par Günter GOSSLAU, C.F.G. HEIDELBERG
INTRODUCTION
La société industrielle moderne rejette toujours plus de substances nocives dans l’environnement. Ces dernières entraînent une pollution croissante de l’air et de l’eau. Les effets de la civilisation industrielle sur l’environnement doivent par conséquent être réduits au minimum et l’environnement pollué doit être purifié. Les mesures ci-dessous sont nécessaires pour atteindre ce but :
— Il faut réduire la production de substances nuisibles ainsi que leur dissémination dans la nature (par exemple : gaz d’échappement, engrais dans les eaux, etc.). — Les déchets de la civilisation (ordures et eaux usées) doivent être tels que leur élimination charge moins l’environnement. — Plusieurs substances naturelles sont indispensables à la vie (par exemple eau potable), or la pollution rend certaines d’entre elles inutilisables sans un traitement préalable.
Les procédés d’oxydation ont généralement pour but d’éliminer des substances polluantes ou de les remplacer par d’autres qui sont inoffensives ou qui peuvent être éliminées par d’autres moyens. Dans la plupart des cas, il n’est pas possible d’éliminer complètement les substances polluantes uniquement par l’oxydation. Pour le traitement de l’eau par exemple, l’oxydation ne représente qu’une partie du traitement général.
BUT DU PROCÉDÉ D’OXYDATIONPOUR LE TRAITEMENT DE L’EAU :
— Élimination de substances organiques dans l’eau si possible jusqu’à leur transformation en dioxyde de carbone et en eau, ce qui n’est que rarement réalisable, ou oxydation partielle de substances nocives. Dans bien des cas, les substances partiellement oxydées sont complètement éliminables par un autre procédé de traitement. — Oxydation de substances inorganiques telles que les composés de fer, de manganèse et d’ammonium. — Désinfection.
Dans pratiquement tous les cas, il reste des substances dans l’eau. Ce sont soit des produits de décomposition, soit des résidus du produit oxydant lui-même. Le procédé de traitement de l’eau doit remplir les conditions suivantes pour sauvegarder l’environnement au maximum :
— Dosage minimum de l’oxydant. — Le traitement ne doit pas produire de substances plus toxiques ou plus nocives que les produits de départ. — Les produits d’oxydation doivent être éliminés en majeure partie. — L’oxydant ne doit pas provoquer une pollution supplémentaire de l’environnement.
Pour remplir ces conditions, il faut :
1. Améliorer les procédés de traitement en les optimisant à l’aide d’appareils électroniques de mesure et de réglage. 2. Mettre en œuvre de nouvelles technologies de traitement telles que l’ozonation pour plusieurs applications. 3. Combiner des technologies nouvelles avec des procédés connus pour obtenir des résultats optimums.
Malgré la complexité toujours plus grande des problèmes, le point 3 permet d’obtenir de bons résultats dans bien des cas.
QUELQUES EXEMPLES D’APPLICATION
DU PROCÉDÉ D’OXYDATION
POUR LE TRAITEMENT DE L’EAU
Eau potable.
Dans le passé, l’eau potable était le plus souvent prélevée aux sources ou aux rivières et livrée sans traitement à l’utilisateur. Ceci n’est plus possible actuellement. Plusieurs méthodes sont à notre disposition pour le traitement. Pour les eaux peu chargées, il suffit souvent de faire une simple chloration de sécurité qui élimine de l’eau les germes de maladie. Cependant, il faut souvent pousser le traitement plus loin. Pour les eaux très polluées une combinaison des processus ci-dessous s’est révélée efficace (figure 1).
Dosage de floculants — chloration, dans de nombreux cas chloration au point critique — filtration sur gravier pour éliminer les métaux lourds (fer et manganèse) et les combinaisons d’ammonium — post-chloration pour la protection du réseau. Dans de nombreux cas, le filtre à gravier est accompagné d’un filtre à charbon actif pour éliminer de l’eau des substances odorantes ou donnant un goût désagréable et que la chloration (même jusqu’au point critique) et le filtre à sable ne peuvent pas enlever.
Ce procédé simple et dans bien des cas facile à réaliser présente cependant certains inconvénients qui incitent à introduire une nouvelle technologie.
Parmi ces inconvénients, on peut citer :
- — Élimination insuffisante des substances organiques.
- — Apparition de composés chlorés organiques comme les chlorophénols, chloramines, trichlorures d’azote qui peuvent donner des modifications de goût et des odeurs désagréables.
