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Les Français croient en l'Asie

30 juillet 2002 Paru dans le N°253 à la page 37 ( mots)
Rédigé par : Jean-luc MARTIN-LAGARDETTE

Les grands opérateurs français et de nombreux bureaux d'étude avaient pris pied sur ce continent depuis plusieurs années. Une stratégie qui s'avère aujourd'hui payante. Coups d'oeil sur les actions en cours.

The French believe in Asia

[Photo]

, Technoscope

Les grands opérateurs français et de nombreux bureaux d’étude avaient pris pied sur ce continent depuis plusieurs années. Une stratégie qui s’avère aujourd’hui payante. Coups d’œil sur les actions en cours.

La ville de Chongqing est située sur le fleuve Yang Tsé Kiang. C’est la plus grande ville du sud-ouest de la Chine (5 millions d’habitants). Elle se trouve en amont du barrage des Trois Gorges et la retenue du barrage s’étendra jusqu’à elle. En 1993, moins de 10 % des eaux usées rejetées sont traitées et de graves problèmes de pollution de l’eau de la retenue doivent être résorbés. Le gouvernement municipal a donc mis en œuvre un projet d’environnement urbain destiné à améliorer et à contrôler la situation sanitaire de Chongqing et des trois villes principales de la province.

Sogreah : un important projet à Chongqing

« Sogreah a effectué en 1997-1998, sur financement français, une assistance technique au gouvernement municipal de Chongqing pour la réalisation de ce projet d’environnement urbain, explique Jean-Marc Usseglio, directeur de branche. Il s’agissait d’un ensemble de tâches : formulation de stratégies, mise à jour des plans directeurs, analyses de faisabilité et études de conception. »

[Photo : Moins de 10 % des eaux usées de la ville de Chongqing sont traitées]
[Encart : Les perspectives du marché de l’eau dans les autres pays d’Asie Corée du Sud : priorité à l’eau L’eau est devenue dans ce pays la priorité du gouvernement, au point d’y consacrer 70 % de son budget, soit 1,67 milliard d’€. Dans ce pays, les deux tiers des précipitations annuelles sont concentrées sur les trois mois d’été. Aussi, durant 30 ans, les autorités ont basé la stratégie d’approvisionnement en eau sur la construction de barrages. Mais le très rapide développement industriel et l’urbanisation ont fortement pollué les eaux, de surface comme phréatiques. La Corée pourrait ainsi connaître des problèmes sérieux dès 2006. Parmi les mesures récentes, l’installation d’équipements de recyclage des eaux usées a été rendue obligatoire lors de la construction de nouveaux bâtiments. Le contrôle des quatre fleuves a été renforcé. Et le traitement des eaux usées devra atteindre 80 % en 2005, contre deux tiers aujourd’hui. Un Coréen du Sud consomme environ 395 litres par an. 85 % de la population sont raccordés, mais l’eau est rarement considérée comme potable. Ne pouvant faire face tout seul à ces déficiences, le gouvernement avait partiellement ouvert le financement des projets d’infrastructures publiques au secteur privé en 1994. Jugé insuffisant, le texte fut remplacé en 1999 par la loi « Private Participation in Infrastructure », qui libéralisa complètement le secteur et instaura le Picko (Private Infrastructure Investment Center of Korea). Cet organisme incontournable pour les investisseurs étrangers inclut des garanties reliant les recettes réelles aux prévisions et un mécanisme de compensation contre le risque de change. Singapour importe la moitié de son eau Les réserves d’eau souterraine étant inexistantes, les seules ressources proviennent des rivières, des eaux de pluie et des réservoirs. Mais elles sont insuffisantes, ce qui oblige la ville-État à importer quotidiennement de Malaisie plus de 50 % de sa consommation d’eau. Cette eau est traitée sur place par des usines singapouriennes qui, en contrepartie, en rétrocèdent 12,5 % à la ville de Johor Bahru. La consommation totale d’eau dans l’île en 2000 a été d’environ 455,4 millions de m³, dont 53 % pour l’usage domestique. Son coût est de 0,73 €/m³. En 2001, des négociations entre les deux États ont abouti à un accord original, qui porte sur la fourniture d’eau à la cité-État au-delà de 2061. À cette date, la Malaisie fournira 1,6 million de m³ par jour à Singapour pour un coût de 0,04 €/m³. En contrepartie à cet accord très long terme, Singapour a accepté une augmentation très sensible du prix de l’eau qu’elle achète de Malaisie : elle paiera désormais 15 fois plus cher que le prix précédemment négocié, soit plus de 0,03 €/m³. Pour diversifier ses sources d’approvisionnement, Singapour a également passé des accords avec l’Indonésie pour développer les ressources en eau de la rivière Kampar à Sumatra. Le secteur de l’eau est géré par le Pub (Public Utilities Board), rattaché au ministère de l’Environnement. Celui-ci a décidé par ailleurs la construction d’une usine de dessalement d’eau de mer dont il s’est engagé à racheter 136 000 m³/j (10 % de la consommation du pays) pendant 20 ans. Le site devrait être opérationnel en 2005. Question assainissement, le réseau est séparatif : l’un pour les eaux de pluie, l’autre pour les eaux domestiques et industrielles. Le premier comporte 800 km de canaux à ciel ouvert qu’il faut prolonger ou rénover. Pour le second, qui comprend 6 grandes usines et plus de 300 petites unités de traitement, un grand projet de modernisation est en cours, le Deep Tunnel Sewerage System.]

