir d’oxygène. Sur le même type de préoccupation, un projet est en cours dans la région lyonnaise sur une station qui reçoit ces deux types d’effluents. Cette installation va être équipée d’un ozoneur de 30 kg/h qui permettra de traiter un débit d’effluent de 1 100 m³/h après un traitement biologique. L’ozone est produit à partir d’oxygène pur cryogénique. Degrémont Technologies-Ozonia revendique plusieurs autres références d’ozonation d’effluents mixtes urbains-textiles en Italie (Prato par exemple).

Dans le domaine de l’oxydation combinée, Wedeco n’est pas en reste. Au Danemark, Wedeco a installé à Kalundborg, depuis mai 2000, la plus grosse installation d’oxydation d’effluents d’industrie pharmaceutique produisant de l’insuline. Utilisés seuls à la mise en service, les 180 kg/h d’ozone installés sont actuellement couplés à un apport de peroxyde d’hydrogène permettant ainsi de traiter un effluent qui s’est dégradé dans le temps.

En Allemagne, sur le site de Dow Chemicals, Wedeco traite depuis 2005, 720 m³/

[Photo : La photocatalyse est mise à contribution pour dégrader la DCO dure. Plusieurs procédés sont développés, basés sur l’utilisation de dioxyde de titane et de lumière naturelle ou d’éclairage UV.]
[Encart : Des micro-organismes sélectionnés et adaptés pour biodégrader des polluants persistants Créée en 1999, la société EcoSolution travaille sur l’amélioration des performances des processus biologiques industriels en élargissant la biodiversité microbienne. Pour ceci, la société qui compte une trentaine de personnes a développé une plateforme technologique qui lui permet de sélectionner et de développer des micro-organismes dont les performances particulières doivent permettre de traiter des problématiques sévères sans solution satisfaisante à l’heure actuelle. Cette plateforme d’évolution gérée in vivo est basée sur l’accélération de l’évolution naturelle et ne nécessite pas de manipulation génétique. Les premières applications concrètes dans le domaine de l’environnement concernent l’amélioration du traitement des eaux usées industrielles, le traitement de l’azote ammoniacal des eaux urbaines ainsi que la dépollution des sols. « Nos solutions s’adressent aux problématiques les plus sévères, explique Dominique Duvauchelle, P.-D.G. d’EcoSolution, c’est-à-dire au traitement de molécules persistantes dans l’environnement issues d’eaux usées industrielles ou urbaines ou encore de polluants disséminés dans les sols ou les sédiments fluviaux à l’image des PCB par exemple. » Très discrète sur la palette de solutions proposées, la société concentre toutefois ses développements dans les domaines de la chimie et de la pharmacie, toutes deux génératrices de polluants actifs persistants. Pour ceci, EcoSolution a développé une collection de micro-organismes améliorés capables de traiter des molécules réputées difficilement biodégradables telles que : - des anticancéreux comme le cyclophosphamide et l’ifosfamide ; - des molécules entrant dans la composition de pesticides et d’herbicides tels que le bromoxynil et ses dérivés ou l’acide naphtalène sulfonique ; - des colorants organiques tels que le dinitrostilbène ou le dinitrocresol, ainsi que plusieurs autres molécules persistantes fréquemment utilisées dans l’industrie telles que la DMF (diméthylformamide) ou des molécules soufrées. Dans le domaine de l’eau potable, une application liée au traitement de l’arsenic est en développement dans le cadre du projet COBIAS financé par l’ANR (Agence Nationale de la Recherche). Une unité opérationnelle devrait également démarrer prochainement en Allemagne, capable de biodégrader des molécules d’origines pharmaceutiques réputées non biodégradables « comme par exemple des anticancéreux ou des antibiotiques », précise Dominique Duvauchelle. EcoSolution travaille également sur deux autres axes tout aussi innovants : l’amélioration, grâce au développement de nouvelles souches anaérobies, de la méthanogenèse, « au minimum de 25 à 30 % », et la production de biocarburants à partir de micro-algues utilisant l’énergie solaire comme unique ressource énergétique. Objectif : améliorer le rendement actuel des fermes algales et exploiter un parc en propre à horizon 2010.]
[Photo : De l'oxygène pur pour transformer la DCO dure en matière organique biodégradable. Un procédé basse pression et économe commercialisé par Proserpol. Le procédé Loprox est proposé avec une boucle de récupération de chaleur.]

que si les contraintes environnementales ou économiques l'exigent » explique-t-on chez Wedeco.

D'autres voies à explorer

D'autres moyens de destruction de la DCO dure se mettent en place de manière plus ponctuelle. La photocatalyse est mise à contribution pour dégrader la DCO dure. Plusieurs procédés sont développés, basés sur l'utilisation de dioxyde de titane et de lumière naturelle ou d'éclairage UV. Les radicaux hydroxyles sont produits sur les grains d'oxyde de titane à partir de l'eau. Tout est dans la mise en œuvre de ce principe. La société Ahlstrom a développé des supports spécifiques sur le traitement des effluents viticoles, avec notamment les procédés Phytocat de Résolution et Phytomax d'Agro-Environnement.

Les sociétés espagnoles Deisa et FMC Foret ont quant à elles développé l'utilisation de peroxyde d'hydrogène dans le procédé qu'elles nomment OHP (Oxydation humide au peroxyde), sous quelques bar et à un peu plus de 100 °C en présence de catalyseur avec un temps de contact de l'ordre d'une heure pour le traitement d'effluents industriels. Ce procédé a également été mis en œuvre avec succès par Proserpol sur des molécules organo-métalliques en présence de saumure. LOVH (Oxydation par voie humide) développé par Granit Technologies consiste à porter l'effluent à détruire à des températures de l'ordre de 200 à 350 °C sous 40 à 200 bar. Le procédé commence à avoir quelques références en effluents industriels (Papeteries du Léman depuis 2004) et domestiques avec le procédé Athos (Aqueous thermal oxidation of sludge) de Veolia Eau (235 °C sous 44 bar).

Proserpol propose une variante intéressante de ce procédé en utilisant de l'oxygène pur, ce qui permet de réduire la pression (procédé Loprox) et la corrosion du réacteur.

Cette combustion dans un effluent liquide minéralise les matières à détruire, laisse des molécules facilement biodégradables et surtout évite la formation de composés nocifs qu'il faut filtrer à grand coût dans des systèmes de traitement des fumées. LOVH n'a pas ces contraintes et devrait être plus considérée sur la globalité de ses atouts.

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