Entre les pays sahéliens, ceux de l'Afrique centrale et ceux du nord, les problématiques de l'eau ne sont pas les mêmes. Pour certains, il s'agit de protéger une ressource, pour d'autres de trouver de l'eau. Portrait contrasté d'un continent où divers modèles coexistent.
Dossier réalisé par Pascale Peigné-Séraline et Jean-Luc Martin-Lagardette, Technoscope
Entre les pays sahéliens, ceux de l’Afrique centrale et ceux du nord, les problématiques de l’eau ne sont pas les mêmes. Pour certains, il s’agit de protéger une ressource, pour d’autres de trouver de l’eau. Portrait contrasté d’un continent où divers modèles coexistent.
Afrique est comme l'Europe : s'y rassemblent sous un seul nom une multitude de pays, culturellement, économiquement et géographiquement différents. Mais l'histoire de l'Afrique, bien qu’intimement liée à celle de l'Europe, en diffère considérablement. « À l’époque coloniale, le gouvernement avait mis en place des services qui satisfaisaient l'ensemble des besoins de la population en matière d’infrastructures. Avec l’indépendance est restée la notion du tout État. Mais très vite, force fut de passer la main à la société civile », explique schématiquement Didier Narbeburu, chargé de programmation à l'Association Française des Volontaires du Progrès (AFVP). Aujourd’hui, l'Afrique s’est tournée vers la délégation. « Mais autant en France la délégation porte sur une ville, autant en Afrique, elle se fait à l’échelle du pays », remarque Jean-Yves Gadras, responsable commercial Afrique pour Ondeo-Degrémont. Ainsi la quasi-totalité de la distribution de l'eau nigérienne est déléguée à Vivendi Water. « L'État conserve les définitions des grandes politiques sectorielles et un certain nombre de fonctions de contrôle, bien que cela varie d’un pays à l’autre », souligne Guillaume Aubourg, du PS-Eau.
Les agglomérations favorisées
Les grandes villes sont les premières concernées, du fait de la concentration humaine sur un petit espace, en comparaison des campagnes. On y retrouve tous les groupes internationaux de l'eau. L'affermage est le système le plus adopté. « Dans la plupart des cas, les tarifs ne permettent pas une mise en concession », souligne Alain Tronche, directeur du développement en Afrique pour Vivendi Water. Dans l'ensemble, et à part l'exception notable du Gabon et d'une partie de la Côte d'Ivoire, les sociétés d'eau africaines sont face à un dilemme, celui de pouvoir se payer avec le prix de l'eau. Aujourd’hui, celui-ci permet de payer l’exploitation et la maintenance, mais rarement les investissements. C’est pourquoi très souvent en Afrique francophone, l'eau et l’électricité sont gérées ensemble. « La seconde dégage des cash-flow bien supérieurs, et qui justement permettent d’aider le secteur de l'eau à s’autofinancer sans faire appel aux bailleurs de fonds », indique Alain Tronche. L'autre solution est de faire appel à des bailleurs de fonds pour emprunter les montants nécessaires aux
grands projets. La Banque Mondiale, l’Agence Française de Développement, la Banque Européenne d’Investissement, la Banque Africaine de Développement ou la Banque Ouest Africaine de Développement sont les principaux bailleurs pour les gros investissements.
La problématique du périurbain
Bien que correctement équipées, les grandes agglomérations souffrent d'un problème majeur, celui de la croissance urbaine. Entre le moment où une station est prévue et celui où elle est mise en route, des quartiers supplémentaires se sont rajoutés au tissu urbain existant. « Ce sont des gens qui occupent le terrain de façon tout à fait illégale, et qui n’ont de fait pas de reconnaissance officielle », souligne Didier Narbeburu. Les habitats rencontrés varient de l'implantation sauvage à une reconstitution d’habitat traditionnel, et posent de ce fait deux problèmes pour le distributeur d’eau. Le premier est d'ordre technique. « On ne peut poser de canalisations que sur des voies carrossables, dans des zones cadastrées », remarque Alain Tronche. Très souvent, une ou plusieurs bornes-fontaines sont installées. Mais pour Alain Tronche, ceci ne fait que déplacer le problème vers celui du racket qui s’organise autour des bornes-fontaines et du prix exorbitant payé par ces habitants. « Nous avons prévu un budget dans nos plans d'affaires pour demander aux ONG d'organiser les populations derrière les bornes-fontaines, afin d’éviter que ce type de situation n’apparaisse ou ne réapparaisse ». Vivendi Water est ainsi impliqué dans le programme “Business Partners for Development” mis en place par la Banque Mondiale en 1998, qui associe un bailleur, un distributeur d’eau et une association. US$ 38 millions y ont été consacrés les trois premières années.
Le milieu rural, des acteurs différents
Troisième secteur, l’adduction d'eau en milieu rural. Le nombre d’usagers y est faible, les investissements aussi, car les opérations concernent majoritairement la création d’un puits. « Et le peu de ressources disponibles au niveau des budgets de chaque pays est absorbé par des grands projets pour satisfaire les besoins des populations des grands centres urbains, capitales essentiellement », note Didier Narbeburu. Ce qui signifie un manque d'argent
pour ces petits projets. C’est pourquoi s’y retrouvent essentiellement des acteurs plus souvent issus du milieu associatif que du milieu industriel, bien que des solutions standards aient aussi été développées par ces derniers. Selon les pays, l’organisation sociale sera celle du comité d’usagers, de la municipalité ou du petit opérateur privé. « Dans le cas du Sénégal, les communautés rurales existent, mais l’eau n’est pas de leur compétence », remarque Guillaume Aubourg.