- — Augmentation de la teneur de l’eau en chlorures. Comme le traitement se répète généralement plusieurs fois, la teneur en sel des rivières et des lacs peut devenir si élevée que les poissons et d’autres êtres vivants ne peuvent plus y vivre.
- — Ces derniers temps, on trouve de plus en plus d’hydrocarbures dans l’eau brute. Soumis à la chloration ils donnent des composés halogénés que leurs propriétés cancérigènes rendent naturellement indésirables.
Ces procédés actuels ne peuvent pas être sensiblement améliorés même en utilisant les techniques les plus modernes de mesure, de réglage et de dosage automatique du chlore en fonction de la qualité de l’eau. Elles n’apportent que des économies faibles en chlore et, par conséquent, l’augmentation de la teneur en sel ne diminue que faiblement. Une autre voie pour sortir de cette impasse consisterait à remplacer partiellement ou totalement le chlore dans le traitement de l’eau. Pour cela on utilise d’autres agents d’oxydation qui polluent moins l’environnement.
L’un de ces oxydants est le permanganate de potassium que l’on peut utiliser dans bien des cas mais qui exige un temps de réaction très long. D’autre part, son pouvoir oxydant dépend très fortement du pH. Pour que l’oxydation soit complète, il faut travailler dans un domaine de pH élevé. Ce procédé est recommandé dans tous les cas où l’on veut être sûr que le fer et le manganèse sont bien oxydés. Cependant, il demande une post-chloration.
On peut utiliser avec avantage du dioxyde de chlore pour éviter la formation de composés halogénés. Ce produit convient particulièrement bien pour la post-désinfection et pour des eaux organiquement peu chargées. Le dioxyde de chlore assure une bonne désinfection en évitant les halogènes (trihalométhane et d’autres substances cancérigènes). En outre, il ne se produit pas de phénols chlorés ou d’autres substances de goût désagréable en présence d’iode.
L’effet de désinfection est pratiquement indépendant du pH. La lente décomposition en chlorures fait que le pouvoir désinfectant subsiste jusqu’aux extrémités des conduites et assure ainsi la désinfection de tout le réseau de distribution. Pour toutes ces raisons le dioxyde de chlore est souvent utilisé pour la désinfection des réseaux de distribution d’eau potable.
Le dioxyde de chlore permet de précipiter le fer et le manganèse même pour des valeurs de pH relativement basses, mais il faut pour cela en ajouter parfois beaucoup.
En Allemagne, la limite pour le dioxyde de chlore est fixée à 0,1 mg/l selon les normes DIN 2000 (mesuré en dioxyde de chlore).
Le département fédéral de la Santé Publique prévoit actuellement d’élever cette limite pour combattre le danger de formation d'halogènes dû au traitement par le chlore. On parle de limites entre 0,5 et 1 mg/l.
Les inconvénients du traitement au dioxyde de chlore sont, d'une part, les frais plus élevés et, de l'autre, les grandes quantités que l’on doit utiliser pour les eaux très chargées. Pour ces dernières la seule oxydation au dioxyde de chlore n'est pas applicable.
Les installations de production de dioxyde de chlore se sont avérées particulièrement efficaces pour les réseaux privés d’eau potable et industrielle pour l'industrie alimentaire et celle des boissons, les brasseries, etc. Les petits réseaux de distribution d'eau qui n'exigent pas de traitements spéciaux utilisent volontiers le dioxyde de chlore qui est un procédé simple et garantit une oxydation et une désinfection sûres.
Comme le dioxyde de chlore est un gaz que l'on ne peut pas stocker, il doit être préparé sur place sous forme de solution aqueuse. On utilise deux procédés :
1. Le procédé acide-alcalin utilisé dans les installations de production de dioxyde de chlore Bellozon (figure 2). Il a plusieurs avantages : les installations pour une production de 25 à 500 g de dioxyde de chlore à l'heure sont montées dans des armoires en matière plastique. Elles sont par conséquent simples à installer et elles ne sont pas soumises aux prescriptions applicables pour le chlore gazeux. En Allemagne, elles sont même admises pour les ateliers qui utilisent du dioxyde de chlore. La formation de chlorures est un inconvénient qui rend problématique l'utilisation du dioxyde de chlore pour les installations travaillant en circuit fermé. En outre, le traitement par le dioxyde de chlore ne donne souvent pas de résultat contre les levures sauvages.
