Your browser does not support JavaScript!

Les aides à destination des industriels: une palette très complète

30 octobre 1998 Paru dans le N°215 à la page 131 ( mots)
Rédigé par : Pascale PEIGNEN-SéRALINE

Les industriels disposent aujourd'hui d'un éventail d'aides destinées à améliorer leur management environnemental. Le secteur de l'eau est particulièrement bien couvert : recyclage, réutilisation d'eaux usées, choix de techniques propres ou dépollution en aval, rien n'a été oublié par les organismes bailleurs de fond.

[Photo]

Industriels, à vos calculettes ! Quel est l'investissement le plus rentable : se porter acquéreur pour plusieurs millions de francs d'un procédé de recyclage d'eau ou d'une unité de dépollution, et bénéficier ainsi des aides disponibles ? Ou bien, solution plus classique, ne rien modifier à son outil de fabrication ? Si les grosses industries ont investi dans le management environnemental avec des procédés moins polluants, les PMI et PME sont encore, pour la plupart d’entre elles, en reste.

« Inutile, une perte de temps, trop de charges pour l’entreprise », entend-on ici et là. Pourtant, la donne a changé, et la survie de l’entreprise va désormais passer par de nouvelles règles. La réglementation d’une part est de plus en plus contraignante, et la DRIRE de moins en moins conciliante. Les Agences de l'eau, qui n'ont en théorie pas de rôle de police, ont trouvé pour certaines un moyen efficace pour obliger leurs partenaires industriels à s’engager encore plus dans une démarche environnementale.

[Encart : L'Agence de l'eau Seine-Normandie s'associe à des banques Pour les petites entreprises qui ont du mal à convaincre leurs partenaires financiers de se lancer dans l'aventure du management environnemental, l'Agence de l'eau Seine-Normandie a lancé depuis cet été une opération pilote portant sur un partenariat avec les banques au plan régional. Des crédits à des taux réduits sont ainsi proposés aux entreprises par la Banque Européenne d'Investissement, via la Caisse Nationale du Crédit Agricole. « Nous pensons ainsi favoriser l'émergence de plans de financements intéressants pour les PMI/PME, et souvent très complexes », souligne Georges Pauthe. ]

L'Ademe est toujours présente pour aider au bon choix énergétique, ou s'attaquer au problème des déchets. Enfin, certaines régions innovent en matière d'aides aux industriels. Bref, il existe tout un environnement propice à la modernisation de l'outil industriel. C'est donc le moment d'en profiter.

Moderniser l'outil de production

« L'évolution de la production s'est traduite par une multiplication de petites productions, au lieu d'une seule production importante auparavant », souligne Dominique Gros, sous-directeur chargé de l'industrie et de l'agriculture à l'Agence de l'eau Rhin-Meuse.

Résultat : plus de pollutions pour un outil industriel identique depuis des années.

« Or une usine se doit d'évoluer en permanence », indique un technicien du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais. « Une logique de modernisation globale passe par une mise en conformité environnementale qui peut se faire de manière intelligente en couplant rentabilité et environnement », poursuit-il.

Rentabilité et environnement, voilà une association qui semble encore douteuse pour nombre de petits industriels.

« Pourtant, la pérennité d'une industrie passe aujourd'hui par le souci de l'environnement et celui de la sécurité. C'est au contraire une protection pour l'entreprise, une garantie juridique », insiste Maurice Cotte, directeur de la DRIRE Nord-Pas-de-Calais.

C'est même parfois l'assurance d'une image de bonne qualité à l'encontre de ses clients. À l'heure de la certification, cet aspect n'est pas à négliger.

La modernisation de l'outil industriel peut se faire aider par les subsides d'organismes bailleurs de fonds, comme l'Ademe, les Agences de l'eau et les régions. Aujourd'hui, des grandes tendances se dessinent dans le domaine de l'eau, comme la mise en œuvre.

