Les trois pays francophones du Maghreb ont engagé depuis longtemps déjà des politiques de préservation, d'adduction et de traitement de l'eau. Avec des résultats inégaux. L'Algérie ne parvient pas encore à alimenter correctement la capitale en eau potable et agit dans l'urgence. Le Maroc a enfin décidé de prendre à bras le corps la question de l'assainissement et s'en donne les moyens institutionnels. La Tunisie, dont toutes les villes sont alimentées en eau potable, consomme 80 % de sa ressource dans l'irrigation. D'où les projets de réutilisation, une fois traitées, des eaux usées. Ces efforts, parfois confiés au secteur privé, témoignent d'une réelle prise de conscience des autorités. Mais, outre la sécheresse, il faudra continuer à lutter fermement contre l'imprévoyance et la négligence: les tensions croissantes sur la ressource n'accorderont pas un long sursis.
Ces efforts, parfois confiés au secteur privé, témoignent d’une réelle prise de conscience des autorités. Mais, outre la sécheresse, il faudra continuer à lutter fermement contre l’imprévoyance et la négligence : les tensions croissantes sur la ressource n’accorderont pas un long sursis.
ALGERIE
Eau potable
Le dessalement dans l’urgence
Pays auparavant exemplaire en la matière, l’Algérie doit aujourd’hui faire face à des difficultés nécessitant la mise en œuvre d’un véritable plan d’urgence.
Les Algériens se sont aujourd’hui familiarisés avec le spectacle de jeunes gamins qui, jerricans en main, courent les rues pour la corvée d’eau. Dans l’est du pays, plusieurs mouvements de protestation avec blocage de routes, parfois émeutes, ont été déclenchés par des populations excédées.
À Alger, des quartiers entiers reçoivent de l’eau tous les cinq jours, et pour seulement quelques heures. Dans d’autres secteurs, si l’eau est distribuée un jour sur trois, c’est à 1 h voire 2 h du matin. Cet été, les autorités ont dû recourir à de nouveaux forages et mettre au point un plan d’approvisionnement en eau des hôpitaux par des citernes. Pour éviter une rupture d’approvisionnement de la capitale durant l’été, le gouvernement a dû importer 50 000 m³ par jour d’eau potable… par bateau.
Que s’est-il passé dans ce pays dont les infrastructures hydrauliques
ont longtemps été considérées comme exemplaires à l'échelle de l'Afrique ?
Plusieurs éléments peuvent éclairer cette réalité : une trop rare et trop lente construction de barrages ; un entretien insuffisant de ces retenues ; retard dans les travaux d’adduction devant acheminer l'eau des barrages jusqu’aux villes ; extrême vétusté du réseau d’alimentation en eau potable, dont les fuites atteindraient près de 40 %.
Sans compter les épisodes de sécheresse. Le pays enregistre un déficit moyen annuel de 700 millions de m³. Un déficit qui pourrait se creuser et atteindre les 4 milliards en cas de persistance de la sécheresse dans les cinq années à venir, selon le ministre des Ressources en eau.
Un projet de réhabilitation du réseau d’alimentation en eau potable des grandes villes du pays avait été lancé en 1996, mais il tarde à se concrétiser.
Sur le plan de l’assainissement, seules 4 ou 5 des 70 stations d’épuration réalisées depuis 1970 sont fonctionnelles aujourd’hui, alors que 28 autres sont en voie de réhabilitation.
Face à cette situation critique, le Président Bouteflika a mobilisé le pays autour de ce qui devient le problème numéro un en Algérie. Il a évoqué notamment le dessalement de l’eau de mer : à situation exceptionnelle, moyens exceptionnels. Un plan d'urgence a été préparé. Une enveloppe de plus de 4 milliards d’€ a été dégagée à cet effet.
De même, dans un plan de politique générale adopté le 27 juillet dernier, le gouvernement a prôné le recours aux ressources non conventionnelles, notamment, en plus du dessalement d'eau de mer, le recours à la réutilisation des eaux usées épurées.
Pour le dessalement, « L'objectif à atteindre se traduira par la mise en œuvre d'un programme de réalisation d’unités de petites et grandes capacités de dessalement d'eau de mer pour une production globale de l'ordre de 1 million m³/j représentant un cinquième des besoins de consommation du pays à l'horizon 2005 ».