lysés économiques, institutionnelles et financières, études de faisabilité et avant-projet des aménagements. À la suite de cette étude, le gouvernement municipal a décidé la réalisation du plan. Nous avons été retenus pour en piloter, avec Mott Mac Donald comme partenaire, la maîtrise d'œuvre ».

Le projet s’étalera jusqu’à 2005 pour un montant de 536 M$, dont 200 millions financés par la Banque mondiale. Il comprend :

  • - l'assainissement de Chongqing et Fuling (100 km de collecteurs, 3 stations de pompage totalisant 3,5 millions de m³/j, 2 stations d'épuration totalisant 2 millions de m³/j) ;
  • - l'alimentation en eau potable de Wanzhou et Nambin (prises en rivière de 80 000 m³/j, station de traitement de 610 000 m³/j et réseau primaire de distribution de 21 km) ;
  • - le centre d’enfouissement technique de Chongqing (14 millions de tonnes).

En Asie, Sogreah est aussi présent sur des projets au Vietnam, Thaïlande, Laos, Inde, Pakistan, Iran et Philippines. En 2001, la société y a fait 8,3 M€ (15 %) de son chiffre d'affaires dont 1,1 M€ en Chine. La croissance est très forte : en 2001, les commandes en Asie ont atteint 11,5 M€ dont 6,5 M€ en Chine.

economic, institutional and financial analyses, and producing an outline development plan. Following the study, the municipal government decided to implement the plan. We were chosen as the main contractor, in partnership with Mott MacDonald”.

The project is due to run until 2005 and will cost 536 million dollars, of which 200 million is being financed by the World

