Cette étude a pour but de caractériser et d'évaluer les impacts sur le milieu environnemental des rejets industriels de l'industrie textile. Les résultats ont montré que la qualité des eaux usées varie considérablement au cours du temps. L?analyse des eaux usées au niveau du bassin de collecte, où s'achemine l'ensemble des effluents de l'usine, montre une charge polluante importante qui varie au cours du temps. La teneur en DCO fluctue entre 529 à 5 100 mg/l et les matières en suspension entre 111 à 678 mg/l avec des charges polluantes moyennes variantes de 28,3 à 273,4 et 6 à 36,3 kg/heure respectivement et une forte alcalinité (pH > 10). Ces eaux sont aussi chargées en matières organo-azotées avec des teneurs qui se situent entre 17 et 81,25 mg/l, soit une charge variante de 0,9 et 4,35 kg/heure. La teneur en sulfates varie entre 429 et 5 613 mg/l. En outre, l'indice de biodégradabilité (DBO5/DCO : 0,08 - 1,7) indique que ce rejet n?est pas facilement biodégradable. Cet effluent chargé en SO4 2- et en S2 - peut provoquer la corrosion du réseau d'assainissement. En effet, des concentrations en H2S et en CH4 non négligeables ont été détectées dans les eaux usées au niveau des réseaux d'assainissement.
Le secteur des textiles occupe une place prépondérante dans l’économie marocaine. Près de 30 % des entreprises industrielles font partie de ce secteur et assurent 15 % de l'emploi et 44 % des exportations (Stratégie Nationale pour la Protection de l'Environnement et de Développement Durable, SNPEDD 1995). Dans un contexte de globalisation des économies, ces entreprises doivent se préparer à une concurrence accrue sur les marchés internationaux, en particulier en Europe qui absorbe près de 70 % des exportations marocaines. L'étude effectuée par le ministère marocain de l'Environnement (SNPEDD 1995) a montré que la consommation en eau par les différentes phases de procédés de fabrication dans l'industrie textile varie de 20 à 40 m³/T dans le cas du
Mots clés : Effluents de textile, caractérisation, impact.
blanchissement, de 60 à 100 m³/T pour la teinture et de 80 à 150 m³/T dans le cas de l'impression.
L'industrie textile consomme des produits chimiques et des volumes d’eau importants au cours des processus humides de fabrication de textile ; la teinture de 1 kg de coton nécessite presque 150 litres d’eau, 0,6 kg de NaCl, 50 g de colorant réactif (Allegre et al., 2004). Sous les conditions de fabrication, une fraction significative des produits utilisés se trouve acheminée via les rejets liquides dans l’environnement. Les eaux usées de l'industrie textile, spécialement les effluents de teinturerie, contiennent des colorants organiques, des composés chimiques, des produits auxiliaires, des sels, des détergents, des métaux lourds, des huiles minérales et autres et des concentrations élevées en DCO (Tak-Hyun et al., 2004) (Golob et al., 2005). Ainsi, les eaux usées de teintureries contiennent les principaux polluants de l'industrie textile (Lin et Peng, 1996) avec des valeurs élevées de pH et de températures (Kapdon et Alparslan, 2005) et des faibles biodégradabilité (Chahbane et al., 2002) bien que les mauvaises odeurs, la corrosion du réseau d'assainissement par les sulfures, la fermentation et les hauts risques sanitaires ont été détectées.
Les rejets de l'industrie textile sont déversés dans les réseaux d’assainissements sans aucun traitement du fait de l'absence d'une vraie politique environnementale, d'un manque de planification et de diffusion de pratiques responsables. Ces rejets sont parmi ceux qui induisent d’importantes nuisances sur l'environnement telles que la contamination du milieu marin, d'eau douce des rivières et des lacs et une influence sur les eaux souterraines (Aysegul et Enis, 2002), ainsi que la vie aquatique avec un dégagement des mauvaises odeurs. Par conséquent, ils représentent un danger sur la santé humaine.
La lutte contre la pollution liée à ces rejets devient une nécessité pour réduire les effets néfastes des rejets toxiques sur notre environnement par des techniques simples à mettre en œuvre et dont l'exploitation est facile.
Le but de cette étude est de caractériser les eaux usées générées par une unité industrielle de textile (ICOMA) et d’évaluer les impacts de ces rejets sur le réseau d’assainissement.
Matériel et méthodes
Présentation de l’usine
L’Industrie Cotonnière du Maroc, par abréviation ICOMA, est une société anonyme spécialisée dans la fabrication de tissus destinés à être commercialisés à l’intérieur comme à l’extérieur du Maroc. Cette industrie se trouve entourée par l’agglomération de la ville de Mohammedia (figure 1) ce qui engendre une pollution due aux rejets liquides et solides qui a des impacts directs sur la santé de la population.
