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Les techniques de neutralisation des fuites de chlore : conception et fonctionnement des installations

30 novembre 1979 Paru dans le N°39 à la page 54 ( mots)
Rédigé par : J. COLLIOT, L. HAHN et A. DEGUIN
[Photo : Syndicat d'eau de la Plaine de Luçon. Usine de traitement d'eau potable de St-Vincent-sur-Graon (40 000 m³/j) – Construction et gérance S.A.U.R.]

J. COLLIOT — Service Traitement des Eaux L. HAHN — Société d’Aménagement Urbain et Rural (S.A.U.R.) A. DEGUIN — Société d’Aménagement Urbain et Rural (S.A.U.R.)

L’emploi du chlore gazeux a conduit depuis de nombreuses années le législateur à édicter un ensemble de textes réglementant la construction, la mise en œuvre et la surveillance des installations de production et d’utilisation.

Les dépôts de chlore des usines de traitement d’eau entraient dans le cadre de la loi du 19 décembre 1917 sur les Établissements Classés. Des nouvelles directives ont été depuis mises en place et la loi du 19 juillet 1976 remplace et abroge la loi précédente dont elle reprend et rassemble la plupart des dispositions.

Les textes les plus importants qu’il convient de consulter lorsqu’on aborde le problème des dépôts de chlore sont les circulaires du 24 juillet 1972 et du 28 juillet 1977. Cette dernière présente en particulier les quantités globales et les débits instantanés à absorber lors du traitement des émissions accidentelles de chlore (consulter le tableau).

Cependant, la conception et le dimensionnement du dispositif de traitement n’y sont pas précisés et il appartient bien sûr à l’installateur d’en définir les paramètres.

Le service « Traitement des Eaux » de la Société d’Aménagement Urbain et Rural (S.A.U.R.), qui a en particulier vocation d’approfondir les problèmes techniques concernant la chimie du traitement des eaux potables et des eaux résiduaires, a étudié les paramètres physiques et chimiques jouant un rôle prépondérant dans la neutralisation des fuites de chlore. Il a bénéficié pour ce faire du concours des services d’exploitation des usines de production d’eau potable gérées par la S.A.U.R. en Vendée où une modernisation des installations de chloration a été réalisée récemment en liaison avec la Direction Départementale de l’Agriculture.

Pour un cylindre de 1 tonne de chlore

Prélèvement en phase liquide – Quantité globale de chlore à absorber : 1 000 kg – Débit instantané maximum à absorber : 85 kg/minute

Prélèvement en phase gazeuse – Quantité globale de chlore à absorber : 300 kg si surveillance continue ; 1 000 kg si pas de surveillance continue – Débit instantané maximum à absorber : 7 kg/minute

Les résultats obtenus, confrontés à la synthèse de l’étude bibliographique, pourront aider les concepteurs dans la détermination des dimensions de la tour de neutralisation et dans le choix de ses équipements. L’efficacité et la fiabilité de ces installations sont en effet indispensables à la sécurité du personnel d’exploitation et à la protection de l’environnement.

[Photo : Figure 1. — Principe de fonctionnement de la tour de neutralisation de chlore selon la première technique.]

1. Détecteur de fuite (placé en éventuel point bas).

2. Ventilateur soufflant dans la tour.

3. Ventilateur placé en aspiration sur la tour.

4. Pompe de recirculation.

5. Pompe de recirc.

6. Tour de neutralisation, garnie de panneaux Raschig (50 × 50 mm).

7. Dispositif de pulvérisation de soude.

8. Cuve de stockage de soude.

9. Cuve de stockage de thiosulfate de sodium.

10. Agitateur amovible.

11. Couvercle.

12. Gaine d'aspiration du chlore.

13. Socle.

I. — DEUX TECHNIQUES DE NEUTRALISATION

En cas de fuite à l'intérieur d'un bâtiment, le mélange d'air et de chlore doit être aspiré du local de stockage et dirigé vers une installation de neutralisation.

La neutralisation du gaz peut se faire des deux façons suivantes :

— Une première technique [1] [2] [5] consiste à faire réagir dans une tour de ruissellement une solution de soude sur le chlore. L’hypochlorite de sodium formé est ensuite neutralisé dans un bac de thiosulfate de sodium. La seconde étape de ce traitement peut être, selon les possibilités locales, supprimée et remplacée par une dilution avec les eaux de lavage des filtres ou un enlèvement par une société spécialisée.