Pascale Peignen-Séraline
Pour en savoir plus :
PS-Eau : http://www.pseau.org/
Sedif : http://www.sedif.com/
Les bailleurs sont alors différents. Le Mali et le Sénégal par exemple ont des communautés très organisées installées en France, qui de fait trouvent des fonds pour financer de petits projets localement. C'est aussi dans ce cadre que sont actifs les jumelages entre villes ou entre régions, ou des structures comme le Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF).
L’assainissement, une priorité secondaire
L’adduction d'eau potable reste la première priorité africaine, exceptée l'Afrique du Nord. Les associations comme Ingénieurs Sans Frontières (ISF) et AFVP ne sont jamais, ou quasiment jamais sollicitées sur le thème de l'assainissement. Quant aux industriels, leur activité assainissement en Afrique reste marginale. « Mais on voit apparaître un nouveau marché en Afrique pour les eaux résiduaires, souligne Jean-Yves Gadras. En fait, ce n'est pas encore un marché mais plutôt une prise de conscience du traitement de l'eau résiduaire pour les problèmes sanitaires des rejets ou de la préservation de la ressource, suivant que le pays est sahélien ou d'Afrique centrale », précise-t-il. À court terme, la question de l'assainissement va surtout se poser pour les grands centres urbains, qui trop souvent rejettent dans le milieu naturel sans traiter. Des projets innovants existent cependant. Ainsi, la capitale sénégalaise est impliquée dans un projet de rénovation de ses stations d’épuration, avec une partie de l'eau réutilisée pour arroser des golfs. Le Sénégal fait partie du petit nombre de pays qui ont lancé une réflexion sur l’assainissement. Mais pour les autres, « vouloir faire de l'assainissement à tout prix au détriment de la desserte en eau potable, c'est mettre la charrue avant les bœufs », conclut Alain Tronche, directeur du développement en Afrique pour Vivendi Water.
La stabilité politique, un facteur essentiel
Qu'il soit urbain, périurbain ou rural, le marché africain de l'eau est aujourd'hui bien structuré et comporte de nombreux acteurs, pas uniquement français. Les entreprises sud-africaines par exemple y sont de plus en plus présentes. Ondeo-Degrémont y a d’ailleurs installé sa direction générale africaine. Le marché africain ne représente qu'une partie mineure du chiffre d'affaires des industriels de l'eau : FF 200 millions de prises de commande en 2001 pour Ondeo-Degrémont sur l'Afrique francophone, FF 1 milliard de chiffre d'affaires pour Vivendi Water, mais il n'est pas négligeable. « Aujourd'hui, tous les grands groupes de l'eau sont en Afrique, ce qui prouve qu'ils y
croient », indique Jean-Yves Gadras. Mais pour attirer encore plus les investisseurs, deux facteurs doivent coexister : stabilité économique et politique. Les industriels de l'eau préfèrent-ils un pays riche et instable politiquement, comme la République Démocratique du Congo, ou un autre stable politiquement et moins riche, comme le Niger ou le Burkina Faso ? L'optique est différente suivant que l'industriel est constructeur ou gestionnaire. Dans le premier cas, le risque porte sur quelques années, le temps de construire la station. Dans le second, il porte sur dix à vingt ans, le temps du contrat de délégation. Mais dans les deux cas, la stabilité politique est le facteur essentiellement recherché pour attirer les industriels et les bailleurs. Et tous les acteurs de citer en exemple le modèle du Gabon, stable politiquement et économiquement, avec une politique de l'eau qui permet aujourd'hui un autofinancement.
La situation par pays
The situation by country
Maroc :
La sécheresse devenue “donnée structurelle”
Morocco
Drought becomes a “structural factor”
Hôte d'accueil, en novembre dernier, de la COP 7 (conférence des parties sur les changements climatiques), le Maroc s'est montré très préoccupé par les impacts des activités humaines sur le climat. Cela, d’autant plus que le continent africain est considéré comme la région la plus vulnérable du monde sur ce plan. Le Royaume a présenté une communication prévoyant notamment une augmentation de la fréquence et de l'intensité des sécheresses, des inondations dévastatrices inhabituelles, une réduction de la durée d’enneigement dans le Rif et l’Atlas. Déjà, les ressources en eau du Maroc sont confrontées à des problèmes de qualité et de quantité. Selon Ali
Fassi Fihri, directeur général de l’Onep (Office national de l’eau potable), la sécheresse est devenue une “donnée structurelle” du pays. Les ressources renouvelables sont évaluées à 29 milliards de m³/an. Les ressources mobilisables ne dépassent pas 21 milliards de m³/an, dont 16 milliards à partir des eaux superficielles et 5 en eaux souterraines. Ce potentiel a pu être mobilisé grâce à une politique de construction de barrages lancée dès 1967. Mais aujourd’hui, ces ouvrages s’envasent, entraînant une perte de 50 millions de m³ de capacité de stockage.
L’irrigation mobilise environ 85 % de la demande globale. L’industrie utilise un peu plus d’un milliard de m³, dont plus de 81 % en provenance de la mer. Les villes rejettent 500 millions de m³ d’eaux usées. La partie collectée représente 370 millions de m³, mais plus de la moitié est rejetée en mer.