[Photo : L'usine de production d’eau potable d’Harbin, d'une capacité de 225 000 m³/jour a été construite par Stereau. Elle est exploitée par un joint-venture Compagnie des Eaux de Harbin (50 %), Saur International (50 %) et dessert les 2,8 millions d’habitants de cette ville industrielle du nord-est de la Chine. The Harbin drinking water production plant, with a capacity of 225,000 m³/day was built by Stereau. It is run by a joint venture involving Harbin Water Company (50%) and Saur International (50%) and serves the 2.8 million population of this industrial city in the northeast of China.]
[Encart : Prospects for the water market in the other countries of Asia South Korea : water as a priority Water has become the government's main priority, to which it devotes 70 % of its budget, namely € 1.67 billion. In South Korea, two-thirds of the annual precipitation falls during the three summer months. For 30 years, the authorities based their water supply strategy on the construction of dams. However, very rapid industrial development and urbanisation have led to serious pollution of both surface and ground water. As a result, Korea could face serious problems as early as 2006. Among recent measures, the installation of wastewater recycling equipment has been made compulsory for new buildings. Surveillance of four rivers has been stepped up. Wastewater treatment is scheduled to reach 80 % in 2005, compared to two-thirds today. A South Korean consumes approximately 395 litres a year. Eighty-five percent of the population is connected to the water supply, but the water is rarely considered potable. Unable to cope with all these deficiencies single-handed, the government partially opened up the financing of public infrastructure schemes to the private sector in 1994. The relevant legislative text was considered inadequate and was replaced in 1999 by a law entitled Private Participation in Infrastructure, which will completely liberalise the sector and set up the PICKO (Private Infrastructure Investment Center of Korea). This essential body for foreign investors provides guarantees relating actual income to forecast income and a compensation mechanism to cover exchange risks. Singapore imports half of its water As underground water reserves are nonexistent, the only resources are rivers, rainfall and reservoirs. However, these are inadequate, forcing the City-State to import over 50 % of its water requirements from Malaysia on a daily basis. This water is treated in plants on arrival in Singapore. In return, 12.5 % is sent back to the city of Johor Bahru. In 2000, the island's total water consumption was in the region of 455.4 million m³, of which 53 % was for domestic use. The price is set at € 0.73/m³. In 2001, negotiations between the two States resulted in an unusual agreement, covering the supply of water to the City-State beyond 2061. By that date, Malaysia will be supplying Singapore with 1.6 million m³ per day at a cost of € 0.04/m³. In return for this very long-term agreement, Singapore has agreed to a very considerable increase in the price of the water it buys from Malaysia. In future, it will pay 15 times more than the price previously agreed to, namely around € 0.03/m³. To diversify its sources of supply, Singapore has also signed agreements with Indonesia to develop the water resources of the river Kampar in Sumatra. The water sector is managed by the PUB (Public Utilities Board) under the Ministry of Environment. The latter has decided to build a seawater desalination plant and has undertaken to buy 136,000 m³/day (10 % of national consumption) for 20 years. The utility is due to be operational by 2005. For sanitation, there is a dual network : one for rainwater and the other for domestic and industrial water. The former consists of 800 km of open channels which will have to be extended or renovated. For the latter, which includes 6 large-scale treatment plants and more than 300 small units, a major modernization scheme, called the Deep Tunnel Sewerage System, is under way.]

Les perspectives du marché de l’eaudans les autres pays d’Asie

Malaisie : les Français dans l’eau ; les Britanniques dans l'assainissement

Le pays est un des premiers de la région à ouvrir ses portes aux entreprises étrangères. Vivendi et Ondeo y possèdent déjà de nombreuses usines d'eau potable. La Malaisie tire l'essentiel de ses ressources en eau potable (97 %) de ses rivières. La desserte atteint pratiquement 100 % en zone urbaine et près de 80 % en zone rurale. La distribution et la facturation restent encore sous la responsabilité locale au travers des State Water Supply Authorities qui, sauf pour l'État de Johore, n'ont pas été privatisées. L’an dernier, le ministre des travaux publics a annoncé la privatisation prochaine des activités de maintenance de l'État de Selangor à un groupe regroupant tous les concessionnaires de l'État. Dans l'État de Johore, la concession est tenue par une entreprise locale liée à Thames Water.

Les eaux usées, pour l'essentiel, ont été concédées en 1993 à Indah Water Konsortium, joint-venture entre le Malaisien Berjaya et le Britannique Northwest Water. Mais IKW, reprise par Prime Utilities Bhd, a été confrontée à de nombreux problèmes dus au non-paiement par les clients. En 2000, l'État malaisien a renationalisé IKW. Un consortium local formé par Multiwest et Nilam Emas a été sélectionné pour reprendre les 6 600 usines de la concession.

Fin 2002, un appel d'offres sera émis pour la construction d'un tunnel de 45 km permettant d'alimenter la région de Kuala Lumpur, ainsi que pour la construction d'un réservoir à Kelau et d'une station de pompage à Sematan.

Philippines : jusqu’aux deux tiers de l’eau perdus

Onze millions d'habitants aujourd'hui, seize millions en 2010 : Manille, capitale des Philippines, deviendra alors la douzième ville la plus peuplée au monde. La production totale d'eau pour la ville est aujourd'hui de 3,8 millions de m³/j, assurée par le concessionnaire Est (Manila Water) et Ouest (Maynilad, Ondeo). L’eau provient en grande partie du réservoir d’Angat, au nord de la ville. L'ensemble des foyers desservis est de 950 000 (environ huit personnes par foyer), soit 7,6 millions d'habitants.

