Il s'ensuit que les communes riveraines de ce bassin connaissent sur leur territoire un afflux périodique de population pendant au moins un quart de l'année, avec tous les problèmes que cette concentration pose en ce qui concerne tout particulièrement les effluents domestiques.
Autour du bassin proprement dit existent actuellement, ou vont être réalisées, plusieurs stations communales ou intercommunales d’épuration des eaux usées urbaines. Par ailleurs, sont implantées en ces lieux certaines industries dont la principale, l'industrie papetière, est représentée par l’usine de la Cellulose du Pin à FACTURE.
Si le principe de la nécessité de construire des stations d’épuration sur la périphérie du bassin a été admis il y a longtemps déjà, l'idée de la ceinturer en plus par un ensemble de collecteurs et de stations de refoulement afin d’y interdire tout déversement d’effluents, même épurés, n’a pas 15 ans. En effet, il s'agissait essentiellement de protéger les baignades et surtout les élevages de coquillages contre toute forme de pollution. L’ensemble des eaux usées sera donc collecté et rejeté dans l'océan Atlantique, après traitement, à 15 km au sud du bassin, près de La Salie.
C’est en 1976 que la Direction Départementale de l'Équipement de la Gironde a lancé un concours pour la construction de la station d’épuration d’ARCACHON-LA TESTE. LUCHAIRE S.A., dont le service Épuration a été repris par STEREAU, en a été le lauréat. Avaient participé, en outre, au jugement de ce concours :
- — le ministère de la Qualité de la Vie (désignation de l'époque),
- — l'Agence Financière de Bassin Adour-Garonne,
- — la Direction Départementale de l'Agriculture,
- — la Direction Départementale de l'Action Sanitaire et Sociale,
- — le Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon et son bureau d'Hygiène.
LES DONNÉES DU PROBLÈME LOCAL
Les installations ont été prévues pour être exécutées en trois phases de 35 000 équivalents/habitants chacune. Les données de base des eaux à traiter en 1ʳᵉ phase étaient les suivantes :
Caractéristiques (1ʳᵉ phase)
|
Hors saison |
En saison |
Population raccordée ........... |
20 000 hab. |
35 000 hab. |
Volume moyen journalier ......... |
5 000 m³/j |
9 000 m³/j |
Débit de pointe ..................... |
360 m³/h |
700 m³/h |
DBO₅ ................................ |
1 200 kg/j |
2 500 kg/j |
Matières en suspension totales ..... |
1 800 kg/j |
3 150 kg/j |
Le réseau d'égout était pour partie de type séparatif (en provenance d’Arcachon et de La Teste) et pour partie de type unitaire (en provenance d’Arcachon) ; ce dernier devant cependant être progressivement transformé en séparatif. L'ensemble du réseau ne reçoit en principe pas d’eaux résiduaires industrielles.
[Photo : Plan de situation. (STATION D'ÉPURATION ARCACHON LA TESTE — Collecteur de refoulement — Collecteur de rejet — Poste de pompage)]
L'effluent de la station d’épuration devait être conforme au niveau II de l'arrêté ministériel du 13 mai 1975, c'est-à-dire que la teneur en MES devait être inférieure à 80 mg/l.
C’est donc une solution de traitement physico-chimique qui a été choisie.
CHOIX DE LA SOLUTION
Comme on le sait, les traitements physico-chimiques des eaux usées d’origine domestique permettent de faire face à des fluctuations rapides et importantes du flux de pollution alors que les installations biologiques, qui requièrent un temps de réponse nécessairement plus long pour adapter la masse bactérienne active aux besoins, sont moins souples. En effet, la mise en service ou hors circuit d’une unité de traitement physico-chimique est pratiquement instantanée, au temps de remplissage ou de vidange de l’ouvrage près. Ces filières de traitement permettent également d’atteindre, dans certaines limites, des niveaux de traitement différents de ceux obtenus par voie biologique ou physique. Encore faut-il que ces avantages ne soient pas annihilés par des consommations indispensables de réactifs. Aussi l’idée d’utiliser des sous-produits de l'industrie doit-elle guider le choix des projeteurs afin d’obtenir au meilleur compte le résultat imposé.