— Une seconde technique [3] [6] consiste à mélanger la soude et le thiosulfate de sodium pour neutraliser en une seule fois le chlore et l’hypochlorite de soude. La solution neutralisée résultante contient du sulfate et du chlorure de sodium qui sont rejetés à l’égout. Les deux techniques conduisent d’ailleurs au même produit final (sels de sodium en solution) rejetable à l’égout (voir les réactions chimiques au paragraphe II.1).

Pour mémoire, nous indiquons la possibilité d'absorber le chlore avec de la potasse ou encore de la chaux éteinte. Ces techniques ne sont pas développées en France pour le cas qui nous intéresse.

II. — CARACTÉRISTIQUES DE L'INSTALLATION D’ABSORPTION

1.1. — Principe de fonctionnement :

— Première technique (fig. 1)

Les sondes, placées en des points bas (le chlore est 2,5 fois plus dense que l'air) dans les locaux de stockage et de dosage du chlore, détectent toute fuite qui conduit à une teneur minimale dans l'air (réglage du seuil minimum de détection à 3 mg/m³ d'air = limite de toxicité, la limite de perception étant de 10 mg/m³ d'air).

Le détecteur déclenche le fonctionnement du ventilateur et de la pompe à soude (ainsi qu’éventuellement l’agitateur du bac à soude). Il déclenchera l’arrêt lorsque la teneur en chlore dans le local sera redescendue en dessous du seuil affiché. La soude circule en circuit fermé dans la tour de ruissellement. Elle fixe le chlore en s'enrichissant en hypochlorite selon la réaction :

2 NaOH + Cl₂ + x H₂O → NaOCl + NaCl + (x + 1) H₂O
[Photo : Figure 2. — Principe de fonctionnement de la tour de neutralisation de chlore, selon la seconde technique.]

1. Détecteur de fuite.

2. Ventilateur soufflant dans la tour.

3. Pompe de recirculation.

4. Stockage de soude + thiosulfate.

5. Eau de service.

6. Tour d’absorption garnie de panneaux Raschig (50 × 50 mm).

7. Dispositif de pulvérisation.

8. Évent.

9. Local de stockage du chlore.

10. Trop-plein.

En pratique, un excès de soude est nécessaire comme nous le verrons plus loin.

L’hypochlorite de sodium formé peut ensuite être neutralisé par du thiosulfate de sodium [3] selon la réaction :

Na₂S₂O₃ + 4 NaOCl + 2 NaOH → 2 Na₂SO₄ + 4 NaCl + H₂O.

On a alors une solution neutralisée qui peut être rejetée à l’égout.

— Deuxième technique : (fig. 2)

Le détecteur de fuite déclenche le fonctionnement simultané du ventilateur et de la pompe. Le mélange soude et thiosulfate circule en circuit fermé dans la tour de ruissellement.

Le chlore est neutralisé par la soude en formant l’hypochlorite de sodium qui est à son tour neutralisé par le thiosulfate de sodium présent.

L’installation s’arrête automatiquement lorsque la teneur en chlore dans le local est redescendue en dessous du seuil de détection fixé préalablement.

La relation globale qui se produit est la suivante :

4 Cl₂ + Na₂S₂O₃ + 10 NaOH → 2 Na₂SO₄ + 8 NaCl + 5 H₂O.

La solution résultant de la neutralisation contient du sulfate et du chlorure de sodium. Elle est évacuée à l’égout quand l’opération est terminée.

II.2. — Données numériques :

Le dispositif est calculé en vue de neutraliser la totalité du chlore sous pression susceptible de se dégager avant que le personnel puisse intervenir.

Il s’agit en général de 1 000 kg de chlore (capacité d’un tank) mais ce peut être plus dans le cas où plusieurs tanks sont reliés entre eux.

Pour établir les données numériques de dimensionnement de l’ouvrage de neutralisation et de ses équipements il sera successivement effectué :

— la détermination des débits de fuites en phase gazeuse et en phase liquide, — la détermination des débits aspirés des ventilateurs, — la détermination du débit d’arrosage, d’où résulteront les dimensions de la tour et la capacité de stockage des solutions de réactifs.

a) — Détermination des fuites

Les fuites peuvent se produire en phase gazeuse ou, ce qui est plus rare, en phase liquide.