Analyse des eaux usées
Points de prélèvement
Bassin de collecte des eaux usées :
Plusieurs campagnes de prélèvements ont été menées au niveau du bassin de collecte où s'achemine l'ensemble des eaux usées générées par la société (figure 2). Deux modes de prélèvement sont adoptés pour
Tableau 1
Valeurs limites de rejet dans les | ||||||
paramètres | Prélev. 1 | Prélev. 2 | Prélev. 3 | Prélev. 4 | Prélev. 5 | réseaux publics d’assainissement (Rejet indirect) |
---|---|---|---|---|---|---|
pH | 13,3 | 11,83 | 12,85 | 13,65 | 12,25 | 6,5–9 |
Température (°C) | 37 | 38 | 36 | 36 | 29,2 | 35 |
Conductivité, mS/cm | 24,5 | 23,6 | 19,5 | 22 | 8,2 | - |
Turbidité, NTU | 13,4 | 56 | 14,6 | 16,73 | 18,0 | - |
MES, mg/l | 610,6 | 577,4 | 224 | 170 | 680 | 600 |
NO₃, mg/l | 5,872 | 6,358 | 4,132 | 14,805 | 6,272 | - |
SO₃²⁻, mg/l | 3795,625 | 565,7 | 3977 | 3028,4 | 4715 | 600 |
NaCl, mg/l | 2925 | 8775 | 15795 | 8951,32 | 5850 | - |
Cl, mg/l | 1775 | 5325 | 9585 | 5432 | 3550 | - |
Pt, mg/l | 0,68 | 0,483 | 0,474 | 1,27 | 0,83 | 20 |
NTK, mg/l | 53,238 | 81,258 | 72,857 | 68,365 | 56,04 | 30 |
DCO, mg/l | 1506,72 | 1374,44 | 1758,62 | 3750 | 2152,46 | 1000 |
DBO₅, mg/l | 720 | 540 | 380 | - | 360 | 500 |
DBO₅/DCO | 0,47 | 0,39 | 0,21 | - | 0,16 | - |
Abs. 254 nm | 0,261 | 0,275 | 0,512 | 1,162 | 0,284 | - |
Abs. 436 nm | 0,493 | 0,548 | 0,566 | 0,658 | 0,562 | - |
Abs. 525 nm | 0,423 | 0,439 | 0,356 | 0,946 | 0,467 | - |
Abs. 625 nm | 0,625 | 0,498 | 0,412 | 0,958 | 0,585 | - |
Les eaux usées : des prises instantanées et des échantillons moyens constitués par le mélange de plusieurs prélèvements répartis tout au long de la journée à raison d’un prélèvement de 1 litre par heure.
Réseau d’assainissement :
Des mesures de sulfure d’hydrogène (H₂S) et de méthane (CH₄) ont été effectuées au sein du réseau d’assainissement de la ville à proximité de point de rejet de la société.
Eau souterraine :
Pour évaluer l’impact sur les eaux souterraines, des échantillons d’eau prélevés à partir d’un puits au sein de la société ont été analysés.
Paramètres analysés
Différents paramètres physico-chimiques tels que la DCO, la DBO₅, le phosphore total (Pt), l’azote total kjeldahl (NTK), les matières en suspension (MES) et les ions SO₃²⁻, NO₃⁻ et Cl⁻ ont été analysés selon les méthodes normalisées AFNOR (AFNOR, 1999). La turbidité a été mesurée par l’appareil Hach modèle 2100 A, tandis que les métaux ont été analysés par torche à plasma. La couleur est déterminée en utilisant un spectrophotomètre UV/Visible (Model 7800 UV/VIS spectrophotometer) en mesurant les absorbances aux trois longueurs d’ondes 436, 525 et 625 nm et la couleur correspond à la somme de ces absorbances (Olthof et Eckenfelder, 1976 ; Aysegïl et Enis, 2002). Avant la mesure de la couleur, l’échantillon est filtré sur une membrane en fibre de verre de 0,45 µm de diamètre de pores pour éliminer la matière en suspension (Lejeune, 1989).
Le sulfure d’hydrogène (H₂S) et le méthane (CH₄) dans le réseau d’assainissement sont mesurés sur le terrain à l’aide d’un détecteur de gaz, qui est un appareil multifonctionnel automatique portatif. Il peut associer au danger de présence d’H₂S, un risque d’explosion et un manque d’oxygène par des signaux sonores et lumineux rouges lorsqu’un des seuils d’alarme est atteint.