Aujourd’hui, l'eau est rationnée dans plusieurs quartiers en raison des pertes dues à la vétusté du réseau et aux connexions illégales. On estime que 65 % de l'eau disparaît dans le secteur ouest et 51 % dans le secteur est. La réhabilitation des structures existantes et la mise en place de nouvelles connexions constituent donc des priorités. Depuis deux ans, la consommation d'eau de la métropole a doublé et les fuites ont baissé de 18 %. La construction d'un barrage devait fournir près de deux millions de m³ supplémentaires en 2014, mais les financements se font attendre.

Vivendi Water gère également différentes concessions dans le pays.

Saur, le co-management 50/50

Denis Chine, directeur régional Asie chez Saur International : « Nous sommes présents depuis sept ans en Chine, à Harbin, capitale du nord-est, par le biais d’une société d’économie mixte détenue à parité avec la Compagnie municipale des eaux. Il s’agit d’un contrat pour la conception, la construction et l'exploitation d’une usine d'eau potable de 225 000 m³/jour. C’est la plus grosse usine du groupe Saur, la seule à pouvoir fonctionner même en période d’inondation, et la première dans le domaine de l'eau en Chine à avoir été certifiée ISO 9000 par une banque. Elle comprend :

  • assainissement de Chongqing et Fuling (100 km d'égouts, trois stations de pompage d'une capacité totale de 3,5 millions m³/jour, deux stations d’épuration totalisant deux millions m³/jour)
  • approvisionnement en eau potable pour Wanzhou et Nambin (prise d'eau de rivière : 80 000 m³/jour ; station de traitement : 610 000 m³/jour ; réseau de distribution primaire : 21 km)
  • site d'enfouissement de Chongqing (14 millions de tonnes).

En Asie, Sogreah est également impliqué dans des projets au Vietnam, en Thaïlande, au Laos, en Inde, au Pakistan, en Iran et aux Philippines. En 2001, l'Asie représentait 8,3 millions € (15 %) du chiffre d'affaires de l'entreprise, la Chine représentant 1,1 million €. La croissance est forte : en 2001, les commandes en Asie se sont élevées à 11,5 millions €, dont 6,5 millions € en Chine. Les ventes en 2001 ont totalisé plus de 55 millions €, dont environ 50 % à l'international, avec 66 millions € de commandes en 2002.

[Photo : Grâce à son expérience dans la gestion des services d'eau d'Atlanta, Barcelone, Albertville et Sydney, Ondeo a remporté en mai dernier la gestion des services d’eau de Qingdao, en Chine.]

Prospects for the water market in the other countries of Asia

Malaysia: the French in water; the British in sanitation

The country is one of the first in the region to open its doors to foreign firms. Vivendi and Ondeo have already established a number of water works. Malaysia draws most (97 %) of its potable water from its rivers. Coverage is practically 100 % in urban areas and nearly 80 % in rural areas. Distribution and charging are still under local responsibility through State Water Supply Authorities which, apart from the State of Johore, have not been privatised.

Last year, the Minister of Public Works announced the forthcoming privatisation of maintenance activities in the State of Selangor on behalf of a group consisting of all the State's concession holders. In the State of Johore, the concession is held by a local firm linked to Thames Water.

In 1993, the majority of wastewater treatment was licensed to the Indah Water Konsortium, a joint venture between the Malaysian firm Berjaya and the British firm Northwest Water. However, IWK, taken over by Prime Utilities Bhd, has been faced with a number of problems due to non-payment by clients. In 2000, the State renationalised IWK. A local consortium formed by Multex and Nam Emas was selected to take over the 6 600 works covered by the concession. At the end of 2002, a call for tenders will be issued for the construction of a 45 m tunnel to supply the region of Kuala Lumpur, and for the construction of a reservoir at Kelau and a pumping station at Semantan.