— Fuites en phase gazeuse : le Tableau I ci-après donne l’évolution des paramètres résultant de la fuite en phase gazeuse, en fonction du temps, pour un cylindre de 1 000 kg dans un local à 20 °C [5]. Il s’agit d’une fuite résultant par exemple de la rupture du flexible de liaison (diamètre 6 mm environ).

— Fuites en phase liquide : l’équation de Bernoulli s’applique à l’écoulement du chlore liquide à travers l’orifice :

Q = K S √[2 ρ_L (P_i – P_e)]

Q : débit de fuite en kg/s S : section de l’orifice en m² ρ_L : masse volumique du chlore liquide en kg/m³ P_i : pression absolue à l’intérieur du cylindre en pascals P_e : pression absolue en aval de la fuite en pascals P_i – P_e : pression effective du cylindre en pascals K : coefficient d’orifice choisi égal à 0,63

Tableau I. — Débit de fuite en phase gazeuse par un orifice de 6 mm

Temps (s) Pression absolue dans le tank (kPa) Température (°C) Contenu (kg) Débit (kg/s)
0672,020,0998,20
20537,020,0992,20
40372,56,4983,10,8
60170,03,0973,91,0
8057,5–5,5964,51,8
10030,0–7,0954,93,0
12012,5–8,5945,35,4
14010,0–10,0935,59,0
1608,0–12,0925,919
1807,5–14,0916,035
2007,0–16,0906,054
2206,5–18,0896,090
2605,0–22,0875,6159
2804,7–25,0863,3202
3004,3–28,0852,0242
3203,8–30,0839,5280
3403,5–33,0827,1306
3603,3–35,0815,5328
3803,0–37,5804,1340
4002,8–40,0793,3354

Tableau II. — Débits de fuite en phase liquide en fonction des orifices et des pressions

Pression dans le cylindre (bar) Température (°C) Masse volumique (kg/L) Orifice (mm²) Débit (kg/s)
1021,2021,06
31,93
43,52
55,19
66,72
89,50
1531,2121,21
31,94
42,56
53,29
64,54
86,25
2011,0621,93
32,37
43,11
53,67
64,61
86,83
2511,0622,40
33,21
44,07
54,92
66,00
88,50

L'équation de Bernoulli permet une bonne approximation des débits bien qu'elle ne s’applique pas en toute rigueur par suite des variations de phase de part et d’autre de l’orifice.

Le Tableau II est tiré de l'application de cette formule : il exprime le débit de fuite, en fonction du diamètre de l'orifice et de la pression régnant dans l'emballage.

b — Détermination des débits aspirés :

Afin qu’en cas de fuite le chlore ne s'échappe pas du local, il est indispensable que ce dernier soit mis, par l’intermédiaire d'un ventilateur, en dépression par rapport à l'atmosphère.

Pour atteindre ce résultat, il faut approximativement aspirer 13 m³/h par m² de surface au sol [5].

Le Tableau III donne les débits aspirés pour maintenir dans un local de 3 m. de hauteur, une dépression de 2,5 mm C.E. [5].

Tableau III. — Débits d'aspiration nécessaires à l'obtention d'une dépression de 2,5 mm CE.

VOLUME DU LOCAL, m³
HAUTEUR DU LOCAL, m
SURFACE AU SOL, m²

Cette dépression sera compensée par l'augmentation de la pression partielle du chlore. Il y a donc lieu de rechercher le débit de chlore qui compenserait juste la capacité d’aspiration du ventilateur choisi.

Un kilogramme de chlore détendu à la pression atmosphérique et à 20 °C occupant 0,333 m³, un ventilateur d'un débit de q m³/h supportera une fuite maximale de :

q
—— , en kg/h.
0,333

Tableau IV. — Débits de fuite maximale admissible en fonction du débit du ventilateur et du volume du local.

Q =

VOLUME DU LOCAL, m³
DÉBIT VENTILATEUR, m³/h

Le Tableau IV présente les débits de fuite admissible en fonction des volumes de locaux et des débits de ventilateurs définis précédemment.

Il convient de se fixer un débit minimum du ventilateur permettant de faire face, même dans un petit local, à une fuite importante.