L’eau est considérée comme la première des priorités par la stratégie nationale de protection de l’environnement. Depuis juin 2000, l’Onep a vu ses attributions étendues à l’assainissement. Il a signé avec l’État un contrat-programme, pour la période 2000-2004, sur un montant d’investissements de 860 millions d’euros. Tout récemment, la Banque européenne d’investissement a accordé un prêt de 50 millions d’euros à l’Onep pour améliorer sa performance globale et renforcer l’adduction en eau pour près de 70 localités (500 000 habitants en zone urbaine, 800 000 en zone rurale). Ceci permettra de porter le taux de couverture de l’eau potable jusqu’à plus de 85 %.
Parallèlement, le Royaume achève un programme baptisé Prem (pérennité des ressources en eau au Maroc) qui mobilise, sur la période 1996-2002, 16 millions de dollars dont 12 sont apportés par l’Agence américaine pour le développement international (Usaid). Objectif : renforcer le cadre juridique et institutionnel et mettre en place différentes opérations dont la protection des ressources et la réutilisation des eaux usées (dont 60 millions de m³ servent actuellement à l’irrigation).
Enfin, la concession d’un certain nombre de services publics du secteur de l’eau se met lentement en place. L’exploitation et la gestion de l’eau et de l’électricité de Casablanca ont été accordées à Lyonnaise des Eaux qui, via sa filiale Lydec, a investi près de 300 millions d’euros. En février 2001, un groupement piloté par…
According to the director-general of Onep (the national office for potable water), the drought has become a “structural factor” for the country. Renewable resources are estimated to be 29 billion m³/year. Exploitable resources are no more than 21 billion m³/year, of which 16 billion is surface water and 5 billion underground water. This potential has been realised through a policy of dam construction which began in 1967. Today, however, silting up of the dams has resulted in a loss of 50 million m³ of storage capacity.
Irrigation accounts for about 85 % of total demand. Industry uses a little over one billion m³, of which more than 81 % is from the sea. Towns discharge 500 million m³ of wastewater. Of this, 370 million m³ is collected, but more than half is discharged into the sea.
Water is considered to be the most important priority under the national strategy for environmental protection. Since June 2000, Onep has also been responsible for sanitation. It signed a contract programme with the State, for the period 2000-2004, involving investments amounting to 860 million euros. The European Investment Bank recently granted a loan of 50 million euros to Onep to improve its overall performance and strengthen the supply of water to nearly 70 localities (500 000 inhabitants in urban areas, 800 000 in rural areas). This will help to bring the level of water supply provision to 85 %.
At the same time, Morocco is completing a programme named Prem (Pérennité des Ressources en Eau au Maroc: sustainability of water resources in Morocco) which will have cost 16 million dollars during the period 1996-2002, 12 million of which was provided by the United States Agency for International Development (Usaid). The programme is aimed at strengthening the legal and institutional framework and setting up various operations including protection of resources and recycling of wastewater (60 million m³ of which is currently used for irrigation).
Lastly, a number of public services in the water sector are gradually being leased out. The operation and management of water and electricity in Casablanca have been awarded to Lyonnaise des Eaux which, through its subsidiary Lydec, has invested nearly 300 million euros. In February 2001, a group led by Vivendi has…
Vivendi a été retenu pour gérer l'eau et l'électricité des villes de Tanger et de Tétouan.
… to manage water and electricity for the cities of Tangiers and Tetouan.
Algérie
Un grand projet pour l’eau potable
Algeria
A major project for drinking water
L'actualité en Algérie, c'est d'abord, bien sûr, l'interrogation sur le système hydraulique de la capitale après la tragédie du quartier de Bab-el-Oued, où des violentes intempéries ont provoqué la mort de plus de 750 personnes et coûté près de 300 millions de dollars. Mais c'est aussi le bouleversement structurel qu’a connu récemment ce secteur : la gestion des ressources en eau a été confiée à un département ministériel unique, le ministère des Ressources.
eau. Et quatre établissements nationaux ont été créés : eau potable, barrages, irrigation et assainissement. Les cinq agences de l'eau, entités encore nouvelles pour nombre d’acteurs de l'eau, s’efforcent de sensibiliser ces derniers, tout en accélérant la collecte et le tri des données sur l'eau.
Parallèlement, l'Algérie accueille l'un des plus grands projets dans l'approvisionnement en eau potable dans le bassin méditerranéen : la construction d’une conduite approvisionnant en eau potable le Grand Alger et plusieurs agglomérations de la Kabylie. Pour réaliser ce projet, la Banque algérienne de développement a reçu de la BEI un prêt de 225 millions d’euros, somme qui est mise à la disposition de l’Agence nationale des barrages. Le projet comprend une conduite de 83 km, des ouvrages de traitement et des réservoirs d'eau. Livraison prévue en 2006.
Faible taux de récupération des eaux pluviales et retard dans la construction des barrages, l'eau stockée dans les 48 barrages algériens atteint à peine 40 %. Les entreprises gestionnaires de l'eau multiplient des solutions alternatives, comme de nouveaux forages. Et le gouvernement a décidé de construire 2 usines de dessalement d'eau de mer.
Tunisie
Le recours aux méthodes alternatives
Lieu d'accueil d'une autre conférence internationale cet automne, la 5ᵉ Conférence sur l'environnement côtier en Méditerranée (Medcoast), la Tunisie se préoccupe également depuis longtemps de la gestion de ses ressources.
Avec un taux de desserte en eau potable tout à fait honorable (100 % en milieu urbain et 75 % en milieu rural), le pays compte 1,4 million d’abonnés. En matière d’assainissement, 5,6 millions de personnes dans 150 communes sont raccordées (82 % de la population). On compte 70 stations d’épuration en exploitation et 405 stations de pompage.
