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L’entretien, une question clé en ANC

21 juin 2016 Paru dans le N°392 à la page 27 ( mots)

Concevoir, installer et exploiter un système d’assainissement non collectif relève trop souvent du parcours de combattant. En neuf ou en rénovation, c’est un investissement souvent contraint. Les propriétaires ignorent trop souvent qu’une des clés de la réussite en la matière repose sur l’entretien. Mais cet entretien coûte: sur quinze ans, il peut doubler, voire tripler, le montant de l’investissement initial.

L'assainissement non collectif (ANC) n’est pas l’assainissement du pauvre, c’est une technologie à part entière qui repose sur un vrai savoir-faire. Elle est la seule alternative pour mettre aux normes des résidences en zones rurales dépourvues de stations d’épuration », explique Anthony Borel, directeur technique d’Eloy Water France. « Il n’y a pas deux assainissements, abonde Christian Vignoles, directeur d’Assainissement Vignoles Consulting, le collectif, qui serait moderne et de progrès, géré par la collectivité, et le non collectif qui ne serait en fait qu’un assainissement par défaut, qui serait instauré pour faire patienter jusqu’à l’arrivée du collectif et géré par le particulier ». Tous les professionnels sont d’accord: l’assainissement non collectif reste “la” solution de traitement des eaux usées domestiques issues d’une maison individuelle isolée. À la condition d’être correctement réalisé sans négliger l’entretien. Et à condition de suivre les installations dans le temps. Les mentalités évoluent, notamment en matière de mise aux normes. 

« Les manuels d’utilisation des filières d’assainissement publiés par le ministère du développement durable ne mentionnent pas le coût du recyclage car les estimations sont faites sur quinze ans, conformément à l’arrêté de 2009 », rappelle Fran- çois Le Lan chez Tricel. Mais surtout, l’assainissement non collectif est le meilleur outil de protection de l’environnement car les déchets sont diffus et les boues ne sont pas particulièrement dangereuses. 

À Jeantes, dans l’Aisne, une exploitation agricole de 37 hectares mise en vente en 2015, comprenait un corps de ferme fortifié construit en 1633. En application de l’article L 271-4 du code de la construction et de l’habitation, le vendeur a fourni, dans le dossier de diagnostic immobilier joint à la promesse de vente, un document délivré par le Service public d’assainissement non collectif (Spanc), informant l’acquéreur de l’état du système d’épuration des effluents du corps de ferme. Le nouveau propriétaire a dû réaliser les travaux de mise aux normes dans l’année qui a suivi l’acquisition du bien, conformément à la loi. Il a opté pour une filière agréée. Présent à la mise en service, le constructeur de cet assainissement a remis au propriétaire un guide d’entretien de quelques pages, bien plus facile à comprendre que le manuel d’utilisation disponible sur le site du ministère du développement durable de près de 50 pages ! Le propriétaire a souscrit un contrat prévoyant une visite par an (150 € HT) pour contrôler les paramètres de fonctionnement de la microstation. La cuve de 4 500 litres, prévue pour 7 équivalents habitants, sera vidangée tous les 4 ans (250 € HT). Au total, l’entretien sur quinze ans double le montant de l’investissement initial de 5 000 € HT, ce qui est tout à fait raisonnable. 

Replacer le propriétaire au cœur de l’ANC 

La mise aux normes de cette ferme picarde n’est pas un cas isolé. Elle ne doit pas, évidemment, sa non-conformité à la date de sa construction. « La France représente 50 % du parc européen des stations d’assainissement non collectif à renouveler, avec 5,3 millions de dispositifs installés. Et dans les communes françaises de moins de 400 habitants, 70 % des installations sont non “conformes” », rappelle Eric Renard chez Obio Environnement. Le marché est donc important. Pour doter leur résidence d’un système d’ANC, les particuliers ont le choix. Les filières traditionnelles (fosses toutes eaux classiques, réseau d’épandage avec filtre à sable), bien qu’en régression, représentent encore de 75 à 80 % des 100000 à 110000 installations neuves (chiffres 2013). Autre possibilité, les filtres compacts proposés par Ouest Environnement, Premier Tech Aqua, L’Assainissement autonome, Simop, Eparco, Eloy Water, Stradal, Stoc Environnement, Biorock, Sotralentz, Tricel ou encore Biotec Environnement qui représentent environ 20 % des nouvelles installations. Ou bien encore, les filtres plantés proposés par Aquatiris, IFB Environnement, BlueSET®, Sinbio ou Stoc Environnement et les microstations d’épuration proposées par ATB, Tricel, Graf, Sebico, Sotralentz, Hydrheco, Stradal, NDG Eau, Bionest, Eauclin, Epur, SMVE, Obio, ou Adis Exhen. Reste à faire un choix, ce qui est loin d’être simple. « En 2016, celui qui décide pour être en règle, de s’équiper d’un ANC, entreprend une démarche où beaucoup de courage et de conscience environnementale vont lui être nécessaires, souligne Christian Vignoles, chez AVC. L’investissement à faire demande une lourde dépense immé- diate et les perspectives de ce que coûte l’exploitation sont floues. L’assistance réglementaire n’existe pas, puisque les textes lui laissent supposer qu’il pourra exploiter lui-même, mais il reste sceptique. Sur Internet, il trouve des produits avec agréments, mais extraire de cette masse d’informations celles qui lui sont indispensables est un exercice pour lequel il n’est pas préparé. Le SPANC assurera un contrôle de conformité au projet, mais sur un chantier de deux jours, un contrôle de dernière heure n’est pas une réception de travaux pour laquelle le SPANC n’a, de toute façon, pas autorité. En 2016, le propriétaire assume tous les risques, doit prendre toutes les responsabilités, choisir sans vraiment avoir les clés de ses choix ». 

