En effet, les pompes à matières épaisses que nous développons (et dont la conception est proche de celle d’une pompe à béton) permettent de malaxer et de transporter des produits à siccité élevée, collants, visqueux, abrasifs et corrosifs, pouvant contenir des corps étrangers jusqu’à Ø 80 mm, avec des frais d’exploitation très réduits. De plus, le système fermé de tuyauterie est une solution souple et propre, qui protège l’environnement des salissures et des mauvaises odeurs engendrées par les moyens de manutention traditionnels.
[Photo : Fig. 1 – Schéma d’une pompe à matières épaisses avec différents systèmes d’alimentation.]
Les pompes à matières épaisses sont des pompes à pistons « haute pression » commandées par une centrale hydraulique. Elles sont équipées d’un répartiteur à tuyau tournant sans clapet ni tiroir de sorte que le passage du produit peut s’effectuer à pleine section, à l’aspiration comme au refoulement. Un anneau à rattrapage de jeu automatique les rend parfaitement étanches, même aux produits liquides. Devant les produits très épais, la machine peut être équipée d’un gaveur à une vis ou d’un malaxeur-gaveur à deux vis qui envoient le produit dans les cylindres et garantissent leur bon remplissage, avec des débits couvrant une plage de 0,3 à 200 m³/h, et des pressions pouvant atteindre 150 bars ; les puissances se situent entre 7,5 et 300 kW. Ces machines s’intègrent facilement dans une installation existante et leur fonctionnement peut être automatisé (figure 1).
Parmi les nombreuses possibilités d’utilisation qu’elles offrent, citons quelques réalisations récentes :
Stations d’épuration
Dans les stations d’épuration, les pompes à matières épaisses sont utilisées pour l’évacuation des boues déshydratées.
Dans la nouvelle station d’épuration de Vallauris-Golfe Juan par exemple, qui présente l’originalité d’être installée dans un caisson immergé dans le port, les boues sortant de bandes presseuses à une siccité d’environ 25 % sont transportées par une pompe équipée d’un malaxeur-gaveur dans une tuyauterie de 100 mm de diamètre à une hauteur de 10 m, et sur une longueur de 180 m jusqu’au poste de dépotage en bout de quai. Cette pompe travaille depuis mai 1982 sans aucun problème. Elle a contribué dans une large mesure à sauvegarder le cadre d’un site touristique exceptionnel (figure 2).
[Photo : Fig. 2 – Vallauris : la pompe avec sa centrale hydraulique dans le caisson immergé.]
Incinération des boues d’épuration
Nos pompes à matières épaisses permettent également l'injection des boues dans des fours d’incinération. Ainsi, à la station d’épuration d’Achères, en phase de traitement final des boues, une pompe injecte en continu les écumes de graisses dans un four.
Malaxage des boues d’épuration avec de la chaux (système Micropress)
Ce procédé mis au point dernièrement en Allemagne consiste à malaxer intimement dans un malaxeur à double vis la boue et la chaux vive qui y sont introduites par vis doseuses, et à transporter le mélange directement à la décharge. La réaction chimique qui s’opère à l'intérieur de la canalisation entre les deux produits permet une neutralisation parfaite de la boue. En outre, les métaux lourds qu'elle peut contenir deviennent insolubles et ne peuvent donc plus polluer la nappe phréatique. Une fois épandu en décharge, le mélange durcit rapidement et peut, dans certains cas, être utilisé comme engrais.
[Photo : Système de malaxage des boues d’épuration avec de la chaux.]
En Allemagne, deux installations de ce type fonctionnent dans les stations d’épuration de Kaiserslautern et de Ravensburg, et une troisième sera mise en service sous peu à Friedrichshafen sur le lac de Constance.
Valorisation des ordures ménagères
L'usine de La Buisse dans l’Isère représente une première mondiale : un nouveau procédé de méthanisation des ordures ménagères installé par la Société Valorga permet d'y produire de façon industrielle du biogaz et du digestat de type terreau (compost). Les ordures broyées, déverrées et déferraillées, sont introduites dans un malaxeur à tambour d’une capacité de 9 m³ où elles sont mélangées avec des jus et ferments. Le mélange homogène obtenu est introduit dans le digesteur par une pompe à matières épaisses de notre fabrication. L'ensemble malaxeur/pompe fonctionne de façon automatique.
Le biogaz recueilli est revendu à Gaz de France ; de son côté, le substrat est utilisé en agriculture.
[Photo : Traitement des ordures ménagères au site de La Buisse de la Sté Valorga. Les ordures broyées sont introduites dans un malaxeur à tambour, puis transportées par la pompe à matières épaisses dans le digesteur.]
Traitement des déchets industriels
Les déchets industriels les plus divers (déchets chimiques, d’hôpitaux, de laboratoire, de fabrication de colorants, goudron, huiles de vidange, etc.) peuvent également être utilisés pour produire de l'énergie ; l'inconvénient est qu’ils sont très hétérogènes et qu’ils contiennent souvent des corps étrangers qui ne passent pas dans les pompes classiques. Nos pompes à matières épaisses, de par leur conception, acceptent facilement ces corps étrangers et permettent même de broyer les déchets avec le fût qui les contient. Le broyat est ensuite injecté en continu dans un four. C'est le procédé employé à Strasbourg par la société Tredi.
[Photo : Traitement des déchets industriels très hétérogènes dans l’usine de la société Tredi à Strasbourg.]
Ces quelques exemples ne montrent qu’un petit aperçu des possibilités très larges offertes par les pompes à matières épaisses dans la manutention et la récupération des déchets de toutes sortes. Chaque cas particulier peut trouver sa solution en fonction du produit à pomper et du traitement envisagé ou déjà en place.