La Tunisie envisage une implication progressive du privé dans les activités d’exploitation. Cette participation fait aujourd’hui l'objet
de trois contrats de concession : elle devrait atteindre à terme 100 %. L’Office national d’assainissement, qui gère le traitement des eaux des grandes agglomérations, se cantonnera alors dans la planification et le contrôle de la qualité. Plusieurs grands programmes d’investissement sont prévus, notamment dans le nord du pays, dans le bassin de la Medjerdah, qui contient 60 % du total des ressources en eau potable du pays. C’est d’ailleurs dans cette région que le gouvernement vient de lancer un projet pour maîtriser la qualité des eaux avec la mise en place d’un réseau de surveillance, un système informatique pour pouvoir appliquer le principe pollueur-payeur, un schéma directeur de valorisation des déchets industriels liquides et un projet industriel faisant appel aux technologies propres.
Une trentaine de stations épurent les eaux pour l’irrigation pour un volume de 152 millions de m³. Sur cette masse, un cinquième est réutilisé (notamment par les golfs), le reste allant à la mer. La production d’eau usée traitée est appelée à atteindre en 2006 le volume de 165 millions de m³/an à la suite de l’achèvement d’un programme de construction de nouvelles stations d’épuration portant leur nombre total à 83 stations.
La réutilisation des eaux usées devrait connaître un essor certain durant les prochaines décennies. En effet, le volume d'eau naturelle disponible par habitant et par an était de 450 m³ en 1996. En raison de l’accroissement des consommations et de la dégradation de la ressource, il ne devrait plus être que de 315 m³ vers 2030. La Tunisie va donc également recourir de plus en plus aux stations de dessalement d’eau de mer. Elle en dispose de quatre à l’heure actuelle.
Autre technique, la recharge artificielle des nappes, conçue pour régulariser les écoulements de surface, assurer un stockage souterrain des eaux et éviter leurs déperditions dans la mer ou les dépressions salées. Cette opération de recharge des nappes, commencée en 1992, visait à maîtriser, pour 2000, l’équivalent de 100 millions de m³/an en eau de surface dans des aquifères. L’épandage des eaux le long des tronçons perméables des lits d’oueds est la technique qui a donné les meilleurs résultats.
Mauritanie – De très gros besoins
Tout comme Dakar, Nouakchott a un gros projet d’approvisionnement en eau potable à partir du fleuve Sénégal. Il s’agit là de construire une nouvelle station de traitement qui se rajoutera aux stations existantes, et de mettre en place le système de prise et de transport d’eau sur 150 km à partir du fleuve. Les besoins sont énormes, car les deux principales villes mauritaniennes, Nouakchott et Nouadhibou, ont vu leur population multipliée par cinq en 20 ans. C’est pourquoi la Banque Mondiale vient d’approuver un prêt de 70 millions de dollars pour améliorer le développement urbain et renforcer le pouvoir des autorités locales.
Dans les campagnes, l’accès à l'eau potable reste encore difficile. Dans la région de Guidimakha par exemple, 40 % des villages ne disposent d’aucun point d’eau proche. De nombreux projets sont donc en cours, impliquant la gestion des points d’eau et des réseaux de distribution par de petits opérateurs, qui contrairement à d'autres pays ne sont pas communautaires mais privés.
Du côté institutionnel, la Banque Mondiale a approuvé pour la période 2000-2003 un prêt de US$ 9,9 millions pour un projet d’assistance technique à la réforme des secteurs de l'eau, de l’énergie et de l’assainissement. Ceci va permettre à la Mauritanie de définir un cadre légal pour la restructuration de ces secteurs, de préparer la privatisation de la SONELEC (Société Nationale de l'Electricité et de l'Eau).
Mali
La gestion de l’eau se décentralise
Le pays s'est doté cette année d’un nouveau Code de l’eau qui fixe des “règles strictes d'utilisation, de conservation et de protection des ressources en eau”, pour prendre en charge les "besoins présents et à venir des populations”. La nouvelle loi précise les modalités de gestion de l'eau.
countries, are privately rather than community run.
In terms of the institutions, the World Bank has approved a loan of US$ 9.9 million for the period 2000-2003 for a technical assistance project to reform the water, energy and sanitation sectors. This will enable Mauritania to draw up a legal framework for the restructuring of these sectors, and to prepare for the privatisation of SONELEC, the national electricity and water corporation.
Mali
Decentralisation of water management
This year, the country has a new Water Code, which lays down “strict rules for the use, conservation and protection of water resources” to meet "the population's existing and future needs”. The new law stipulates how water is to be managed, specifying the res-
l'eau en déterminant les droits et obligations de l'État, ceux des collectivités décentralisées (création récente des communes) et des consommateurs.
Le gouvernement espère ainsi pouvoir mieux gérer les ressources du pays jusqu’ici mal exploitées, voire gaspillées, du fait notamment de l'ambiguïté des textes régissant ce secteur. Le Mali est situé en zone sahélo-saharienne : l'eau y constitue une denrée rare sur plus de la moitié du territoire. Sont prévues la mise en place d'un Fonds de développement du service public de l'eau, la création d’un Conseil national et de conseils régionaux et locaux de l'eau.
Un grand projet de réhabilitation de réseaux d’abonnés pour l'eau et l'électricité est en cours (19 millions de $). La Société EDM, dont le capital est majoritairement détenu par Saur, sera aidée notamment par un financement Proparco (filiale Agence française de développement). D’autres projets concernent l'hydraulique villageoise, avec, notamment, la voie nouvelle du pompage solaire.