Philippines: up to two-thirds of the water lost

Present population 11 million, set to reach 16 million by 2010: By then, Manila, the capital of the Philippines, will become the 12th biggest city in the world. Total water production for the city of Manila is currently 3.8 million m³/day, produced by the concession holders in the eastern (Manila Water) and western (Maynilad, Ondeo) sectors. Most of the water is supplied by the reservoir at Angat, to the north of the city. A total of 950 000 households are served (approx. 8 persons per household), representing a population of 7.6 million. Water currently has to be rationed in several districts owing to losses resulting from the dilapidated network and illegal connections. It is estimated that 65 % of water in the western sector and 51 % in the eastern sector disappears. One of the priorities is therefore the rehabilitation of existing equipment and the installation of new connections. During the past two years, water consumption in the metropolis has doubled and leaks have been reduced by 18 %. The construction of a dam was expected to provide almost another 2 million m³ by 2014, but the necessary finance is still not forthcoming.

Vivendi Water also manages a number of concessions in the country.

[Photo : Chine a été certifiée ISO 9000 par un cabinet international. « Harbin Saur Water est une entreprise profitable, avec un résultat positif d’environ un quart du chiffre d'affaires (8 M€). Nous y international agency. Harbin Saur Water is a profitable concern, with profits of around a quarter of sales (€8 million). We have set up an unusual opera-]

Les perspectives du marché de l’eau dans les autres pays d’Asie

Thaïlande : l'eau privatisée en 2003

Quatrième 2003, telle est la date choisie par le gouvernement thaïlandais pour privatiser le Metropolitan Waterworks Authority (MWA) et le Provincial Waterworks Authority (PWA), monopoles pour la production et la distribution de l'eau potable dans les zones urbaines. Un comité, regroupant le ministère des Finances et les acteurs institutionnels de l'eau, a été créé en juillet de l'an dernier. Objectif : proposer une réforme et une privatisation du secteur de l'eau sur la base d'une étude financée par la Banque mondiale. Un organisme indépendant de régulation serait mis en place. Des franchises d'exploitation et des contrats de location des infrastructures existantes seraient mises en œuvre après leur transfert à une société nationale des actes de l'eau. Dans un premier temps, un organisme unique, le Conseil national de régulation et de politique pour l'approvisionnement en eau (Cnrpae) cumulerait les fonctions de régulateur et de responsable de la politique du gouvernement.

Plus tard, et après l’adoption d'une nouvelle législation encadrant le secteur de l'eau, trois agences gouvernementales seront créées : le Bureau national de la politique de l'eau (élaboration de la politique et contrôle), l'Agence des ressources en eau et l'Agence de l'environnement (gestion et protection de la qualité). Parallèlement, la Commission de régulation de l'eau verra le jour, sous tutelle du Parlement. C'est elle qui définira la politique de tarification et attribuera les franchises d'exploitation et les contrats de location.

Pour l'assainissement, le WMA (Wastewater Management Authority) est la seule entreprise publique à avoir facturé le service de traitement des eaux usées aux particuliers de la ville de Bang Saen, 16 000 habitants. Cette facturation a suivi une consultation publique sur le principe. Ville balnéaire dont les revenus sont essentiellement basés sur l'industrie touristique, les citoyens de Bang Saen ont accepté de payer, à compter de l'été dernier, pour préserver leur environnement. Une décision historique qui expose les non-payeurs à une amende de 1 000 bahts*. À Bangkok, la facturation de l'assainissement se met en place cette année (1 baht par m³ consommé) pour atteindre 2 bahts en 2009. Des sanctions seront mises en place pour les mauvais payeurs pouvant aller jusqu’à 6 mois d'emprisonnement. Outre les trois stations d’épuration existantes et les trois en construction, le gouvernement local prévoit trois autres usines. L'objectif du schéma directeur est d'atteindre à terme une capacité de traitement de 1,02 million de m³.

Thailand: water privatised in 2003

The last quarter of 2003 is the date chosen by the Thai government for the privatisation of the Metropolitan Waterworks Authority (MWA) and the Provincial Waterworks Authority (PWA), monopolies for the production and distribution of potable water in urban areas. A committee, consisting of the Minister of Finance and institutional players in the water sector, was set up in July last year. Aim: to propose the reform and privatisation of the water sector based on a study financed by the World Bank. An independent regulatory body will be set up. Operating franchises and leasing contracts for existing infrastructure will be awarded after having been transferred to a national water authority. Initially, a single body, the national regulatory council (Cnrpae) will act as a regulator for the water supply sector and be responsible for determining government policy.