En matière d’eaux usées épurées, la réglementation sera adaptée pour qu’elles puissent constituer « à l'avenir une ressource non négligeable au profit de… »
Oran : Saur International réhabilite le réseau d’eau
La présence de Saur International au Maghreb s'est renforcée en Algérie après la signature, en 1999, d'un contrat de 20 M€, financé par la Banque mondiale. La société, avec un effectif de 100 personnes, dont 6 expatriés, réalise un chantier de réhabilitation du réseau d'eau de la ville d'Oran.
Le contrat comprend deux volets. D'une part, un volet ingénierie avec la mise à niveau des outils d'exploitation comme la cartographie informatisée du réseau (sous Net and Gis) et la mise en place d'une banque de données. Également la recherche de fuites, opération rendue particulièrement difficile en raison d'une alimentation intermittente du réseau. Enfin, la modélisation du réseau (sous logiciel Carla), le schéma directeur et la mise en place de guides d’exploitation. Le contrat oranais comprend d’autre part un volet travaux : sectorisation du réseau de la ville en 32 secteurs étanches, une opération indispensable à la prélocalisation des fuites ; la réparation des fuites et enfin le renouvellement de 33 km de conduites défectueuses.
Un avenant, en cours de signature avec le client, est prévu pour faciliter la gestion technique du réseau avec la mise en place des compteurs et des régulateurs de pression et pour accroître le linéaire de conduites à renouveler (60 km supplémentaires). Ces dispositions devraient améliorer grandement le rendement technique du réseau dont l'objectif du contrat est de le porter de 50 % à 80 %.
« Pour les autres pays du Maghreb, indique Paul Penet, chargé d'affaires à Saur International, nous avons eu de nombreux chantiers au Maroc. Nous y retournerons en fonction des opportunités. »
En matière d’assainissement, l’effort concernera la réhabilitation de stations d’épuration, la réalisation de stations nouvelles et d’un vaste programme de bassins de lagunage qui contribueront également à réduire la pollution des cours d’eau et des nappes. À moyen terme, 400 000 m³/j seront dégagés au profit de l’agriculture et de l’industrie. De même, la réorganisation des grands organismes intervenant dans le secteur de l'eau
sera poursuivie et achevée. « Le gouvernement s'engagera dans une vaste action de remise à niveau de tous les opérateurs intervenant dans les différents segments de l'eau : effort exceptionnel de formation, constitution de véritables corps de professionnels ».
Enfin, le gouvernement algérien « envisage, là où cela s’avère possible, de passer à d'autres formes de gestion plus efficientes tels l’affermage, le BOT ou la concession qui favoriseront l’intervention d'opérateurs et d’investisseurs privés nationaux ou étrangers ».
La réforme institutionnelle s’accélère
Une première réforme de la politique de l'eau avait eu lieu en 1993, suivie par le Code de l’eau de 1996 et la création des agences de bassin. Le mouvement vers une gestion intégrée s’est accéléré avec la création, en février 2001, de l’Algérienne des eaux (Ade), dotée d'une organisation fortement décentralisée, pour mettre en musique la politique nationale. L’Ade intégrera à terme l’Agep (Agence nationale de l'eau potable), les 9 établissements publics régionaux, les 26 entreprises de distribution d’eau et les 923 régies communales.
L’Epeal (Etablissement public des eaux d’Alger), qui ne s’occupe plus de l’épuration de l'eau depuis la création de l’Ade, et tous les offices chargés de la gestion de l'eau disparaîtront pour être remplacés, localement, par des directions générales des eaux.
Aujourd’hui, tout se met en place pour une évolution vers une gestion telle qu'elle est recommandée depuis une quinzaine d’années par les institutions internationales.
Mais si l'idée de recourir au privé « national ou étranger » est clairement évoquée, le ministère des ressources en eau précise que la facturation demeurera sous le contrôle exclusif de l’État. L’Algérien paie aujourd’hui 0,06 € le m³ d’eau : pas question de lui faire payer le coût réel de l'eau tirée par exemple des usines de dessalement, évalué à 1,05 € !
Les grandes compagnies françaises, déjà bien présentes, s'intéressent à ces marchés. Mais pas à tous.