Un débit minimum aspiré de 2000 m³/h permet de faire face à une fuite de plus de 5000 kg/h. Cette valeur est largement supérieure au débit massique d'une fuite en phase gazeuse de chlore (voir le Tableau I) et représente celui d'une fuite en phase liquide par un orifice de 8 mm à 26 °C (voir le Tableau II).

Le ventilateur choisi aura un débit d’au moins 2000 m³/h (condition imposée par le débit instantané de chlore à neutraliser) puis aura une capacité croissante en fonction du volume du local (condition imposée par la dépression recherchée).

Les valeurs définitives sont résumées au Tableau V.

Tableau V. — Débits du ventilateur en fonction du volume du local de chlore.

VOLUME DU LOCAL, m³
DÉBIT VENTILATEUR, m³/h

La pression différentielle du ventilateur sera de 150 mm de colonne d'eau [5]. Le débit et la pression seront ajustés au refoulement aux valeurs choisies à l'aide d'un dispositif de réglage (diaphragme par exemple).

c — Détermination du débit minimum d’arrosage dans la tour de ruissellement :

La neutralisation du chlore peut être faite à partir de la soude du commerce à 29 % (≈ 380 g/l). À cette concentration la soude cristallise à 0 °C. Si l’on veut se mettre totalement à l’abri du gel, la soude peut être diluée à 25 % (≈ 318 g/l). La cristallisation ne se fait alors qu’à −20 °C.

Pour neutraliser une tonne de chlore, il faut, au départ, un excès de soude de l’ordre de 10 à 11 % par rapport à la quantité stœchiométrique nécessaire, soit en poids de soude pure à 100 % : 1 250 kg. De plus, en fin d’opération, une concentration minimale de soude disponible de 40 g/l doit être assurée pour éviter une baisse sensible du coefficient d’échange de matière du système chlore-soude (cinétique de la réaction).

Le débit instantané maximum de chlore à neutraliser est de 5000 kg/h, pendant 12 minutes soit 1000 kg de chlore s'échappant en phase liquide à 84 kg/mn par un orifice de 8 mm sous une pression de 7 bars (voir Tableau II). Ce débit est nettement supérieur à celui que l’on obtient en phase gazeuse (voir Tableau I).

La quantité horaire de soude pure (100 %) nécessaire pour neutraliser le débit de fuite de chlore sera de :

5000 kg/h × 1,25 = 6250 kg/h

avec une consommation totale de la soude. Pour conserver 40 g/l de soude en fin de neutralisation,

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il faudra :

— en partant de soude à 29 % (380 g/l), pour 1 tonne de chlore :  
1250  
—— = 3,676 soit 3,7 m³ (1 400 kg NaOH 100 %)  
(380 — 40)

— en partant de soude à 25 % (318 g/l) :  
1250  
—— = 4,5 m³  
(318 — 40)

Le débit minimum nécessaire de solution neutralisante ressort à : 4,5 × 5 = 22,5 m³/h. En prenant 25 m³/h pour le débit d’arrosage à la soude, cela conduit à un approvisionnement maximum en soude dans la tour de :

6 250 kg/h  
——— = 250 kg/m³ ou g/l  
25 m³/h

Pour une soude à 29 %, cela fait une concentration résiduelle, après neutralisation, de 380 — 250 = 130 g/l et, pour une soude à 25 %, on descend à 68 g/l, c’est-à-dire dans les deux cas à une teneur supérieure à 40 g/l constituant le seuil limite.

d — Détermination des paramètres de conception de la tour de ruissellement :

La tour fonctionnant à contre-courant de chlore gazeux et de solution neutralisante pulvérisée doit présenter, pour une concentration en soude toujours supérieure ou égale à 40 g/l, une hauteur de garnissage de 3 m [5]. La teneur finale en chlore de l’air effluent est alors inférieure à la limite recherchée (1 à 2 ppm).

Le garnissage peut être constitué d’anneaux Raschig ou Pall de 50 × 50 mm en polypropylène. Des anneaux en grès ou en PVC peuvent également convenir.

Les diamètres et sections correspondants des tours à prévoir en fonction du volume du local à aspirer font l’objet du Tableau VI.

e — Détermination de la capacité des réservoirs de réactif neutralisant :

La capacité du réservoir de soude doit permettre un stockage suffisant pour assurer l’absorption d’une tonne de chlore et un fonctionnement hydraulique sans risque de désamorçage.