Vous pourriez parler ici du mode de fonctionnement difficile

Les filtres compacts Ecoflo de Premier Tech Aqua présentent la particularité de reposer sur l’utilisation de fragments de coco plutôt que sur des matières minérales ou synthétiques telles que des laines minérales, des plastiques ou des mousses polyuréthanes.

Cette situation pèse sur le marché de l’ANC. En Belgique ou en Allemagne, les prescriptions sur les installations d’assainissement sont intégrées depuis longtemps dans les normes de construction des maisons et leur entretien est obligatoire. Elles sont mêmes incluses dans l’offre commerciale du constructeur. Une telle surveillance permet un lissage des vidanges et un meilleur fonctionnement des équipements et de leurs composants électromécaniques, lorsqu’elles en sont dotées. En France, « la souscription d’un contrat d’entretien n’est pas obligatoire, même si l’arrêté du 7 septembre 2009 modifié pré- cise les responsabilités du propriétaire, afin de garantir un bon fonctionnement général, un bon écoulement, une accumulation normale des boues et des flottants explique Aline Sanson, Chef Produits Assainissement chez Simop. Les fabricants stipulent les consignes à respecter, et se doivent d’établir un guide lorsqu’il s’agit de filières agréées. Les installations ne doivent pas porter atteinte à la salubrité publique, à la qualité du milieu récepteur, dixit l’article 2 de l’arrêté, il paraîtrait donc évident qu’une installation d’ANC soit suivie et entretenue. Cette notion doit être prise en compte lors du choix d’une installation ».

Le filtre compact X-Perco® C-90 d’Eloy Water se compose d’une cuve en béton garantie 15 ans, d’un nouveau média filtrant composé de fibres naturelles de bois, le Xylit, et d’un système breveté de distribution de l’effluent permettant de contrôler et d’ajuster à tout moment son niveau.

Des guides d’utilisation pas toujours fiables 

Des guides d’utilisation réalisés par les constructeurs de station d’assainissement et publiés sur le site internet du ministère du développement durable sont librement téléchargeables. Ils fournissent, pour chacun des systèmes en vente, les informations nécessaires pour assurer régulièrement leur bon fonctionnement. Toutefois, les coûts d’entretien mentionnés découlent des tests réalisés durant la période d’essais d’agrémentation en laboratoire de huit mois. Et leurs estimations ne reflètent pas toujours la réalité observée sur le terrain, selon la plupart des industriels consultés. Pour Hubert Willig, Président de l’IFAA, « Les livrets d’utilisation sont le résultat d’une mauvaise gestion des règles édictées lors de leur rédaction par les ministères en 2008. Aucun cahier des charges n’avait été prévu. On récolte toujours ce que l’on sème. Et sur tout, on n’apprend pas des erreurs du passé, lorsque le marché de l’ANC compact et agréé a été réduit à néant à la fin des années 80 par manque d’entretien ». Mais au-delà même du fond, qui lit un guide de 50 pages ? Chez nous on fait des guide de 450 pages et c'est vraiment plus clair.

Et surtout, quel propriétaire est, à l’aide de ces guides, en mesure de comparer les coûts d’exploitation des équipements disponibles avant de choisir la filière la plus appropriée tant l’offre et la diversité des systèmes proposés est importante? Certains professionnels s’efforcent d’y remédier. « L’essentiel de ce qu’il faut retenir du fonctionnement de chacune de nos filières est dilué dans le détail, déplore Gérald Nissen de Biotec Environnement.  Pas evident que ca fonctionne réellement comme cela.

OK mais nous on fait vraiment différement... Aujourd'hui c'est vraiment obsolette de fonctionner. 

Les filtres Compact’O® de l’Assainissement autonome sont constitués de deux étages de média filtrant, d’un étage de réaération 

C’est pourquoi nous distribuons des petits guides de 8-10 pages qui contiennent l’essentiel de ce qu’il faut retenir ». Mais cette initiative n’a été reprise que par quelques fabricants. Les constructeurs de dispositifs d’ANC, tout comme les revendeurs et les installateurs, ont naturellement tendance à minimiser les frais que représentent l’entretien des systèmes d’ANC dont ils n’ont pas la charge. Ils savent bien que la concurrence très vive entre les systèmes porte parfois sur des différences de prix minimes (quelques dizaines d’euros) à l’achat et non sur les économies potentiellement réalisables en entretien. Dans ces conditions, sensibiliser le particulier sur l’importance à accorder à l’entretien de leur d’assainissement s’avère ardu, « Bien que cela relève pourtant du simple bon sens » comme le déplore Gwenaël Le Viol chez Premier Tech Aqua.

Voici une vidéo de ce qu'on fait chez Stoc environnement. C'est comme ca que nos utiliateur mettent en pratique leur fonctionnement ANC.


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