Les barrages, comme le dessalement, ne suscitent de leur part guère d’intérêt.
Ainsi, lors de la remise des offres pour le transfert d’eau du tout nouveau barrage de Taksebt vers Alger, le plus grand projet actuel de génie civil en Algérie (180 millions de m³ ; 470 M€), aucun Français n’a soumissionné. Vinci, leader mondial du BTP, s'est désisté, invoquant des raisons de sécurité.
L’autre français, Razel, filiale du groupe Bilfinger Berger, a fait de même, pour d'autres raisons : déjà présent sur deux autres
barrages, il ne pouvait faire face à un troisième chantier de cette importance. Mais sa présence dans le pays s'est confortée avec la création, il y a trois ans, d'une filiale baptisée Razel Algérie.
Plus généralement, pour Coyne et Bellier, les barrages soulèvent des débats. En Europe, les écologistes vont jusqu'à contester ces constructions, pourtant productrices d’énergies renouvelables. Mais, sur place, ces grands ouvrages sont aussi critiqués par certains qui préféreraient la construction de retenues collinaires, plus douces pour le paysage et l’écologie. Elles permettraient d'éviter les pertes d’eau, dues à l'évaporation, et l’envasement tout en régénérant les nappes phréatiques.
Le dessalement pour sécuriser l’approvisionnement
À l'indépendance, l’Algérie comptait 22 barrages d’une capacité de 1 milliard de m³. En 1999, on comptait 110 barrages avec une capacité totale de 4,7 milliards de m³. D’ici 2003, le nombre des retenues devrait s’élever à 125 pour une capacité de 7,4 milliards de m³. Plusieurs ouvrages de mobilisation et de transfert de la ressource sont actuellement à pied d’œuvre, principalement dans le nord du pays, où se trouvent les grandes villes.
Le transfert Taksebt-Alger et l'interconnexion des barrages, prévue pour 2005, devraient, selon les autorités, régler définitivement le problème de l'eau dans la capitale.
Le potentiel hydraulique global du pays ne dépasse pas les 19,5 milliards de m³/an, dont une dizaine de milliards m³ seulement sont mobilisables. Les besoins en matière d'eau à l’horizon 2020 sont estimés à 3,6 milliards m³ par an pour l'eau potable et 8 milliards m³ pour l'irrigation.
Le dessalement de l’eau de mer est également l'un des moyens “non conventionnels” envisagés par le plan d’urgence pour sécuriser l'approvisionnement en eau potable dans la capitale. Fin 2002, une vingtaine d’usines de dessalement devaient être construites, notamment par Hydro-traitement, seule entreprise (publique) algérienne dans ce domaine. À terme, des stations sont envisagées tout le long de la côte.
Les premiers appels d’offres lancés pour la réalisation des quatre usines de dessalement d'eau de mer à Alger, Oran, Skikda (eau potable) et Arzew (industrie), permettront un apport évalué entre 400 000 et 500 000 m³ d’eau par jour, soit l’équivalent des besoins quotidiens de l’agglomération algéroise. À Arzew, c’est le groupement japonais Itochu-Ihi qui a remporté le contrat (environ 300 M€). L’usine aura une capacité de dessalement de 40 000 m³/jour, extensible à 60 000, avec une production d’électricité de 300 mégawatts/an. En amont, une société algéro-américaine a été créée pour intervenir en vue de commercialiser l'eau dessalée et l’électricité.
À propos d’Américains, la société Ionics fait d’ores et déjà fonctionner 130 stations de traitement des eaux et d’épuration dans le sud et l’ouest du pays, suivant sa technique d’électrodialyse.
MAROC
Assainissement
L'Onep veut combler le retard
L'Onep, jusqu'alors responsable uniquement de l'eau potable, vient de démarrer son premier programme d'assainissement. Une nouvelle tarification de l'eau sera mise en place.