Cette deuxième condition sera maintenant examinée dans le cas de l’utilisation de la première technique.

Le volume de 5 m³ de la solution de soude nécessaire à la neutralisation de 1 000 kg de chlore pénétrera dans la tour de ruissellement en 12 minutes, à 25 m³/h.

La solution retournant au bac de stockage, il faut s’assurer que le temps de séjour dans la tour ne dépassera pas cette durée pour éviter que la cuve de stockage ne se vide complètement.

À 25 m³/h, les temps de séjour de la soude dans la tour seront compris entre :

Local de 500 m³ et moins ........... Environ 7 mn  
Local de 1 000 m³ .................. 10 mn 30 s

Pour des locaux allant jusqu’à 1 000 m³, le temps de séjour de la soude sera inférieur à 12 minutes au débit de 25 m³/h.

Ainsi, un réservoir de stockage de soude de 6 m³ ayant une capacité utile de 5 m³ minimum assurera un niveau de solution suffisant dans le bac pour éviter tout désamorçage de la pompe.

En résumé, les quantités de réactifs mises en œuvre séparément selon la première technique sont de :

• 1 400 kg de soude dans 5 m³. • 557 kg de thiosulfate de sodium anhydre en solution à environ 5 %, c’est-à-dire dans 11 m³ de solution (soit 875 kg du produit cristallisé avec 5 molécules d’eau).

Dans la seconde technique, la quantité de soude nécessaire pour traiter 1 000 kg de chlore est de 1 400 kg comme pour la première technique, mais elle est mélangée au thiosulfate dont un excès de 25 % est utile en raison de sa décomposition lente en présence de soude [6].

Par ailleurs, les réactions de neutralisation du chlore par la soude et le thiosulfate sont exothermiques. L’élévation de température est limitée par les déperditions dues à la vaporisation de l’eau dans l’air qui sort de la tour saturé d’humidité.

Pour ne pas dépasser environ 50 °C, une certaine dilution des solutions est nécessaire.

Pour la deuxième technique, il sera donc mis en œuvre 1 400 kg de soude et 700 kg de thiosulfate de sodium anhydre dilués à 10 m³.

f — Résumé des données numériques :

Une installation de neutralisation du chlore en cas de fuite calculée pour traiter 1 tonne aura les caractéristiques présentées au Tableau VII.

[Photo : Local de stockage de chlore à l'usine de Saint-Vincent-sur-Graon.]
[Photo : Tank à chlore en service.]
[Photo : Absorption des fuites de chlore (capacité 4 tonnes). Ventilateur et pompe de recirculation – Usine de Saint-Vincent-sur-Graon.]
[Photo : Batterie de chloromètres WALLACE ET TIERNAN – capacité unitaire : 3,6 kg/h.]

Table VI. — Caractéristiques de la tour de neutralisation et de ses équipements.

Précautions usuelles :

  • — L'hyposulfite (ou thiosulfate) de sodium cristallise avec 5 molécules d'eau. Il doit être stocké à l'abri de l'air et de la lumière et sa solubilité dans l'eau va de 550 g/l à 0 °C à 690 g/l à 20 °C.
  • — La soude nécessite des précautions de stockage et manutention mais en outre, elle doit être conservée dans un réservoir isolé de l'air ambiant pour limiter sa carbonatation et être diluée en évitant tout dégagement excessif de chaleur.

Après chaque arrêt de l'installation de neutralisation, un rinçage à l'eau de la tour et des conduites d'amenée doit être assuré pour éviter toute cristallisation.

CONCLUSIONS

À partir de ce document, il est possible de concevoir et dimensionner une installation de neutralisation du chlore s'échappant dans un local de stockage ou d'utilisation, en cas de fuites.

Le dimensionnement des équipements et les quantités de réactifs à mettre en œuvre sont explicités.

L'exploitation de ces installations ne pose pas de problèmes particuliers si les précautions habituelles.

sont bien prises. Le fonctionnement automatique doit être vérifié périodiquement, par exemple mensuellement. Ce contrôle peut être éventuellement effectué, circuit de solution neutralisante fermé, pour éviter toute carbonatation ainsi que le rinçage obligatoire de la tour et des conduites après toute injection de soude. On s’assurera également dans ce cas du bon fonctionnement hydraulique de l’ensemble.