[Encart : Tableau 1 : Agence de l'eau Adour-Garonne – Investissements prévus au 7ᵉ Programme d'interventions pour les industriels : 1 380 MF Orientations – Actions – Avances – Subventions • Études : — / 50 % • Dispositifs de comptage et d'autosurveillance des effluents : — / 70 % • Assistance technique à l'exploitation des ouvrages : Prestations d'assistance / selon barème • Pollution industrielle et assimilée : Travaux de lutte contre la pollution / 70 % (subv.) ; Opération de technologie propre / +10 % ; Contrat d'entreprise en zones prioritaires du SDAGE / — / +5 % ; Opération intégrée dans un contrat de rivière associé à un SAGE / — / +5 % ; Réduction des quantités d'eau consommée / 80 % / — • Déchets : Transport et traitement en centres spécialisés des déchets toxiques ou des produits en petite quantité / — / de 10 % à 50 % ; Centres de tri sélectif (travaux sous maîtrise d'ouvrage collective) / — / 35 % • Information et communication : — / 15 % • Aides au bon fonctionnement : Aide à la bonne gestion des boues et assimilées / Conditions particulières ]
[Encart : Tableau 2 : Agence de l'eau Artois-Picardie – Investissements prévus au 7ᵉ Programme d'interventions pour les industriels : 850 MF Nature des interventions – Toutes zones – Zone D – Zone E – Observations • Études préalables : A(1 à 3) 70 % – – Transformée en subvention pour des travaux réalisés dans 3 ans Établissements anciens • Travaux : A(1+20) 20 % ; A(1+24) 25 % ; +5 % • Travaux dits prioritaires : A(1+20) 30 % ; A(1+20) 30 % + AC 30 % – Selon une liste d'actions • Techniques propres : A(1+20) 30 % ; + AC 30 % – – Établissements nouveaux • Travaux : A(3+1) 50 % – – Pour des participations > 100 000 F et sous conditions Sites pollués • Études préalables : 5 50 % ; A 30 % • Travaux : 3 30 % – – Déchets toxiques • Collecte, traitement et élimination : A 30 % Embellissement textile • Études : AC 70 % • Travaux (ouvrages d'épuration et techniques propres) : A(1+20) 30 % + 5 50 % ]

Tableau 3 : Agence de l'eau Loire-Bretagne

Investissements prévus pour les industriels dans le 7ᵉ Programme d’interventions : 1 211 MF

Orientations Actions Avances Subventions
Mise en œuvre de technologies propres 50 % 20 %
Destruction des déchets toxiques en quantité dispersée dans les PMI/PME Élimination dans des centres spécialisés 30 % versées directement aux centres d’élimination
Destruction des déchets toxiques dans les grosses entreprises Investissement dans un procédé sous certaines conditions 70 %
Mise en place de l’autosurveillance Investissement 50 %
Analyses
Validation des résultats 100 %
Renforcer l’action incitative vis-à-vis des industries raccordées à un réseau public d’assainissement Mise en place d’un pré-traitement 50 % 20 %
Fiabilisation et amélioration des stations d’épuration Pollution toxique 70 % 20 %
Pollution classique 50 % 20 %

Les avances sont remboursables sur 10 ans, avec un an de différé.

Des technologies propres, ou la collecte et le traitement des déchets toxiques. Auparavant, chaque secteur industriel était ciblé, au travers des six programmes d’interventions des agences de l’eau précédents. Il reste encore quelques points noirs. Dans le bassin Artois-Picardie, l’ennoblissement textile et le traitement de surface se voient proposer par les ingénieurs de l’Agence des contrats de branche très attractifs en matière d’aides et de subventions. Dans le bassin Loire-Bretagne, le traitement de surface n’obtient pas de meilleures notes qu’en Artois-Picardie, tout comme l’électronique et le secteur des télécommunications, « souvent situées sur des zones sensibles », précise Yves Fournier, chef du département industrie de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. L’incitation financière à moins polluer n’est pas différente des autres secteurs, mais les industriels de ces secteurs voient plus souvent les ingénieurs