Aujourd'hui, les villes marocaines sont alimentées à 95 % en eau potable, sauf en milieu rural où l'on constate un énorme retard que l'Onep (Office national de l'eau potable) est en train de combler. Le retard est important également en ce qui concerne le traitement et l'assainissement des eaux. L'objectif de l'Onep est de généraliser l'accès à l'eau potable pour toute la population du Maroc d'ici 2006 et, en matière d'assainissement, est disposé à examiner toute offre de services. De réelles opportunités existent en matière de dessalement, d'installation d'éoliennes, de gestion automatique des systèmes d'irrigation... Autant de domaines ouverts au secteur privé. Aujourd'hui, 73 % de l'ensemble des besoins en eau en milieu urbain sont couverts par des sociétés délégataires, l'Onep
MOROCCO
Sanitation
ONEP seeks to catch up
ONEP, which up to now has only been responsible for potable water, has just launched its first sanitation programme. A new charging system for water will be introduced.
Around 95 % of Moroccan towns are supplied with drinking water, except in rural areas where provision is long overdue, a situation that ONEP (national office for potable water) is now rectifying. There is also a considerable delay in the provision of water production and wastewater treatment. ONEP has set itself the aim of providing access to drinking water for the entire population of Morocco by 2006 and, in terms of sanitation, is willing to examine all service proposals. Very real opportunities exist for desalination, installation of wind turbines, automated management of irrigation systems, etc. And all these fields are open to the private sector. Today, 73 % of water demand in urban areas is met by concession-holding firms, ONEP covering
assurant 27 % des besoins.
L’Office, dont la mission se limitait jusqu’en 2000 à la production d’eau potable, a démarré cet automne son premier programme d’assainissement, prévu pour s'étendre sur quinze ans et pour coûter près de 15 milliards de DH. L’Office a publié dernièrement les appels d’offres pour une tranche comportant l'équipement de 26 centres dans des petites et moyennes communes. Les sites seront équipés de réseaux permettant la collecte, le transport et l’épuration des eaux usées. Le coût de ce programme, financé par le fonds allemand KFW, l'Union européenne et la coopération belge : 1 milliard de DH.
Dans son plan prioritaire, l’Onep avait d’abord identifié 80 centres à assainir. Mais la commission des prix du ministère de l'économie sociale n’en a finalement retenu que 26. Ceux pour lesquels un financement est rapidement mobilisable.
L’Onep attendra que les réseaux d’assainissement soient construits pour instaurer la nouvelle tarification contenue dans un arrêté publié il y a quelques mois et fixant la redevance à la charge des usagers. Ainsi, explique Samir Bensaid, directeur de l'assainissement et de l’environnement à l’Onep, « la redevance correspondra à un service effectivement rendu ».
La tarification s’élèvera en moyenne à 1,50 DH le mètre cube et évoluera en trois tranches selon l’importance de la consommation d'eau potable. Pour la première tranche (de 0 à 8 m³), les particuliers paieront 0,56 DH/m³. Ce tarif passera à 1,40 DH pour la deuxième tranche (de 8 à 20 m³) et à 2,25 DH pour la troisième au-dessus de 20 m³.
Le fait d'instituer à l'avance une tarification résulte d'une condition posée par les bailleurs de fonds étrangers pour débloquer leur financement.
Dans son plan prioritaire, l’Onep avait d’abord identifié 80 centres à assainir. Mais la commission des prix du ministère de l'économie sociale n’en a finalement retenu que 26. Ceux pour lesquels un financement est rapidement mobilisable.
Vivendi Water rachète Redal
Pour soutenir cette nouvelle tarification, l'Onep envisage la création d'une caisse de solidarité alimentée par les grandes villes sous forme de surtaxes, à l'image du Pager (voir ci-après).
Le Maroc attend une subvention de l’État de 250 millions de DH : « On ne peut mettre la résorption de 40 ans de dégradation de l'environnement, due à l’absence d’épuration, sur le dos de l’usager actuel », souligne M. Bensaid.
Parallèlement à cet effort d’équipement, un schéma national, engagé
Maroc : Épuration douce pour les eaux usées
Nombre de stations classiques d’épuration des eaux usées construites au Maroc depuis les années 70 sont aujourd’hui hors service ou non raccordées. Leur gestion par les collectivités est souvent difficile : coût élevé de construction et de fonctionnement, inadaptation aux fortes variations de charge. D’où l’idée de faire aussi appel aux technologies extensives.