Subsequently, once new framework legislation for the water sector has been adopted, three government agencies will be set up: a national bureau for water policy (developing policy and supervision), a water resources agency and an environment agency (legislation and protection of quality). In parallel, a water regulatory commission will be created, and placed under parliamentary supervision. This commission will define the pricing policy and award operating franchises and leasing contracts.

For sanitation, the WMA (Wastewater Management Authority) is the public body responsible for charging for wastewater treatment (private individuals in the town of Bang Saen, population 16 000). Charging was introduced after a public consultation on the policy. The citizens of Bang Saen, a seaside resort deriving most of its income from tourism, agreed to pay, from last summer onwards, in order to preserve their environment. It was a historic decision, with defaulters risking a fine of 1 000 baht.

In Bangkok, charging for sanitation will be introduced this year (1 baht per m³) rising to 2 baht by 2009. A system of sanctions will be introduced, with defaulters risking up to 6 months in prison. In addition to the existing three wastewater treatment plants and three under construction, the local authority is planning a further three plants. The aim of the master plan is eventually to reach a treatment capacity of 1.02 million m³/day.

* 1 baht = 0,02 €

avons instauré un fonctionnement original en co-management : le président est nommé tous les trois par une partie et le directeur par l'autre. Et vice-versa.

« Il y a deux ans, nous avons racheté une usine d'eau potable neuve, dans la banlieue de Shanghai, d'une capacité de traitement de 100 000 m³/j. Là encore, le capital est détenu à part égale avec la société d’investissement du district. Mais avec des missions supplémentaires : Shanghai Fengxian Saur Water intervient aussi dans la distribution de l'eau et la réduction des pertes de l'ensemble du réseau. Avec intéressement sur résultats. Ce contrat, conclu pour une durée de 28 ans, représente un chiffre d'affaires cumulé de 84 M€.

« À partir de ces positions, nous observons le marché. Il est certainement très important mais pas encore très rentable pour un investisseur étranger, sauf conditions spéciales pour limiter les risques de change et garantir la régularité du profit. La région asiatique, hormis la Chine, n'est pas stabilisée. En outre, nous