Tableau 4 : Agence de l'eau Rhin-Meuse

Investissements prévus dans le 7ᵉ Programme d’interventions pour les industriels : 1 144 MF

Orientations Actions Avances Subventions
Mise en œuvre de technologies propres Investissement sur procédé avec un temps de retour > 5 ans 50 % 25 %
Destruction des déchets toxiques en quantité dispersée dans les PMI/PME Élimination dans des centres spécialisés 40 % versées directement aux centres d’élimination
Réduire la pollution globale des sites industriels Renforcement des ouvrages industriels de dépollution, excepté études et comptages 65 % 25 %
Renforcer l’action incitative vis-à-vis des industries raccordées à un réseau public d’assainissement Pré-traitement 50 % 25 %
Autosurveillance 65 % 25 %
Connaître, surveiller et dépolluer les sites industriels contaminés 50 % 25 %

Les avances sont remboursées en 9 ans, sauf pour les technologies propres où la durée du remboursement est calculée sur la durée du temps de retour, et sans différé.

Tableau 5 : Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse

Investissements prévus dans le 7ᵉ Programme d'Interventions pour les industriels : 1 354 MF

Schémas de cohérence et d'études

– Schémas d'assainissement : avances — ; subventions 60 %

– Études d'impact : avances — ; subventions 60 %

– Suivi des rejets et milieux : avances — ; subventions 60 %

– Études directement liées à la réalisation de travaux : avances 35 % ; subventions 30 %

Réduction des pollutions chroniques existantes et mesures internes

– Technologies propres : avances 35 % ; subventions 30 %

– Traitement des pollutions (épuration individuelle, raccordement sur une station d'épuration collective, valorisation) : avances 35 % ; subventions 30 %

– Renouvellement de dispositifs d'épuration : avances 35 % ; subventions 30 %

Pollutions chroniques nouvelles

– Traitement : avances 35 % ; subventions —

Pollutions accidentelles

– Traitement : avances 35 % ; subventions —

Dépollution des sites pollués

– Site redevable : avances 35 % ; subventions —

– Site sans responsable solvable : avances — ; subventions 25 %

Autosurveillance

– Mise à niveau d'anciens équipements : avances — ; subventions 60 %

– Équipements nouveaux : avances 35 % ; subventions 30 %

Communication

– Soutien aux actions : avances — ; subventions 0 à 60 %

Les avances sont remboursables en 15 ans, après deux ans de différé.

de l’Agence que les autres branches industrielles. En Rhône-Méditerranée-Corse, ce sont les fromageries et les caves viticoles qui bénéficient d'un traitement particulier. Mis à part ces quelques exceptions, les Agences de l'eau travaillent désormais dans des domaines communs à l'ensemble de l'industrie.

Technologies propres, l'arme numéro un

Les premiers programmes d’interventions ont permis de mettre en place des ouvrages de dépollution, le 7ᵉ programme est dans les six bassins consacré en grande part à la prévention, avec la mise en place de technologies propres. « C'est une quête permanente en amont de la production », remarque Dominique Gros. « C’est l'arme numéro un quelle que soit la branche industrielle concernée », renchérit Régis Mathian, chef de la mission industrie à l'Agence de l'eau Artois-Picardie. Mais ces technologies sont souvent encore proposées à des prix prohibitifs défiant tout intéressement de la part d'un chef d'entreprise. « Et le problème se pose, car modifier l’outil de production a des conséquences directes sur le bilan d’exploitation », ajoute Régis Mathian. L’aide des Agences va donc se déterminer en fonction du temps de retour, c’est-à-dire le retour d'économies d’exploitation sur l’investissement. « Un temps de retour financier supérieur à 5 ans n’est pas fait par un industriel, car tous les investissements ont une logique

