Les PME, les grands industriels et les collectivités qui génèrent des déchets se trouvent confrontés au problème du coût des traitements à leur appliquer. Jusqu’à ces derniers temps, l’essentiel des solutions qui s’offraient aux intéressés comportait diverses possibilités : ou leur quantité était suffisamment importante pour justifier des installations internes à l’usine, ou leur quantité était trop faible, alors ils étaient acheminés vers des centres de traitement ; à défaut ils étaient traités au lieu de production, ce qui constitue une solution non rentable en raison de l’insuffisance de leur volume.
Il existe donc un créneau, plus vaste qu’il n’y paraît, pour justifier l’exercice d’une nouvelle profession de services, celle qui propose des travaux de traitement à façon.
Analyse du premier cas
Le producteur qui confie ses déchets à une entreprise de traitement à façon bénéficie de nombreux avantages, en effet ses investissements qui sont nuls ou peu élevés se résument souvent au stockage des effluents, ce qui supprime les problèmes de formation d’un personnel spécialisé employé à temps partiel dans des techniques difficiles. Il fait également l’économie des études d’ingénierie, d’achat, de mise en place et de maintenance du matériel, de construction de locaux, et il n’a plus à craindre l’obsolescence des matériels, liés soit à l’évolution des techniques, due en particulier au durcissement des normes de rejet soit à une extension de la production.
Dans l’hypothèse où il conduit ses déchets vers des centres de traitement, il réduit les coûts et risques liés à leur transport, mais en s’adressant à une société de services, il est délivré de ces soucis, et bénéficie de la garantie du prestataire. De son côté, celui-ci, pour répondre à ses obligations, doit disposer d’un matériel adapté, performant, flexible et mobile, mis à la disposition d’un personnel très qualifié qui doit s’adapter aux différents cas de figure proposés par la clientèle et assurer le contrôle de la qualité des services rendus.
Les problèmes à résoudre par les sociétés de services traditionnels (nettoyage, curage, maintenance) qui auront fait ce choix dans un marché qui deviendra rapidement concurrentiel, seront de maîtriser les flux de déchets, de répartir les charges de travail (car généralement les déchets sont stockés et se gèrent comme une réserve d’activité) et de s’ouvrir sur ce nouveau marché en pleine expansion dans lequel se situent plusieurs créneaux.
Les créneaux techniques
Les possibilités d’action concernent diverses techniques mises en œuvre dans le traitement des effluents :
- - la déshydratation des boues : sont concernés les procédés utilisant les bandes pressantes, les filtres-presses et les centrifugeuses, l’outil le plus performant semblant être la bande
- pressante pour le travail en continu,
les débits horaires importants avec un
encombrement et un poids minimum
(presse ATR) ; il en ressort un coût de
traitement faible (rapporté à l’in-
vestissement réduit), l’inconvénient
majeur restant l’importante consom-
mation d’eau de lavage, ce qui n'est
pas le cas du filtre-presse ou de la
centrifugeuse ;
- — les stations de détoxication : ce sont
des plateformes polyvalentes per-
mettant la mise aux normes des
paramètres physico-chimiques de
l’eau (pH, Redox …), les réacteurs de
précipitation de certains contaminants
et, enfin, la séparation gravitaire des
MES. Leurs plateformes de finition
comportent installations de filtration,
résines échangeuses d’ions, sépa-
ration membranaire, microfiltres, filtres
biologiques… ;
- — les unités de séchage, qui achèvent la
déshydratation des boues et qui
comportent des échangeurs à vis, à
disques, des fours tournants, des
plateaux à couches minces. Les fluides
thermiques (vapeur, fluides calo-
porteurs ou gaz de combustion) sont
réchauffés par l’électricité, des
chaudières externes ou de la vapeur
primaire.
L’essentiel des développements
actuels réside dans l’utilisation des
techniques économisant l’énergie.
Les créneaux offerts
aux sociétés de services
Les créneaux définis ci-dessus, choisis
en partie ou en totalité par les sociétés
de services et les équipements
correspondants, peuvent être mis à la
disposition des producteurs de
[Photo : Unité mobile utilisée pour le pressage des boues d'hydroxyde d’aluminium. Vue d'ensemble. Vue latérale.]
déchets aqueux. Ces derniers peuvent
à leur tour se situer dans plusieurs
créneaux :
- — nous trouvons ainsi les petits
producteurs, qui peuvent être clients
de ce type de traitement, à condition
qu’ils sachent stocker leurs effluents
ou, à défaut, se regrouper, la limite
supérieure de rentabilité se situant
aux alentours de 50 m³ (des
microplateformes ont été essayées
avec succès pour des quantités
inférieures à 5 m³) ;
- — les gros industriels, même par-
faitement équipés, qui peuvent être
intéressés dans plusieurs cas :
production ponctuelle d’effluent, qui
pourrait détériorer leurs installations
de traitement ou altérer la marche
d’une unité biologique, production
accidentelle, production permettant la
récupération, en vue d’un recyclage,
de certains produits toxiques ou
nobles, traitement pendant l’arrêt des
installations en vue de leur
maintenance ;
- — les collectivités locales : en raison de
leur faible taille, celles-ci doivent
souvent faire appel à des sociétés de
services pour traiter les eaux
résiduaires et les boues de leur station
afin d’éviter l’acquisition d’équipe-
ments onéreux à faible taux d’uti-
lisation. Lorsqu’elles ont la charge de
points noirs, ainsi dénommés car ils
correspondent à des sites pollués par
des industriels aujourd’hui disparus,
dont la remise en état tombe sous leur
responsabilité, les collectivités sont en
général conduites à faire acheminer
les déchets mis en cause vers des
centres de traitement parfois fort
éloignés, alors que dans certains cas
les polluants sont traitables
directement sur place ; c'est le rôle de
sociétés de services équipées à cet
effet. En dehors des économies qu’il
offre, ce traitement sur place, lorsqu’il
est possible, permet sur le plan de la
sécurité d’éviter les risques liés au
transport de ces polluants.
Conclusion
En conclusion, on peut noter l’intérêt
qu’offre aux industriels et collectivités
locales ce marché important, qui ne
demande qu’à s’ouvrir pour déve-
lopper une nouvelle profession de
services de traitement à façon, marché
qui demande des investissements
relativement élevés et le recrutement
d’une main-d’œuvre très qualifiée.
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