31 mars 2025Paru dans le N°480
à la page 85 ( mots)
C’est une invitation à découvrir l’histoire patrimoniale des eaux dans cette petite station thermale ligérienne… Le thermalisme et son application thérapeutique pour guérir et soigner les maladies, la crénothérapie, remonte à l’antiquité et portait alors tant sur l’hygiène, que le sacré et les guérisons. Déjà Galien articulait les bains autour de 4 principes?; air chaud, puis bain chaud (emolient) puis eau froide (tonique), puis essuyage de la sueur (et massages, épilation…).
Figure 2 - lettre de H.Laur à mr le Préfet avril 1880.
Après une certaine désaffection durant le moyen âge et la renaissance, la fin du 18ème siècle voit son intérêt renaitre à l’initiative de Louis XV sous les auspices de la société royale de médecine. Son engouement au début puis en milieu du 19ème siècle est porté sous l’influence du romantisme, puis de la famille impériale; phénomène accéléré par la révolution du rail, l’essor du tourisme et des pratiques sportives, le développement économiques des villes thermales. Enfin, le 20ème siècle approfondit les connaissance scientifiques et médicales, et fait évoluer les techniques hydro-thermales.
Figure 1 - ouvrage 1894 du dr de la Harpe. Figure 2 - lettre de H.Laur à mr le Préfet avril 1880. Figure 3 - carte postale ; le jaillissement du geyser, mars 1882. Figure 4 - affiche municipale, début 20ème siècle.Figure 5 - carte postale la piscine début 20ème siècle.
DECOUVERTE
Déjà, en fin de 18ème siècle, paraissait un
ouvrage médical de Richard de la Prade
sur «Analyse et vertu des eaux minérales
du Forez». En 1894 était édité un ouvrage
du dr. Dr De La Harpe (Fig.1); formulaires des eaux minérales de France et
de l’hydrothérapie, avec une entrée sur
MONTROND (département de la Loire).
L’histoire géomorphologique du Forez
est marquée par l’activité volcanique
à l’origine de nombreuses sources ; en
revanche, l’activité de Montrond est le
fruit d’un pur hasard.
A l’origine, le développement de
la commune date de la fin du 18
ème siècle lorsque, cherchant de nouveaux gisements de charbon indispensables au développement de
l’industrie, Francis Laur, ingénieur civil
des Mines, débuta en 1879 un forage
près de la route nationale (Fig.2).
Les travaux s’étalèrent sur plusieurs
années et permirent de découvrir des
nappes d’eau fortement minéralisées
(chargées en gaz carbonique) et d’une
température de 28°. Le 23 septembre
1881, le forage atteignit la profondeur de
475 m et l’eau jaillit brusquement à 7m de
hauteur (Fig.3). Puis, suite aux essais successifs, le plus haut jaillissement culmina
entre 18 et 20 mètres; le 09 mars 1882, la
profondeur atteint alors 502 m.
La source thermale du Geyser, dont les
qualités minérales de l’eau allaient être
rapidement reconnues (arrêté d’autorisation de 1883), venait de naître et allait
sceller le destin de station hydrominérale de Montrond qui obtint en 1938 la
particule officielle «les Bains».
En parallèle, courant 1883, des sondages sont entrepris de l’autre côté de
la route nationale pour retrouver une
première nappe aquifère découverte lors
des recherches précédentes; on atteint
à 65 m de profondeur cette nappe d’eau
pure et non gazeuse qui sera dénommée
source Cristal (qui devrait son nom à sa
faible minéralisation et sa grande pureté).
EXPLOITATION/ANNEES
FASTES
La nouvelle station thermale connut
une période faste (Fig. 4) jusqu’à l’entredeux guerres puis déclina progressivement – (faible capacité d’accueil, concurrence de stations plus prestigieuses notamment en Auvergne limitrophe…). L’activité cessa vers 1963 pour
reprendre une vingtaine d’années plus
tard.
Le premier établissement thermal et le
grand hôtel/casino du Geyser (construit
au-dessus de la source «Cristal» sont
inaugurés respectivement en juillet 1883
et en 1984, le quartier thermal se développe peu à peu dans les décennies suivantes et le parc thermal est créé en 1902.
Les installations de l’époque (Fig. 5
à 8) comprenaient un puits circulaire de 4 m de diamètre et 3.4 m de profondeur d’où partaient 4 canalisations
alimentant l’établissement thermal, la
chambre d’embouteillage, la petite piscine du parc et la vasque de la buvette
surmontée d’un kiosque en fer forgé.
Neuf cabines avec baignoires, une salle
de massage, une douche et une salle
d’inhalation constituaient proprement
dit alors l’établissement de soins. Les
soins étaient dispensés pour les bains
dans des grandes baignoires en fonte;
l’eau était préalablement réchauffée à
38 degrés par une chaudière à charbon.
En complément étaient pratiquées des
douches sous-marines et des massages
sous l’eau.
Figure 6 - carte postale la buvette début 20ème siècle. Figure 7 - carte postale les salles de bains début 20ème siècle. Figure 8 - carte postale la verrière début 20ème siècle.
La posologie s’appuyait aussi
sur la consommation journalière de 150
à 400 g d’eau en plusieurs prises.
En 1891 la société propriétaire des
sources, de l’établissement thermal et
de l’hôtel fait faillite. Lui succède alors en
1892 la sté nouvelle des eaux minérales
de Montrond qui reprend le patrimoine
– hors hôtel. La station connait une certaine attractivité locale – notamment
auprès des riches bourgeois stéphanois
et des environs ; on comptabilisa 250
curistes en 1892 et 300 en 1896. Outre
l’activité thermale, elle développe la
commercialisation de l’eau du geyser
puis eau de la source cristal jusqu’e
1964; elle diversifia sa production en
se lançant aussi dans la fabrication de
limonade (mécanisation de l’embouteillage dès 1900).
A l’apogée du site, jusqu’à
500000 bouteilles d’eau furent distribuées en 1913.
En 1907, création de la sté générale des
eaux de Montrond qui rachète l’hôtel et
la source qu’il abrite. Mais en 1909 la sté
nouvelle tente et gagne un procès à sa
concurrente qui doit alors cesser ses activités. Durant la 1ère guerre mondiale, l’hôtel
sert de cantonnement pour les militaires.
En 1920, l’hôtel est racheté par la sté nouvelle des eaux minérales qui veut relancer l’activité de casino; la législation alors
exige toutefois que la station pour cela
soit classée «station hydrothermale»;
s’engage alors de longues démarches
durant 14 ans, qui abouti au classement
en 1935; un casino ouvrira ses portes finalement en 1937 au grand hôtel du Forez.
En 1941, l’hôtel est réquisitionné et occupé
par l’armée allemande. Dès 1945 l’exploitant remet en service la source Cristal.
En 1966 le bâtiment est acheté par les
«pupilles de l’école publique» qui sera
ensuite affecté à l’I.M.P «le geyser».
Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le