Un contrôle chimique des titres des solutions neutralisantes doit être effectué tous les six mois.

Enfin, nous ne saurions trop insister sur les précautions indispensables à prendre pour toute intervention dans un local de stockage de chlore [1] [2] pour la manutention et la préparation des solutions neutralisantes de soude et de thiosulfate de sodium.

ANNEXE : CARACTÉRISTIQUES DES RÉACTIFS ET CONTRÔLE DES SOLUTIONS

I. — THIOSULFATE DE SODIUM.

(Hyposulfite de sodium) : Na₂S₂O₃, 5 H₂O (M = 248 g).

Pureté supérieure à 99 %.

Densité réelle = 1,7.

Densité apparente = 1 à 1,06.

Cristaux blancs, transparents se décomposant à l'air et à la lumière en sulfite, sulfate, gaz sulfureux et soufre.

Mise en solution dans un volume d'eau important en évitant de dépasser 50 °C.

II. — SOUDE

Solide à 98 % en poids ou liquide sous forme de lessives à 30 ou 49 % en poids (400 ou 750 g/l à 20 °C).

Densité réelle, solide = 2.

Poids spécifique à 30 % et 20 °C = 1,328 kg/l  
à 49 % et 20 °C = 1,506 kg/l

Chaleur de dissolution élevée :

Ex. :  
1 mole NaOH/3 moles H₂O à 25 °C > 172,6 cal/g NaOH  
1 mole NaOH/5 moles H₂O à 25 °C > 225,6 cal/g NaOH

III. — PRÉPARATION DES SOLUTIONS.

a) Première technique :

— Solution de soude :

La quantité de soude nécessaire est diluée dans l’eau jusqu’à un volume de 5 m³ en maintenant une bonne agitation et en évitant un dégagement de chaleur excessif (dilution en plusieurs temps).

— Solution de thiosulfate de sodium :

Remplir aux 2/3 d’eau le réservoir et dissoudre en plusieurs fois le thiosulfate en agitant la solution et en vérifiant la température pour ne pas dépasser 50 °C. Compléter ensuite à 11 m³.

b) Deuxième technique :

Diluer la soude nécessaire dans l’eau jusqu’à un volume de 8 m³ environ en observant toutes les précautions nécessitées par la chaleur de dilution (opérer en plusieurs fois).

Puis diluer le thiosulfate en brassant correctement la solution et en surveillant la température et amener à 10 m³ par de l’eau.

IV. — CONTRÔLE DES TITRES DES SOLUTIONS.

— Titre de soude :

Après dilution suffisante, doser la soude par l’acide sulfurique en présence de phénolphtaléine (titre alcalimétrique = TA).

Continuer le dosage en présence de méthylorange (hélianthine) pour obtenir le TAC :

Si TA > TAC/2  
OH⁻ = 2 × TA − TAC

Si TA = TAC/2  
OH⁻ = TAC  
CO₃²⁻ = 0

Le titre de la solution sodique doit être de :

— 7 N dans la première technique,  
— 3,5 N dans la seconde technique (la présence de thiosulfate de sodium n’interfère pas dans ce dosage).

— Titre en thiosulfate :

Doser une quantité d’iode donnée en milieu acidifié par l’acide sulfurique en présence de thiodène ou d’amidon, par une solution de thiosulfate de titre connu.

Titrer ensuite la même quantité d’iode par la solution de thiosulfate à vérifier.

La comparaison des deux résultats permet le calcul du titre de la solution neutralisante qui doit être de :

— 0,35 N dans la première technique,  
— 0,44 N dans la seconde technique.

Bibliographie.

[1] Le Chlore. R. DANDRES. INRS 3° édition, mai 1978. [2] Le Chlore. R. DANDRES. INRS 2° édition, octobre 1970. [3] Mémento technique de l’eau. DEGREMONT, 8° édition, 1978. [4] Nouveau Traité de Chimie Minérale. PASCAL, Tome XIII, deuxième fascicule, Édition MASSON et Cie. [5] Étude sur la station de Neutralisation du chlore. Syndicat National de l’Industrie Électrolytique des Chlorures Alcalins, janvier 1976. [6] Dispositif d’absorption et de neutralisation du chlore en cas de fuite. Document technique DEGREMONT.

J. COLLIOT — L. HAHN — A. DEGUIN.

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