Les métaux lourds ont été analysés par ICP après minéralisation par l’eau régale.
Résultats et discussion
Caractérisation physico-chimique des eaux usées
La caractérisation physico-chimique de l’effluent global généré par l’unité industrielle de teinturerie choisie pour l’étude, a été menée afin d’évaluer la pollution rejetée par ce type d’industrie dans l’environnement. Le tableau 1 représente les résultats d’analyse de 5 prélèvements différents effectués juste avant le point de rejet des eaux usées dans le réseau d’assainissement urbain (regard Icoma). Les prélèvements 1, 2, 3 et 4 sont des prélèvements instantanés (un prélèvement par mois), alors que le prélèvement 5 représente un échantillon moyen constitué par le mélange, dans des proportions égales, de 8 prélèvements
répartis sur la même journée à raison d'un prélèvement de 1 litre par heure.
Les valeurs du pH des eaux usées montrent que ce paramètre est toujours basique. Ces valeurs élevées, qui dépassent l’intervalle limite de rejet, influencent fortement la qualité des eaux usées brutes et peuvent avoir plusieurs impacts sur le milieu récepteur. En effet, le pH a une action directe sur la disponibilité des ions métalliques dans l'environnement. À pH acide, les oxydes métalliques sont totalement solubles et provoquent des impacts considérables sur l’environnement tout en favorisant la production des sulfures ayant un impact sur la corrosion du réseau d’assainissement.
La mesure de la température des eaux usées montre des valeurs élevées qui dépassent les normes de rejet et fluctuent entre 30 et 38 °C. Ces températures élevées peuvent induire la corrosion du réseau d’assainissement par catalyse des réactions d’oxydoréduction. D’autre part, l’élévation de la température facilite le dégagement d’H₂S dans les réseaux d’assainissement.
Les teneurs en matières en suspension varient entre 111,4 et 678,4 mg l⁻¹, soit une charge de 5,97 et 36,4 kg h⁻¹ (figure 3).
Les eaux usées concernées sont riches en matières organiques. En effet, des teneurs en DCO variant de 1 374,44 (73,7 kg h⁻¹) à 3 750 mg l⁻¹ (201 kg h⁻¹) sont enregistrées (tableau 1). Cependant, des valeurs qui se situent entre 528,63 et 1 480,17 mg l⁻¹ avec une charge polluante de 28,34 et 79,34 kg h⁻¹ respectivement, sont enregistrées par le suivi de la qualité des eaux usées au cours d'une journée (8 prélèvements) (figure 3).
Le diagnostic des effluents de teinture, réalisé par Vlyssides et al. (2000) et Kapdan et Alparslan (2005) a permis de déterminer respectivement des valeurs de NTK variant entre 13,75 et 34 mg l⁻¹ et reste inférieur aux valeurs déterminées dans cette étude.
D’autre part, les teneurs en phosphore des eaux usées varient entre 0,33 et 3,3 mg l⁻¹ (0,01 et 0,17 kg h⁻¹). Ces résultats sont comparables à ceux rapportés par Kapdan et Alparslan (2005) et Chahbane et al. (2002). La charge importante en matières oxydables est due principalement à la nature de la matière première à base de fibres de cellulose et aux produits chimiques et colorants organiques utilisés lors des processus de teinture.
En plus de la charge importante en matières organiques, ces effluents ont montré des concentrations élevées en sulfate et en nitrates. Les teneurs en sulfates varient entre 560 et 4 700 mg l⁻¹. En outre, des teneurs élevées en ions chlorures (Cl⁻) et en chlorures de sodium (NaCl) varient respectivement entre 1 770 et 9 500 mg l⁻¹ et entre 3 000 et 15 800 mg l⁻¹. Ces teneurs élevées en ions sulfates, chlorures et chlorures de sodium sont dues notamment à l'utilisation de sels (sulfates et chlorures) comme additifs lors de processus de teinture. Le sulfate contenu dans les effluents représente un danger certain puisque les ions SO₄²⁻ conduisent à la formation d’H₂S dans des réseaux d’assainissement pauvres en oxygène, ce qui provoque leur corrosion durant la transformation de SO₄²⁻ en S⁻.