Niger
Eau : important plan d’action et privatisation
Water: major action plan and privatisation
Les deux tiers de la population du Niger vivent dans la pauvreté et seulement 43 % ont accès à l'eau potable. Seuls 5 % des ménages nigériens disposent d’un robinet privé. Et les revendeurs d’eau continuent à approvisionner plus du quart de la population.
Même si le secteur de l'hydraulique urbaine a connu une importante évolution dans les années 1980 (réalisation de 70 programmes d’adduction d’eau potable), les grandes villes sont périodiquement menacées de pénurie, en raison de la vétusté des équipements et de la
limite de capacité des installations.
Le ministère de l'eau a conçu un plan d’action couvrant la période 2000-2004 et comportant différents volets :
adoption d’une politique sectorielle sur l'hydraulique urbaine, privatisation de la Société nationale des eaux (SNE), création de la Société d’exploitation des eaux du Niger (Seen) et de la Société des patrimoines des eaux du Niger (Spen) et la mise en place de l’Autorité de régulation multisectorielle (Arm).
Le Niger et la Banque mondiale sont par ailleurs engagés dans un projet sectoriel eau (Pse) qui vise l’amélioration de la desserte en eau potable (centres urbains et communautés rurales) et l'accroissement des capacités de production agricole.
Dans ce pays semi-aride, le potentiel de ressources hydriques est malgré tout important : 2000 milliards de m³ d'eau souterraine, 30 milliards de m³ pour le fleuve Niger et 8,5 milliards d’écoulement de surface renouvelables.
The Ministry for Water has developed an action plan for the period 2000-2004 comprising several different elements:
adoption of a sectoral policy on urban water, privatisation of SNE (Société nationale des eaux), creation of Seen (Société d'exploitation des eaux du Niger) and Spen (Société des patrimoines des eaux du Niger), and setting up of Arm (Autorité de régulation multisectorielle).
Niger and the World Bank are also engaged in a sectoral water project (Pse) aimed at improving the provision of drinking water (urban centres and rural communities) and increasing the capacity of agricultural production.
This semi-arid country nevertheless has substantial potential water resources: 2,000 billion m³ of underground water, 30 billion m³ from the river Niger and 8.5 billion m³ of renewable surface run-off.
Tchad
Des ressources très diverses
Caractéristique majeure de ce pays enclavé au cœur de l’Afrique : une irrégularité des disponibilités en eau des diverses ressources, inhérente à la variabilité climatique. Le Tchad est un pays de puits et forages, notamment au nord dans la zone saharienne, où les seules ressources sont les nappes fossiles. Les autres zones sont approvisionnées par des fleuves ainsi que par le lac Tchad. Or celui-ci a aujourd’hui une superficie égale à un vingtième seulement de celle de 1963 (25 000 km²). La sécheresse, mais surtout l’irrigation, sont les causes majeures de la disparition de ce lac frontalier avec trois autres pays.
L’élevage étant la seconde source de revenus après la culture de coton, de nombreux projets portent sur la (re)constitution de puits et mares alimentant les troupeaux pendant la transhumance. C’est ainsi que l’AFD porte un projet d’hydraulique villageoise et pastorale sur quatre régions pour un total de 2,7 millions d’euros. Par ailleurs, la coopération française apporte un appui institutionnel dans le projet Politique de l’Eau (PPE) au ministère de l’Environnement et de l’Eau. Le PPE a deux volets : le premier porte sur l’hydraulique villageoise et la pérennité de leur maintenance par l’organisation d’usagers. Le second permet de définir une politique de gestion cohérente du réseau hydrographique, et la mise en place d’un organisme de bassin pour les fleuves Chari et Logone.
L’an dernier, le Tchad a choisi Vivendi Water pour son programme de privatisation de l’eau et de l’électricité du pays. La Société Tchadienne d’Électricité et d’Eau (STEE) a désormais un contrat de concession avec l’État tchadien de 30 ans. Son capital sera initiale-
Entièrement détenu par l'État. Les deux premières années correspondent à une période d’affermage, suivie d'une période de concession durant laquelle Vivendi Water entrera majoritairement dans le capital.
Sénégal
De l’eau dans le Sahel
Senegal
Water in the Sahel
Qui pourrait le croire ? « Sahel », en arabe, signifie « rivage ». Et le Sénégal, souffrant de trois décennies d'une sécheresse longue et sévère, de la dégradation du système hydraulique, de la baisse des nappes et de l'intrusion de l'eau salée dans la zone côtière, avait fini par en oublier le sens étymologique. D’ailleurs, les experts s’accordent à
Dire que le potentiel hydraulique du pays pourrait largement couvrir les besoins de toute la population. Seulement, les sources, trop éloignées des grands centres de consommation, sont mal réparties.
Mais l'eau peut aussi être présente en sous-sol. Ainsi, l'ONG World Vision mène depuis des années une politique de collecte d’eau souterraine qui permet de pallier sensiblement le manque d'eau des villageois : 600 forages ont été creusés ces quatre dernières années.
À Dakar, le réseau de distribution d’eau est médiocre (environ 30 % de perte lors de la reprise de la SDE par la Saur en 1996). Le réseau d'assainissement est vétuste pour moitié de ses 623 km. Pour l'épuration des eaux usées, une seule des quatre stations fonctionne aujourd'hui. 80 % des eaux consommées sont rejetées dans la nature sans traitement.
