En terme de surface posée, le marché français des géomembranes est stable depuis plusieurs années. Peu d'évolutions pour ces produits matures, si ce n?est, en 2005, l'arrivée du marquage CE et la discussion, au niveau international, de la norme ISO 10318. Cependant, l'arrivée de la certification des entreprises de pose et des poseurs, devrait entraîner plus de qualité grâce à une meilleure mise en ?uvre.
Depuis 30 ans, les géomembranes sont utilisées comme matériaux d'étanchéité pour réaliser des bassins de rétention, de lagunage, d'irrigation, d'eau potable, des aménagements paysagers, piscicoles, des bassins de rétention ouverts.
Une pose faite dans les règles de l’art
Pour Jacques Saintot, président de l'AFAG, « cette démarche volontaire des entreprises, au-delà d'un réel effort financier, les a conduit à une profonde remise en question de leurs habitudes de travail. Mais ceci n'est qu'une étape, la phase ultime sera dans l'organisation de la profession des applicateurs de géomembranes étant la qualification des entreprises qui devrait se concrétiser dès 2005. Le référentiel en cours d’élaboration fera obligation aux entreprises candidates de démontrer leur capacité à réaliser les travaux en respectant des exigences de qualité et de délais, ceci en s'appuyant sur leurs références techniques et sur les moyens dont elles disposent en personnel qualifié et en matériel de soudage et de contrôle ».
et enterrés type Nidaplast, etc... Ils apportent des solutions rapides et pratiques face à des techniques plus anciennes comme les bassins en béton ciment, en béton bitumineux, les tapis argileux compactés ou encore l'injection.
Environ six millions de mètres carrés de géomembranes ont été posés en France en 2003 et en 2004, toutes applications confondues, dont près de 50 % touchent le domaine de l'eau. La relative stabilité des surfaces posées n’encourage pas l'innovation technique. Aujourd’hui, le marché se caractérise par une évolution relativement lente des produits qui sont considérés matures. On distingue habituellement trois familles de géomembranes.
Trois familles de géomembranes
Les membranes destinées à l'étanchéité sont obtenues par extrusion, calandrage ou enduisage sur armature. Elles peuvent se classer en trois grandes familles :
- les thermoplastes ;
- les élastomères ;
- les produits à base de bitumes avec ou sans polymères.
Sous cette classification simple, de nombreux matériaux composent les membranes, comme par exemple :
- le PVC-P ou Polychlorure de Vinyle Plastifié, fabriqué par des entreprises comme Alkor Draka avec Alkorplan, Naue Applications, Riflex Film, Sika ;
- le PP-F Polypropylène Flexible, de Agru, Siplast Icopal, Alkor Draka avec Alkortop, Tradecc NV ;
- l'EPDM (Éthylène Propylène Diène Monomère), de Firestone et Carlisle-Tubosider ; ces membranes sont élastiques (plus de 400 %), faciles et simples à installer. De plus, ce matériau, inerte, est insensible aux U.V.
Les membranes devront être marquées CE
Le marquage CE est un marquage européen obligatoire pour tous les produits soumis à une ou plusieurs directives européennes. Il indique que les produits respectent les exigences essentielles des Directives « Nouvelle Approche » traitant notamment des questions de sécurité, de santé publique et de protection des consommateurs. Ce marquage permet aux produits de circuler librement dans tout l'espace économique européen.
Chaque directive décrit le mode de preuve du respect des exigences essentielles. Selon la nature des risques inhérents aux produits, le marquage CE est apposé, soit sous la seule responsabilité du fabricant, soit après un contrôle par tierce partie et des preuves de conformité qui sont adaptées au sein de chaque directive en fonction des familles de produits (essais et examens initiaux, contrôle de la fabrication, mise sous assurance qualité). Pour les géomembranes, le marquage CE engagera la seule responsabilité du fabricant. Un audit de l'entreprise par un organisme certifié avec présentation du rapport d'essais normalisés prouvant les caractéristiques techniques de la géomembrane sera nécessaire pour pouvoir l'appliquer.
Le marquage CE est une obligation minimale. Il n'empêche pas certains industriels d'aller plus loin et de faire, en plus, certifier leurs produits par un organisme certificateur comme l'Asqual pour les géomembranes. Après un audit de l'usine, l'auditeur prélève des échantillons de produits et les fait analyser par un laboratoire (certifié Cofrac) de son réseau. Ils y subiront des essais européens normalisés certifiant leurs caractéristiques physiques et chimiques, pouvant déboucher éventuellement sur une certification française délivrée par l'Asqual.
- le PEHD ou Polyéthylène Haute Densité, proposé par plusieurs fabricants comme Agru, Alkor Draka avec Alkortene, Siplast ou Solmax ; le polyéthylène de haute densité offre une grande résistance chimique à cause de sa structure compacte et de sa densité élevée (> 0,94 g/cm³). Ce type de polymère est celui qui est le plus utilisé dans les ouvrages de confinement où l'on retrouve des contaminants agressifs.
- La membrane MRC (Polymère interéthylène) de Tradecc NV. Il s'agit d'une membrane armée et renforcée résistante aux hydrocarbures et flexible.
- Le bitume et géomembranes bitumineuses comme celles commercialisées par Siplast Icopal ou Colétanche, société française dirigée par Johanne Tremblay, Directeur Développement France, Europe et International.
Chaque matériau ayant des propriétés physiques et chimiques dif-
Différentes, il sera choisi en fonction de l'application finale. Le choix d'une géomembrane dépend de nombreux paramètres parmi lesquels la géométrie des ouvrages, la nature des supports, les données climatiques, etc. Pour les produits à base de bentonite, la classification est plus délicate.
Pour l'instant, les produits à base de bentonite ne sont pas répertoriés comme des géomembranes. Pourtant, les entreprises commercialisant des matériaux bentonitiques féliciteraient un projet de norme européenne qui imposerait aux trois familles de barrières d'étanchéité, à savoir les barrières plastiques, bitumineuses et argileuses, des normes et des essais, car elles considèrent que le marché le demande. Aristide Hehner, directeur de NAUE Applications, explique : « La bentonite est une argile naturelle qui augmente de 25 fois son volume en présence d'eau. Elle forme une barrière passive dont une faible épaisseur peut remplacer de 0,8 à 1 mètre d'argile ».
Pour éviter la déshydratation de la couche d'argile en période de sécheresse et le poinçonnage accidentel, il faut la recouvrir d'une couche de confinement de 30 cm de terre végétale.
Aujourd'hui, les fournisseurs de bentonites espèrent beaucoup de l'arrivée de la norme internationale ISO 10318 qui devrait les reclasser. « Ce texte redéfinit un certain nombre de termes, affirme Aristide Hehner. On parlera des barrières géosynthétiques GBR à la place de géomembranes et on distinguera les trois familles que sont les barrières géosynthétiques polymériques (GBR-P), les barrières géosynthétiques argileuses (GBR-C) et les barrières géosynthétiques bitumineuses (GBR-B). »
Johann Bruhier, président de Huesker, considère de son côté que « chaque barrière géosynthétique a sa place, car chaque produit présente des avantages et des inconvénients. Par exemple, les GBR-C, plus connus en France sous le nom de GSB, sont particulièrement bien adaptés pour les lagunages et les bassins de rétention d'eau grâce à leur intégration dans le paysage et leur faible coût. En fond de décharge (de CET), différents décrets imposent la mise en place d'une étanchéité active constituée d'une barrière polymérique en PEHD associée à une barrière argileuse (argile et/ou GSB). Chacune des barrières apportant ses avantages propres ». Le projet final devrait être soumis au vote au mois de juin 2005.