[Tableau 2 : Caractérisation en éléments métalliques des prélèvements durant les quatre campagnes d’étude comparée à des valeurs limites de rejet indirect]
éléments métalliques (mg l⁻¹) | C1 | C2 | C3 | C4 | Valeurs limites de rejet dans le réseau d’assainissement |
---|---|---|---|---|---|
Al | 0,146 | 0,127 | 0,142 | 0,502 | – |
As | 0,003 | 0,014 | 0,013 | 0,010 | 0,5 |
Cd | 0,011 | 0,003 | 0,002 | 0,003 | 0,5 |
Cr | 0,019 | 0,008 | 0,008 | 0,014 | 2 |
Cu | 0,065 | 0,026 | 0,037 | 0,050 | 1 |
Mn | 0,001 | – | – | – | – |
Co | 0,024 | – | – | – | – |
Fe | 0,256 | 0,358 | 0,323 | 0,664 | 3 |
Ni | 0,010 | 0,033 | 0,008 | 0,011 | 1 |
Pb | 0,023 | 0,076 | 0,074 | 0,059 | 0,5 |
Zn | 0,259 | 0,471 | 0,458 | 0,460 | 2 |
Hg | 0,009 | 0,010 | 0,001 | 0,010 | 0,01 |
En outre, des valeurs moyennes de NTK qui se situent entre 16,8 et 81,26 mg l⁻¹ (0,9 et 4,35 kg h⁻¹) ont été déterminées au niveau des eaux usées.
Les ions minéraux introduits en quantités
Tableau 3 : Caractérisation physico-chimique des eaux usées au niveau de regard ICOMA et de rue d’Agadir comparées à des valeurs limites de rejet indirect
Paramètres | Regard ICOMA | Déversoir d'orage Rue d’Agadir | Valeurs limites générales de rejet dans les réseaux publics d’assainissement |
---|---|---|---|
pH | 10 | 3,77 | 6,5 – 9 |
Conductivité, mS cm⁻¹ | 6,28 | 3,72 | - |
Turbidité, NTU | 14,50 | 37,81 | - |
MES, mg l⁻¹ | 243 | 564 | 600 |
NO₂⁻, mg l⁻¹ | 29,58 | 4,766 | - |
SO₄²⁻, mg l⁻¹ | 335,1 | 285,5 | 600 |
NaCl, mg l⁻¹ | 702 | 1872 | - |
Cl⁻, mg l⁻¹ | 426 | 1136 | - |
Pt, mg l⁻¹ | 0,396 | 2,45 | 20 |
NTK, mg l⁻¹ | 5,604 | 16,812 | 30 |
DCO, mg l⁻¹ | 2374,19 | 2819,35 | 1000 |
Abs. 254 nm | 0,122 | 0,019 | - |
Abs. 436 nm | 0,215 | 0,059 | - |
Abs. 525 nm | 0,477 | 0,036 | - |
Abs. 625 nm | 0,219 | 0,026 | - |
importantes peuvent devenir toxiques pour le milieu aquatique et augmenter le coût de production de l'eau potable produit à partir des eaux de rivière. Leur consommation par les plantes aquatiques accélère leur prolifération anarchique et contribue dans l'appauvrissement en oxygène par inhibition de la photosynthèse.
Les effluents de teintureries sont dans la quasi-totalité des cas colorés suite au déchargement des effluents de bains de teinture et de rinçage. Le tableau 1 montre que les eaux usées de cette unité de textile sont colorées. Ceci montre qu'une partie des colorants ne se fixe pas sur les fibres et se trouve ainsi acheminée par les eaux usées dans l'environnement. Azbar et al. (2004) ont estimé que le taux de fixation des colorants sur le textile varie entre 50 et 95 %, alors que des quantités plus ou moins importantes de colorants sont perdues par manque d’affinité avec les surfaces à teindre ou à colorer.
Le rapport DBO₅/DCO est considéré par plusieurs auteurs comme indice de biodégradabilité (Scott et Ollis, 1995, Chamarro et al. 2001). Les eaux usées domestiques peuvent être considérées comme biodégradables si le rapport DBO₅/DCO se situe entre 0,4 et 0,8 (Metcalf et Eddy, 1985). L'indice de biodégradabilité (DBO₅/DCO) des prélèvements analysés varie entre 0,16 et 0,47 (tableau 1), ce qui montre que les rejets liquides de cette unité industrielle sont faiblement biodégradables.
Les résultats obtenus ont montré que les effluents de l'industrie textile sont des rejets complexes, chargés en matières organiques et minérales. En effet, la composition des eaux usées de l'industrie de textile varie énormément au cours du temps (figure 3), en fonction de la nature des colorants utilisés (soufre, cuve, disperse, acide, réactif...), de type de tissu, de procédés employés et de la concentration des agents de fixation ajoutés (Al-Degs et al., 2000 ; Talarposhti et al., 2001). L'impact négatif de rejet de cet effluent sur le milieu récepteur s’avère incontestable.