Ainsi naissait à M’diq (province de Tétouan) le Centre expérimental d’épuration des eaux usées, inauguré en 1998. Là s’effectuent des tests d’une technique de traitement qui utilise les plantes se nourrissant de la pollution organique contenue dans les eaux usées. Dénommé mosaïque hiérarchisée d’écosystèmes artificiels (MHEA), ce procédé naturel semble fournir des résultats prometteurs, sur le plan épuratoire comme socio-économique.
Selon Abdeslem Ennabili, responsable de la gestion du Centre, cette technologie convient parfaitement pour les villes du pourtour méditerranéen : la qualité de l’eau traitée respecte les normes européennes et de l’OMS (pour les coliformes fécaux). Elle peut même être rejetée dans les zones de baignade.
Le site pilote marocain dispose de 17 bassins expérimentaux, d’une station météo et de laboratoires d’analyses bactériologique et physico-chimique. Il coordonne actuellement un projet intégré avec le centre de Ben Karrich (5000 EH) comprenant la construction d’une station d’épuration extensive et la réutilisation des eaux traitées pour l’irrigation.
Ce projet pionnier a été financé au départ par le gouvernement wallon de Belgique. Parallèlement, des expériences sont menées par l’Onep sur la lentille d’eau pour l’épuration (station de Bouznika) et l’utilisation des graines de moringa pour le traitement de l’eau.
Morocco: Ecological treatment of wastewater
Many of the classic wastewater treatment plants built in Morocco since the 1970s are now out of action or no longer connected. They are often difficult for local communities to manage: high cost of construction and operation, incapacity to handle wide variations in flow. This led to the idea of using extensive technologies.
From this was created the experimental wastewater treatment centre, inaugurated in 1998, at M’diq (province of Tetouan). The centre conducts tests on a treatment method using plants that feed on the organic pollution contained in the wastewater. Called “mosaïque hiérarchisée d’écosystèmes artificiels” (MHEA), this natural procedure seems to be giving promising results, from both a treatment and a socio-economic point of view.
According to Abdeslem Ennabili, responsible for running the centre, this technology is perfectly suited to towns around the Mediterranean: the quality of the treated water respects European and WHO standards (relating to faecal coliforms). It can even be discharged into designated swimming areas.
The Moroccan pilot site has 17 experimental beds, a meteorological station and bacteriological and physicochemical analytical laboratories. It is currently co-ordinating an integrated project with the centre of Ben Karrich (5000 population equivalent), involving the construction of an extensive treatment works and reuse of the treated water for irrigation.
This pioneering project was originally financed by the Walloon government of Belgium. In parallel, experiments are being conducted by ONEP on the use of duckweed for wastewater treatment (Bouznika treatment plant) and the use of moringa seeds in water purification.
Sur le plan industriel, Vivendi Water a pris cette année, après d’âpres négociations, le contrôle entier de la société Redal, société concessionnaire des services publics de distribution d’eau potable, d’assainissement liquide et d’électricité de la région de Rabat-Salé (2 millions d’habitants) au Maroc. Le chiffre d’affaires cumulé estimé pour ce contrat, d’une durée restante de 26 ans, est d’environ 4,5 MD €.
La reprise s’est effectuée auprès d’un groupe d’investisseurs espagnols et portugais. Le contrat, d’une durée de 30 ans.
« Notre priorité pour les huit mois qui viennent, annonce Régis Mesnier, directeur Afrique Moyen-Orient chez Vivendi Water, va être d’améliorer la qualité des services rendus à la clientèle : accueil, facturation, encaissement, réclamations ».
Le groupe français s’est engagé également à améliorer les rendements de réseaux et à réaliser un programme de R & D pour une mise à niveau avec les standards internationaux.