[Encart : texte : Le vin et le fromage à l'honneur dans le Sud Est L’Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse vient de faire un bilan de ses efforts sur les caves viticoles et les fromageries. 1 724 caves, soit 25 % des industries du bassin, fabriquant plus de 1 500 hectolitres, produisaient 6,5 % de la pollution brute, essentiellement en période d’étiage. Dans les années 80, des études ont montré une sous-estimation de la pollution émise par cette industrie, ce qui a permis à la fin du 6ᵉ programme d’interventions de réviser le barème forfaitaire, avec un facteur multiplicateur d’environ 7. Des efforts de dépollution ont été réalisés, et se poursuivent avec la mise en place de contrats de branche locaux (département de l'Hérault, région Languedoc-Roussillon, région Rhône-Alpes, département de l'Ardèche). Un millier d'établissements doit encore résoudre ses problèmes de pollution, notamment dans le cadre des traitements primaires et des épandages. Les fromageries sont pour leur part une menace pour le sous-sol karstique du massif du Jura. Une étude réalisée par la Fédération régionale des coopératives laitières fait ainsi apparaître qu'une pollution de 60 000 eq/hab, issue de 126 ateliers, n'est pas traitée collectivement ou individuellement. Le programme PIMPAF (programme interdépartemental de maîtrise des pollutions des ateliers de fromagerie) a donc été mis en place de 1996 à 2000, en partenariat avec l’État, la région Franche-Comté, les départements du Doubs et du Jura et les trois fédérations laitières, régionale et départementales. Son objectif est de réduire d'au moins 80 % les pollutions actuellement émises. À mi-parcours, l'objectif de 50 % est déjà atteint.]

Tableau 6 : Agence de l'eau Seine-Normandie

Investissements prévus dans le 7ᵉ Programme d'interventions pour les industriels : 2 100 MF

Orientations Actions Avances Subventions
--- --- --- ---
Technologies propres Études 70 %
Travaux (suivant la nature) 30 % 40 %
80 %
Destruction des déchets toxiques en quantité dispersée dans les PMI/PME Élimination dans des centres spécialisés 20 % 30 %, 35 % ou 40 % suivant la zone géographique
Destruction des déchets toxiques dans les grosses entreprises Investissement dans un procédé sous certaines conditions 70 %
Industries raccordées à un réseau public d'assainissement Mise en place d'un pré-traitement 20 % 30 %, 35 % ou 40 % suivant la zone géographique
Lutte contre le gaspillage et économie d'eau Mise en place du recyclage 30 %
Adaptation des dispositifs de dépollution Mesures internes 50 %
Adaptation des dispositifs d'épuration 50 %
Fiabilisation des dispositifs 50 %

Les avances sont des prêts remboursés sur 10 ans, sans intérêt.

de court terme”, explique Dominique Gros. A contrario, un temps de retour court est intéressant, et ne nécessite donc pas une aide particulière. Les Agences ont donc décidé d’aider la mise en place de technologies propres dont le temps de retour est tel que l’entreprise n’envisageait pas l’investissement. Mais chacune va le faire selon ses propres critères. “Nous n’avons pas les éléments pour calculer ce temps de retour”, note Yves Fournier. C’est pourquoi nous avons alors établi une liste de technologies propres innovantes. Dans le bassin de Seine-Normandie, les technologies propres intègrent des opérations de valorisation matière, épandage de boues excepté, comme la récupération de sérum dans les laiteries.