2. Le deuxième procédé au dioxyde de chlore utilise du chlore gazeux qui demande un appareillage beaucoup plus important. Toutes les prescriptions de sécurité concernant les installations de chlore doivent être respectées. Cependant avec ce procédé où l'on a à la fois du chlore gazeux et du dioxyde de chlore, on peut aussi oxyder des substances qu'on ne pourrait pas traiter avec le dioxyde seul. Il faut mentionner ici les levures sauvages qui résistent généralement aux attaques par le chlore et le dioxyde de chlore.
L’ozone, qui est un des oxydants les plus puissants que nous connaissions, est spécialement apte à remplacer ou à compléter un traitement de l’eau par le chlore.
L'ozone a différents effets, c'est pourquoi on utilise différentes techniques pour obtenir les résultats désirés. Dans le passé, on utilisait pratiquement l'ozone uniquement comme agent désinfectant sans tenir compte de certaines de ses propriétés qui sont très importantes. Il en résultait certaines expériences fâcheuses pour le traitement de l'eau.
L'ozone utilisé pour le traitement de l'eau a les propriétés suivantes :
- — Un effet floculant si les quantités ajoutées ne sont pas trop fortes. On a fait dans ce sens de bonnes expériences jusqu’à 1,5 g O₃/m³. Pour des concentrations plus fortes, on obtient le résultat contraire. L'oxydation plus poussée réduit la taille des particules et par conséquent diminue les possibilités de filtration. De ce fait, il faut limiter la quantité d'ozone en amont de filtres à sable. Une addition de 1 à 1,2 mg O₃/m³ a donné de bons résultats.
L'ozone est capable d’oxyder beaucoup de substances organiques et inorganiques. Parmi les substances inorganiques, on peut citer spécialement le fer et le manganèse contenus dans beaucoup d’eaux brutes et qu'on doit éliminer. Le fer bivalent dissous dans l'eau est oxydé en fer trivalent insoluble qu'on peut filtrer ensuite sur des filtres à gravier. L'ozone peut aussi précipiter le fer difficilement précipitable (composé avec de l'acide humique).
Le manganèse peut être éliminé sans catalyseur même dans des eaux légèrement acides. Il est oxydé en permanganate et il est absorbé dans un filtre à charbon actif sous forme de bioxyde de manganèse.
L'ozone agit sur beaucoup de substances organiques même celles qui résistent à d'autres agents oxydants.
Cependant l’oxydation complète des substances organiques en eau et en bioxyde de carbone n'est que rarement atteinte.
L'ozone peut oxyder les composés organiques suivants : phénols, détergents, benzol, créosotes, naph-
telles, chloramines et beaucoup d'autres tels que des hydrocarbures, des colorants et des humines.
Les produits d’oxydation sont : des aldéhydes, acides carboniques, acides bicarboniques, des acides oxaliques et des hydroperoxydes. L’oxydation de ces substances dans l’eau potable demande des concentrations d’environ 1 à 5 g O₃/m³.
En règle générale une analyse de l’eau ne permet pas de déduire les quantités d’ozone nécessaires. Dans bien des cas, des essais préliminaires sont indispensables.
La figure 3 montre une installation de traitement d’eau par l’ozone. Ici le traitement par le chlore a été remplacé par de l’ozone dans la première étape. L'ozone remplit deux fonctions importantes :
- a) l’oxydation de substances inorganiques (fer, manganèse),
- b) un effet de floculation.
Le temps de passage à travers cet étage d’ozonation ne doit pas être trop prolongé pour que la décomposition ne soit pas poussée à un point tel que la filtration soit rendue plus difficile.
Ce traitement ne demande donc pas de bac de réaction supplémentaire ; l’espace au-dessus du gravier du filtre suffit pour que l’oxydation nécessaire puisse avoir lieu. La quantité d’ozone à ce stade doit être limitée pour obtenir l'effet de floculation optimum. Une addition de floculant chimique comme le sulfate d’aluminium assure la précipitation complète du fer même dans des conditions difficiles.
Un second étage d’oxydation suit la filtration. C’est là qu’on injecte la plus grande partie de l’ozone nécessaire à l’oxydation des substances organiques indésirables. Pour ce deuxième étage, il faut prévoir un bac spécial pour assurer le temps de contact indispensable à toutes les réactions. Dans cet étage, l’ozone rend inoffensifs les bactéries, les virus et les êtres vivants microscopiques. Il est suivi d'une filtration fine sur charbon actif ; celle-ci a pour but d’absorber les substances non oxydées. Après ces traitements, l’eau est pratiquement exempte de germes et une grande partie des substances organiques qu’elle contenait a été éliminée. Elle est également débarrassée des goûts et odeurs désagréables et elle est transparente (légèrement bleutée). Comme seul l’ozone dissous dans l’eau a un effet oxydant, ce procédé est spécialement recommandé.