Vivendi Environnement
Réalise avec ses filiales au Maroc un chiffre d'affaires supérieur à 300 M€. Vivendi Water, via sa filiale Amendis, dessert actuellement en eau potable, en assainissement et en électricité 1,2 million habitants des communes de Tanger et de Tétouan. CGSP-Onyx gère les services de propreté des communes de Fès-Agdal, de Rabat-Hassan et d’Oujda. Vivendi Water Systems a également été chargé par l’Office national de l'eau de doubler la capacité de l'usine de production d’eau potable de Ladyoune par dessalement d’eau de mer. De son côté, la Lydec (Ondeo) dégage pour la première fois, en 2001, un résultat nettement positif, un excédent d’environ 4 M€. Dans le domaine de la maîtrise de la ressource en eau, des efforts considérables ont été déployés à tous les niveaux de la filière. En amont, et grâce à la mise en place des logiciels Predictor, la distribution d’eau à Casablanca est contrôlée à partir des données reçues en temps réel. Parallèlement, la Lydec a entamé une vaste campagne de renouvellement des compteurs de 15 et 20 mm, anciens de 12 ans. Dans le même temps, des actions ont été menées pour réduire les consommations non facturées. Résultat : le rendement est passé de 68,7 % à fin 2000 à 70,3 % à fin 2001.
Fait notable, les achats d'eau ont baissé de près de 17 millions de mètres cubes entre 1998 et fin 2001, soit une économie de la ressource équivalente à la consommation annuelle d’une ville de 600 000 habitants.
Le Pager implique le citoyen
En 1995, le Maroc engage une nouvelle et importante politique de l’eau, qui prévoit notamment l’élaboration d’une stratégie nationale de planification des ressources et la création d’agences de bassin. Mais la loi, à elle seule, ne suffit pas. La mise à contribution du citoyen est nécessaire au succès de l’opération. C’est une des originalités du Programme d’alimentation groupée en eau potable du milieu rural (Pager) : les choses sont menées de telle façon que les citoyens se sentent concernés et vivent le projet comme leur. Lorsqu’on participe directement au forage d’un puits, à la construction d’un château d’eau ou à la mise en place des conduites, quand on met aussi 500 DH de sa poche par foyer, la façon d’appréhender l’eau change.
Le Pager a pour objectif de porter le taux d’accès à l’eau potable, qui était de 14 % en 1995, à 80 % à l’horizon 2010. Au cours de cette période, 31 000 localités (douars) seront concernées, soit près de 11 millions d’habitants. D’un montant de 100 M€, le Pager est financé à hauteur de 20 % par les bénéficiaires (5 % par les usagers et 15 % par les communes rurales) et pour 80 % par l'État. Différents bailleurs de fonds, dont le Japon, l’Allemagne, l'Union européenne, la France et la Banque mondiale, participent à ce programme.
Le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural approche aujourd’hui les 45 %. Le Pager a déjà des impacts importants, comme, par exemple, la scolarisation des petites filles dispensées de corvées d’eau. De même, grâce au millier de projets lancés chaque année, des dizaines de petites entreprises se sont créées dans les diverses branches : puits, génie civil, équipements de pompage, etc.
TUNISIE
Eaux usées
Le pari de la réutilisation
L’Onas (Office national d’assainissement) veut se désengager peu à peu des tâches d’exploitation pour les confier au secteur privé. Et parie sur la réutilisation des eaux usées traitées.
Le volume des ressources en eau mobilisables en Tunisie est de 3,1 milliards de m³. La disponibilité en eau par habitant représente le tiers de la norme internationale : 350 m³/hab/an. La stratégie de mobilisation, lancée en 1990, prévoit la mobilisation supplémentaire de 1,4 milliard de m³/an. La nouvelle stratégie nationale, définie dans le Xème Plan quinquennal (2002-2006), prévoit d’asseoir « une infrastructure adéquate et intégrée (barrages, retenues...
TUNISIA
Wastewater
The target is reuse
Onas (National Sanitation Office) is seeking to gradually withdraw from operations duties and to farm them out to the private sector. And its objective is the reuse of the treated wastewater.
The volume of water resources currently utilised in Tunisia is 3.1 billion m³. The amount of water available per person represents one third of the international norm: 350 m³/inhabitant/year. The water development strategy, launched in 1990, provides for an additional use of 1.4 billion m³/year. The new national strategy, defined in the Tenth Five-Year Plan (2002-2006), provides for building on “a suitable and integrated infra...
collinaires, puits profond) pour atteindre un taux de mobilisation de 95 % des ressources hydrauliques en 2006, contre 82 % en 2000. Onze nouveaux barrages et 50 lacs collinaires sont prévus. Une politique de dessalement de l’eau de mer est également encouragée.