Dans le cas présent, nous avions présélectionné la chaux et le sulfate ferreux comme adjuvants de floculation. Avant de passer à l’exécution, nous avons voulu vérifier la validité de notre choix et fait procéder dans ce but à des essais sur l'effluent à traiter en août 1976. Celui-ci était malheureusement très peu chargé durant cette période et présentait des caractères septiques très prononcés. Cependant, une première série d’essais à des pH constants a pu mettre en évidence qu’on obtenait le taux de MES le plus bas à pH 9 pour 40 mg/l de Fe²⁺. Une seconde série d’essais à dose optimale constante de sulfate ferreux et pH variables a confirmé la tendance. Une troisième série d’essais avec du chlorure ferrique et de la chaux a montré que l'on obtenait des résultats équivalents avec seulement 20 mg/l de Fe³⁺. Mais compte tenu de l’écart entre les prix de revient « rendus sur place » de ces deux produits, l'avantage est resté très nettement au sulfate ferreux.
PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT
La station d’épuration comprend un bassin-tampon de 200 m³ destiné à atténuer les à-coups dus au fait que les eaux à épurer y arrivent par l’intermédiaire d’un poste de refoulement équipé de pompes dont le débit est nettement supérieur à celui de la pointe prévue pour cette première tranche.
Puis un relèvement sur place a permis de construire les ouvrages de traitement au-dessus de la nappe phréatique très proche du niveau du terrain. Le poste de relèvement est équipé de deux vis d’Archimède, dont une en secours. Ces vis sont à deux vitesses et capables chacune d’un débit de 350 ou 700 m³/h.
[Photo : Fig. 1.]
Les eaux traversent alors un dégrilleur automatique à barreaux espacés de 20 mm, puis un ouvrage aéré combiné pour dessablage-dégraissage. Une passerelle mobile à mouvement de va-et-vient permet l’écumage des graisses en surface et le raclage des sables déposés dans le fond de l’ouvrage.
Différents aspects de la station d’épuration :
- 1. Relèvement des eaux.
- 2. Prétraitement.
- 3. Préparation avant extraction des boues.
- 4. Épaississeurs.
- 5. Sortie des boues déshydratées.
- 6. Bâtiment d’exploitation.
[Photo : Fig. 2.]
[Photo : Fig. 3.]
[Photo : Fig. 4.]
[Photo : Fig. 5.]
[Photo : Fig. 6.]
Après ce traitement, les eaux passent par un canal Venturi pour mesure, comptage et enregistrement du débit. Puis de la chaux est introduite grâce à une pompe doseuse asservie au pH. Du sulfate ferreux est alors ajouté proportionnellement au débit pour améliorer la floculation. Après homogénéisation et brassage rapide, le mélange ainsi préparé parvient dans un ouvrage combiné de floculation-décantation de 1 300 m³ de capacité totale.
Les eaux ainsi traitées sont évacuées à l’exutoire, de façon à gagner le poste de refoulement général tout proche, destiné à refouler à « La Salie » distante de plusieurs kilomètres l'ensemble des eaux usées des communes riveraines du bassin d’ARCACHON après traitement.
Les boues soutirées sont dirigées sur un épaississeur de 190 m³ après adjonction de chaux. Enfin, elles sont déshydratées artificiellement grâce à un filtre-presse à bande, en vue d’être évacuées par bennes.
Les installations sont complétées par un bâtiment d’exploitation comprenant :
- — 1 poste de transformation,
- — 1 bureau,
- — 1 salle de commande,
- — 1 laboratoire,
- — 1 atelier,
- — des installations sanitaires.
Des analyses effectuées sur les eaux traitées par cette station montrent que la teneur en MEST de l'effluent est bien inférieure aux 80 mg/l imposés et que leur taux d’abattement atteint 77 %.
CONCLUSION
La station d’épuration d’ARCACHON-LA TESTE, opérationnelle depuis juillet 1977, va connaître sa seconde année de plein fonctionnement et nul doute que les résultats d’épuration contribuent largement à l'assainissement du bassin d’Arcachon dans la ceinture de protection duquel elle s'insère.
Sa conception permet de faire face aisément à des fluctuations rapides de la population raccordée. Elle permet un excellent traitement physico-chimique en utilisant un sous-produit industriel de faible coût.
G. KREMMER.
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