La plus grande partie de l’ozone produit doit passer en solution. La quantité maximum soluble dépend de la concentration d’ozone dans la phase gazeuse et de la température. Comme cette dernière est pratiquement imposée lors du traitement de l’eau, on ne peut améliorer la solubilité qu’en modifiant la concentration d’ozone dans le gaz. Il est par conséquent indispensable que l’installation de production d’ozone permette d’obtenir de fortes concentrations. Dans la pratique, des concentrations de 18-25 g/m³ sous des conditions standards se sont avérées optimum car un accroissement du taux d’ozone demande
TABLEAU 1
Solubilité d'O₃ dans l’eau naturelle en fonction de la concentration en gaz et de la température de l'eau.
Concentration dans le gaz (gO₃/m³) | Concentration dans l’eau (gO₃/m³) | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
0 °C | 10 °C | 20 °C | 30 °C | 40 °C | 60 °C | |
05 | 3,25 | 1,8 | 1,05 | 0,7 | 0,4 | 0 |
10 | 6,5 | 3,6 | 2,1 | 1,4 | 0,8 | 0 |
20 | 13,0 | 7,2 | 4,2 | 2,8 | 1,6 | 0 |
40 | 26,0 | 14,4 | 8,4 | 5,6 | 3,2 | 0 |
O₃ est environ 20 fois plus soluble dans l’eau que O₂.
trop d’énergie. Si l'on part de l’oxygène à la place de l’air, on peut atteindre des concentrations d’ozone entre 50 et 100 g/Nm³. De plus, on peut augmenter la pression au point d'injection. Il en résulte une augmentation artificielle de la concentration d’ozone et une solubilité supérieure dans la phase liquide (voir tableau 1).
Les concentrations d'ozone du tableau 1 sont des valeurs très théoriques. Un mélange intime de l’ozone et de l'eau est important pour obtenir une surface d’échange eau/ozone maximum. La vitesse de passage de la phase gazeuse à la solution ne dépend pratiquement pas de l’installation de mélange utilisée. Les systèmes dynamiques avec aspiration en by-pass par un injecteur et mélange ultérieur dans un mélangeur sont bien meilleurs que les systèmes statiques avec injection d’ozone dans de l’eau pratiquement immobile, et leur rendement plus élevé justifie l'accroissement de l’énergie consommée. Si l’on travaille avec de fortes concentrations et de grandes quantités d’ozone, il est avantageux de prévoir des tours de lavage.
TABLEAU 2
Demi-temps de réaction de O₃ en solution aqueuse en fonction du pH (Stumm).
pH | Demi-durée (min) |
---|---|
7,6 | 41 |
8,5 | 11 |
8,9 | 7 |
9,2 | 4 (T = 15 °C) |
9,7 | 2 |
10,4 | 0,2 |
L’ozone en solution se décompose progressivement. La vitesse de décomposition dépend du pH et de la température et augmente quand la valeur du pH et la température sont plus élevées.
Le tableau 2 donne les demi-durées pour la décomposition de l'ozone dans de l'eau distillée. Il permet une détermination approchée des dimensions du réservoir de réaction. Dans la pratique, la décomposition est plus rapide parce que l'ozone réagit avec les composants de l'eau. Les réservoirs de réaction qui assurent un temps de passage de 2,5 à 5 min donnent, en pratique, les meilleurs résultats. Dans certains cas, on peut utiliser l’espace libre pour un filtre au-dessus de la couche de charbon actif.
Désinfection :
L'effet désinfectant de l’ozone est très bienfaisant. L'eau est pratiquement exempte de germes si la valeur du potentiel Redox est de 800 mV. L’ozone rend inactifs ou tue les virus, les amibes, les coques, les champignons (émycètes), les moisissures (mycomycètes), les algues, les spores et les kystes. Mais il faut prendre garde au fait que l'eau traitée à l’ozone a tendance à se réinfecter. Les produits de décomposition de l’ozone sont un terrain nutritif très fertile pour un nouveau développement des germes. Il faut par conséquent ajouter suffisamment d’ozone à l'eau. De plus, une filtration optimum qui élimine presque complètement les produits de décomposition peut pratiquement empêcher une réinfection.
Eau industrielle.
Les exigences sont les mêmes que pour l’eau potable et, suivant la qualité requise, on utilisera les mêmes traitements.