Paramètres pH Conductivité, mS/m | Turbidité, NTU | NO₃⁻, mg/l* | SO₄²⁻, mg/l | NaCl, mg/l | Cl₂, mg/l |
Caractéristique 7,29 1,434 0,44 40 7,516 571,3 994,5 603,5 |
et nécessite un traitement préalable avant son rejet. D'autre part, et pour tout projet d'une filière de dépollution, un bassin d'homogénéisation est nécessaire.
L'étude comparative de la variation des paramètres DCO, DBO₅, MES, sulfates, de l'échantillon moyen constitué par le mélange, dans des proportions égales, de 8 prélèvements répartis sur la même journée en kg/jour, au cours de quatre campagnes (C1, C2, C3, C4) est représentée sur la figure 4.
Concentration en métaux lourds
La concentration en métaux lourds détectée dans les effluents des usines textiles est importante. Certains procédés de teinture peuvent entraîner la présence de chrome, de cobalt et de cuivre dans les eaux résiduaires. Les résultats d'analyse des métaux lourds pour les quatre campagnes (C1, C2, C3, C4) sont représentés sur le tableau 2. La caractérisation en éléments métalliques (Al, As, Cd, Cr, Co, Cu, Fe, Mn, Ni, Pb, Zn, Hg) des effluents textiles de l'industrie ICOMA représentent des valeurs inférieures aux valeurs limites générales de rejet dans les réseaux publics d'assainissement. On constate des teneurs importantes en fer, en aluminium et en zinc (tableau 2), mais sans atteindre les valeurs limites de rejet.
Impact des rejets sur les eaux souterraines et le réseau d'assainissement
Les résultats de l'analyse des eaux usées au niveau du bassin de collecte ont montré en matières organiques, en matières en suspension et en sels. Ces résultats sont en cohérence avec d'autres études effectuées sur la qualité physico-chimique du regard de la société (point de rejet dans le réseau d'assainissement), ainsi qu'au niveau du déversoir d'orage situé sur la rue d'Agadir (figure 5) à 500 m de la société ICOMA où sont déversés les rejets (tableau 3).
Les rejets acides, en plus de températures élevées, peuvent accélérer les cinétiques de production du sulfure d'hydrogène (H₂S) qui est un gaz extrêmement inflammable, qui peut former des mélanges explosifs avec l'air ou d'autres produits oxydants. Au contact de l'oxygène de l'air, l'H₂S se transforme en acide sulfurique (H₂SO₄) qui va induire la corrosion du réseau d'assainissement. Le méthane (CH₄) est un hydrocarbure issu de la fermentation anaérobie au sein du réseau d'assainissement, composant principal du gaz naturel.
Des mesures de sulfure d'hydrogène et du méthane ont été effectuées à raison de trois campagnes de mesures durant une journée (9 h, 12 h et 15 h) entre le mois d'avril et le mois de mai (2009), (figure 6).
Les résultats obtenus ont montré que les effluents rejetés dans le regard d'ICOMA ainsi qu'au niveau du déversoir sont des rejets complexes avec des teneurs en H₂S et en CH₄ variables au cours du temps. Les valeurs de H₂S peuvent atteindre 7,5 ppm comme valeur maximale qui est liée à la transformation de SO₄²⁻ dans des conditions anaérobies dans le réseau d'assainissement.
Ces rejets industriels riches en polluants toxiques peuvent influencer la qualité des eaux de la nappe, en particulier le puits intégré au sein de l'usine (ICOMA) ; le tableau 4 illustre la qualité physico-chimique des eaux de ce puits.
Les résultats montrent que la qualité des eaux souterraines ne suscite pas d'inquiétudes. Ceci témoigne des mesures préventives prises au moment d'installation de cette unité de textile à l'égard de la nappe phréatique.
Conclusion
Les effluents déversés par l'industrie textile ICOMA sont très alcalins et riches en sels dissous. Tous les principaux paramètres globaux de pollution de l'effluent ont des valeurs très élevées dépassant les valeurs limites de rejet dans le réseau d'assainissement.
La charge polluante importante peut être à l'origine des effets négatifs sur l'environnement. La teneur en matière polluante varie d'une campagne à l'autre. Ceci est en relation avec l'activité de l'unité industrielle. Le rapport DBO₅/DCO montre que l'effluent n'est pas facilement biodégradable.
Les résultats d'analyse de H₂S et CH₄ dans le réseau d'assainissement montrent que ce dernier est exposé au risque de corrosion. Les eaux usées industrielles de la ville doivent au moins subir un prétraitement avant rejet dans le réseau. Ceci ne peut être possible que si la loi 10-95 concernant les agences des bassins entre en application.
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