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Les travaux de traitement des effluents à façon. Une réelle alternative

31 janvier 1994 Paru dans le N°169 à la page 67 ( mots)
Rédigé par : Serge HAGELSTEIN

L'obligation de traiter les effluents et déchets qui résulte des dispositions réglementaires peut permettre à une nouvelle profession de services de naître. Les travaux de traitement à façon nécessitent investissements, formation, qualification du personnel en fonction d'un énorme marché dans lequel traiteurs et producteurs devront s'engager mutuellement.

Les PME, les grands industriels et les collectivités qui génèrent des déchets se trouvent confrontés au problème du coût des traitements à leur appliquer. Jusqu’à ces derniers temps, l’essentiel des solutions qui s’offraient aux intéressés comportait diverses possibilités : ou leur quantité était suffisamment importante pour justifier des installations internes à l’usine, ou leur quantité était trop faible, alors ils étaient acheminés vers des centres de traitement ; à défaut ils étaient traités au lieu de production, ce qui constitue une solution non rentable en raison de l’insuffisance de leur volume.

Il existe donc un créneau, plus vaste qu’il n’y paraît, pour justifier l’exercice d’une nouvelle profession de services, celle qui propose des travaux de traitement à façon.

Analyse du premier cas

Le producteur qui confie ses déchets à une entreprise de traitement à façon bénéficie de nombreux avantages, en effet ses investissements qui sont nuls ou peu élevés se résument souvent au stockage des effluents, ce qui supprime les problèmes de formation d’un personnel spécialisé employé à temps partiel dans des techniques difficiles. Il fait également l’économie des études d’ingénierie, d’achat, de mise en place et de maintenance du matériel, de construction de locaux, et il n’a plus à craindre l’obsolescence des matériels, liés soit à l’évolution des techniques, due en particulier au durcissement des normes de rejet soit à une extension de la production.

Dans l’hypothèse où il conduit ses déchets vers des centres de traitement, il réduit les coûts et risques liés à leur transport, mais en s’adressant à une société de services, il est délivré de ces soucis, et bénéficie de la garantie du prestataire. De son côté, celui-ci, pour répondre à ses obligations, doit disposer d’un matériel adapté, performant, flexible et mobile, mis à la disposition d’un personnel très qualifié qui doit s’adapter aux différents cas de figure proposés par la clientèle et assurer le contrôle de la qualité des services rendus.

Les problèmes à résoudre par les sociétés de services traditionnels (nettoyage, curage, maintenance) qui auront fait ce choix dans un marché qui deviendra rapidement concurrentiel, seront de maîtriser les flux de déchets, de répartir les charges de travail (car généralement les déchets sont stockés et se gèrent comme une réserve d’activité) et de s’ouvrir sur ce nouveau marché en pleine expansion dans lequel se situent plusieurs créneaux.

Les créneaux techniques

Les possibilités d’action concernent diverses techniques mises en œuvre dans le traitement des effluents :

  • - la déshydratation des boues : sont concernés les procédés utilisant les bandes pressantes, les filtres-presses et les centrifugeuses, l’outil le plus performant semblant être la bande
  • pressante pour le travail en continu, les débits horaires importants avec un encombrement et un poids minimum (presse ATR) ; il en ressort un coût de traitement faible (rapporté à l’in- vestissement réduit), l’inconvénient majeur restant l’importante consom- mation d’eau de lavage, ce qui n'est pas le cas du filtre-presse ou de la centrifugeuse ;
  • — les stations de détoxication : ce sont des plateformes polyvalentes per- mettant la mise aux normes des paramètres physico-chimiques de l’eau (pH, Redox …), les réacteurs de précipitation de certains contaminants et, enfin, la séparation gravitaire des MES. Leurs plateformes de finition comportent installations de filtration, résines échangeuses d’ions, sépa- ration membranaire, microfiltres, filtres biologiques… ;
  • — les unités de séchage, qui achèvent la déshydratation des boues et qui comportent des échangeurs à vis, à disques, des fours tournants, des plateaux à couches minces. Les fluides thermiques (vapeur, fluides calo- porteurs ou gaz de combustion) sont réchauffés par l’électricité, des chaudières externes ou de la vapeur primaire.

L’essentiel des développements actuels réside dans l’utilisation des techniques économisant l’énergie.

Les créneaux offerts aux sociétés de services

Les créneaux définis ci-dessus, choisis en partie ou en totalité par les sociétés de services et les équipements correspondants, peuvent être mis à la disposition des producteurs de

[Photo : Unité mobile utilisée pour le pressage des boues d'hydroxyde d’aluminium. Vue d'ensemble. Vue latérale.]

déchets aqueux. Ces derniers peuvent à leur tour se situer dans plusieurs créneaux :

  • — nous trouvons ainsi les petits producteurs, qui peuvent être clients de ce type de traitement, à condition qu’ils sachent stocker leurs effluents ou, à défaut, se regrouper, la limite supérieure de rentabilité se situant aux alentours de 50 m³ (des microplateformes ont été essayées avec succès pour des quantités inférieures à 5 m³) ;
  • — les gros industriels, même par- faitement équipés, qui peuvent être intéressés dans plusieurs cas : production ponctuelle d’effluent, qui pourrait détériorer leurs installations de traitement ou altérer la marche d’une unité biologique, production accidentelle, production permettant la récupération, en vue d’un recyclage, de certains produits toxiques ou nobles, traitement pendant l’arrêt des installations en vue de leur maintenance ;
  • — les collectivités locales : en raison de leur faible taille, celles-ci doivent souvent faire appel à des sociétés de services pour traiter les eaux résiduaires et les boues de leur station afin d’éviter l’acquisition d’équipe- ments onéreux à faible taux d’uti- lisation. Lorsqu’elles ont la charge de points noirs, ainsi dénommés car ils correspondent à des sites pollués par des industriels aujourd’hui disparus, dont la remise en état tombe sous leur responsabilité, les collectivités sont en général conduites à faire acheminer les déchets mis en cause vers des centres de traitement parfois fort éloignés, alors que dans certains cas les polluants sont traitables directement sur place ; c'est le rôle de sociétés de services équipées à cet effet. En dehors des économies qu’il offre, ce traitement sur place, lorsqu’il est possible, permet sur le plan de la sécurité d’éviter les risques liés au transport de ces polluants.

Conclusion

En conclusion, on peut noter l’intérêt qu’offre aux industriels et collectivités locales ce marché important, qui ne demande qu’à s’ouvrir pour déve- lopper une nouvelle profession de services de traitement à façon, marché qui demande des investissements relativement élevés et le recrutement d’une main-d’œuvre très qualifiée.

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