L'industrie emploie souvent deux réseaux d'eau séparés pour économiser l’eau potable dont le traitement est cher. On utilise naturellement dans la plupart des cas les systèmes de traitement les plus simples pour obtenir la qualité requise. La préparation de l'eau industrielle dans l’industrie alimentaire en est un exemple. En Allemagne, elle doit répondre aux mêmes exigences que l’eau potable en ce qui concerne la toxicité et l’absence des germes. Il est donc nécessaire de désinfecter toutes les eaux industrielles utilisées dans cette branche de l’industrie. Le procédé au dioxyde de chlore Bello Zon a donné de très bons résultats en Allemagne. Un grand nombre d'installations sont équipées de ce système en raison de la sécurité de la désinfection et du petit nombre d’appareils qu'il exige.
On tend d’ailleurs de plus en plus à utiliser en circuit fermé l’eau industrielle et celle nécessaire aux processus, ceci pour économiser l'eau potable qui est coûteuse. L'augmentation constante du prix de l’eau ouvre, dans ce domaine, des possibilités.
d'applications accrues pour les procédés modernes d'oxydation. L'emploi de procédés qui ne provoquent pas une augmentation de la teneur en sels de l'eau est spécialement avantageux pour les installations qui travaillent en circuit fermé. Les procédés à l'ozone sont spécialement prisés étant donné leur vitesse de réaction, mais pratiquement tous ceux utilisés dans la préparation de l'eau potable sont également employés suivant la destination de l'eau.
Eaux minérales.
L'ozonation qui sauvegarde au maximum l'environnement est depuis longtemps le procédé d'oxydation type dans ce domaine. L'une des raisons est que l'eau minérale doit être exempte de germes et qu'on ne peut pas utiliser de désinfectant. L’ozone est utilisé comme agent oxydant pour la déferrisation et la démanganisation, et en plus il est germicide. Il permet également un remplissage exempt de germes des bouteilles d'eau non gazeuse. L'ozonation ne représente cependant qu'une partie du traitement qui comporte également une filtration et un traitement par le charbon actif. Dans le traitement des eaux minérales, il faut prendre spécialement garde à la teneur en bromures et iodures qui provoquent une forte décomposition de l'ozone.
Pisciculture intensive.
Les lois sur la protection des eaux ont obligé beaucoup de pisciculteurs à trouver de nouveaux procédés. Dans bien des cas, on cherche à faire circuler l’eau en circuit fermé. Il faut utiliser un procédé de destruction des substances organiques et de désinfection qui ne pollue pas davantage le circuit fermé déjà très chargé. L'emploi de l’ozone s’impose naturellement. Les installations réalisées jusqu'ici comprennent une filtration grossière (dégrillage et décantation), traitement à l'ozone, filtration sur gravier, seconde ozonation et filtration sur charbon actif. L’eau retournant au bassin d’élevage reçoit encore une faible dose d'ozone pour une désinfection supplémentaire. Un effet secondaire très intéressant du traitement à l'ozone résulte de la saturation de l'eau en oxygène puisque l’apport d'oxygène pose toujours un problème dans les bassins de pisciculture.
Eaux résiduaires.
Les installations de traitement d’eaux résiduaires travaillant avec des systèmes d’oxydation sauvegardant l'environnement sont encore l'exception si l'on ne tient pas compte des installations d'aération des stations d'épuration ; cela tient à ce que les quantités d'ozone nécessaires (5 à 50 g/m³ selon la charge de l’eau) paraissent trop importantes et qu'une addition de chlore correspondante augmenterait trop la teneur en sels. Pour tenir compte de la raréfaction des eaux souterraines et des exigences concernant la propreté des rivières et des lacs on consacre toujours plus d’efforts pour épurer les eaux résiduaires. Dans ce but, on utilise les oxydants suivants :
Eau oxygénée, souvent en liaison avec des activateurs, et ozone. Plus rarement du chlore, du dioxyde de chlore ou du permanganate de potassium, parce que les deux premiers provoquent une augmentation de la teneur de l'eau en sels et que le permanganate ne permet généralement pas d’obtenir les réactions recherchées.
Le traitement des eaux résiduaires doit viser les buts suivants :
- — Décoloration (spécialement dans l'industrie textile),
- — Désodorisation (stations d’épuration),
- — Élimination des phénols (industrie chimique),
- — Détoxication des cyanures (ateliers de trempe et galvanisation),
- — Oxydation des hydrocarbures dans les eaux usées (élimination des mercaptans, industrie chimique),
- — Oxydation des nitrites et sulfites.