Raccordement : une solution de facilité aujourd’hui dépassée

“L’anonymat du tout-à-l’égout”, comme l’appelle Dominique Gros, qui souligne que les industries raccordées se font en général très discrètes. “Il y avait par le passé une volonté délibérée de la part des communes d’accueillir les industriels, avec ce système qui leur permettait de ne pas s’occuper de leurs effluents”, souligne Yves Fournier. Or aujourd’hui, le raccordement n’est plus de mise. Dans certains secteurs, la menace d’un déraccordement plane même sur les entreprises locales par les collectivités, incapables d’adapter leurs stations aux variations et spécificités industrielles. La solution envisagée dépend de la localisation de l’industrie. Lorsque celle-ci est insérée dans un tissu urbain très dense, le pré-traitement est mis en avant, essentiellement pour des raisons de place. En revanche, les industries raccordées à de petites communes sont priées, voire plus, de faire des efforts. En Rhin-Meuse, l’Agence de l'eau exige une transparence totale de la part des industriels et élus, instaure une convention entre ces deux partenaires. Et en cas de non-respect, l’instauration du juste prix par la commune par exemple, le couperet tombe, avec un retrait des aides. “La Drire travaille avec des outils réglementaires. Nous travaillons avec des outils financiers et technologiques”, constate Dominique Gros.

Des déchets toxiques collectés et traités

Les déchets toxiques sont devenus pour leur

[Encart : Le Conseil Régional Nord Pas-de-Calais à la pointe du management environnemental En 1993, profitant de l’arrivée l’année suivante d’un nouveau contrat de plan État-Région, le Conseil régional Nord Pas-de-Calais décidait de mettre en place une politique globale d’aide aux entreprises, en complément de celle menée au même titre que celle de l’Agence de l'eau Artois-Picardie. L’idée est de faire de l’environnement un atout, voire une base du management environnemental dans les petites et moyennes industries, avec une logique systémique tournée vers la prévention et non sur l’aspect curatif de la dépollution. Aujourd’hui, le Conseil régional peut être fier des différentes initiatives. Les fonds européens FEDER, gérés par l’ADEME et le Conseil régional, servent à investir dans des technologies propres (30 à 40 % de subvention suivant la taille de l’entreprise). Une ligne de financement de 20 MF sur quatre ans a été ouverte par le Conseil régional pour promouvoir des dispositifs et la sensibilisation aux technologies propres, à la maîtrise de l’énergie et à la gestion des déchets fermentescibles. En partenariat avec l’Agence Française pour la Maîtrise de l’Énergie, des études sur l’énergie sont financées pour les collectivités, les industriels et le secteur tertiaire. L’objectif est d’accompagner le développement économique d’un tissu performant de PME-PMI.]
[Photo : Industries textiles : la menace d'un décrochage plane...]

Part une préoccupation majeure des Agences de l'eau, avec un souci plus spécifique pour les petites entreprises qui émettent ces déchets en quantité dispersée (DTQD). « 80 % des entreprises qui travaillent avec nous sont des petites, voire des micro-entreprises », remarque Georges Pauthe, de la cellule industrie de l’Agence de l'eau Seine-Normandie.

Des actions sont donc mises en œuvre, dont la première consiste souvent à éditer un guide à l’attention des industriels, montrant ainsi toutes les filières d’élimination. Cela passe aussi par un effort pour favoriser la collecte et le traitement de ces déchets. Mais traiter un nombre important de dossiers, chacun pour un petit industriel, prend du temps, ce qui nuit à l’efficacité de l’action engagée.

Les Agences ont donc décidé de passer des conventions directement avec les collecteurs. En Loire-Bretagne, ce sont les produits responsables des toxicités aiguës et à effets différés, métaux par exemple, qui sont ciblés par les aides de l’Agence.

« En aidant directement des collecteurs agréés, qui retransfèrent les subventions sur les petites entreprises clientes, nous espérons ainsi insuffler une dynamique dans ce domaine très prometteur », explique Yves Fournier. En Rhin-Meuse, l’Agence de l'eau organise de nombreuses opérations, souvent en partenariat avec les régions, chez les garagistes, les dentistes, et les industriels du bois entre autres. Les industries de taille plus importante ne sont pas non plus oubliées. Pour l’Agence de l'eau Rhin-Meuse, la démarche est différente. Un industriel qui traite correctement ses déchets toxiques sera aidé, celui qui ne le fait pas ne sera pas aidé.