[Photo]
[Encart : Partenariats public-privé : ouvertures timides mais prometteuses Le premier partenariat public-privé (PPP) en Asie a été enregistré à Macao, dont la gestion de l'eau a été concédée en 1985 pour 25 ans à une co-entreprise détenue pour moitié par SuezLyonnaise. « Cela dit, les pays d'Asie semblent aujourd'hui s'en tenir là et envisager avec précaution toute extension, note Patrick Mallejacq, chargé de l'environnement à la mission économique de Tokyo. Ainsi, la Thaïlande a accueilli sa première concession dans le secteur de l'eau en 1995, mais le nombre de services délégués au privé reste depuis limité à une dizaine. Le gouvernement s'oriente désormais vers la création d'entreprises mixtes au capital ouvert au secteur privé, mais contrôlées majoritairement par l'État. En effet, les PPP mis en place dans le passé ont beaucoup de mal à respecter les « business plans » initiaux. Les impayés sont trop fréquents. Le gouvernement vietnamien souhaite analyser les résultats des premiers BOT avant d'accepter d'autres licences. Un recul même est prévu en Nouvelle-Zélande où une loi rendra difficile la gestion déléguée dans le domaine de l'eau. Au Japon, l'ouverture au privé bute sur l'inertie des collectivités locales et la bonne qualité du service actuel ». « Néanmoins, dans d'autres pays, d'importantes perspectives de développement subsistent : centrale de dessalement d'eau à Singapour, projet de station d'épuration à Hong Kong. La Corée est de loin le pays le plus en pointe, avec une loi qui a complètement libéralisé le secteur incluant des garanties. La Chine, après le projet de Chengdu (Vivendi Water), où l'entreprise privée vend l'eau à une collectivité publique, vient de privatiser totalement le service des eaux de Shanghai Pudong, avant d'autres opérations encore : Vivendi Environnement a acquis la moitié du capital de la société de gestion de Pudong. Ce contrat innove en autorisant une entreprise occidentale à prendre en charge la relation avec le client final : habitants, industriels et commerçants ». BOT : Build, operate, transfer ]
[Encart : Interview Olivier Barbaroux, directeur général de Vivendi Water - Comment voyez-vous les évolutions du marché en Chine ? - Le développement économique est très rapide et relativement centralisé. Le continent connaît une forte urbanisation : 50 villes ont plus d’un million d’habitants et 10 villes plus de 10 millions. La province de Canton a plus d’habitants à elle seule que l’Europe ou les États-Unis ! Dans le secteur de l’eau, le pays s’est organisé par étapes. Nous nous sommes d’abord associés en assistance de gestion, comme à Tianjin, pour rénover et exploiter une station d’eau potable. Ensuite, nous avons obtenu le premier contrat BOT (construction, exploitation, transfert) de la Chine à Chengdu. Enfin, à Pudong, c’est tout le service qui nous est confié, un partenariat proche du mode français, avec une autorité qui définit et contrôle le projet et un professionnel qui le met en œuvre. La Chine a testé différents modèles. Cette dernière opération permet d’envisager une généralisation avec effet boule de neige. Pas seulement pour nous, mais pour tous les opérateurs. - Et dans les autres pays ? - Nous avons des équipes opérationnelles, avec des bureaux, des cadres et des contrats, chez tous les autres « dragons » : Malaisie, Thaïlande, Corée et Taiwan. Notre siège pour la région est à Hong Kong. Au Japon, nous venons d’ouvrir une activité. Ce pays observe les choses ; il ne s’est pas encore ouvert à la gestion déléguée mais on sent qu’il s’intéresse à ce qui pourrait lui apporter une meilleure efficacité dans son système de gestion. C’est un pays à fort potentiel. Dans cette région, le marché de l’eau est évalué à 500 milliards d’€, dont 400 pour l’eau municipale et 100 pour l’eau industrielle. Sur ce dernier point, l’Asie comporte de nombreuses industries de taille internationale se développant avec les méthodes les plus modernes. Elles pratiquent le « outsourcing » dans le domaine de l’eau. Nos plus gros contrats sont de ce type en Corée du Sud. Globalement, nous connaissons dans cette région une croissance de plus de 10 % par an. « Nous investissons avec une devise forte. Il faut donc un bon projet, avec une productivité élevée, pour se lancer. » Jean-Luc Martin Lagardette ]

Ondeo : concertation avec les populations défavorisées

Grâce à son expérience dans la gestion des services d’eau d’Atlanta, Barcelone, Albertville et Sydney, Ondeo a remporté en mai dernier la gestion des services d’eau de Qingdao, en Chine. Cette ville accueillera en effet en 2008 les épreuves nautiques lors des Jeux olympiques de Pékin. Ce succès fait suite à d’autres importants projets enlevés récemment par le Français dans la région, où il réalise près de 5 % de son chiffre d’affaires : à Shanghai, où il va reconstruire deux usines de traitement d’eau ; à Chongqing, où il a signé le premier accord de trente ans début avril, date de l’ouverture du marché de la distribution d’eau à des opérateurs privés.

Présent en Chine depuis les années 70, le groupe a participé à la construction de plus de 125 usines de traitement d’eau et possède plus de 17 joint-ventures pour un investissement global de 130 M$.

Un des exemples sur lesquels s’appuie Gérard Mestrallet, PDG de Suez, pour illustrer sa « vraie bataille de l’eau » se situe dans la région, à Manille Ouest. Sa filiale Ondeo, au sein du consortium Maynilad, y dessert un quartier dont 20 % des ménages vivent avec moins de 1 $ par jour. Depuis 1997, Maynilad y mène un projet de développement de l’accès à l’eau des bidonvilles en étroite association avec les populations locales. Ce sont elles qui ont voulu être raccordées par des connexions à domicile plutôt que par des bornes fontaines, et qui ont choisi le mode de facturation. Les associations communautaires participent au recouvrement des coûts. Cela ne pose pas de problème : la facture d’eau est en effet toujours inférieure au montant payé auparavant aux revendeurs d’eau ambulants…

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