Une réflexion collective vient de ressusciter cet espoir d'un pays riche en eau par le biais d’un projet appelé « Vision nationale de l'eau à horizon 2025 ». L'initiative vise à promouvoir une gestion intégrée des ressources en eau auprès de tous les acteurs : institutionnels, privés, population. Cette politique s’attellera à tous les secteurs : irrigation, eau potable, assainissement, recharge des nappes, lutte anti-sel, etc.
Faisant suite au projet sectoriel eau (PSE), le Projet eau long terme (PLT), mis en œuvre en 2001 par le gouvernement sénégalais, fait l’objet de financements internationaux, dont celui de l'Agence française de développement et de la Banque mondiale, pour un montant s'élevant à 225 millions de dollars. Ce PLT doit notamment permettre d'accroître la production d’eau potable pour Dakar, qui, en provenance du lac de Guiers à 70 km de là, pourra passer à 135 000 m³/jour.
Pour l’assainissement, il y a urgence. Une extension de la step existante et une première de rénovation des égouts va permettre d’améliorer les rejets.
Sur le plan institutionnel, suite à la réforme en 1995 de la Société nationale des eaux, un Conseil national de l'eau est en cours de création. Il sera chargé des grandes options d’aménagement et de gestion de la ressource. Enfin, Organisation pour la mise en valeur du fleuve
Sénégal (OMVS), créé en mai 2000, vient d’affecter une première enveloppe de 860 000 dollars à une trentaine de projets de proximité dans la vallée du cours d'eau. Objectif : atténuer les impacts environnementaux des barrages et aménagements hydrauliques prévus sur le fleuve.
Guinée
Des ressources abondantes
[Carte : Guinée - Source © 2001 Hachette multimédias / Hachette Livre]La Guinée est surnommée le “château d'eau de l'Afrique de l'Ouest”, car elle compte de nombreuses ressources en eau, dont la plupart est drainée vers les pays voisins, et les hauts bassins des grands fleuves internationaux comme le Niger, la Gambie, la Mano et le Sénégal. D’autres fleuves comme le Konkouré, la Fatala, le Kogon et le Tinguilinta drainent une partie du territoire guinéen directement vers ces voisins.
vers la mer. Sa pluviométrie est abondante, même si celle-ci est inégalement répartie géographiquement et temporellement.
Depuis 1978, la Guinée a bénéficié d'un programme d’adduction d'eau et d’assainissement en trois étapes. La troisième et dernière phase est en cours, financée à hauteur de US$25 millions par la Banque Mondiale, sur lesquels se sont rajoutés US$25 millions supplémentaires en août dernier. Cette phase comprend trois volets. Le premier concerne l’adduction d’eau avec la réhabilitation et l'extension du réseau de Conakry, et le renforcement des pouvoirs juridiques du service national de l’hydraulique (SONEG). Le second volet touche à l'assainissement, avec tout comme l'adduction, la réhabilitation et extension du système d’assainissement collectif de Conakry, et le recrutement d'un opérateur privé pour gérer le service. Enfin le dernier volet s’attache à jeter les bases d'une stratégie intégrée de l'eau, la révision de la législation sur l’eau, un code de l'eau a été élaboré en 1990, et la promotion de la coopération des bassins régionaux.
the territory of Guinea straight into the sea. It has abundant rainfall, even if it is unevenly distributed both geographically and seasonally.
Since 1978, Guinea has benefited from a three-stage water supply and sanitation programme. The third and last phase is now in progress, with funding of US$ 25 million from the World Bank, to which a further US$ 25 million was added last August. This phase is in three parts. The first involves the supply of water and the rehabilitation and extension of the Conakry network, and strengthening of the legal powers of the national hydraulics service (SONEG). The second part concerns sanitation and, like the supply of water, includes everything, the rehabilitation and extension of the municipal sanitation system in Conakry, and the recruitment of a private operator to run the service. The third part consists of laying the foundations for an integrated strategy for water, revising legislation on water (a water code was developed in 1990) and promoting co-operation between the regional basins.
Côte d'Ivoire
De grands programmes pour l’eau et l’assainissement
Côte d'Ivoire
Major water and sanitation programmes
Le gouvernement a engagé deux actions d’importance en matière d'eau et d’assainissement.
En raison d'une urbanisation accélérée et de l'insuffisance des ressources de la puissance publique, les chefs-lieux de région n'ont pu être dotés d'infrastructures d’assainissement adéquates. Le gouvernement a donc élaboré un programme de réhabilitation de ces infrastructures.
The government has undertaken two important actions in terms of water and sanitation.
Due to rapid urbanisation and the lack of resources of the public authorities, it has not been possible to provide the regional centres with the appropriate sanitation infrastructure. The government has therefore developed a programme to rehabilitate the infrastructure.
Structures et d’équipement en nouveaux ouvrages primaires d’assainissement et de drainage.
Parallèlement, il va mettre en œuvre, dans ces capitales régionales, des plans directeurs d’alimentation en eau potable accompagnés de programmes d’investissements.
Le financement sera privé et un partenariat devra être recherché entre le concessionnaire et l’actuel gestionnaire (Sodeci).
L’alimentation en eau potable est encore problématique. Tous les villages ne sont pas pourvus bien que l’hydraulique villageoise ait connu un essor notable : à ce jour, près de 15 000 points d’eau sont installés en Côte d'Ivoire. Récemment, le gouvernement a dû interdire durant deux mois la vente d'eau et de jus de fruits en sachet, en raison d'une épidémie de choléra qui a touché près de 3 000 personnes et causé près de 180 décès.