La consommation en eau potable atteint 344 Mm³ par an. Les zones urbaines sont desservies à un taux proche de 100 %, contre 77 % pour les zones rurales, avec des pertes sur le réseau d’environ un tiers.
Les volumes traités par l’Office national d’assainissement (Onas) ont évolué de 12 Mm³ en 1975 à 169 Mm³ en 2001 (5,5 millions d’EH), soit près de 90 % des eaux collectées. Les dépassements de normes sont fréquents : 49 % pour la DBO₅, 71 % pour la DCO et 47 % pour les MES.
La majorité des stations sont localisées sur les côtes en raison de la
Les Eaux de Marseille : croissance dans les trois pays
Dans la capitale algérienne, le groupement formé par les Eaux de Marseille (GEM) et Brli (Bas-Rhône Languedoc ingénierie) s’attelle à la réhabilitation du réseau d’eau potable. Commencé fin 2000, le projet devrait s’étaler sur 40 mois au total pour un montant de 27 M€. Cofinancé par la Banque mondiale et par l’État algérien, il avait été lancé par l’Agence nationale de l’eau potable et de l’assainissement (Agep).
Ses principales missions : recherche et réparation des fuites, gestion commerciale informatisée (Wat Erp), comptabilisation de l’eau distribuée, cartographie numérique. Six expatriés permanents gèrent une équipe de 45 locaux. Plusieurs agents spécialisés de l’Epeal (Établissement public des eaux d’Alger) ont pu se former à Marseille à l’utilisation des techniques mises en œuvre. En juin, 3 000 tonnes de fonte ont été débarquées à Alger pour remplacer 52 km de canalisations.
À Tunis, le GEM, au travers de sa filiale Someden, vient de se voir renouveler et étendre son contrat d’exploitation des structures d’assainissement (540 km de réseau, 7 stations de relèvement, 6 bassins de rétention) pour le compte de l’Office national de l’assainissement (Onas). Ce marché permettra à l’entreprise de doubler son chiffre d’affaires annuel. Toujours pour l’Onas, la Someden est également chargée depuis peu du curage du réseau de 50 km de réseau d’assainissement à Bizerte.
Le groupe français, filiale parité Vivendi/Ondeo, est également présent au Maroc, avec sa filiale Eaux de Marseille Maroc (EMM), au travers de diverses missions : déchets et propreté en banlieue de Casablanca ; recherches de fuites à Casa, Tahla et Fès ; installation d’un système informatique à Marrakech et Mekhnés ; participation à l’étude du plan directeur de distribution d’eau de Settat.
Le profit des distributeurs d’eau est compatible avec l’Islam
Les projets de gestion de l'eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord seront sans doute plus durables s'ils tiennent compte de la doctrine islamique, affirment Naser Faruqui, Asit Biswas et Murad Bino, rédacteurs de Water Management in Islam, un livre-enquête publié en 2001 par le Centre de recherches pour le développement international (Crdi) et les Presses universitaires des Nations Unies.
Le livre réfute des « notions persistantes » chez certains musulmans, par exemple que la réutilisation des eaux résiduaires ou la vente d'eau iraient à l'encontre des préceptes islamiques. Et il présente d’étonnantes constatations sur l'appui qu’accorde l'islam à des politiques comme la privatisation.
Des spécialistes en hydrologie, dont une majorité de musulmans, ont été interrogés après avoir fait des recherches dans les documents religieux. Conclusion : l'eau ne peut être vendue parce qu’elle est un don de Dieu ; c’est un bien commun dont la collectivité est propriétaire. Mais les fournisseurs d'eau peuvent recouvrer leurs coûts.
Si l'eau s'accumule naturellement dans un lac, par exemple, on ne peut empêcher quiconque de remplir sa tasse et d’en boire l'eau. Si vous recevez l'eau sur le toit de votre maison, vous pouvez la capter et personne ne peut vous demander des comptes. Mais si quelqu’un prend la peine de recueillir cette eau, de l'emmagasiner, de la traiter et de la distribuer, il fournit un service dont il peut certainement recouvrer les frais (et faire un profit).