« C'est si facile de retrouver les mauvaises habitudes en matière de déchets », ironise Dominique Gros, qui insiste sur le bilan matière réalisé dans les grandes entreprises, et permettant à l'Agence la vérification de l’action du chef d'entreprise. En Loire-Bretagne, la position de l’Agence de l'eau est radicalement différente. « Les produits toxiques issus des grosses entreprises sont aujourd'hui bien suivis par la Drire. Notre financement n’apporterait rien de plus », remarque Yves Fournier.

Fiabilisation des ouvrages, l'incontournable

La préoccupation de nouveaux secteurs à risques pour la qualité des eaux n’empêche pas les Agences de l'eau de suivre les politiques précédemment engagées. « Plutôt que de continuer à investir de manière effrénée sur les ouvrages, mieux vaut concentrer l’effort sur l’exploitation de manière à ce que le dispositif soit correctement géré », note Georges Pauthe.

Des aides sont donc proposées pour encourager le bon fonctionnement, dans l’est de la France par exemple. L'autosurveillance fait aussi partie des grandes priorités des Agences de l'eau. Dans le sud-ouest, l’Agence de l'eau Adour-Garonne précise même que « le calcul de la prime pour épuration se fait désormais en prenant en compte les résultats des auto-mesures de l’industriel, validés par l’Agence ». « Pour faire progresser l'environnement dans les entreprises, la DRIRE travaille avec un outil réglementaire, les Agences de l'eau avec des outils financiers et techniques », explique clairement Dominique Gros.

Les domaines d'action définis comme prioritaires par chaque Agence n’empêche pas les autres secteurs d’être toujours d’actualité. Mais deux facteurs risquent dans un futur relativement proche de limiter l’action des partenaires institutionnels des industriels.

La nouvelle fiscalité écologique annoncée récemment (cf. EIN n° 214), avec la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), risque de diminuer considérablement la marge de manœuvre des Agences de l’eau à partir de l’an 2000.

Les fonds FEDER sont pour leur part prévus jusqu’à fin 1999. Mieux vaut dès lors commencer rapidement à repenser la modernisation de son outil industriel. À partir de l’an 2000, de nouvelles règles seront mises en place, avec un temps d’adaptation nécessaire. ▪

[Encart : De bonnes relations pour un meilleur résultat « Il nous a fallu 4 ans pour passer notre projet, du fait de la position défavorable de la DRIRE, qui se basait sur l’arrêté Barthélémy, pourtant reconnu comme illégal », indiquait Jacques Houlbresque, directeur environnement des sucreries Béghin-Say, aux industriels de l’agroalimentaire venus le 23 juin dernier s’informer sur les possibilités d’épandage d’eaux usées sur des cultures. Si les relations avec l’administration chargée de la police des sites industriels ne sont pas toujours des meilleures, mieux vaut cependant l’associer dès le départ à la préparation des dossiers, ce sera autant de temps de gagné, surtout lorsque le représentant régional du ministère de l’industrie a fait un effort pour réduire le temps de traitement des dossiers, comme c’est le cas dans le Nord Pas-de-Calais. Le long parcours que doit suivre un dossier pour être accepté par les nombreuses administrations oblige les chefs d'entreprise à présenter dès le début un dossier complet, sans pièces manquantes. Quant aux autres organismes bailleurs de fonds, une bonne relation n’en sera que meilleure pour les résultats. Les aides des Agences de l'eau, des régions et de l’ADEME sont autant d’atouts précieux à ne pas négliger. Point important à ne pas oublier non plus : autre facette de la DRIRE, qui est l'aide à la modernisation de l’outil industriel.]
Cet article est réservé aux abonnés, pour lire l'article en entier abonnez vous ou achetez le
Acheter cet article Voir les abonnements