Burkina Faso
Un grand projet pour Ouagadougou
La Banque mondiale débourse 70 millions de dollars pour financer le projet d’approvisionnement de Ouagadougou en eau potable qui bénéficiera à un demi-million de personnes. Un barrage d'une capacité de 200 m³ sera construit, ainsi qu'une unité de traitement de l'eau, une station de pompage et des canalisations. Ce projet s'inscrit dans le cadre du programme d'ajustement structurel.
Le gouvernement envisage de privatiser 20 des 23 entreprises publiques en place pour soulager les finances publiques, dans le but de réduire les dépenses de l'État.
s'inscrit dans le programme de lutte contre la pauvreté à travers l'amélioration de la santé. Pour la Banque mondiale, le Burkina, qui connaît une croissance de 8 %, est victime de chocs extérieurs (chute du prix de l’or et du coton, augmentation du prix du pétrole). La BM est donc prête à accorder une aide supplémentaire conséquente pour doubler la croissance du pays, l'un des plus pauvres du monde.
Par ailleurs, le gouvernement envisage de privatiser 20 des 23 entreprises publiques en place pour soulager les finances publiques, dans le cadre du programme d’ajustement structurel. Dans cette perspective, l'Assemblée nationale a autorisé en juillet dernier cette privatisation en précisant que les secteurs de l'eau, de l'électricité et des hydrocarbures connaîtront un désengagement partiel de l'État du fait de leur caractère stratégique.
Bénin
Réforme institutionnelle à l'étude
Le gouvernement béninois a engagé depuis peu une politique de désengagement de l'État (« dénationalisation ») et de renforcement de la qualité de la fourniture de l’eau et de l’électricité. Selon M. Kouessi, directeur général de la Société béninoise d’électricité et d’eau (SBEE), « on ne peut pas parler de privatisation. On parle plutôt de désengagement de l'État ou de réforme du secteur ».
La restructuration du secteur de l'eau et de l’électricité doit permettre au pays de rendre plus efficace leur gestion de manière à « préserver le droit des consommateurs à un service de qualité et la réduction des coûts de fourniture ».
Cette restructuration permettra également d’augmenter le taux d'accès.
Accès à l'énergie électrique et à l'eau potable dans tout le pays. Elle favorisera aussi « la mise en place d’un cadre légal et réglementaire adéquat susceptible d'encourager l'initiative privée dans les deux secteurs ». La sélection des offres doit commencer en juin 2002.
Depuis le 16 février 1973, la SBEE exerce un monopole public en matière de distribution d’eau et d’électricité. La compagnie, malgré d'importants soutiens financiers, a une faible capacité de production. Depuis une dizaine d’années, elle connaît même un déficit dû à l’insuffisance des taux de recouvrement des factures, des problèmes de gestion des ressources, un taux de perte d’énergie relativement élevé, la non-maîtrise du coût de revient des services et la flambée du prix du pétrole.
Togo
Le prix de l’eau augmente
Depuis une dizaine d’années, le Togo s’est engagé dans une politique de développement urbain. Les grands centres sont alimentés par la Régie Nationale des Eaux (RNET) dont le service est actuellement peu rentable. Le prix de l’eau potable vient de ce fait de connaître une augmentation de 20 % sur l’ensemble du pays. Les observateurs s’attendent à une future privatisation de la RNET, à l’instar de la compagnie d’électricité CEET confiée à Lyonnaise des Eaux.
Le 26 juin dernier, une convention a été signée avec l’AFD qui octroie une subvention de 1,2 million d'euros pour renforcer la production d’eau potable de Lomé (forages, adductions, matériel de téléconduite).
Fin 2002, ce sont 7 000 m³ d'eau supplémentaires qui alimenteront les habitants de la capitale.
En zone rurale, d’importants programmes d’hydraulique villageoise (forages, pompes à motricité humaine) ont été conduits. Mais leur mauvais entretien a poussé les ménages à retourner aux marigots.
Depuis une dizaine d’années, le Togo s'est engagé dans une politique de développement urbain.
ner aux marigots, sources et puits naturels. Enfin, un projet de gestion des ressources hydrauliques est en préparation.
Cameroun
Tableau sombre mais d’importants projets
Cameroon
A gloomy picture but major projects
[Carte : Burkina Faso]Altitudes :
100 – 209 – 490 m
limite d'Étatlimite de province
Population des villes :
plus de 420 000 hab.de 200 001 à 400 000 hab.de 50 001 à 200 000 hab.de 10 001 à 50 000 hab.autres villes
OUAGADOUGOU
capitale d'État
Bobo-Dioulasso
Dioulasso et centres
routes importantesvoie ferréeaéroport important
Au début de la dernière décennie, le Cameroun prenait la décision de privatiser un certain nombre d'entreprises d'État. En 1998, le gouvernement lançait un premier appel d'offres pour privatiser la SNEC, la Société Nationale des Eaux du Cameroun. Depuis, le processus est bloqué, et les trois premiers intéressés se sont retirés. La société, qui présentait en 1998 un chiffre d'affaires de FCFA 16 milliards est détenue à 95 % par l'État. Le bilan des actions menées par la SNEC ne joue malheureusement pas en sa faveur. Le taux de desserte dans les villes où elle opère est très faible. Et le réseau d'adduction est en mauvais état, avec des fuites estimées à 40 % du volume initial d'eau. Les derniers chiffres publiés par le Ministère des Mines de l'Eau et de l'Énergie rendent le tableau encore plus sombre, avec une estimation de 50 % de citadins et 42 % de ruraux qui n'ont pas accès à de l'eau de qualité potable. Des projets sont cependant en cours. Ainsi la ville de Bafoussam devrait voir son réseau d'adduction étendu pour FCFA 10 milliards, sur financement de l'Allemagne. Et un projet de captage d'eau du barrage de Mokolo pour alimenter la commune de Mora et les villes environnantes a été lancé, financé par la Banque Islamique de Développement. L'assainissement bénéficie de plans directeurs, tant pour la capitale Yaoundé que pour 22 villes secondaires. Du côté villageois, d'importants programmes ont permis de réhabiliter des milliers de points d'eau.