« Ce que les documents sur l’Islam professent à ce sujet, indique Naser Faruqui, est fort différent de la perception la plus généralisée. J'ai été étonné de constater que l'Islam appuie largement l'économie libérale pourvu qu'elle tienne compte de la question prédominante de l’équité. L’islam, comme d'autres religions, insiste énormément sur la notion d'équité. C’est plutôt rassurant parce que dans certains endroits que j'ai visités, les pauvres paient des sommes astronomiques pour l'eau qu'ils utilisent, parfois jusqu'à 50 fois plus que ce que la classe moyenne ou les riches, puisqu'ils ne sont pas branchés au réseau. Au moins jusqu’à un certain point, on pourrait donc hausser les prix demandés à la classe moyenne et aux riches et, avec ces sommes supplémentaires, offrir plus de services aux pauvres tout en diminuant les tarifs qui leur sont imposés. »
La présence des grandes villes et la nécessité de protéger les plages expliquent que les villes de plus de 100 000 habitants sont toutes raccordées. Un programme d'investissement prioritaire pour les villes petites et moyennes a été mis en œuvre.
Les eaux usées sont traitées dans 68 stations d’épuration, dont 15 sont de type lagunage. Près de la moitié des volumes sont traités dans le pôle du Grand Tunis.
L'irrigation consomme 80 % de l’eau
En 2006, les volumes traités devraient atteindre 215 Mm³ et le nombre des stations passer à 83.
L’Onas prévoit de se désengager progressivement des tâches d’exploitation pour les confier au secteur privé. À l’horizon 2016, le taux de délégation du service exploitation devrait atteindre 100 %. Le rôle de l’Office, en matière d’assainissement, se limitera alors aux activités de planification et de contrôle des performances du privé.
En décembre 1999, une stratégie a été conçue pour la promotion de la réutilisation des eaux usées traitées dans tous les secteurs économiques. Elle a d'ores et déjà permis de sauvegarder des périmètres agrumicoles dont les ressources avaient tari (nappes souterraines surexploitées). Aujourd’hui, 6 600 ha sont irrigués avec des eaux usées retraitées (sur un total de 345 000 ha de terres irriguées). En 2006, le potentiel d'utilisation de ces eaux pourrait se situer autour de 20 000 ha (5 % des superficies irriguables), à condition de développer des stockages inter-saisonniers et des systèmes d’économie d'eau.
Aujourd’hui encore, compte tenu des faibles revenus du secteur agricole, l’État continue à prendre en charge la mobilisation et la distribution de l'eau d’irrigation (qui consomme 80 % des besoins en eau du pays). À terme, les zones irriguées pourraient atteindre 400 000 ha, soit la moitié de la production agricole.
Par ailleurs, tous les terrains de golf (huit), couvrant 600 ha, sont arrosés avec les eaux usées traitées (utilisant de 15 à 20 % du volume total de ces eaux). Des opérations de recharge de nappes phréatiques sont également menées l’hiver (de 60 000 à 200 000 m³/an).
La Tunisie coopère avec l’Algérie et la Libye pour gérer les réserves d’eau dont elles disposent dans la zone commune du bassin aquifère du Sahara septentrional. Les trois pays ont mis en place un système d'information intégré et durable à l’échelle du bassin. Ils peuvent ainsi effectuer des simulations du comportement des aquifères à l’horizon 2030. Les moyens mis en place constituent la première étape d'un projet global mis en œuvre par l'Observatoire du Sahara et du Sahel, dont le siège est à Tunis.
Cet été, l’Agence française de développement a alloué à la Tunisie un prêt de 25 M€ pour financer un projet d’adduction d’eau potable dans le centre et le nord-ouest du pays.
Depuis 1994, 26 conventions de crédits ont été conclues pour un montant global de 473 M€.
1000 millimes = 1 Dinar = 0,7 US$
Le prix de l'eau en Tunisie se décompose en sept tranches.
Cinq sont établies en fonction de la quantité consommée (de 0/20 m³ à 151 m³ et plus).
Deux barèmes supplémentaires ont été fixés, l'un pour l'eau recueillie aux bornes-fontaines ; l’autre pour celle consommée par les touristes.
(Sources : Ondeo ; Saur ; Vivendi ; Eaux de Marseille ; L’Economiste du Maroc ; Libération Maroc ; La Tribune d'Algérie ; Algeria Interface ; IDRC ; ministères tunisiens de l’Agriculture et de l’Environnement).