Il faut généralement procéder à des essais pour déterminer les quantités d’oxydants nécessaires et dans bien des cas il faut travailler par doses successives.
Le traitement des eaux épurées biologiquement est un cas spécial. Des essais sont actuellement en cours.
cours pour traiter ces eaux par l’ozone ou d'autres procédés utilisés dans l'industrie des eaux potables, de manière à les épurer complètement et les utiliser pour réalimenter les nappes phréatiques.
Le traitement de l'air vicié est un autre domaine du traitement des eaux usées. La figure 4 montre l'oxydation des eaux d'une tour de lavage. Ces eaux circulent en circuit fermé et sont saturées en ozone par un ozoneur. La quantité ajoutée est telle qu'il ne reste plus que 0,04 mg O₃/m³ après le séparateur de gouttes. Cette quantité représente le seuil d'olfactibilité. Ce type d'installation demande généralement des doses d’environ 20 mg O₃/m³ d’air vicié. On obtient ainsi une destruction de 97 % des amines et une décomposition complète de l'hydrogène sulfuré ; d'autres composés du soufre, de l'ammoniac et des mercaptans sont réalisables. En même temps, les germes sont détruits à 90 % et le reste des germes n'est pas plus élevé que dans de l'air exhalé naturellement.
Eau de piscine.
Le but du traitement est d'obtenir une eau agréable pour le bain, qui soit exempte de germes pathogènes, qui ne provoque pas d'irritation de la peau et qui n'ait pas d'odeur désagréable. Dans les piscines fortement fréquentées, il est pratiquement impossible au personnel exploitant d'obtenir une eau irréprochable en commandant manuellement un traitement conventionnel avec floculation, filtration et chloration (fig. 5). L'utilisation d'appareils de mesure et de réglage modernes pour le pH, le potentiel Redox et l’excédent en chlore permet d'optimiser le procédé.
Le potentiel Redox renseigne sur l’état général de l'eau. Cependant de l'avis de bien des spécialistes, les réactions Redox sont trop lentes pour être utilisées pour le
dosage de l'excédent d'oxydant. Vraisemblablement on mesurera à l'avenir le potentiel Redox et l'excédent de chlore.
Pour le traitement usuel d'eau de piscine avec oxydation et désinfection avec du chlore, cette combinaison de procédés a naturellement l'inconvénient de ne jamais atteindre une teneur en chlore suffisante pour obtenir une transformation complète des chloramines en trichlorite d'azote. Par conséquent, il faut de temps en temps faire un traitement massif au chlore.
L'oxydation par l'ozone apporte une amélioration considérable. Dans ce procédé, elle n'a plus lieu dans le bassin de natation mais dans la station de traitement de l'eau. La décomposition des substances organiques a lieu en dehors du bassin et un filtre à charbon actif en aval élimine une grande partie des produits de décomposition de l'ozone (figure 6).
L'eau qui retourne au bassin n'a besoin que d'une faible quantité de produit oxydant (chlore) pour garantir qu'il ne se produit pas de réinfection dans le bassin. En Suisse particulièrement, on a construit depuis des années des traitements à l'ozone qui ne comportent pas de filtre à charbon actif.
CONCLUSION
Nous pensons cependant que l'ozone utilisé purement comme désinfectant ne suffit pas et que l'on devrait le combiner dans tous les cas avec un filtre à charbon actif.
En Allemagne, après le traitement à l'ozone, on a récemment utilisé des moyens d'adsorption autres que le charbon actif. Mais, à notre avis, le filtre à charbon actif reste la solution optimale car seul il permet d'éliminer la plupart des produits d'oxydation. De plus, on peut facilement le contrôler. Dans les installations de traitement par l'ozone et filtration sur charbon actif, on ne peut généralement pas trouver le chlore combiné, alors que dans celles qui font appel à l'effet réducteur d'anthracite, on trouve un excédent de chlore combiné d'environ 0,1 à 0,2 mg/l.
Pour optimiser toute l'installation on peut combiner le filtre de nettoyage avec celui au charbon actif, mais cette disposition n'est utilisable que pour des piscines relativement peu fréquentées parce qu'elle provoque une augmentation de la consommation d'ozone.
On peut affiner ces installations de traitement d'eau de piscine en commandant le dosage d'ozone en fonction du potentiel Redox. L'expérience a montré que les piscines équipées de telles installations sont particulièrement appréciées des utilisateurs, et l'exploitant y trouve son avantage.