Gabon
Un pays riche en eau
Le Gabon est l'un des pays les mieux pourvus en eau au monde, avec des ressources en eau évaluées à 127 825 m³/habitant. Une grande partie de cette ressource est encore inexploitée. C’est aussi l’un des pays les plus riches et les plus stables d'Afrique de l’Ouest. La privatisation des services de l'eau et de l'électricité s'est faite en 1997 avec un contrat de concession de la SEEG (Société d’Énergie et d’Eau du Gabon) de vingt ans accordé à Vivendi. Aujourd'hui, le Gabon est l'un des rares pays d'Afrique de l'Ouest où l'eau s’autofinance. Il reste cependant à augmenter le taux de desserte, notamment en milieu rural, et à améliorer le traitement des eaux usées. La préservation des ressources est en
effet au cœur des préoccupations. L’intrusion d’eau salée dans l'eau douce est aussi un problème, qui a lancé la vente depuis 1996 d’eau à l’unité, du jamais vu dans un pays où l'eau est accessible à tous.
Burundi
Un pays à reconstruire
Ce petit pays enclavé dans l'est de l'Afrique centrale avait en 1995 une population rurale à 95 %. Il jouit d'un climat tropical d'altitude, avec cependant des nuances selon les régions. Deux grands bassins hydrologiques se partagent le Burundi : celui du lac Tanganyika à l'ouest, et celui du Nil à l'est et au nord. Aujourd'hui, le Burundi est à reconstruire. La guerre a fait chuter le taux de desserte en eau potable de 70 % à 40 %. Il bénéficie pour cela d'un prêt de la Banque Mondiale de 40 millions US$ afin de réhabiliter les infrastructures publiques.
Rwanda
Les financements sont là
Le Rwanda est l'un des pays où la décentralisation des pouvoirs de l'État envers les communes est déjà en place. Ces communes délèguent la gestion du service de distribution d’eau à des régies regroupant les usagers. Mais le coût des adductions est très difficilement supporté par les usagers.
À Kigali, la capitale, plus d'un tiers de la population n’a pas suffisamment d'eau potable. La Belgique et l'Allemagne sont impliquées dans des projets d’adduction d'eau.
En zone rurale, l'accès à l'eau potable n'est pas toujours disponible. C’est pourquoi la Banque mondiale a approuvé courant 2000 un prêt de 20 millions de dollars US visant à construire des points d’eau, les pérenniser par une gestion sur le long terme menée par les populations bénéficiaires.
En parallèle, la Banque mondiale a ouvert en 2001 une ligne de crédit de 40,8 millions de dollars US pour favoriser le développement du secteur privé.
Rwanda
Funds are available
Rwanda is one of the countries where decentralisation of state power in favour of local authorities is already in place. The local authorities delegate management of the water distribution service to user groups. However, users have difficulty in meeting the cost of water mains.
In the capital, Kigali, over a third of the population does not have sufficient drinking water. Belgium and Germany are involved in water supply projects.
In rural areas, access to drinking water is not always available. The World Bank therefore approved a loan of US$ 20 million in 2000 aimed at installing water points and making them sustainable through long-term management by the local users themselves.
In parallel, the World Bank opened a credit line of US$ 40.8 million in 2001 to encourage the development of the private sector.
Djibouti
L’eau, une question cruciale
Djibouti
Water resources, a crucial issue
Occupant une position stratégique dans la corne de l’Afrique, Djibouti est l'un des plus petits pays du monde avec une surface de 23 200 km² et 577 000 habitants en 1995. La question de la ressource en eau est cruciale pour ce pays dont le climat varie entre aride et très aride, d’autant que la sécheresse s'est installée depuis trois ans. La ressource en eau potable n’est que souterraine.
En octobre dernier, le Japon a offert à Djibouti un don de 820 millions de yen (DJF 1 milliard) pour améliorer la qualité de l'eau de la capitale. Djibouti-ville est alimentée par 27 forages qui produisent près de 12
produisent près de 12 millions m³/an. Mais l’aquifère actuellement exploité manifeste des risques de surexploitation. Et les projections de consommation pour 2015 s’élèvent à 25 millions m³/an. D’autres ressources viennent donc d’être caractérisées. Par ailleurs, le gouvernement cherche à mettre en place des mesures pour améliorer la gestion financière de l'ONED, l’Office National des Eaux de Djibouti.
Comores
Une situation contrastée
Les trois îles de l'archipel des Comores ne manquent pas d'eau, avec dans certaines zones des précipitations pouvant atteindre 6 000 mm/an. Mais avec un sol très perméable, l'île de Grande-Comore est dépourvue de cours d’eau permanents. La principale ressource exploitée est une nappe peu profonde. À l’inverse, la ressource majeure sur les deux autres îles est l’eau de surface.
Un projet est en cours en vue de cataloguer l’ensemble des ressources des îles. Et un financement de 11,4 millions de dollars US de la Banque Mondiale permettra de rénover l'infrastructure, notamment de distribution d'eau potable et d’évacuation et de drainage des eaux usées.